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Ebanda tono (les peaux tachetées): utilisations et représentations de la faune sauvage (Gabon)

( Télécharger le fichier original )
par Florence Mazzocchetti
Université de Lettres et sciences humaines, Orléans - Master2 2005
  

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II. Problématique et objectif de l'étude

Après ce bref tour d'horizon sur les relations entre la faune sauvage et les populations forestières du Bassin du Congo, quels questionnements restent en suspens ?

Nous venons de le voir, la faune sauvage est très importante pour ces populations que cela soit d'un point de vu tant alimentaire, économique que culturel. Mais le rôle que joue le monde animal dans la culture Kota est encore mal connu. Aussi, la question générale de départ de ce mémoire sera :

Quelles sont les interrelations socioculturelles que le groupe Bakota entretiens avec la faune sauvage ?

Il s'agit donc, dans un premier temps, de déterminer tous les domaines où la faune sauvage est utilisée ou évoquée, les interdits alimentaires ainsi que de comprendre quelles représentations se font les différents sous-groupes Bakota du monde sauvage et de ses animaux.

Avec ces données, il s'agira, ensuite, de déterminer :

1) s'il y a unité ou pas dans ces interrelations entre les 3 sous-groupes Bakota3(*) 

2) si l'analyse de ces données peut être utilisée pour un programme de gestion « participative » de la faune sauvage.

N'ayant effectué que trois mois de stage, j'ai concentrée ma recherche sur les espèces Mammifères et tout particulièrement sur les carnivores au pelage tacheté. Ces derniers sont souvent cités dans les interdits alimentaires, les utilisations paramédicales ainsi que dans les rites et cérémonies traditionnelles des peuples forestiers de la région. Il s'agira de voir ici, si les utilisations et perceptions sont les mêmes dans le groupe Bakota et de déterminer quelle importance ces animaux ont dans leur culture. Cette étude permettra secondairement une mise à jour des connaissances sur ce groupe ethnique encore relativement mal connu.

Le but de cette recherche en ethnozoologie est de faire un état des lieux sur les interactions Faune-Bakota dans la région de Makokou afin de donner une vision générale des utilisations et des croyances encore présentent de nos jours et de compléter ainsi les recherches sur les valeurs socio-économiques et culturelles de la faune sauvage pour les populations forestières du Bassin du Congo.

Ceci pourra être utile pour les divers programmes de conservation de l'environnement dans la région Nord-Est du Gabon. En effet, en plus des 3 parcs nationaux, la zone est sous la « tutelle » des ONG américaines que sont le WWF et le WCS qui, après une politique d'urgence principalement basée sur la répression, souhaitent désormais mener des programmes qui permettent le développement durable des populations locales, mais aussi leur participation.

Figure 1 : Le réseau de parcs nationaux dans le Nord du Gabon

Source : WWF

III. Méthodologie

III.1 Une étude en ethnozoologie

(Hountondji : 2001)

A partir du XIXe siècle, l'Occident s'est rendu compte qu'en étudiant les autres cultures, il n'avait pas seulement affaire à des pratiques ou à des croyances isolées, mais bien souvent à des systèmes de croyances, des systèmes de pensée cohérents et rationnels à leur manière, qui fournissent en même temps la clé de certaines pratiques qui, sans eux, resteraient incompréhensibles. De ces systèmes de pensée on distinguera cependant ici les systèmes de connaissance. Ceux-ci ne prétendent pas seulement à la cohérence socioculturelle, mais se veulent en outre objectifs et efficients, susceptibles de fonder des techniques et des pratiques.

L'intérêt pour ces systèmes de connaissance a donné naissance aux différentes branches de

l'«ethnoscience». Si le terme générique n'est apparu, semble-t-il, qu'au milieu du XXe siècle, plusieurs des termes spécifiques désignant les sous-disciplines de la discipline sont plus anciens. Mieux encore, ces sous-disciplines ont été elles-mêmes pratiquées longtemps avant d'être nommées4(*).

Au sens premier du terme, une ethnodiscipline est l'étude d'un corpus de connaissances portant sur un domaine donné et véhiculé par la tradition orale. Ainsi entend-on par ethnobotanique l'inventaire des connaissances « traditionnelles » sur les plantes, par ethnozoologie l'étude des taxinomies et autres connaissances « traditionnelles » sur les animaux. L'ethnoscience est alors comprise comme la reconstitution d'un savoir préexistant à la colonisation occidentale.

Dans l'histoire de l'ethnoscience, on assiste depuis quelque vingt ans à une modification sensible de cette approche fondamentale. Les systèmes de connaissances endogènes sont de plus en plus étudiés non pour eux-mêmes, mais pour leur contribution possible au développement. Cet intérêt nouveau ne s'est pas démenti depuis. On a dénoncé sur tous les tons les erreurs des développeurs et autres experts internationaux qui tentaient d'imposer aux communautés paysannes du Tiers-monde des techniques agricoles, et toutes sortes de

« paquets technologiques » mis au point en Occident mais inadaptés au milieu concerné, dans l'ignorance complète des techniques locales, souvent plus efficaces et mieux dominées par les intéressés.

III.2 Les financements

Si j'ai pu effectuer ce stage au Gabon, c'est grâce aux financements dont mes collègues et moi-même avons pu bénéficier. Il s'agit tout d'abord du financement, octroyé par le CIFOR, qui rentrait dans le programme du M.L.A (Multidiciplinary Landscape Assessment) une étude pluridisciplinaire du paysage qui s'est déroulée pendant un mois à Loaloa, un quartier de Makokou en bordure de la réserve d'Ipassa et du parc de l'Ivindo. Ce budget prenait en charge : la nourriture, les déplacements, le salaire des techniciens ainsi que l'hôtel à Libreville.

Ensuite, nous avons été logés gratuitement à la station d'Ipassa-Makokou5(*) grâce à l'Institut de Recherche en Ecologie Tropicale (IRET) du Centre National de la Recherche Scientifique et Technique du Gabon (CENAREST). En plus du logement, nous avions accès à la bibliothèque et à la cantine ; de plus, l'IRET nous a également apporté un soutient logistique dès que cela était possible (transport jusqu'à Makokou, aide des techniciens de la station, matériels pour les missions).

* 3 Il existe plusieurs sous-groupes Bakota. Le choix s'est porté sur les Ikota, Mahongwé et Samaye qui se trouvent dans la région de Makokou (voir méthodologie).

* 4 Le mot anglais « ethnoscience » n'apparaît, semble-t-il, qu'en 1950, dans la 3 e édition de l'ouvrage collectif publié sous la direction, entre autres, de George Peter Murdock, Outline of cultural materials (1re édition, 1938 ; 2 e édition, Yale, Yale University Press, 1945 ; 3e édition révisée, New Haven, Human Relations Area Files, 1950). Par contre le mot « ethnobotany » remonte à 1895, où il a été forgé par un agronome américain, J. W. Harshberger.« Ethnozoology » remonterait, semble-t-il, à 1914.

* 5 Pour plus de renseignement sur la station d'Ipassa - Makokou, se reporter à l'annexe correspondante.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe