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Analyse de l'incidence du Seguro Popular et de son impact sur l'utilisation des services de santé au Mexique

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par Alioune Badara SANE
Université d'Auvergne Clermont Ferrand 1 - M2 Economie du développement  2009
  

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II- L'assurance maladie peut elle réduire les inégalités sociales de santé en

favorisant la consommation de soins?

II. 1. L'effet de l'assurance sur les consommations de soins

Les enquêtes sur la santé et les soins montrent que la consommation médicale dépend du revenu. Si le montant total des dépenses n'augmente que légèrement avec le revenu, la structure des soins y est très sensible. Les plus pauvres consomment moins de soins de spécialistes, de soins dentaires et d'optique mais plus fréquemment des soins hospitaliers et infirmiers (Bocognano et al., 1999). Cette sous-consommation de soins ambulatoires résulte principalement d'un recours moins fréquent au système de soins, et non d'une dépense plus faible une fois l'épisode de soins engagé (Breuil-Genier et al., 1999).

Plusieurs facteurs peuvent rendre compte de ces disparités de recours aux soins selon le niveau de revenu. Une première hypothèse, dite d'induction de la demande (Rochaix, 1997), serait que les plus riches consommeraient plus de soins parce que les médecins imposeraient à ceux qui peuvent le payer un sur-volume d'actes destiné à garantir leur revenu. Cette hypothèse ne rend cependant pas compte du fait que les riches ont plus de recours spontanés que les pauvres, comme on l'a vu ci-dessus. En effet, l'accès à l'assurance ne garantit pas toujours l'accès à l'ensemble des soins. Les assurés publics peuvent subir un rationnement de l'offre de soins, si l'assurance prévoit des tarifs opposables inférieurs à ceux pratiqués pour les autres patients, comme dans le cadre de Medicaid aux Etats-Unis (Currie, 2000). Un autre facteur possible est que le niveau d'éducation et d'information sur la santé conditionne le recours aux soins, notamment préventifs (Kenkel, 1994) ; or, les individus à bas revenus ont aussi plus souvent un niveau d'éducation bas. On peut aussi soupçonner l'existence d'effets culturels . ou de l'environnement social, les différentes classes sociales ayant des conceptions différentes de leur santé et de leur corps. Par exemple, les individus précaires tendraient à

consulter avec retard, même quand ils peuvent accéder à des soins gratuits (Collet, à paraître). De même, les bénéficiaires de l'Aide médicale gratuite privilégieraient les soins curatifs, en particulier hospitaliers, au détriment des soins préventifs (Breuil-Genier et al., 1999).

En dehors de ces facteurs indirectement liés au revenu, le revenu des patients conditionne directement leurs décisions de consommations de soins. En effet, ce recours plus rare apparaît plus subi que choisi : si, en 1998, 14 % de la population déclare avoir renoncé à des soins pour des raisons financières au cours des douze derniers mois, cette proportion atteint 24 % parmi les personnes disposant d'un revenu inférieur à 3 000 F par unité de consommation (Bocognano,2000).

Le modèle de capital humain appliqué à la santé par Grossman (1972) et Cropper (1977) explique le recours supérieur des riches par leur intérêt bien compris : les individus les plus productifs ont intérêt à investir dans leur santé pour ne pas diminuer leur capacité à travailler. Inversement, les pauvres ne peuvent pas toujours se permettre d'investir dans la santé, si cet investissement se fait au détriment de consommations plus immédiatement nécessaires, comme l'alimentation ou le logement. Si les consommations de soins sont croissantes avec le revenu, on peut comprendre que le recours aux soins des plus pauvres soit sensible à leur degré de couverture maladie : en dotant les individus

les plus pauvres d'une couverture qui réduit le coût des soins au moment de la consommation, cela leur permet d'accéder aux mêmes soins que les plus riches, et d'investir à leur tour dans leur capital santé. En revanche, si l'offre de soins, l'éducation ou la culture sont les facteurs les plus déterminants de l'accès aux soins, il n'y aura pas de lien clair entre degré de couverture et accès aux soins, même chez les pauvres. La question du lien entre couverture et accès aux soins est donc une question empirique, qui doit être départagée par les données d'enquête.

Les études réalisées en France montrent que les dépenses de spécialistes, comme de soins ambulatoires des personnes disposant d'une assurance complémentaire sont plus élevées toutes choses égales par ailleurs (Caussat et al., 1990 ; Breuil- Genier et al., 1999). Aligon et Grignon (1999) montrent que, parmi les individus les plus pauvres, ceux qui sont couverts par une complémentaire atteignent le niveau de dépenses des non pauvres, mais Breuil-Genier et al. (1999) montrent que, en se restreignant à l'ambulatoire, la consommation reste croissante en fonction du revenu parmi les assurés complémentaires. Buchmueller et al. (à paraître) montrent que le niveau de la couverture complémentaire influence la probabilité de recourir

au spécialiste, mais qu'il subsiste un effet revenu à niveau de couverture donné. Cet effet de la couverture complémentaire peut passer par la réduction du prix apparent des soins (en prenant en charge les tickets modérateurs ou les dépassements de prix), mais aussi par le tiers payant, qui permet d'éviter les renoncements dus aux problèmes de trésorerie (Dourgnon et al., 2000).

Cependant, ces études ne permettent pas de contrôler rigoureusement un biais possible lié à l'auto sélection : les personnes en mauvaise santé souscriraient un contrat d'assurance plus adapté à des dépenses de soins anticipées importantes (Geoffard, 2000 ; Couffinhal, 2000) : le lien constaté entre couverture et consommation reflète peut-être pour une part le fait que les individus anticipant des dépenses ont souscrit un contrat.Pour contrôler rigoureusement cet effet, les économistes de la Rand Corporation (Newhouse, 1993) ont mené au cours des années 70 une expérience en grandeur réelle, qui reste à ce jour unique : ils ont attribué aléatoirement à des familles américaines des contrats de couverture maladie différant par le taux de remboursement des soins et par le plafond de dépenses de soins annuelles à la charge du ménage, et ont alors observé leurs consommations de soins pendant trois à cinq ans. Cette étude a montré l'existence d'un effet très net de la couverture sur la consommation : les personnes couvertes totalement avaient des dépenses 30 à 40 % supérieures à celles des personnes ayant à leur charge 95 % du coût des soins. Elle a montré aussi que dès qu'on dépassait 25 % du coût à la charge du patient (soit le montant des dépenses non couvertes en France approximativement), on diminuait fortement le volume consommé ; en fait, l'essentiel de la réduction de consommation est constatée entre 0 % et 25 % à la charge du patient (Newhouse, 1993). D'autres études ont étudié cette question à partir de l'impact de l'accès aux programmes d'assurance maladie à financement public aux Etats-Unis. Le principal

programme public d'assurance maladie aux Etats-Unis est Medicaid, qui s'adresse aux bénéficiaires de l'aide sociale, soit en majorité les femmes et les enfants pauvres. Il couvre les soins (y compris les soins préventifs) sans ticket modérateur, ni franchise. Ce programme constitue un bon cas d'étude de l'impact de l'assurance sur les soins reçus parce que son implantation s'est faite progressivement et différemment d'un état à l'autre. En juillet 1991, tous les états ont été obligés de couvrir tous les enfants pauvres, ce qui a doublé la population potentiellement éligible à Medicaid (de 15 % à 35 % des femmes en âge d'avoir des enfants).

Currie (2000) résume les principales études portant sur l'impact de Medicaid sur la consommation de soins, qui montrent que l'ouverture des droits à l'assurance augmente le recours aux soins : devenir un assuré Medicaid permet aux enfants de ménages défavorisés d'atteindre le même nombre de visites curatives que les enfants assurés du privé, et plus de visites préventives.

Les mêmes conclusions se retrouvent pour des programmes d'assurance publique autres que Medicaid, tels que le CHIP (Children Health Insurance Program) étudié par Tilford et al. (1999) ou des programmes à destination des travailleurs pauvres dans certains états (Kilbreth et al.,1998).

Enfin, hors des Etats-Unis, Nanda (1999) montre qu'un programme de micro crédit permet de solvabiliser l'accès aux soins. Elle montre que l'éligibilité au programme a un impact fort sur les modes de recours aux soins des femmes, l'éligibilité augmentant le recours à la médecine moderne, notamment en clinique. Une simulation indique que l'effet est comparable à celui obtenu en consacrant la même somme à la construction de cliniques dans les villages.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon