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Intérêts et enjeux économiques de l'intégration à  l'Union Européenne d'un point de vue turc

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par Benoit ILLINGER
Université Pierre Mendès France (Grenoble II Sciences Sociales) - DEA Economie et Politiques Internationales 2002
  

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2.2.2 Accroissement des IDE

Il semble que dans l'Union douanière, les investissements directs sont favorisés à court terme parce qu'il n'existe plus d'entrave aux échanges mais par contre il existe encore une différence de prix des facteurs encore très marqués qui motive l'implantation des IDE.

Les investissements directs seront encore plus favorisés à long terme dans la mesure où les entraves aux mouvements de capitaux seront complètement levées.

Ainsi il se peut que le taux de croissance des IDE soit supérieur à celui du PIB. Les expérience de l'Espagne et du Portugal viennent corroborer cette évaluation dans la mesure où leurs adhésions ont été accompagnées d'un accroissement substantiel des flux d'investissement direct qui s'est avéré à certaine période supérieur à l'augmentation de leur PIB .

La participation à l'Union douanière avec l'UE est-elle susceptible d'attirer les IDE en Turquie comme les dirigeants de celle-ci l'espèrent ? Ce qui est estimé c'est que précédent des IDE américains, fortement attirés par la CEE lors de sa création, plaide en faveur d'une réponse positive, tout comme celui de l'élargissement à l'Espagne et au Portugal (ANDREFF W. [2001]) ou encore comme l'afflux des IDE au Mexique suite à la signature de l'ALENA.

Pourtant, empiriquement, on constate que les IDE sont restés, selon le rapport régulier de 1998 de la Commission européenne sur la Turquie, depuis le début des années 90, relativement faibles (environ 950 millions de dollars par an soit moins de 4% du PIB). La majeure partie du capital investi est d'origine européenne.

Ceci peut s'expliquer par le fait que :

- le niveau d'imposition sur les bénéfices est relativement élevé en Turquie (30%) par rapport aux autres pays émergents. De plus la complexité du système fiscal et le fait que la législation évolue souvent avec l'instauration de nouveaux impôts à effets rétroactifs ne motive pas les investisseurs étrangers à s'installer en Turquie.

- Il existe encore des secteurs non totalement ouverts aux investisseurs étrangers (il existe des restrictions dans le secteurs de la finance, du transport et de l'énergie mais semble-t-il que de manière transitoire.) A ce propos la commission européenne soulignait :

« Dans celui [le domaine] de la libre circulation des capitaux, des restrictions importantes persistent en ce qui concerne les IDE dans divers secteurs.104(*) »

On retiendra quand même qu'avant l'Union douanière et à la suite d'avancée effectuées par la Turquie durant la décennie 80 en ce qui concerne l'ouverture financière105(*) pour attirer des capitaux, l'afflux de ces derniers est resté faible comparativement au potentiel d'IDE que l'appartenance au marché commun procure. Si l'on regarde les IDE à destination des pays du sud de l'UE (Espagne, Portugal et Grèce), ils représentent environ 1,5% de leur PIB, alors qu'à la même période, ils avoisinent, malgré leur croissance, à peine les 0,3% pour la Turquie.

L'effet stimulant de l'Union douanière ne s'est donc pas fait sentir autant qu'escompté en ce qui concerne la Turquie mais il tout de même permis une croissance plus élevé qu'avant la création de l'Union douanière.

Nous pouvons donc estimer tout de même que, sans l'Union douanière, la Turquie aurait bénéficié d'encore moins d'IDE. Et que ces IDE ont des effets bénéfiques sur la croissance du pays.

« La croissance annuelle a bénéficié d'une reprise rapide des investissements en partie liée aux opportunités nouvelles crées par la mise en oeuvre de l'Union douanière ainsi que par l'ouverture des PECO et des pays issus de l'ex-union soviétique. » (Agenda 2000 - Commission des Communautés européennes [1998] Rapport régulier 1998 sur les progrès réalisés par la Turquie sur la voie de l'adhésion )

De surcroît, depuis le printemps 1999 un nouvel article permet aux investisseurs étrangers de recourir à l'arbitrage international en cas de différend. Aussi on peut affirmer que même si la Turquie n'est pas totalement ouverte au capitaux, elle fait les efforts nécessaire pour le devenir.

Quoi qu'il en soit, l'augmentation même restreinte de l'attraction des IDE joue également positivement sur la Turquie pour deux types de raison.

- Premièrement, les entreprises disposants de capitaux étrangers jouent un rôle plus important que ne le suggère la seul place des IDE dans la balance des paiements. En effet on recense 113 entreprises à capitaux étrangers parmi les 500 premières en CA106(*). En 2000 ces 113 entreprises ont assuré 28 % des ventes, 37% des exportations, et 20% de l'emploi des 500 premières.

Ces données sont pourtant à mettre entre parenthèses car nous n'avons pas déterminé quelle est la variable explicative ( y-a-t-il des capitaux étrangers investis car l'entreprise est dynamique ou est-elle dynamique du fait de l'origine étrangère de ses capitaux ?) Néanmoins on explique en général ce fait par un transfert de technologie et de savoir-faire.

- Deuxièmement, on notera un point qui dépasse le cadre strict de effets de l'Union douanière. Ce point est rarement souligné mais il a une importance capitale : l'accession de la Turquie au statut de membre à l'UE lui confèrera un certain nombre d'obligations pour libéraliser complètement les IDE dont celui de diminuer/supprimer La Direction Générale de l'Investissement Etranger (DGIE), organisme de contrôle opaque dit « guichet unique », souvent sujet aux accusations de corruption. Aussi, non seulement l'adhésion complète permettra une augmentation en quantité des IDE, mais facilitera également leur qualité et réduira l'existence de fonctionnaires corrompus empêchant le bon fonctionnement des marchés.

Il existe néanmoins des effets indésirables à l'entrée des IDE avec notamment l'effet de complémentarité de produits semi-finis (présenté au point précédent).

Dans un article sur l'intégration des PECO à l'UE LEMOINE F. [2001] affirme qu'en plus de contribuer à la croissance les IDE ont un impact macro-économique important dans la mesure où ils contribuent également à financer le déficit de la balance des paiements et donc ils constituent, de ce point de vue, une forme beaucoup moins volatile d'entrée de capitaux que les investissements de portefeuille. Néanmoins l'auteur souligne également et c'est là où nous voulions en venir, que ces IDE en augmentant la présence de filiales étrangères accroît aussi la dépendance de ces pays à l'importation car leurs productions font largement appel à des produits intermédiaires importés. Leur activité peut alors se solder par un solde déficitaire de leur échange avec l'étranger.

Dans le cas de la Turquie, en effet, depuis la création de l'Union douanière, les IDE d'une part et les importations d'autre part, ont augmenté. Néanmoins il serait fortuit d'affirmer que ces deux variables sont liées et il faudrait effectuer une analyse de l'activité des firmes étrangères sur le sol turc ainsi que de leurs flux commerciaux pour conclure clairement ce point.

On conclura donc que, pour l'instant, et du fait de leur « timidité » et de leurs effets ambiguë les IDE ne jouent que peu sur le bilan de l'Union douanière mais nous voyons déjà se profiler un potentiel dans le cas d'une intégration plus avancée.

On note en effet que dans une logique de libre-échange, les accords bilatéraux favorisent les investissements dans les pays de l'Union européenne au détriment des investissements dans les pays satellites (BALDWIN R. E. [1994]107(*)). Il est donc important dans le cadre d'une recherche accrue d'investissements étrangers et/ou locaux de passer à la vitesse supérieure d'intégration. Le passage à l'intégration supérieur de la Turquie majorerait l'investissement comparativement à ce qu'il a été dans le cadre d'accords d'association ou de ce qu'il est actuellement dans l'Union douanière.

Cette affirmation peut-être corroborée par l'empirie. En effet, la Grèce, très proche économiquement mais bien plus petite que la Turquie attire plus d'IDE que cette dernière (OPPENCHAIM S. [2000]). De surcroît en prenant l'exemple de l'année 1999, la Grèce attire essentiellement des IDE européens qui se destinent à divers secteurs industriels mais aussi bancaire alors que pour la Turquie leur origine est plus diversifiée (d'origine européenne et nord-américaine) mais ne s'intéresse qu'a l'industrie. Pour l'instant donc la Turquie ne figure pas encore sur la « Short-List » des pays les plus attractif108(*)

Il y a donc un réel intérêt en ce qui concerne l'attraction des IDE à dépasser l'Union douanière.

De plus les problèmes pour les investisseurs étrangers liés aux législations devraient disparaître avec l'harmonisation qu'appelle l'intégration plus avancée.

Néanmoins, les conséquences par exemple du Marché unique sur les flux d'investissements directs étrangers sont encore peu évidents (WINTERS [1996]109(*))

« Reste à savoir si une intégration plus avancée peut stimuler les flux de capitaux vers la Turquie, comme ce fut le cas pour l'Espagne ; la question reste ouverte. » (AKAGüL D. [1995], p.126)

* 104 Commission européenne [2001] Rapport de la Commission européenne sur les progrès réalisés par chacun des candidats sur la voie de l'adhésion, Bruxelles.

* 105 La libéralisation du code d'investissement direct étranger au début 1980, la libéralisation financière interne (1984), la réouverture de la bourse d'Istanbul (1986), et l'ouverture financière extérieure avec la convertibilité de la livre turque (1989) ont nettement contribué à l'entrée de capitaux étrangers non générateur de dettes.

* 106 Et 13 parmi les 50 premières ( source :Ambassade de France en Turquie - mission économique [DREE] - www.dree.org )

* 107 BALDWIN R. E. [1994], Towards an Integration Europe, Center of Economic Policy Research - CEPR -, London.

* 108 Nous utilisons le terme de « short list » en référence à l'ouvrage de MICHALET [1999]. Pour figurer sur la « short-list » des pays les plus attractifs, un ensemble de conditions préalables et un ensemble de conditions nécessaires doivent être remplis. (MICHALET C.-A. [1999])

Les conditions préalables recouvrent le besoin de stabilité du régime politique, de stabilité économique, du « climat » autours des investissements (règles, traditions...).

Les conditions nécessaires pour leur part se divisent en quatre groupes concernant le marché (il doit être grand et en croissance), les infrastructures (les réseaux de communication et télécommunication doivent être efficaces et bon marché), la main d'oeuvre (elle doit être relativement qualifiée sans pour autant être trop onéreuse) et le tissus industriel local (il doit exister et être performant).

* 109 WINTERS [19996] in BUIGUES P.-A. et MARTINEZ-MONGAY C.[1999].

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore