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Evangélisation et Promotion Humaine

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par Bienvenu KONE
GRAND SEMINAIRE SAINT AUGUSTIN DE BAMAKO - Licence Canonique 2009
  

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CHAPÎTRE II- L'ÉVANGÉLISATION DU BWATUN

II-1 LE CONTEXTE SOCIOPOLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DES BWA AVANT «L'INVASION » MISSIONNAIRE

II-1-1 LA CRISE GÉNÉRALE A L'AUBE DE L'EVANGÉLISATION

En ses débuts en 1889, l'Evangélisation du Soudan français était bien parti. Les missionnaires entretenaient de très bonnes relations avec les administrations. Ils « ne semblaient pas gêner les autres français arrivés dans la région avant eux ...le missionnaire marche sur la trace du soldat et se trouve protégé par ses armes »9(*). Les missionnaires sont invités aux grandes cérémonies officielles de l'administration qui les honorent volontiers. Le combat des formes multiples de misères semble préoccuper missionnaires et administrateurs colons, sans aucune rivalité.

Plus tard, la dégradation des rapports entre l'Eglise et l'Etat français, aura des répercutions sur les relations entre missionnaires et administrateurs colons en Afrique Occidentale française. En France, cette séparation conduisit à la laïcisation et même à l'anticléricalisme prononcé.

Les missionnaires et les administrateurs vont se retrouver dans des situations difficiles de conflits qui les opposent sur toute la ligne. Des rivalités teintées de haines définissent les rapports des deux parties.

Désormais, les missionnaires tenteront de se démarquer aux yeux des populations indigènes, des exploitants colons dont ils n'hésitent pas à dénoncer les abus sur les populations. Certains missionnaires verront leur rapatriement forcé après la fermeture de leurs structures sociales. Ce fut le cas des dispensaires de Kati et de Kayes où les soeurs seront remplacées par des porteurs de tenus, pour écarter toute implication des missionnaires que l'administration qualifie d'oeuvres prosélytismes.

Bref, l'atmosphère tendue de « guerre froide », devient un frein à l'Evangélisation et l'expansion de la Bonne Nouvelle dans les localités les plus reculées.

II-1-2 LA RÉVOLTE DE 1916 AU BWATUN

Malgré la famine qui sévissait de façon générale dans la région, les céréales étaient réquisitionnées de force, pour être envoyées vers la Métropole en guerre.

Les populations déjà fragilisées sont, malgré tout, obligées de faire la collecte et de se déposséder de leurs vivres que les employés colons poursuivaient en fouillant de village à village. A cette situation difficile de pénurie alimentaire, il faut ajouter le recrutement des bras valides et les travaux forcés sur les chantiers pour entretenir les routes pour transporter le ravitaillement.

Les Bwa avaient manifesté dès le début beaucoup de résistances, mais jusque là non-violentes face aux administrateurs qui leur sont imposés. Les gardes Cercles qui sillonnent les villages sont de véritables pillards qui abusent des populations. En passant d'un village à un autre, le village d'accueil devrait lui trouver une monture, très souvent un cheval. En plus « il fallait que le village lui donne chaque jour gratuitement sa nourriture, plusieurs poules, du Dolo, travaille pour lui... et mette à sa disposition plusieurs filles »10(*). Un petit séjour n'existait pas parce que tout le village devrait se mettre en branle pour que le chef soit bien accueilli.

Tout cela paraissait insupportable pour un peuple qui avait soif de liberté. L'affront ne pouvait être qu'une confrontation physique pour chasser l'intrus. Pour cela de nombreux sacrifices de poules et de moutons, de cabris et même de boeufs furent fait pour résoudre secrètement le problème et pour conjurer une malédiction à l'ennemi, mais sans résultats perceptibles.

La contrainte était si insupportable que rien ne pouvait faire reculer les Bwa de leur volonté de retrouver leur liberté, même pas la mort. Le proverbe « Humu su'ani nuwa » qui se traduit par, « plutôt la mort que la honte » devenait le slogan de tous, hommes et femmes, jeunes et vieux. Hors il n'y a pas de plus grande humiliation pour l'homme bo que sa domination sur ses propres terres, celles de ses ancêtres. Et donc l'occupation du colons était comprise comme une sorte d'esclavage de l'homme bo.

Comment ne pas réagir face à une telle domination et à une telle maltraitance. C'est pourquoi les Bwa ne désarmèrent point et la révolte s'engagea dans une violence sans précédent. Il a fallu « six mois de lutte et d'opérations répressives nécessitant l'emploi de deux mille cinq cents tirailleurs, deux mille partisans, deux cents gardes, six canons, quatre mitrailleuses »11(*)pour maîtriser cette révolte des Bwa. Si les générations d'aujourd'hui réclament cet « événement historique » comme un souvenir fier et glorieux, il est certain que la cruauté et la violence qui ont marqué cette époque, restent encore gravées encore dans les mémoires.

* 9 D Y P. DIARRA, la Mission Catholique auprès des bwa avant et après l'Indépendance du Mali, Paris, Juin 1992, Tome I p.38

* 10 J. Roger de BENOIST, les Relations entre l'Administration coloniale et les Missions Catholiques, au Soudan français et en Haute Volta, De1885 à 1945, Paris, Tome I p.370

* 11 N. BONI, Crépuscule des temps anciens, Présence Africaine, in Y.D. P. DIARRA, la Mission Catholique auprès des bwa du Mali (1888-1988, Gratuité de l'Evangile et Responsabilité de l'Eglise, Paris, Juin 1992, Tome I p.142

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