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Intérêts et enjeux économiques de l'intégration à  l'Union Européenne d'un point de vue turc

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par Benoit ILLINGER
Université Pierre Mendès France (Grenoble II Sciences Sociales) - DEA Economie et Politiques Internationales 2002
  

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2.2 Effets dynamiques pour l'Union douanière UE-Turquie

Pour le cas de la Turquie et l'UE, selon TURUNÇ G, la création l'Union douanière devrait se traduire comme nous l'avons vu par des gains de bien-être et ceci grâce à quatre points (TURUNÇ G. [2001]) auxquels nous ajouterons un dernier (en conséquence de ce que nous avons présenté dans le 2.1) :

i) - La suppression des droits de douane va entraîner une baisse du prix des intrants en provenance de l'UE et donc une baisse de prix des productions destinées au marché national et/ou à l'exportation101(*).

ii) - Incitation des producteurs locaux à améliorer la qualité et à réduire les coûts par le biais des gains de productivité générés par la protection.

iii) - La non-émergence de monopoles domestiques réducteurs de bien-être.

iv) - La lutte contre les activités improductives (disparition des firmes les moins compétitives) et contre le rent-seeking (recherche de rentes).

Ces effets peuvent être « globalement significatifs » et donc faire pencher le bilan de la création de l'Union douanière mais ceci uniquement si au moins deux conditions sont présentes :

- Il faut qu'il y ait un accompagnement du démantèlement douanier par une politique macro-économique adéquate et efficace ;

- Il faut que l'économie du pays candidat à l'Union douanière entame une reconversion réussie, c'est à dire qu'elle anticipe les chocs et qu'elle mute dans le sens de la construction d'avantages comparatifs dynamiques sur la base des potentiels de connaissance et de technologie qui lui fourniront la croissance et la compétitivité nécessaire viabilité de son adhésion à long terme.

Or ces deux conditions tentent d'être respectées par la Turquie dans le cas de son PNAA.

De surcroît l'Union douanière devrait permettre comme identifié au point 2.1 :

v) - Un accroissement des IDE. Ce phénomène peut s'expliquer par deux facteurs :

- les échanges seront encore plus intensifs entre les partenaires et donc ceci avantagera les productions implantées en Turquie ;

- les investissements locaux s'adressent à des marchés plus vastes et donc ils sont plus rentables et nécessitent d'être plus nombreux.

Nous allons maintenant présenter ces différents points ce qui nous amènera à voir l'effet de crédibilité qu'entraîne un accord d'Union douanière.

2.2.1 Des effets difficilement quantifiables (i, ii, iii et iv)

Les points i), ii) et iii) ne seront pas plus détaillés car leur quantification est très difficile. TURUNÇ G. ([2001], lui-même, les mentionne sans les quantifier.

Il en reste que selon ce que nous avons présenté au point précédent et suivant les analyses précises effectuées sur d'autres pays dont notamment le Mexique vis-à-vis de l'ALENA on peut en retenir que ces effets jouent bénéfiquement sur le bilan.

Il existe en effet un grand nombre de tests sur les effets attendu de l'ALENA sur le Mexique et tous les tests basés sur des modèles dynamiques d'EGC (équilibre général comparé) réévalue énormément les gains comparativement aux résultats basés sur un modèle statique d'EGC.

A ce propos concernant le Mexique dans l'ALENA, J.-M. SIROËN souligne que :

« La prise en compte de « nouveaux » effets (économie d'échelle et concurrence) conduit, en général, à réévaluer les gains relatifs à l'échange (BALDWIN, 1992 ; RICHARDSON, 1989 ; LLOYD, 1992 ; EMERSON et alii, 1989). » (SIROËN [1996], p. 48)

Cette conclusion peut être extrapolée à l'Union douanière Turquie - UE car la comparaison UE - Turquie / Etats-Unis - Mexique est pertinente pour au moins deux raisons :

- Le PNB/habitant de la Turquie représente 8% du PNB/habitant du pays le plus riche de l'Union européenne et ce même ratio est de 15% pour le Mexique dans l'ALENA102(*). Nous considérons que ces deux ratios sont du même ordre de grandeur et donc que le même type d'effet est à attendre lorsqu'un pays aussi décalé économiquement rejoint un ensemble de libre-échange régional.

- L'accord d'Union douanière Turquie-UE n'est pas plus ambitieux que L'Accord de Libre-échange Nord-Américain et se cantonne essentiellement à la libre circulation des marchandises103(*).

En ce qui concerne le point iv), la lutte contre les activités improductive et rent-seeking, on peut mentionner qu'il est vrai qu'avant l'ouverture régionale, il existe des restrictions commerciales qui donnent libre court à la recherche de rente ou rent-seeking (KRUEGER [1974]).

Ce sont les tarifs douaniers, les licences et quotas d'importation qui sont responsables de l'existence de telles rentes et qui incitent donc certains à pratiquer des activités de lobbying pour en profiter (voir chapitre 1).

Si la Turquie s'ouvre à l'Europe, un grand nombre des effets pervers de la non-ouverture vont être évités et de surcroît les activités de lobbying perdront de leur efficacité car l'échelle européenne diminuera leur poids et les confrontera à d'autres lobbying jouant en sens inverse. En effet, il semble qu'au niveau européen ces activités de lobbying perdent de leur efficacité et donc leur raison d'exister.

Par exemple, le lobby des producteurs de noisettes (dont la Turquie est largement exportatrice), qui arrivait à « imposer » ses préférences à l'Etat turc, se retrouvera dans l'UE face au lobby des producteurs de pâte de noisette et ne pourra plus « imposer » ses préférences inefficiente pour l'ensemble.

* 101 Ce point n'est pas à proprement parler un effet dynamique, néanmoins TURUNÇ l'intègre parmi eux. Aussi nous effectuerons le même découpage.

* 102 Le calcule porte sur des donnés de 1993 (l'ALENA est signé en août 1992 donc il a encore eut très peu d'effet) : à cette époque la Turquie a un PNB/habitant de 2970$ ce qui représente 8% de PNB/habitant du Luxembourg ( pays ayant le PNB/habitant le plus élevé de l'UE) qui s'élève à 37100$. Le Mexique a lui un PNB/habitant de 3730$ qui équivaut à 15,1% de celui des Etats-Unis (24780$). (Banque Mondiale, world data 1995 in SIROËN [1996], PNB/habitant calculé à partir de la méthode Atlas)

* 103 L'Accord de Libre-échange Nord-Américain (ALÉNA en français et NAFTA en anglais) qui est une zone de libre-échange liant États-Unis, Canada et Mexique signé en août 1992. Il prévoit l'établissement progressif sur quinze ans d'une zone de libre-échange en matière de marchandise, de service et d'investissements. Il n'est nullement question de politiques communes ou de tarif extérieur commun, ni surtout de liberté de circulation des personnes.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand