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Les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun

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par Moustapha Mohammed Nsangou Mbouemboue
Université Yaoundé I - Master en sociologie 2010
  

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CONCLUSION

En définitive, au sortir de ce travail de recherche s'intitulant « les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun », notre préoccupation était de savoir : Quels sont les enjeux qui sous-tendent les comportements sexuels et reproductifs des femmes séropositives placées sous traitement antirétroviral au Cameroun ?

Notre démarche qui se voulait beaucoup plus interdisciplinaire nous a permis d'avoir un échange avec les populations cibles. Notre série d'entretien avec les femmes séropositives et les professionnels de santé, nous a permis de constituer un corpus empirique intéressant. A l'aide de ce dernier, nous avons pu vérifier nos hypothèses de recherche après une analyse basée sur l'imaginaire social. Ainsi, il ressort que les comportements sexuels et reproductifs des séropositives sous traitement antirétroviral ne concordent pas toujours avec le discours biomédical en raison des logiques socioculturelles, familiales, économiques et religieuses qui font obstacles chez la plupart d'entre elles. Les résultats de cette recherche ont été présentés en deux parties.

La première partie s'intitulant : « De la découverte du statut de séropositivité des femmes à leur prise en charge » se subdivisait en deux chapitres.

Le premier a fait état des circonstances de découverte de la séropositivité de ces femmes. Des données récoltées ont montré qu'elles sont nombreuses. La plupart d'entre elles se sont découvertes infectées au cours des consultations prénatales car, le test de dépistage à ce niveau constitue l'une des conditions sine qua non pour le suivi des femmes enceintes. Quant aux autres, elles se sont découvertes infectées lorsqu'elles développaient des pathologies ou infections opportunistes. Une autre catégorie des femmes infectées a découvert son statut sérologique après le décès du conjoint ou d'un enfant. Cependant, une petite tranche de femmes interrogées s'est découverte infectée après le passage d'un test volontaire. Mais un test pseudo volontaire car, certaines d'entre elles étaient contraintes de le faire à cause des voyages ou des mariages. Des ratios des circonstances de cette découverte, il apparait que malgré les campagnes de sensibilisation axées sur la promotion des tests272(*) et de la connaissance du statut sérologique, les Camerounais en général développent une résistance vis-à-vis des tests. Cette situation traduit la peur qui réside en les Camerounais, car « la communauté perçoit le VIH comme une maladie occulte 273(*)» (...) donnant un caractère stigmatisant à la maladie. Ce qui fait que les individus ont peur de se retrouver dans une autre catégorie de personnes leur conférant une autre nouvelle façon de vivre et d'être.

Dire ou ne pas dire qu'on est séropositive ou malade. Cette partie a constitué la deuxième section du premier chapitre. Tout depend à l'évidence de la personne à qui l'on a dit. Nous sommes partis des questions selon lesquelles : Quel est le role des professionnels de santé dans la gestion de l'information ? Comment la société traite t- elle ses séropositifs ? Comment l'autre va la regarder et regarder sa maladie ? De ces interrogations, il en est ressorti que les enjeux qui sous tendent l'information sont énormes. Au niveau des professionnels de santé, le sermon d'Hippocrate ayant un caractère à la limite d'hypocrite ne leur permet pas de divulguer la nature de l'affection d'un individu surtout en matière de VIH. Le filtre de l'information est d'abord orchestré par ces professionnels. Attitude qui va s'enchainer dans la société avec une gestion de la maladie sous anonymat. Etant donné que la société a généralement tendance à marginaliser ses malades et mêmes ses proches, ceux-ci ne se sentiront à l'aise que si leur statut est caché. De même, la peur de répudiation, de perdre leur place ou la peur d'éclabousser les enfants sont les principaux mobiles qui amènent les femmes séropositives à opérer un filtre dans le partage de l'information. A ce moment, le partage de l'information chez ces femmes est jonché de plusieurs enjeux. Elles ne se livrent qu'aux personnes dont elles estiment bénéficier d'un soutien matériel, financier, et/ou spirituel. La maladie leur imposant des moyens assez élevés pour les frais des examens qui accompagnent le TAR, la nutrition, et le transport pour leurs lieux de prise en charge.

