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La reformulation Rawlsienne des principes de la justice

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par Pénéloppe Natacha MAVOUNGOU
Institut catholique de Toulouse - Master 2 de philosophie 2011
  

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Conclusion.

Au terme de cette étude sur l'analyse du cadre global de la reformulation des principes de la justice qui s'est focalisée d'abord sur la critique interne des principes de la justice, puis sur la critique externe des principes de la justice, nous voulons rappeler ce qui en a été l'ossature. L'un des traits les plus caractéristiques des principes de la justice de Rawls repose sur l'idée de liberté et de justice distributive. C'est justement la notion de liberté qui rapproche Rawls de Nozick. Pourtant, partant même de la défense de ce droit fondamental qu'est la liberté, Nozick récuse le principe de justice distributive, sous prétexte qu'il aliène et viole les droits de l'homme en lui imposant une attitude envers les moins défavorisés. Pour l'auteur d'Anarchie, Etat et utopie, il est impossible, sous prétexte de respecter les principes de justice ou d'organiser une société, de prendre le bien d'une personne pour le transférer à une autre personne. Cette idée, en réalité démontre ou bien résume toute l'analyse critique que Nozick déploie en face de la théorie des principes de John Rawls.

Il ressort donc de cette analyse que, John Rawls, conscient des limites que peut avoir un travail scientifique, accepte de revoir ses écrits. Mais en même temps, il fait une critique remarquable de sa théorie. C'est ce que nous avons essayé de montrer dans le premier chapitre de la première partie. L'oeuvre de Rawls étant immense, nous avons choisi de nous concentrer sur les critiques relatives à certains sujets précis. C'est ainsi que dans, un premier temps, nous avons analysé les limites soulevées par Rawls sur le premier principe de la justice, suivie de la critique de l'égalité formelle des chances, enfin de la distinction entre la justice distributive et la justice attributive.

En montrant les limites du premier principe de la justice, Rawls estime utile de revoir l'emploi du mot « liberty » au singulier dans A Theory of Justice (1971). Selon lui, employer ce mot au singulier serait comme placer une liberté au-dessus des autres libertés. Or il n'y a pas, au sein du premier principe, une liberté qui ait la priorité sur les autres libertés. Il vaut mieux donc, pour la cohérence de ce premier principe, parler désormais de « liberties ». L'insistance se manifeste aussi au niveau de la place à accorder aux institutions. Le premier principe, selon Rawls, est une question constitutionnelle, et n'est valorisé qu'à l'intérieur de celle-ci, ce qui suppose qu'il y a un rapport entre le principe d'égale liberté et les questions constitutionnelles essentielles. L'autre aspect de cette limite est que Rawls insiste davantage sur l'importance de la séquence des quatre étapes comme processus du choix des principes. Cette séquence a pour rôle primordial de donner une idée des règles susceptibles d'orienter les partenaires dans leur choix.

La deuxième critique de Rawls envers sa propre théorie, et qui a été prise en compte est celle de l'égalité formelle des chances. Cette idée d'égalité formelle des chances qu'il a remplacée par l'égalité équitable des chances, parce que, pour lui, il est important d'écarter l'idée de mérite et des talents, étant donné que cela met toujours certaines personnes en avant, tandis que les autres courent le risque de rester toujours dans leur situation initiale. C'est de cette manière qu'il justifie l'égalité équitable des chances, qui a une valeur non pas seulement formelle, mais aussi réelle. L'idée forte de cette égalité équitable est que les positions ne doivent pas seulement être ouvertes à tous en un sens formel, mais tous devraient avoir une chance équitable d'y parvenir.

La troisième critique concerne le problème de la justice distributive que Rawls distingue, en l'opposant, à la justice attributive. Cette justice distributive, découle de la justice procédurale pure qui transcende les particularités au profit de tous, parce qu'elle concerne les institutions. L'un des points importants de cette justice procédurale pure est qu'elle écarte de son horizon de pensée les critères indépendants considérés comme un risque de tomber dans le relativisme. En fin de compte, les trois piliers de la justice procédurale sont l'impartialité, la réciprocité et l'avantage mutuel.

Si Rawls a reconnu ses limites, c'est d'abord parce qu'il a fait une relecture de sa Théorie de la justice, et aussi parce qu'il est resté ouvert aux critiques, extérieures à son oeuvre, qui lui ont été adressées. De toutes les critiques adressées à Rawls, ce sont celles de Robert Nozick que nous avons analysées, pour des raisons signalées plus haut. En substance que reproche Nozick à Rawls ? De la panoplie de ses reproches, nous nous sommes limités à trois aspects. Premièrement, pour Nozick, John Rawls, qui propose une démarche procédurale en s'appuyant sur des êtres rationnels, manque de délicatesse, parce qu'affirmer que les principes de la justice sont des principes universels et ne pas tenir compte des irrationalités est insensé. Nozick propose donc à Rawls de prendre en compte, dans la démarche procédurale, la représentation des personnes « anormales ». Deuxièmement, Nozick accuse le deuxième principe rawlsien de violer les droits fondamentaux de la personne humaine. Car, pour lui, le principe de différence, s'il oblige les plus favorisés à transférer leurs biens aux moins défavorisés, porte atteinte à la liberté des individus. Il récuse l'intervention de la coopération sociale dans la distribution des biens. Cela relève, selon lui, d'une ingérence de l'État dans la vie des citoyens. L'auteur d'Anarchie, État et utopie, étant un partisan de l'État minimal, il n'est pas difficile de comprendre son rejet d'un État qui se mêle de la vie des citoyens, et de surcroit de la coopération sociale. Troisièmement, Nozick pense que le principe de différence rawlsien permet de retourner à Rawls lui-même l'accusation qu'il fait à l'utilitarisme. En adoptant à la fois la stratégie d'argumentation en faveur des principes de justice distributive et en présentant sa théorie comme donnant priorité au respect de la personne et à la liberté individuelle, Rawls affaiblit l'importance des choix autonomes des personnes et leur responsabilité à l'égard de leurs actes. Il renverse donc le principe kantien qui considère la personne humaine comme une fin, en la considérant comme un moyen, puisque sa liberté va être sacrifiée pour le bien de la collectivité. De ce point de vue, Nozick estime que les deux principes rawlsiens de la justice sont irréconciliables.

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