WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Apport d'une thérapie cognitive dans la prise en charge d'un patient présentant un trouble de personnalité état-limite (borderline)

( Télécharger le fichier original )
par Michel Naudet
Paris V Descartes - Diplôme Universitaire de Méthodologie en Psychothérapie - Sociothérapie 2003
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

7.7.4 Travail sur les relations interpersonnelles

Le thérapeute devra, toujours à partir de situations à problème concrètes, amener Mme F. à expliquer les réactions des gens en face de ses propres comportements.

Cette démarche devra être très pédagogique, son objectif étant de faire comprendre à Mme F. le mécanisme des relations interpersonnelles, ce qu'elle semble profondément ignorer.

Lorsqu'elle agresse verbalement une personne dans sa vie professionnelle ou privée, sa seule motivation est souvent de permettre une décharge abréactive provoquée par la colère ou un sentiment de frustration. Elle ne tient pas compte de l'émotion et de la réaction qu'elle va inévitablement provoquer et qu'elle interprétera sur le mode persécutoire. Elle doit donc apprendre l'empathie, c'est-à-dire se mettre à la place de la personne qui reçoit le message et inférer ses réactions.

La technique sera identique à celle utilisée pour les pensées dysfonctionnelles :

Mme F . sera invitée à évoquer de façon détaillée un échange verbal qui débouche inévitablement sur un conflit ou sur une réaction péjorative, dans le cadre d'une situation récurrente.

Elle devra :

- Décrire la situation de départ et le but à atteindre par l'échange

- Décrire l'échange

- Décrire la réaction de son interlocuteur et le but réellement atteint

- Dire pourquoi, selon elle, son interlocuteur a réagi ainsi

Le thérapeute devra ensuite l'amener à se poser les questions suivantes :

- Que lui ais-je dit exactement ?

- Que voulais-je dire en fait ?

- Quel était le vrai but à atteindre ?

- Si j'étais à sa place et dans sa situation, comment aurais-je reçu le message?

- Comment aurais-je réagi ?

- Quel message, mieux adapté au vrai but à atteindre, aurais-je pu transmettre ?

- Comment aurait-il alors réagi ?

- Mon but aurait-il été mieux atteint ?

Ce travail devrait permettre à Mme F. de mettre automatiquement en place un système de pensées alternatives mieux adaptées, et surtout un réflexe de pensée anticipative avant de s'engager dans une interaction conflictuelle.

Mais le plus souvent, ces relations conflictuelles sont déclenchées non pas par des cognitions, mais par des émotions.

L'étape suivante (ou simultanée) de la thérapie va concerner l'accroissement du contrôle émotionnel.

7.7.5 Accroissement du contrôle émotionnel

Cette phase deviendra indispensable lorsque le thérapeute va aborder des situations chargées d'affect et provoquant chez Mme F. des réactions stéréotypées échappant à toute logique et dictées par l'émotion.

C'est le cas de tous les conflits qu'elle a eu avec son dernier compagnon lorsqu'il recevait ses enfants pendant les vacances ou les week-ends. La même situation s'est renouvelée des dizaines de fois, avec le même résultat pour elle : la colère, la rage froide, la frustration, une extrême angoisse d'abandon et le sentiment de vide.

Ici, la simple pédagogie ne sera pas suffisante et ces situations ne pourront pas être travaillées directement.

Les situations les plus récentes concernent les relations de Mme F. avec son dernier compagnon, et surtout avec ses enfants. Mme F. considère ces derniers comme des « mauvais objets » et projette sur eux ses pires sentiments (calculateurs, menteurs, espions, moqueurs, intéressés, etc.). Il est réellement étonnant de l'entendre prêter au plus jeune (âgé de 8 ans au début) des sentiments d'adulte pervers et manipulateur, sa plainte revêtant alors une forme quasi dissociative.

La première étape consiste à affaiblir la pensée dichotomique de Mme F., alimentée en permanence par ses mécanismes de clivage des « bons » et « mauvais » objets.

Beck préconise dans ce domaine la méthode « du continuum », qui consiste à classer les personnes, les choses, les émotions, etc. évoquées par le patient en fonction du sentiment qu'elles lui inspirent. Il est invité à évaluer la place de l'objet sur une échelle dont les bornes sont représentées par les sentiments extrêmes (confiance/défiance, peur/réconfort, plaisir/déplaisir, etc.) susceptibles d'être éprouvés face à cet objet.

Lorsque par exemple Mme F. évoque la fourberie d'un enfant, le thérapeute pourrait l'inviter à travailler sur ce sentiment et situer ce dernier entre deux pôles : de la fourberie absolue à la franchise parfaite, en lui faisant prendre conscience qu'en fait il existe une juste moyenne et que les valeurs extrêmes sont difficiles à définir et encore plus à rencontrer chez un humain, aussi "mauvais" soit-il. La maïeutique socratique sera ici encore un bon outil thérapeutique pour diriger la réflexion de Mme F. sans lui imposer les réponses.

Si l'exercice est systématiquement appliqué lorsque Mme F. émet une pensée dichotomique ou un jugement excessif, ce processus appris d'évaluation pourra à terme devenir automatique et s'insérer avant le déclenchement du comportement inadapté accompagnant en général une telle pensée.

Ce travail se fait en faveur de la thymie de fond.

La seconde étape consiste à travailler sur les émotions elles-mêmes.

Beck ne conseille pas les exercices susceptibles de provoquer une abréaction. Il propose d'interroger fréquemment les patients sur leur état émotionnel. Souvent, les patients état-limite ont du mal à définir la nature de leurs émotions (uniquement bonne ou mauvaise), et ces interrogations régulières et répétées peuvent créer des repères et les amener à une meilleure prise de conscience. De plus, une réaction sereine et bienveillante du thérapeute, même devant des émotions négatives violentes, créera un climat de tolérance qui facilitera l'acceptation de ces émotions par le patient qui les redoute. La meilleure identification des émotions et leur acceptation feront baisser la charge d'anxiété et permettront progressivement un meilleur contrôle émotionnel.

Une fois que Mme F. sera capable d'identifier et de maîtriser les émotions qui la submergent à la simple évocation de situations passées douloureuses, le thérapeute pourra commencer le même travail que pour les pensées dysfonctionnelles et les relations interpersonnelles, c'est-à-dire l'analyse détaillée de ces situations, l'identification des processus sous-jacents et la prise de conscience de leur récurrence, pour aboutir à l'adoption de pensées et comportements alternatifs.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984