Dans le chapitre 2, il était question de parler de la critériologie et de l'effectivité de la prise en charge des personnes dépistées séropositives. Pour en arriver, il en est ressorti que cette prise en charge a deux volets fondamentaux à savoir : le volet psychosocial et le volet thérapeutique.

La première section de ce chapitre parle des rôles des structures de cette prise en charge à savoir : les formations sanitaires agréées et les associations des PVVIH qui se présentent sous forme d'ONG. Le premier volet de la prise en charge commence dans les centres de santé à partir des tests de dépistage et se poursuit au sein des associations avec les personnes confirmées séropositives. Avant le test l'individu bénéficie d'une séance de counselling qui consiste en « un dialogue confidentiel entre le client et un conseiller, en vue de surmonter le stress et de permettre au client de surmonter le stress et de prendre les décisions personnels en rapport avec le VIH/SIDA.274(*)» Ce premier volet prépare les individus à développer des attitudes stoïques face à leur statut quelque soit le résultat. Mais, le constat qui a été fait est que ce premier volet du counselling n'est pas toujours associé à tous les tests parfois à cause de l'effectif des demandeurs de tests. Pendant les séances de dépistages gratuits dans certaines structures, les individus subissent des tests de dépistages sans au préalable des counselling pré test. Ce qui participe à entrainer chez certaines personnes le non recours au TAR et l'augmentation du stress. Cette prise en charge psychosociale continue dans les formations sanitaires pour les personnes dépistées séropositives avec l'aide des personnels d'appui à la santé comme des psychologues, des assistants sociaux, des agents de relais communautaires qui apportent régulièrement des conseils liés à la gestion de la séropositivité. Cet appui est également apporté par les associations des PVVIH, qui ont été coptées pour entretenir les personnes infectées. Ce qui fait que certaines personnes d'entre elles ont reçu des formations pour contribuer à la lutte de la pandémie.

Quant au deuxième volet de la prise en charge, il se fait uniquement dans les centres de traitement agréés. Mais avant d'en arriver à ce stade la PVVIH passe par le stade d'éligibilité au TAR parce que selon l'OMS, le traitement antirétroviral n'est pas destiné à toute personne infectée. Il dépend non seulement du stade du patient mais aussi de la présence des infections récidivantes. Pour déterminer le statut d'éligibilité du patient au TAR, celui-ci passe impérativement par les examens biologiques ce qui l'inscrit dorénavant non seulement à une carrière hospitalière susceptible d'entrainer un regard stigmatisant de la société sur lui, mais aussi à un début de dépenses visant à l'appauvrir. Au Cameroun,

Malgré la gratuité des ARV adoptée en mai 2007 et le subventionnement par le gouvernement et les bailleurs internationaux d'autres dépenses liées au traitement (telles que les examens biologiques), les dépenses à la prise en charge des patients restent considérables : un quart des patients traités et près d'un tiers des patients non traités font encore face à des dépenses catastrophiques de santé275(*).

Apres, les examens pré thérapeutiques, la patiente placée sous TAR est suivie mensuellement dans son CTA ou son UPEC question pour son traitant de se rassurer de l'observance de celle-ci. A coté de cela, un examen de bilan général lui est prescrit chaque semestre pour le suivi des leucocytes CD4 et de son état général de santé. Ce qui n'est pas toujours aisé pour les PVVIH en général. Déjà, leur présence régulière à l'hôpital est souvent corrélée des difficultés financières pour les patientes financièrement démunies, mais aussi pour toutes ces personnes qui font face à des difficultés liées à leur prise en charge. En raison de leur nombre croissant dû au TAR gratuit, elles font généralement face à des longues heures d'attentes ceci est dû aux personnels d'encadrement insuffisants dans les structures de prise en charge. Ce qui semble être la cause de nombreuses interruptions de traitement.

La seconde section de ce chapitre deuxième quant à elle, évoque le rôle des associations des PVVIH en général, notamment celles de l'AFASO et du CEAM dans la lutte contre le SIDA. En réalité, le choix de ces deux associations a été fait en raison de leur caractère purement féminin et de leur présence respectivement particulière au CTA de l'HDJ et de la Fondation Chantal BIYA. Leurs rôles ont été examinés sur plusieurs plans :

- Sur le plan psychologique et spirituel en ce sens que les associations permettent aux femmes d'accepter leur statut sérologique. Ceci à partir des témoignages à visages ouverts, et des causeries éducatives. De même, les femmes de ces associations sont encouragées à être plus pieuses qu'avant leur séropositivité parce qu'elles estiment trouver la force de pouvoir surmonter le poids de leur maladie en Dieu et de pouvoir développer des comportements responsables.

- Sur le plan social, la gestion sociale de la maladie reste pour ces femmes un problème épineux en ce sens qu'elles doivent rechercher l'alliance entre les logiques médico-sanitaires et les logiques socioculturelles. Les associations à partir de leurs relais communautaires apparaissent à ce niveau pour essayer de résoudre certains problèmes qui naissent souvent entre la femme séropositive et son entourage. Ces problèmes sont souvent fréquents entre ces femmes et leurs partenaires. C'est pour cela que les associations par le biais de certains de leurs membres, rendent souvent visite à domicile (à celles qui autorisent) pour gérer ces différends. De même, elles permettent à ces femmes de ne pas se sentir seules pour celles qui ont été rejetées, et de créer une sorte de cohésion sociale entre elles. Ce qui participe à la naissance d'un autre type de solidarité mécanique.

- Sur le plan nutritionnel, les femmes de ces associations bénéficient non seulement des conseils relatifs à leur nutrition mais aussi des aides, des dons de nourritures grâce aux partenaires de ces structures. Ceci parce qu'il existe une corrélation entre la nutrition et l'infection au VIH/SIDA. Une nutrition saine et équilibrée participe à préserver la PVVIH de l'évolution du virus alors qu'une sous alimentation contribue à sa déchéance car, non seulement elle ne fournira aucun élément nutritif capable de multiplier les leucocytes CD4 pour bloquer les IO mais aussi, elle pourra générer des microbes qui vont participer à l'avancée au stade C ou SIDA.

- Sur le plan financier, ces associations mettent en leur sein des politiques d'autonomisation des femmes car, il a été démontré que la dépendance économique et son insubordination sont des facteurs qui amènent les femmes à ne pas changer de comportements276(*).

- Sur le plan médical, les associations soutiennent leurs membres non pas avec la distribution des médicaments antirétroviraux parce que ce rôle appartient exclusivement aux professionnels de santé, mais avec des conseils de prise en charge, de l'observance et de la distribution des médicaments de traitement des IO. Ces institutions plaident également auprès des décideurs en temps de rupture des ARV et participent à la commande des protocoles rares.

Mais cependant, leur regroupement reste joncher de quelques obstacles liés à la présence des femmes issues de différentes catégories socioprofessionnelles. Car, là où il y a regroupement humain, il ya toujours conflits. Ces conflits sont généralement dus à la différentiation des ethnies, des niveaux d'instruction, de statut matrimonial. Ce qui entraine des problèmes de coordinations et la désertion de certains membres.

Notre deuxième partie présentant « les comportements sexuels et reproductifs des femmes sous traitement antirétroviral au Cameroun », était constituée de deux chapitres. De manière générale, nous sommes partis des recommandations médicales pour en arriver aux incidences socioéconomiques, familiales, culturelles et religieuses.

Le chapitre 3 subdivisé en deux sections, présente les comportements sexuels des femmes sous TAR. Ici, il était question de présenter le discours biomédical axé sur la sexualité des personnes infectées et d'analyser les différentes contraintes qui entravent l'application de ce discours chez la plupart d'entre elles.

La première section de ce chapitre présente le discours biomédical en matière de sexualité chez les PVVIH en général, les normes traditionnelles en matière de sexualité en Afrique, la perception de l'acte sexuel par les personnes infectées, le statut social des femmes en général en Afrique et les natures des rapports sexuels chez ces femmes infectées.

En ce qui concerne la norme thérapeutique, il est recommandé à toute PVVIH l'usage systématique du préservatif à chaque rapport sexuel. Ceci pour la protection non seulement du partenaire qui doit être préservé de la contamination, mais aussi pour la protection de la PVVIH qui doit être préservée contre la réinfection qui peut participer à la résistance de son sous type de virus et participer à son avancée à un stade sévère. Avec l'apparition des ARV, il n'est non plus seulement question de protéger les personnes non contaminées mais aussi, de protéger les personnes déjà infectées de la réinfection car, des études ont montré que le TAR pouvait prolonger la vie des personnes infectées. Il est donc question de les réinsérer dans la société et ceci ne peut être possible que si et seulement si celles-ci sont préservées de la réinfection. Toujours dans cette section, nous avons présenté la norme traditionnelle en matière de sexualité et le statut social de la femme africaine qui malgré les transformations sociales apparaissent comme des logiques socioculturelles qui influencent les comportements sexuels des femmes sous TAR. En Afrique en général et au Cameroun également, la norme traditionnelle en matière de sexualité oriente les rapports sexuels naturels avec pour finalité la procréation. Avant d'en arriver au statut social des femmes en Afrique, nous avons examiné la perception de l'acte sexuel chez les femmes sous TAR. Des données issues du terrain, il en ressort que, de manière générale l'infection au VIH influence la sexualité des personnes dépistées séropositives. Elle ne baisse pas les performances sexuelles de l'individu mais réduit le désir chez celui-ci à cause des troubles psychologiques qui accompagnent souvent l'annonce du statut. Ainsi,

Son mode de transmission par voie sexuelle lui confère par ailleurs le statut de la maladie vénérienne, avec pour corolaire le sentiment de culpabilité et de honte. (...) L''Afrique va devoir désormais faire face à une maladie dont les porteurs se sentent coupables277(*).

Face à cette situation de perception de la maladie ou du corps comme objet souillé, les femmes sous TAR vont observer une période de relâchement. La reprise des activités sexuelles sera fonction du statut matrimonial de ces femmes et du partage de l'information avec le partenaire. Pour les veuves ayant un âge relativement avancé et disposant un nombre important d'enfants, leur fréquence va même atteindre zéro rapport. Par contre, pour les femmes mariées ou femmes vivant en couple n'ayant pas informé leurs partenaires, elles vont continuer à simuler en entretenant des rapports non protégés, quant aux femmes célibataires disposant de leur propres moyens financiers, elles ont parfois la possibilité de prendre des décisions relatives à leur sexualité. Cependant, les femmes célibataires pour qui le mariage est important continueront à entretenir des rapports sexuels de mêmes natures qu'avant leur séropositivité. Ce qui pousse à dire que pour elles la visibilité sociale est plus importante que leur santé.

Quant au statut social des femmes africaines en général ou camerounaises en particulier, des études ont relevé que, malgré les discours féministes voulant mettre les femmes au même statut que les hommes, celles-ci occupent encore le second plan dans les prises de décision à cause de leur dépendance vis-à-vis des hommes. Une dépendance qui se vérifie sur tous les plans notamment sur les plans socioéconomiques, culturels et religieux. Ce qui participe à bouleverser la nature des rapports sexuels des femmes séropositives sous TAR. On assiste ainsi à des rapports sexuels de nature hétérogène. Certaines préfèrent entretenir des rapports sexuels non protégés à cause des logiques socioéconomiques, culturelles et religieuses. Quant à d'autres, le désir de préserver leur santé est important parce qu'elles n'ont pas d'énormes contraintes et qu'elles le jugent nécessaire.

