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Comment mesurer la capacité de structuration des bourgs dans un espace en voie de métropolisation : analyse du cas tarn-et-garonnais

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par Cédric VANDAELE
Université de Toulouse-le-Mirail - M1 IUP Aménagement et développement territorial 2008
  

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III) Un département en voie de métropolisation

Une grande partie du Tarn-et-Garonne est sous l'influence de la métropole toulousaine. La forte croissance de la population en est l'un des indicateurs. Le Département connaît une croissance démographique (croissance de 1,2 % entre 1999 et 2004) due principalement à l'arrivée de nouvelles populations : l'excédent migratoire atteint 2 400 personnes par an en moyenne depuis 1999. Ainsi les derniers recensements montrent que le Tarn et Garonne a gagné 12 300 nouveaux habitants entre 1999 et 2004 pour arriver en 2005 à 221 300 habitants avec une densité de 60 habitants/km2. Les projections démographiques de l'INSEE2 prévoient selon un scénario central (prolongement des tendances démographiques récentes en matière de fécondité, mortalité et migrations externes) un gain de 37 000 nouvelles personnes d'ici 2030 (soit une hausse de 17%).

Cet afflux a pour conséquence une augmentation des constructions sous forme pavillonnaire
(8 150 logements individuels purs autorisés entre 1999 et 2004) et sous les formes collectives

1 Regards sur Tarn-et-Garonne, INSEE Midi-Pyrénées Publications, numéro 22-82, février 2006

2 INSEE Midi-Pyrénées Projections de population départementales en Midi-Pyrénées à l'horizon 2030, Dossier de l'INSEE n° 143, octobre 2007

et individuelles groupées (6 200 logements autorisés entre 1999 et 2004)1 localisées principalement sur la partie sud du département et plus particulièrement dans la périphérie de Montauban et le long des axes de communication.

Les bourgs touchés par cette dynamique résidentielle se caractérisent généralement par une population jeune qui provoque une hausse de natalité. L'arrivée de nouveaux ménages bouleverse la structure traditionnelle de la population d'origine.

Mais la métropole toulousaine influence le sud du département surtout par l'attraction d'actifs. L'étude « Tarn-et-Garonne, un territoire multipolaire sous l'influence croissante de Toulouse »2 réalisé par l'INSEE Midi-Pyrénées montre qu'en 2004 près de 20 % des 66 000 salariés qui résident en Tarn-et-Garonne travaillent à l'extérieur du département. La majorité de ces actifs sortants se rendent en Haute-Garonne (six sur dix) ce qui confirme le dynamisme du couloir Toulouse-Montauban. Ces échanges importants entre l'aire urbaine et le faisceau nord ont tendance à augmenter entre 2001 et 2006 de 13 % sur l'autoroute A62 (soit 12 800 déplacements en 2001 et14 500 en 2006) et de 18,5 % sur la RD 813 (soit 36 000 déplacements en 2001 et 43 000 en 2006)3.

L'augmentation de l'attractivité de Toulouse sur les territoires environnants s'explique par la confrontation des territoires à la mondialisation qui induit le processus de métropolisation. L'ouverture des territoires à la mondialisation a modifié les logiques économiques locales et a recomposé l'organisation des territoires proches des métropoles. En effet, le phénomène de la mondialisation analysé par P.MOREAU DEFARGES4 se décompose principalement en :

· La production de masse où toutes les activités humaines s'inscrivent dans un système global d'échange. Cela contribue à transformer ce qui est sacré, exceptionnel, particulier, artisanal, réservé à un cercle restreint en quelque chose de banal, compétitif et facilement accessible.

· La globalisation de l'argent induit par l'augmentation des mouvements financiers internationaux facilités par l'ordinateur, Internet et la dématérialisation des titres au sein d'un système bancaire mondialisé.

1 Source SITADEL

2 INSEE Midi-Pyrénées Tarn-et-Garonne, un territoire multipolaire sous l'influence croissante de Toulouse, 6 pages de l'INSEE, n°110, mai 2008

3 Déplacements totaux entre 2001 et 2006

4 MOREAU DEFARGES P. La mondialisation, Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 1997


· L'internationalisation des entreprises, rendue facile par l'effondrement des prix de transport et la réduction des barrières aux investissements étrangers. L'intégration de nouveaux pays dans les circuits internationaux avec des coûts de main d'oeuvre compétitif incite certaines entreprises à délocaliser.

· La volatilité des investissements qui a pour conséquence de développer des entreprises temporaires sans attaches territoriales. Les entreprises qui ont une histoire sur un territoire se font de plus en plus rares.

· L'externalisation du système productif. De nombreuses grandes entreprises lèguent certains champs de production ou des services à des sous traitants. Ces firmes réseau en interrelation peuvent fragiliser tout un bassin d'emploi lors de crises économiques.

Toutes ces manifestations ont des répercussions sur les territoires dont le phénomène de métropolisation. Ainsi selon P.CLAVAL1 « la métropolisation est analysée comme le résultat des changements du système productif lié à la mondialisation et à diverses crises industrielles ». S.LEROY2 précise que « la ville se transforme, passant progressivement du mode « d'urbanisation » au régime de la métropolisation. Alors que les grandes agglomérations urbaines acquièrent une centralité mondiale spécialisée (financière, économique, culturelle, politique) et tendent à constituer un réseau métropolitain planétaire, apparaît une fragmentation accrue en termes de ségrégation socio-économique et une croissance des inégalités spatiales intra-métropolitaines ».

Les transformations fonctionnelles et la concentration démographique des métropoles bouleversent le « hinterland » proche en réorganisant les aires urbaines en espaces discontinus et hétérogènes avec des centralités secondaires. Les unités inférieures, comme la petite ville et le bourg-centre s'intègrent au même titre que les autres communes banales dans cette large sphère sans réelle destination des différents rôles à jouer et des particularités de chacune de ces entités géographiques.

Les effets de la métropolisation sur les communes périurbaines sont nombreux, mais deux tendances sont particulièrement caractéristiques : la métropolisation des achats et l'extension pavillonnaire des bourgs.

1 CLAVAL P. (dir.) Mondialisation et Métropolisation, Géographes et Cultures, n°48, 2004

2 LEROY S. Sémantiques de la métropolisation, L'espace géographique, n°1, 2000

L'accessibilité, les facilités de transport et la création de grandes surfaces proposant une diversité de choix et de prix encouragent de nombreux habitants des communes périurbaines à effectuer leurs achats sur les grandes villes. De ce fait les achats alimentaires de base, créneau des commerces de proximité des bourgs, se font souvent en même temps que les achats plus rares sur les zones commerciales avec la présence de spécialistes vendeurs. Cette « métropolisation des achats »1 modifie l'offre en service et commerce des bourgs qui est en concurrence avec les aires de chalandise des grandes zones commerciales.

Par ailleurs, de nombreux actifs travaillant sur une métropole voisine s'installent dans les bourgs proches des grandes agglomérations. Ces nouveaux arrivants sont attirés par l'attractivité des espaces ruraux, un foncier abordable et les facilités de déplacements. L'accueil des nouvelles populations a singulièrement modifié la morphologie urbaine et paysagère de certains bourgs. J.M FREYDEFONT2 liste une partie des conséquences de la phase d'urbanisation pavillonnaire : le creusement des déséquilibres démographiques et sociologiques, l'élévation des coûts fonciers, l'écart grandissant entre le niveau d'équipements/services et les attentes de la population ou encore l'inadéquation du réseau de voirie pour les flux pendulaires créant des nuisances sur le centre-ville. Du point de vue paysager (forme, architecture, densité,...), les nouvelles zones pavillonnaires peuvent contraster avec le bourg historique et traditionnel. F. CHIGNER-RIBOULON résume cette situation en considérant ces bourgs périurbains comme « des espaces en mutation entre une urbanité reconnue, mais pas toujours acceptée, et une ruralité quelque peu mythifiée, mais en voie de disparition »3.

Le Tarn-et-Garonne et plus particulièrement la partie sud du département, est touché par l'attractivité et le rayonnement de la métropole régionale toulousaine. L'augmentation de la population, de la construction et des migrations pendulaires dans le corridor Toulouse-Montauban en sont des indicateurs significatifs. L'implantation de la future gare TGV au sud de Montauban et la plateforme logistique de Montbartier sont autant de grands projets qui devraient accentuer à court terme l'importance de cette entrée de l'aire urbaine de Toulouse.

1 EDOUARD J.C. Les mutations commerciales des petites villes face à la métropolisation in CERAMAC L'avenir des petites villes, actes du colloque international de Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, novembre 2003

2 FREYDEFONT Projet urbain et petites villes d'agglomération : spécificités ou généralisation ?

3 CHIGNER-RIBOULON F. Les petites villes d'agglomération entre représentations d'hier et intégration à l'espace urbain in CERAMAC L'avenir des petites villes in op. cite.

Ce développement transforme le rôle et les fonctions des bourgs : arrivée de populations avec des caractéristiques socio-économiques nouvelles, construction de larges zones pavillonnaires, accroissements des déplacements, apparition de nouvelles attentes de la part des populations (services de proximité, équipement sportif, manifestations culturelles,...).

A l'inverse, le phénomène de métropolisation fait évoluer le rôle des bourgs isolés des grandes voies de communication. La population de ces centres ruraux a tendance à vieillir, stagner voire à diminuer. Cependant, le manque d'influence des grandes villes permet à ces bourgs de proposer des équipements, des services et des emplois à une population locale. De même, la qualité du cadre de vie appelle de nouveaux migrants en recherche de « nature » à repeupler certains lieux retirés. Martin MALVY président de l'Association des Petites Villes de France (APVF) souligne l'importance des bourgs ruraux et petites villes : « Héritage du passé, ce réseau des petites villes n'est pas dépassé. Au contraire, ces petites agglomérations à « taille humaine » sont un atout pour notre pays. Elles constituent un irremplaçable rempart contre la désertification rurale, en même temps qu'elles offrent une alternative réaliste au terrible processus de concentration urbaine »1

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand