WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'etat ivoirien et les coopératives féminines

( Télécharger le fichier original )
par Koffi Parfait N ' Goran
Université de Bouaké-Bordeaux II - Doctorat 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE III :

L'EFFICACITE DES ORGANISATIONS COOPERATIVES EN QUESTION

Globalement, l'expérience des coopératives n'a pas été très satisfaisante en Côte d'Ivoire. En raison des enjeux économiques qui l'entourent, le secteur des produits d'exportation est le secteur d'activités où apparaissent, de façon prononcée, les insuffisances du système coopératif ivoirien. Plus qu'une adaptation aux mutations socio-économiques, les nombreuses réformes et ajustements faits par l'Etat sont symptomatiques des contradictions et des échecs dans le fonctionnement des coopératives. L'analphabétisme des acteurs locaux et la mauvaise gestion sont généralement utilisés comme arguments pour expliquer l'inefficacité de ces organisations. Tout se passe comme si les acteurs locaux constituaient la seule partie prenante dans le champ du système coopératif.

En réalité, il faut mettre en cause l'antagonisme des traditions coopératives et l'usage stratégique des coopératives par des acteurs (Etat, leaders politiques, leaders d'opinion, dirigeants de coopératives, populations locales, etc.) aux logiques d'action différentes. L'antagonisme des traditions coopératives se lie dans la difficile conciliation entre un mode d'organisation de type bureaucratique (faisant du jeu démocratique son credo dans le fonctionnement des coopératives) et celui des populations locales qui tient compte du statut ou de la position sociale des individus pour créer une vie collective harmonieuse. Au reste, la diffusion par les organismes de développement des règles d'organisation et de fonctionnement de la coopérative de type bureaucratique s'est avérée le plus souvent inopérante. Les singularités socioculturelles ont souvent été un obstacle à un apprentissage collectif et à la mise en pratique de ces règles. En outre, les coopératives n'ont pas été que des instruments de soutien à l'activité économique. Il y a une ambiguïté dans les rapports entre les coopératives et les pouvoirs publics. Dans le secteur des produits d'exportation où elles se sont le plus développées, les coopératives ont régulièrement servi d'instrument de contrôle social et de mobilisation politique, surtout avant la libéralisation du « marché politique » et le désengagement de l'Etat de l'économie. Le caractère économiquement stratégique des produits d'exportation a contribué aussi à l'accentuation des stratégies de récupération des coopératives et leur affaiblissement. En revanche, le développement plus ou moins marginal des coopératives féminines et leur flexibilité leur ont permis de se départir de la mainmise de l'Etat, des conflits de récupération ou de positionnement. A cela, on peut ajouter le peu d'enjeu que représentaient ces coopératives aux yeux des pouvoirs publics. Le développement des activités économiques des femmes dans des formes de socialités primaires a renforcé l'autonomie de leurs organisations. Il apparaît de ce fait comme une réponse à la faillite quasi récurrente des coopératives.

Conclusion partielle

L'analyse des politiques économiques de la Côte d'Ivoire permet de saisir l'évolution du système coopératif ivoirien, la position des coopératives féminines et le rapport de l'Etat à celles-ci. Les politiques de développement se caractérisent elles-mêmes par de grandes disparités entre productions d'exportation et productions vivrières. Ces inégalités sectorielles sont perceptibles dans la différence au niveau des investissements et dans l'inégale valorisation de chaque secteur d'activités et de ses acteurs. Le développement des coopératives est lui-même le reflet de ces disparités. En effet, si les coopératives ont soutenu la croissance économique, force est de constater que les initiatives féminines dans ce domaine ont été très marginales. Les coopératives féminines sont d'apparition récente et ont suscité peu d'intérêt de la part de l'Etat. Or l'évolution du système coopératif ivoirien laisse apparaître beaucoup plus de contradictions et de faillites en ce qui concerne les coopératives des produits de rente. L'antagonisme des traditions coopératives, les enjeux économiques au niveau des produits d'exportation, la récupération des coopératives à des fins politiques (mobilisation, positionnement social ou politique) ont rendu inefficaces beaucoup d'organisations coopératives. Organisées principalement autour des socialités primaires (ethnie, parenté, religion, réseaux de relations, solidarité) reproduisant partiellement des formes traditionnelles de vie collective, les coopératives féminines ont, quant à elles, su échapper aux stratégies de récupération et s'adapter aux mutations économiques. Mais aujourd'hui, les pouvoirs publics inscrivent la nouvelle loi coopérative dans une optique de correction des faiblesses des organisations coopératives. Cette réforme intègre la politique de restructuration et de libéralisation de l'économie nationale. Elle est supposée offrir un environnement plus favorable au renforcement de la compétitivité et de la viabilité des coopératives en général, et des coopératives féminines, en particulier.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery