WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse de l'incidence du Seguro Popular et de son impact sur l'utilisation des services de santé au Mexique

( Télécharger le fichier original )
par Alioune Badara SANE
Université d'Auvergne Clermont Ferrand 1 - M2 Economie du développement  2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.2. L'impact des soins sur l'état de santé est difficile à évaluer

Nous venons de voir que l'assurance maladie a un impact sur le recours aux soins, notamment des plus pauvres. Il reste donc à déterminer si ce recours aux soins supérieur améliore l'état de santé. C'est uniquement seulement si ces deux conditions sont vérifiées, rappelons-le, que l'assurance aura un impact sur la santé.

Il est cependant difficile de vérifier empiriquement l'effet des soins sur la santé, car, à un
instant donné, le lien positif éventuel entre la consommation de soins et la santé future peut
être masqué par le fait que ce sont en général les personnes malades qui consomment le plus

de soins. En cherchant à établir que celles qui se soignent le plus sont en meilleure santé, on observe en fait le contraire : les personnes en plus mauvaise santé se soignent davantage.

Deux possibilités s'offrent alors pour franchir l'obstacle. La première consiste, dans une approche normative, à adosser l'étude de l'impact de l'assurance sur la consommation de soins à des études médicales ayant prouvé l'efficacité de certains soins, en particulier de soins préventifs. Ce type d'approche permet de travailler sur des données transversales courantes. Nous présentons ci-dessous trois études américaines car aux Etats-Unis, le problème de la non assurance, notamment des malades chroniques ou des femmes enceintes, est plus répandu qu'en Europe.

Dans leur étude sur les recommandations de mammographie, O.Malley et al. (2001) justifient leur conclusions en faveur d'une extension de la couverture maladie aux femmes les plus pauvres en montrant que les recommandations de mammographie augmentent avec l'assurance et le statut socio-économique des patientes (et aussi qu'elles varient avec la spécialité du médecin) ; or, d'autres études ont montré que de telles recommandations incitent fortement les femmes à recourir à ce type de prévention et, surtout, que l'effet de la mammographie sur l'état de santé est médicalement prouvé. Il peuvent donc conclure, dans ce cas précis, à un effet positif de l'assurance sur l'état de santé. Pour leur part, Ayanian et al. (2000) étudient l'effet de l'assurance sur le renoncement de patients, pour des raisons financières, à des soins jugés médicalement adéquats, compte tenu de l'âge et des maladies chroniques. La typologie utilisée est dérivée des référentiels de bonnes pratiques sur les examens réguliers de médecine préventive, concernant en particulier la surveillance de l'hypertension, du diabète (examens du pied, ...) ou encore la détection de certains cancers. Ils concluent à un effet positif de l'assurance sur l'accès à ces soins adéquats.

Enfin, en estimant à dire d'experts les gains de santé infantile liés aux différents types de soins, Cole (1994) cherche à mesurer le type de soins auxquels accèdent les nouveaux assurés Medicaid, en distinguant notamment les soins préventifs, plus efficaces selon elle. Elle trouve que l'augmentation des droits à Medicaid diminue la proportion de femmes ne recevant pas de soins prénataux de 22 % à 17 %. L'effet est plus fort dans les groupes à risque (mères adolescentes et célibataires).

Pour établir le lien entre soins et santé, la deuxième approche consiste à observer l'effet d'une consommation présente sur la santé future. Si la méthode doit estomper au moins en partie l'effet de la santé sur la consommation, elle nécessite de disposer de données longitudinales sur la santé, la consommation de soins et l'assurance, collectées sur une période suffisamment longue.

Ne disposant pas encore de résultats sur l'impact de l'assurance sur l'état de santé sur données françaises (voir encadré sur le dispositif Santé Protection Sociale du CREDES, p. 6), nous pouvons toutefois apporter une réponse partielle à cette question à la lumière de l'expérience de la Rand, que nous avons déjà mentionnée (Newhouse, 1993). Au cours de cette étude, Newhouse et al. ont comparé l'évolution de l'état de santé des personnes couvertes par les différents contrats d'assurance. Il est apparu que, en dépit de son influence sur la quantité de soins consommés, la part des dépenses à la charge des patients n'a pas eu d'effet visible sur les différentes mesures de l'état de santé général17, établies à l'aide d'un questionnaire médical auto-administré à l'entrée et à la sortie de l'expérience pour l'ensemble de la population enquêtée. Néanmoins un diagnostic médical, réalisé sur 60 % de l'échantillon au début de l'expérience et sur la totalité à la sortie, a permis de constater une amélioration attribuable à la gratuité des soins de deux mesures physiologiques, la vision et l'hypertension.

Les consultations ophtalmologiques ont été plus fréquentes en cas de gratuité de soins (90 % contre 76 %), la prescription de lunettes étant alors quasi identique selon les contrats d'assurance. Parmi les pauvres, l'effet de l'assurance complète est logiquement plus marqué : 78 % des assurés à 100 % consultent contre 59 % des autres ; la consultation entraîne alors une prescription de lunettes pour 18 % des assurés à 100 % et seulement 8 % des autres. Même si la consommation de soins des plus riches est toujours plus élevée, la gratuité des soins permise par l'assurance diminue les inégalités sociales de santé : en fin d'étude, les pauvres couverts à 100 % avaient une vision correctement corrigée dans une proportion non statistiquement différente de celle des plus riches (80 % contre 83 %) alors qu'il subsistait un écart statistiquement significatif entre riches et pauvres dans les autres contrats d'assurances (76 % contre81 %).

17 capacité fonctionnelle, taux d'invalidité, risque vital, santé mentale, note subjective et bien-être ressenti.

Des résultats comparables sont apparus dans le domaine de l'hypertension : les personnes couvertes à 100 % avaient une pression sanguine diastolique significativement inférieure à celle des individus couverts par les autres contrats d'assurances (différence de 1.9 mm de Hg), cette différence étant encore plus marquée pour les plus pauvres (différence de 3.5 mm de Hg). Cela a permis d'estimer que la couverture totale des soins réduisait de 10 % la probabilité de décès des personnes en mauvaise santé. Cette étude a surtout montré l'importance du diagnostic de la maladie sur les comportements de soins et donc l'état de santé puisque les personnes connaissant leur problème d'hypertension avant l'expérience ont eu une consommation similaire quel que soit leur contrat d'assurance. En permettant un meilleur accès au système de soins, l'assurance permet un meilleur accès à la prévention et à l'information. Ce résultat confirme que l'assurance à un effet sur l'état de santé via un meilleur accès aux soins préventifs secondaires.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery