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Les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun

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par Moustapha Mohammed Nsangou Mbouemboue
Université Yaoundé I - Master en sociologie 2010
  

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II. REACTIONS ET GESTION DE L'INFORMATION

De manière générale, le verdict du dépistage est un moment bouleversant dans la vie d'un patient. Il s'accompagne au départ de l'anxiété, de la dépression, de l'angoisse, de la peur ou des pleurs. L'information vient sonner comme un glas sur la vie du patient qui fait un bref bilan de ses relations. Mlle Christiane dira à propos :

 La première des choses qui m'est venue en tête était de me poser la question de savoir qui m'a fait ça avant de me poser la question de savoir comment réagira le reste et surtout mes parents à cette nouvelle. Il fallait donc à tout prix et à tous les prix garder la confidentialité de ma situation.107(*) 

A la question de savoir si à son avis la nouvelle avait été bien annoncée, ce qui participerait selon nous à influencer sa position et ses prises de décisions, Mme Solange ADA ajouta :

 Ce sont des professionnels de la santé et ils connaissent comment prendre une personne qui est en situation. J'avoue cependant que si ça avait été une vulgaire personne qui se chargeait de me transmettre la nouvelle, je serai devenue folle108(*) 

II.1.Du rôle du personnel médical 

Face à la découverte de la séropositivité d'un patient, le personnel soignant est tenu de donner les résultats d'un patient dans une stricte intimité et confidentialité, c'est régi par le serment d'Hippocrate. Ainsi, conformément à ce serment,

Il est ainsi interdit au médecin de divulguer la nature de l'affection ou de l'infection dont souffre un individu sans autorisation expresse et formelle de ce dernier. Dans le cas du SIDA, la loi n'autorise pas de faire subir le test à une personne sans consentement, ni de communiquer les résultats du test à une tierce, fût- elle son conjoint, sans son accord préalable. Ici également, se pose le dilemme entre le droit de se taire et le devoir de dire109(*).

Face cette situation, le personnel médical créé un environnement psychologique favorable pour le patient dans l'optique d'une réception positive de la nouvelle car la dédramatisation et l'acceptation de la maladie sont deux éléments importants pour permettre de « vivre avec la maladie ». Mal accepté le séropositif peut se permettre de penser au pire et de fataliser la maladie. Ce qui peut l'emmener à contaminer les autres volontairement pour dire « on m'a donné et moi aussi je transmets »110(*).

Cependant, comment gérer le secret de la séropositivité d'une femme (enceinte ou pas) vis-à-vis de son conjoint ou de son partenaire? A cette question, le personnel médical laisse le soin à la personne infectée de le faire. Il lui présente juste les avantages du partage de l'information à travers des séances de counseling. Car, dans cette tâche ils sont appuyés par des assistants sociaux et des conseillers psychosociaux. Mais, le fait de laisser la latitude aux personnes infectées de parler de la nature de leur affection ou infection ne garantit pas toujours vérité. En ce sens que celles-ci, spécifiquement les femmes ont le souci de préserver leurs réseaux socioculturels, affectifs ou religieux. C'est pour cette raison que le partage de l'information n'est pas toujours effectif. C'est d'ailleurs à ce titre que Christine TCHOKOUTE, assistante sociale à l'HDJ nous a affirmé que :

Par semaine, nous enregistrons au moins 5 à 6 cas de personnes qui ne veulent pas informer leurs partenaires de leur sérologie. La dernière fois, nous avions eu le cas d'une jeune étudiante, qui nous expliquait qu'elle disparaissait chaque 20 heures pour aller à la douche prendre ses médicaments. Cette situation se vérifie dans des couples mariés. Car, chacun redoute de la réaction de l'autre.111(*)

A l' HDJ, lorsque nous y étions pour nos enquêtes, nous avons trouvé l'infirmière-major se fâcher parce qu'un garde malade avait été informé de la nature de l'infection d'un patient. Ce qui témoigne de la complicité des professionnels de santé dans l'entretien du secret chez les PVVIH.

Le personnel médical n'a pas le droit d'informer l'entourage du patient ou même le (la) conjoint(e) d'un malade. Or, lorsqu'il s'agit d'autres maladies comme le paludisme, la typhoïde, ou le cholera tout le monde est informé.

Ainsi, le problème se situe au niveau de la « protection du secret médical112(*) » du malade développée par les professionnels de santé alors que d'autres maladies font l'objet de la diffusion. Ce silence consentant autour de la maladie orchestré par le personnel médical est de nature à rendre le patient suspect et entraîne le développement de la rumeur puisque, en l'absence d'information claire, l'entourage du patient crée une autre information qui est susceptible de se répandre très rapidement.

Par ailleurs, dans le processus de prise en charge, l'ouverture d'un dossier médical n'est pas automatique après la découverte du statut sérologique d'un individu. Car, conformément à l'article 6 alinéa 1 de la déclaration universelle de la bioéthique et les droits de l'homme sus-cité, le personnel médical ne peut pas procéder à toute intervention médicale sans consentement du patient. Cette situation montre qu'un patient peut délibérément refuser la prise en charge s'il trouve que ses enjeux sociaux sont menacés.

Par contre chez les femmes séropositives nouvellement dépistées, les comportements post test ne sont pas homogènes et sont fonctions de leur situation matrimoniale, de leur nombre d'enfants, de leur niveau d'instruction, de connaissance sur la maladie et de l'environnement social dans lequel elles se trouvent.

Certains médecins affirment que beaucoup des malades développent des comportements à risque car, sur place ils font semblant d'accepter la maladie mais vont multiplier des rapports sexuels non protégés et parfois avec plusieurs partenaires.

D'autres par contre acceptent la maladie, décident de changer de comportement et deviennent responsables.

* 107 Entretien, août 2009.

* 108 Entretien, août 2009.

* 109 U. OLANGUENA AWONO, op. cit. p. 121.

* 110 Extrait de propos d'une enquêtée

* 111 Entretien, septembre 2009.

* 112 C. BIOS NELEM, «  La médiatisation de la sphère privée au Cameroun : facteurs et enjeux », thèse de doctorat Ph/D en sociologie politique, Université de Yaoundé I, Octobre 2008, p.105.

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