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Ebanda tono (les peaux tachetées): utilisations et représentations de la faune sauvage (Gabon)

( Télécharger le fichier original )
par Florence Mazzocchetti
Université de Lettres et sciences humaines, Orléans - Master2 2005
  

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Après ces définitions qui simplifient au maximum les frontières entre ces trois formes d'expressions orales, je pense pouvoir affirmer que les récits mettant en scène les animaux sauvages que j'ai recueillis sont bien des contes car la population Bakota a conscience qu'il s'agit d'une fiction et que les animaux y sont anthropisés.

V.2.2 Quelques contes Bakota ...

Il existe de très nombreux contes Bakota avec à peu près tous les animaux de la forêt.

Pour ma part, j'ai surtout essayé de récupérer des contes avec les animaux tachetés, ce qui, mis à part pour la Panthère, n'a pas été évident. En effet, les animaux les plus souvent cités dans les contes sont donc la Panthère, la Tortue et le Céphalophe bleu. Nous trouvons à peu près la même prédominance pour l'ensemble des ethnies du Gabon (Raponda-Walker, 1967).

Il serait trop long de retranscrire tous les contes que j'ai pu recueillir lors de mon stage, mais j'ai toutefois souhaité vous en présenter quelques uns, dont l'étude nous permettra dans la prochaine partie, d'en dégager quelques éléments de réponses sur les représentations et les connaissances empiriques des Bakota sur la faune sauvage qui les entoure. Les contes qui suivent m'ont été racontés par des personnes Ikota, mais ils sont également connus, sous des formes plus ou moins identiques, par les populations Mahongwé et Samaye.

Ces contes se déroulent dans une époque où tous les êtres de la forêt, y compris l'Homme, parlaient le même langage, ils pouvaient donc facilement communiquer entres eux.

Ceux qui sont les plus connus par la population kota sont ceux relatant les aventures de la Panthère et de la Tortue32(*).

Il existe plusieurs versions qui parlent toutes des ruses de la Panthère pour récupérer les meilleurs morceaux de viande du gibier chassé avec la Tortue. Mais cette dernière finie toujours par gagner grâce à sa sagesse et son intelligence. On retrouve cette relation entre la Panthère et la Tortue, avec très peu de variante, dans de nombreux contes des différentes ethnies au Gabon comme chez les BaKèlè, les BaLumbu, les BaPunu, les BaVili ou les Benga (Raponda-Walker, 1967).

Le conte retranscrit ici, met également un troisième personnage en scène, le fils de la Tortue, qui venge son père de la Panthère. Ceci rappelle le conte Kota enregistré par Augot et Perrois33(*) également dans la région de Makokou en 1971. Dans ce conte, le fils de Kulu est un géant sanguinaire qui pourchasse Ngoye, la Panthère et son enfant pendant des années.

Conte n°1 : La Panthère et la Tortue (Ngoye na Kulu)

Conteur : Jean-Baptiste Ibadaya, Ikota, Mbondou

La Panthère Ngoye et la Tortue Kulu, habitaient dans un même village. Un jour, Ngoye organise une partie de chasse au filet en faisant appel à Kulu et tous les hommes du village. Ensemble, ils tuent 10 gibiers, mais au moment du dépeçage, Ngoye décide que Kulu n'aura que les viscères et que lui se garderait la meilleure viande. Bien que la femme de Kulu se plaigne, cette scène se répéta pendant 2 ans, jusqu'au jour où elle attrapa une grossesse ...

Le jour de l'accouchement, la soeur de Kulu arriva et installa la femme enceinte dans un lieu tranquille derrière la maison. Tout le monde pensait qu'elle allait accoucher de jumeaux34(*), alors les gens du village commençaient à apporter beaucoup de cadeaux (lances, machettes etc.). Mais en fait, il n'y avait qu'un enfant qui refusait de sortir par le vagin de sa génitrice. « Je veux sortir par les côtes ! » cria t-il. Ainsi fut fait, mais aussitôt sorti, l'enfant regarda les deux bouts du village et demanda : « Où vais-je rester ? » et Kulu répondit : « tous tes frères et soeurs habitent ici, toi aussi tu vas rester là ». Mais l'enfant refusa et alla chercher un banc sur la montagne déposé par le Dieu Zambé.

En revenant au village, le banc s'était transformé en enclume que l'enfant planta au milieu du village, puis se tourna vers son père et dit : « J'ai déjà planté l'enclume, il me faut une maison maintenant ! Où vais-je aller dormir ? » Kulu ne répondant pas, l'enfant lui ordonna : « Demain, tu m'appelle la famille de Ngoye et tous les gens du village, nous allons organiser une partie de chasse au filet »

Au matin, la chasse commença et les prises furent nombreuses, d'abord 10 dans un lieu et 20 à un autre. Quand vint le moment du dépeçage, le fils de Kulu proclame que Ngoye n'aura que les viscères comme il faisait à son père. Quand Ngoye rentre chez lui, ses femmes ne sont pas contentes et se plaignent. « Cet enfant qui vient de naître, c'est un dangereux » râle Ngoye qui enrage et qui décide d'aller se plaindre chez le chef du village.

Chez le chef, Ngoye et Kulu exposent chacun leur histoire et leurs arguments, puis au bout d'un moment le chef déclare sa sentence : « Ngoye, c'est toi qui à commencé. Kulu n'est jamais venu se plaindre et toi, tu viens te plaindre ici, parce que le fils de Kulu t'as rendu la pareille ! et bien, Ngoye, tu as tord et Kulu a raison. »

Conte n°2 : La Panthère et la Genette (Ngoye na Hindji)

* 32 Les autres étant ceux relatant les aventures du Dieu Zambé et sa famille.

* 33 AUGOT C., PERROIS L., 1971. La panthère et la Tortue. IRD Audiovisuel. 55 min

* 34 Les jumeaux, comme dit plus haut dans ce mémoire, sont très appréciés chez les Bakota du nord comme dans de nombreuses ethnies du Gabon.

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