La deuxième section de ce chapitre quant à elle, met en exergue les différentes contraintes socioéconomiques, culturelles et religieuses que ces femmes rencontrent au quotidien. Les premières difficultés sont d'ordre socio-familial. Ces difficultés sont fonction du statut matrimonial et du statut socioéconomique de ces femmes. Ce qui fait qu'elles ne présentent pas de la même manière chez toutes les femmes séropositives.

Pour les femmes mariées ou vivant en couple avec leurs partenaires, la nature, la fréquence, la praticabilité des rapports sexuels dépendent de ceux-ci. Pis encore si ces femmes dépendent économiquement de leurs partenaires, elles subissent en victimes résignées les assauts sexuels des hommes. Quant aux femmes célibataires ne vivant pas avec leurs partenaires, pour celles qui en ont, elles ont parfois une marge de liberté à imposer le port du préservatif à ceux-ci surtout lorsqu'elles ne sont pas financièrement autonomes. Certaines femmes qui désirent éviter des désagréments dus à ce genre de situation, préfèrent éviter de se mettre en relation avec des hommes ou tout simplement émettent le souhait de trouver des partenaires séropositifs comme elles pour la recherche d'une meilleure compréhension de leur situation.

Une autre contrainte soulevée dans cette section est d'ordre culturel et religieux. Au Cameroun, malgré les campagnes de vulgarisation du préservatif, son utilisation n'est pas toujours systématique. Pour certains, il relève de l'artificiel, il est perçu comme un instrument d'infidélité. Pour d'autres, les rapports sexuels non protégés sont synonymes de satisfaction totale et de vilité. Il est à ce moment perçu comme un instrument qui empêche « la nature de suivre son cours »et entraine la frustration du male. En plus, au Cameroun, ayant constaté que le préservatif masculin dépendait de l'homme, une Campagne de promotion est aujourd'hui axée sur la promotion du préservatif féminin. Ceci parce qu'on estime que par là les femmes pourront elles mêmes « prendre les choses en main 278(*)». Mais à cause de la morphologie, de la non disponibilité dans tous les points de vente, du coût, et même des difficultés liées à l'utilisation de cet instrument, son usage n'est pas toujours systématique. De même, sur le plan religieux, ces méthodes sont proscrites parce qu'elles sont source de débauches sexuelles, et d'autres pratiques considérées comme étant des contre-valeurs pour ces religions. Or, certaines PVVIH qui considèrent leur maladie comme une malédiction ou un châtiment divin, ne veulent plus aller à l'encontre de la parole de Dieu parce qu'elles estiment qu'en le faisant leur châtiment risque s'aggraver. Ainsi, certaines qui ne veulent pas être coincées à cause du non respect de la parole de Dieu ou du discours médical préfèrent arrêter leur sexualité.

Le dernier chapitre quant à lui s'intitulant les comportements reproductifs des femmes sous traitement antirétroviral au Cameroun, se subdivise également en deux sections.

La première section de ce chapitre évoque deux points essentiels à savoir : le discours médical axé sur la procréation dans le contexte d'infection au VIH, ensuite les représentations sociales de l'enfant en Afrique. En ce qui concerne le volet du discours médical, ce chapitre met en exergue les conditionnalités de procréation offerte par la PTME. Cette procréation est conditionnée par l'état de santé de la PVVIH. Dans le cas où elle présente un état très fragile (- de 500 de CD4) ou des IO, les professionnels de santé lui demandent d'attendre. A cet instant, la procréation est proscrite. Le seul recours ici est l'adoption des enfants. Lorsqu'elle est à un taux de CD4 élevé et ne présentant pas des IO, la procréation est autorisée. Mais une procréation médicalement assistée. Aujourd'hui avec les avancées de la recherche, la PTME a mis sur pied différentes possibilités et techniques de procréation en fonction des statuts sérologiques des deux partenaires (concordants ou discordants). La première condition est l'examen des IST et MST parce que ces maladies ou infections peuvent être à l'origine des avortements ou de l'infection du bébé. Apres le passage de ces tests, si les partenaires sont éligibles, ils recourent à l'une des techniques proposées par la PTME :

-Dans le cas des couples concordants, l'on procède au lavage du sperme, puis à l'insémination artificielle.

-Dans le cas des couples sérodiscordants, la démarche change. Si c'est la femme qui est séropositive, le partenaire procède juste à un rapport sexuel protégé puis à l'insémination artificielle.

Cependant, l'alimentation est un paramètre important dans les conditionnalités de procréation. Pour qu'une femme séropositive conçoive cette variable n'est pas à négliger. Ceci parce qu'il existe une corrélation entre grossesse et nutrition. Lorsqu'une femme est enceinte, son taux de CD4 est divisé en deux : la première moitié pour la mère et la seconde moitié pour le bébé. Toujours dans ce volet nutrition, nous avons examiné les options d'alimentation recommandées pour les bébés. La première est l'allaitement artificiel exclusif lors qu'il est faisable et pérenne ou pour le cas des femmes qui ont un état de santé très déprimé. L'autre possibilité c'est l'allaitement maternel exclusif sans association avec de l'eau, ni aucune autre boisson sauf des sirops si les professionnels de santé en font des recommandations.

A coté de ce discours biomédical, nous avons examiné les représentations sociales de l'enfant en Afrique. Il en est ressorti que l'enfant est non seulement une preuve de santé génésique de ses parents plus précisément sa mère, mais aussi une preuve de réussite sociale et d'un meilleur lendemain.

Quant à la deuxième section de ce chapitre, elle présente les différentes contraintes auxquelles les femmes séropositives sont butées.

Les premières sont d'ordre socio-familial, économique et culturel. Ces méthodes mises au point par la PTME sont contradictoires aux habitudes traditionnelles en matière de conception ou de fécondité. Elles nécessitent également assez de moyens financiers parce que dans les procédures de conception les partenaires passent au préalable par un certain nombre d'examens. Or, dans un contexte où certaines PVVIH sont déjà appauvries par les examens de prise en charge, le transport pour celles qui se déplacent pour aller se faire suivre, et les frais de nutrition, le respect de ces procédures ne sera que l'apanage des femmes issues d'une certaine classe sociale aisée. Quant aux couples ou aux femmes qui n'ont pas la possibilité de satisfaire aux exigences médicales, étant aussi victimes de la pression sociale ou familiale, vont chercher à faire des enfants sans toutefois satisfaire à ces exigences.

De même, les modes d'allaitement prévus par la PTME présentent d'énormes difficultés. Les premières étant d'ordre économique en ce sens qu'il nécessite que les PVVIH soient financièrement outillées afin d'assurer la pérennité du lait artificiel et son sevrage. Quant à l'allaitement maternel exclusif, la difficulté reste presque la même car, le lait maternel ici reste le seul aliment du nourrisson et sa boisson. Pour assurer sa pérennisation, il est recommandé aux femmes séropositives de manger qualité et quantité. Or, dans un contexte de paupérisation croissante, il est difficile pour certaines femmes d'allaiter et même de continuer à suivre le traitement. Ceci parce que certains protocoles de médicament sont très actifs au point où si la PVVIH ressent un déséquilibre nutritionnel, elle sera secouée par ces produits qui ont des effets indésirables non négligeables.

Cette situation pousse souvent certaines femmes à abandonner leur traitement pour se retrouver dans des cas de resistance du virus.

L'autre difficulté étant d'ordre social résulte du fait que le fait que l'enfant soit nourrit par une nourrice alors que sa mère vit ou le fait que la mère ne trouve pas d' argument valable pour justifier l'allaitement artificiel du bébé peut contribuer à créer un climat de suspicion dans la société. Or, les femmes séropositives afin de préserver leur secret, ne donnent jamais l'occasion à la société de les suspecter. Ce qui conduit généralement aux recours à certaines stratégies de contournement qui peuvent dans certaines manières participer à la contamination de l'enfant.

L'allaitement maternel inscrit l'enfant dans un système de parenté sociale en ce sens qu'il cultive l'idée d'appartenance sociale ou du « nous » parce qu'on a tété le même sein et par conséquent, il y a instauration de certains interdits sociaux comme le mariage entre deux individus ayant tété le même sein. Par le sein, deux individus de maternité différente deviennent des frères ou des soeurs. Par le sein, une nourrice devient la mère d'un individu.

De même, la dernière difficulté qui est ressorti de ce travail est d'ordre psychologique. Le fait pour certaines femmes séropositives de ne pas donner de leurs seins aux enfants peut contribuer à la naissance d'un vide affectif entre la mère et l'enfant. L'allaitement maternel est avant tout une communication entre la mère et son enfant. En son absence la mère n'est plus liée à son enfant et cette situation peut contribuer à détériorer la relation de celle-ci et de son enfant plus tard. Ce qui peut contribuer à une absence d'affection entre la mère et son enfant.

A l'issue de ce travail d'autres perspectives peuvent être relevées à savoir :

La problématique des tests au Cameroun en ce sens qu'au vu des circonstances de découverte de la séropositivité des femmes, il en est ressorti que plusieurs d'entre elles ont connu leur statut sérologique à la suite des tests forcés. Les pourcentages des femmes testées demeurent encore faibles au Cameroun or, le fait de ne pas maitriser son statut sérologique apparait comme un facteur de propagation de VIH/SIDA.

En outre, une autre piste qui peut être dégagée à la suite de ce travail est le partage de l'information chez les PVVIH. Il apparait que les personnes séropositives opèrent une sorte de sélection sociale et de réseautage dans le choix de leurs confidents. Or, le fait de vivre dans ce cercle fermé participe non seulement à détruire la PVVIH mais aussi ne sécurise pas leurs partenaires.

Toujours dans cette optique, une autre réflexion peut également être axée sur l'accès aux soins chez les PVVIH au Cameroun. De cette étude, il ressort que grâce à la gratuité des ARV, le nombre des patients sous traitement devient croissant. Ce qui a des répercussions tant au niveau des personnels de santé qui se sentent débordés, qu'aussi au niveau des infrastructures et des médicaments qui ne parviennent plus à satisfaire le nombre des PVVIH. De même, les centres de santé du fait de leur saturation deviennent pour les malades des lieux stressants. Ce qui entraine des répercussions au niveau de l'observance des patients.

Enfin, une autre piste peut encore susciter des interrogations à savoir : l'idée ou la perception du mariage chez les PVVIH. Elles perçoivent le mariage comme un instrument de révélation de leur statut sérologique. Pour continuer à dissimuler leur statut, elles préfèrent éviter le mariage ou faire des mariages de réseaux arrangés par les professionnels de santé en laissant leurs coordonnées auprès de ceux-ci.

* 272 -plusieurs campagnes de dépistage gratuit sont régulièrement organisées à l'intention de tout le monde. Ceci pour faciliter un accès général à la connaissance du statut sérologique par les Camerounais.

* 273 -H. MIMCHE et al, op. cit. p.10.

* 274 -A. M. KEGNE, « Sensibilisation du VIH/SIDA et changements de comportements sexuels à risques chez les femmes : le cas des femmes Bansoa de Yaoundé », Mémoire de maitrise de psychologie, Université de Yaoundé I, 2002-2003, p.22.

* 275 -ARNS, op.cit. p.11.

* 276 -C. RENAUDIN, op. cit. p.90.

* 277 -U. OLANGUENA AWONO, op. cit. pp.35-36.

* 278 -cf. spots publicitaires dans les média.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery