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Intelligence économique et stratégie d'entreprise, état de la question et pratique en Algerie

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par Souhil FEKIR
EHEC Alger - Magister 2009
  

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CHAPITRE 2 :

L'intelligence économique

au service de la stratégie d'entreprise

Les évolutions de l'environnement économique durant le 20éme (et le 21éme) sont traduites notamment par sa turbulence (M. Porter) et sa complexité ce qui augmente le degré de l'incertitude et, donc, des précautions -par l'information en particulier. La recherche de l'information occasionnée ne suffit plus, il est devenu nécessaire de surveiller l'environnement tout en sélectionnant les données pertinentes en permanence afin de minimiser les possibilités de surprises menaçant l'entreprise, c'est l'objet de l'intelligence économique.

Ce chapitre met en évidence les outils et les démarches liées à l'intelligence économique, de la collecte à la protection de l'information et l'information stratégique surtout, passant par les étapes de traitement, de stockage et de diffusion de l'information sur les différents acteurs comme les concurrents, les clients, les fournisseurs..., qui sont fondamentales pour la prise de décision stratégique.

Section 1 : Notion et origines de l'intelligence économique

L'intelligence économique a eu différentes définitions ; cette divergence, émanant de plusieurs facteurs tel que la traduction du terme « Intelligence » de l'anglais, a de nombreuses conséquences. Dans cette section, nous allons voir ce que l'Intelligence économique veut dire en présentant les différentes approches et nous allons ainsi détailler celle que nous retenons.

§1. Définition et origines de l'intelligence économique :

L'apparition de ce terme a pour origine les Etat Unies d'Amérique ; du domaine militaire à celui des affaires, toute une évolution pendant des décennies qui comprend des étapes successives pouvant être différentes mais qui s'accordent toutes sur l'importance de l'information comme matière première et carburant du fonctionnement.

1.1. L'intelligence économique : genèse et évolution

Souvent nous observant que de nombreuses disciplines, méthodes, technologies et sciences naissant à l'armé américaine seront, après une durée donnée, utilisées par les acteurs du monde des affaires - business - dont les principaux sont les grandes entreprises et les entreprises multinationales notamment ce qui leur donne un avantage durable et une puissance indiscutable. L'intelligence économique est l'une de ses outils, développée par les services américains. Cependant, l'activité de surveillance n'est pas une création du siècle, l'homme est inné de vouloir savoir ce qu'il entoure, de prévoir ce qu'il pourrait être, c'est l'une des données de bases de sa constitution.

1.1.1. le néo-panoptisme  ou voir avant d'être vu 

Savoir pour agir, c'est une caractéristique de base chez l'être humain, connaître son environnement pour planifier afin d'exécuter et en fin de réaliser ses objectifs. C'est le principe même de l'intelligence économique, c'est ce que font les gens, les entrepreneurs mais sans le savoir, ce qu'explique Eric DELBECQUE « Le désir de connaître pour

maîtriser davantage son environnement en élaborant une stratégie et en mettant en oeuvre des tactiques constitue l'un des fondements de toute démarche anthropologique. L'homme veut savoir pour agir : c'est une donnée de base de la condition humaine. » (*)

(*) www.visualclinic.fr, 2007/2008.

Connaître l'autre, l'ennemie en particulier, c'est-à-dire le domaine militaire, est une condition primordiale pour réagir : «voir sans être vu », ce que Philip BAUMARD qualifie « surveiller la surveillance ». Des évolutions suivant des périodes et des conditions données (politiques, idéologiques,...) le principe a été modifié, il est devenu « voir avant d'être vu », ce que l'auteur appel néo- panoptisme. Le schéma suivant clarifie ses différentes étapes au fil du temps (voit tableaux mis en annexe4 : du panoptisme au néo panoptisme).

Source : Philip BAUMARD, stratégie et surveillance des environnements concurrentiels, 1991, P.27.

Il en découle que les deux dimensions historiques de la surveillance, politique et économique, ont abouti, après des intersections suivant une dimension temporelle, résultat de nombreux facteurs (Crises financières,...) et, par conséquent, des changements nécessaires, à une nouvelle tendance étant le néo- panoptisme.

Le néo-panoptisme est développé par l'auteur en se basant sur le panoptisme classique fondé par Jeremy Bentham (1787) qui a construit une tour gérée par une seule personne permettant de surveiller tous les prisonniers l'entourant du fait que cette personne n'est pas vue afin de donner l'impression à chacun deux qu'il est surveillé même si ce n'est pas le cas, ce qui permet de réduire l'effort et le coût en jouant sur le facteur psychologique ; le néo- panoptisme remplace l'architecture physique par une architecture virtuelle, celle du système d'information ; on veut par ça donner l'impression d'être surveillé aux acteurs de l'environnement de l'organisation (interne et externe), tout en minimisant les nombre de personnes surveillant et en utilisant les technologies les plus développées.

Cette notion a d'autre conséquence tel que la minimisation du coût de la surveillance, l'invisibilité du surveillant qui fait oublier les individus de son existence tout en s'habituant de cette surveillance, la suppression des intervalles de la non- surveillance dus à de différentes raisons, d'où la notion de la veille, et éventuellement, la suppression de la surveillance elle-même « ...puisque la technologie, omniprésente, supprime la nécessite de son déploiement » PH. BAUMARD, 1991, P.76, c'est une phase de re-centralisation. Il ne s'agit pas ici de présenter cette hypothèse et d'étudier son raisonnement, mais plutôt d'étudier l'évolution du phénomène de surveillance en se basant sur le schéma et d'autres études.

1.1.2. surveillance et paradigme d'information

L'auteur choisit comme point de départ la protection de la royauté et la punition de la rébellion, élément qui revient au passé très loin d'où la volonté de survivre caractérisant tout être vivant. Passant directement à la période des années trente, puisque elle représente une période distincte dans l'évolution de l'économie mondiale où la crise fut apparue (1929) poussant à revoir les différentes politiques et approches économiques.

Le schéma suivant résume les étapes après le début de la crise mondiale (1930), il traite le développement des technologies de l'information selon quatre périodes, centralisation, interactivité, individualisation et re-centralisation.

Un nouveau concept apparaissant dans ce schéma devant être expliqué : le paradigme. Un paradigme « ...c'est avant tout l'exemple de référence (paradeigma), ou encore, un schéma pour l'acquisition de connaissances, [...] considéré comme le cadre de référence d'un groupe donné de chercheurs, de scientifiques et/ou de praticiens. Il est constitué d'un ensemble de modèles, de méthodes et d'acquis qui ne sont pas discutés, permettant de résoudre des problèmes propres à ce groupe. »PH. BAUMARD, 1991.

- le paradigme de centralisation : information dirigé par le haut, traitement long et système focalisé sur des questions scientifiques (calcule,...), c'est un paradigme classique orienté- système car se focalisant sur le système technique d'où les moteur de recherche sur l'Internet émanent (1) ;

- le paradigme d'interactivité : information encore centralisée mais temps d'accessibilité en seconde au lieu l'heure (apparition de mini- informatique) ;

- le paradigme de l'individualisation : l'apparition de micro-ordinateurs ont permit la décentralisation de l'information et son traitement sauf pour les informations essentielles qui restent centralisées, c'est un paradigme cognitif orienté- utilisateur où le facteur humain a eu une grande importance et le système d'information est considéré comme un système de communication -basé sur le système informatique- entre le producteur et l'utilisateur de l'information (2).

Le paradigme orienté- utilisateur est devenu trop étroit ; ces dernières années, des recherches sont réalisées pour définir un autre paradigme ou l'information n'est plus vue comme une donnée préconstruite mais comme « ...un processus d'interprétation et d'appropriation cognitive propre à un individu ou un groupe donné. ». Il s'agit de trouver le moyen par lequel on peut « ...accéder à la connaissance de ce processus pour l'analyser [où] l'hypothèse est faite que pour les personnes engagées dans une activité professionnelle, cette activité contraint fortement le processus informationnel. » (3).

Nous nous n'allons pas étaler la présentation du paradigme, mais elle pourrait donner une base pour mieux appréhender la notion de l'intelligence économique.

Jusqu'à la fin des années trente, cette activité était moins nécessaire qu'aujourd'hui, elle est le résultat de (4):

- la mutation conflictuelle endogène du capitalisme (difficulté de réussite et de maîtrise des marchés augmentant le coût d'acquérir un avantage concurrentiel) ;

- (1) (2) (3) Yolla POLITY, L'évolution des paradigmes dans le domaine de la recherche d'information, 03 mars 2000.

(4) www.visualclinic.fr d'après Eric DELBECQUE, 2007/2008.

la rupture de logique de bloc de la guerre froide (logique ayant conduit à la complexité et à l'incertitude) ;

- l'évolution des formes de la guerre articulée sur les métamorphoses des contraintes (établissant la guerre économique comme un conflictualité dominante) ;

- l'émergence de la société de l'information (créatrice de concurrence et élément de suprématie cognitive en même temps.).

Ces tendances ayant abouti à une dimension conflictuelle de l'économie, à la complexité de l'environnement et à l'incertitude ont été les causes principales de l'apparition de la notion d'intelligence économique devenant l'outil principal du management stratégique.

Comme tout phénomène, en particulier ceux qui résultent et/ou influent les intérêts militaires et économiques notamment des Etat puissants, l'intelligence économique a fait et fait toujours l'objet d'écrits divers.

L'une des traces rares écrites dans ce domaine sur le savoir-faire allemand est le rapport de l'ingénieur Allemand HERZOG (1915) visant à protéger les intérêts de son pays dans le cas où elle gagne la première guère mondiale « ...on suivra toutes les inventions et perfectionnements techniques réalisés à l'étranger, pour les porter à la connaissances de ces industriels allemands qu'ils peuvent intéresser » (*).

Après quelques années, Anton Zischka écrit sur le rôle de l'information ouverte et sa gestion dans l'industrie de la pêche Japonaise.

En fait, l'apparition de la notion de l'intelligence économique dans son sens actuelle était aux Etat unis pour plusieurs raisons.

2.2. l'intelligence économique : made in USA

L'apparition d'une culture doctrine sur l'intelligence économique aux Etats-unis n'est pas venu du hasard, c'est le résultat de deux facteurs que PH. BAUMARD explique :

«  - le rôle de la puissance américaine dans le développement de l'économie de marché,

- le systématisme avec lequel les savoirs de l'intelligence économiques sont articulés avec les savoirs de gestion et diffusés à l'encadrement managérial. ».

2.1.1. apparition du terme intelligence économique

(*) Christian Harbulot et PH. BAUMARD, Perspective historique de l'intelligence économique, Article paru en 1997, d'après Antoine de Tarlé, secrétaire général de la Chambre de commerce de Lyon qui à fait

édité en France l'ouvrage d'Herzog sous le titre : Le plan de guerre commerciale de l'Allemagne,

Payot, 1919.

La première définition de l'intelligence économique moderne datant de 1967 est d'origine américaine, proposée par Harold Wilensky, dans un ouvrage intitulé : "L'intelligence organisationnelle" (elle sera introduite dans le paragraphe suivant), il a choisi pour cela le sous-titre « Knowledge and Policy in Government and Industry » PH. BAUMARD. R.E Freeman a écrit aussi sur l'intelligence économique en mettant l'accent sur l'influence d'acteurs n'appartenant pas au marché (média, syndicat,...) qu'il a qualifié « stakeholders » ou détenteurs d'enjeux (littéralement). En 1980, M. Porter a mis l'accent sur le rôle de l'intelligence dans l'acquisition d'un avantage concurrentiel.

Face au développement des pays de l'Europe et du Japon, après la fin de la guerre froide, avec le développement de l'Internet et le phénomène de la globalisation du marché engendrant l'apparition de nouveaux concurrents, le pays des Etats-Unis a développé sa politique publique en matière d'intelligence économique et ce à partir des années 1990. Elle a eu pour objet de mettre aux services des entreprises américaines des outils permettant d'en faire face.

2.2.2. USA : une politique dynamique et agressive

Le président Bill Clinton, suivant une politique commercial agressive et dynamique, a lancé de nombreux projets pour le développement de l'intelligence économique aux Etats-Unis : « we will move aggressively to open foreign markets to quality American

goods and services. We will urge our trading partners in Europe and Pacific Rim to abandon unfair trade subsidies in key sectors like ship building and aerospace ,and act swiftly if they fail to respond » (1).

Ces paroles ont été traduites en organisations d'intelligence économique (2):

- En 1992, Clinton décide la création d'un conseil de sécurité économique qui sera appelé après « National Economic Council (NEC)» ayant pour objet d'organiser et d'harmoniser les négociations commerciales.

- EN 1993, une nouvelle politique a été lancée par le président reposant sur l'économie comme le coeur de toute démarche internationale, le soutient de l'exportation ; cela a aboutit à la naissance de TPCC ;

- TPCC ou «Trade Promotion Coordinating Committee », représentant une première réponse à la concurrence internationale.

- La création d'une cellule d'appui chargée de surveiller les grands projets d'exportations mondiaux baptisée « Advocacy Center », elle a pour mission aussi de coordonner les 19 agences gouvernementales constituant le TPCC.

- La mise en place d'une infrastructure informationnelle fédérale puissante.

- La création de l'Information Security Oversight Office (3) ayant pour mission la protection et la gestion des informations confidentielles concernant les domaines de la technologie et de l'économie.

- La création du National Counter Intelligence Center chargé du contre espionnage économique (coopération entre entreprises et administrations américaines).

- La création du Committee on Foreign Investment pour la régulation d'acquisitions des entreprises américaines par des entreprises étrangères.

- La création de la War Room qui a pour objet la conduite de la stratégie en terme

(1) « Nous ouvrions de façon agressive les marchés étrangers aux biens et services américains, nous sommerons nos partenaires commerciaux en Europe et dans le Pacifique de renoncer aux pratiques commerciales déloyales dans des secteurs cruciaux comme le secteur des constructions navales et l'aéronautiques et nous agirions promptement s'ils ne s'inclinent pas ». Publié par l'équipe de rédaction, L'intelligence Economique made in USA, mercredi 07 novembre 2007 à 17:26, www.ie-blogspot.com.

(2) Idem.

(3) Ibidem, à 17:19.

d'intelligence économique pour permettre aux entreprises américaines de conquérir les marchés internationaux.

- Aussi, le Joint Vision 2010 consistant à « définir la supériorité dans le domaine de l'information, c'est-à-dire la capacité à collecter, traiter et diffuser l'information en flux continus, et empêcher dans le même temps l'adversaire d'acquérir cette capacité » (*).

Les différentes phases du développement de l'intelligence aux Etats-Unis démontrent la dynamique et l'agressivité de la soutenance de cet Etat à ses entreprises afin d'assurer leur survie et un développement durable facteur clé du développement d'une économie de marché dont l'acteur principale est l'entreprise elle-même. D'autre part, elles consacrent les traits de la culture américaine caractérisée par le travail « en gros et des grandes choses », implantation, investissement, gains,...

En revanche, des pays comme le Japon se distinguent par le développement silencieux découvert généralement après expansion (ex : vente des automobiles japonaises aux Etats-Unis), ils ne s'occupent même pas d'assigner l'intelligence économique au japonais malgré que la culture de cette société s'appui pleinement sur l'information, ce que Christian Harbulot et PH. BAUMARD explique « Les japonais ne cherche plus à dissimuler ce

qui a fait leur force dans le passé. Ils se justifient en expliquant que ce sont les

Américains qui ont donné l'exemple en créant une nouvelle division à la CIA : the Planning and Coordinating Division qui est chargé du renseignement économique en Europe et au Japon ».

Après cette brève présentation de l'historique de l'intelligence économique, il est temps de définir cette activité et les différentes approches la traitant.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille