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Le Samusocial Mali et la prise en charge médico-psycho-sociale des enfants de la rue en situation d'urgence sociale. Quelles problématiques pour quelles prises en charge?

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par Jean Douba KONE
Institut national de formation des travailleurs sociaux - Diplôme supérieur en travail social 2010
  

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d) Les conduites d'exposition au risque

En ce qui concerne la question du devenir du corps à la puberté, il importe de l'envisager en considérant le fait que les enfants de la rue ont un rapport au corps clivé :

· Un corps « hyper compétent » c'est-à-dire sur entraîné à l'exercice de leurs stratégies économiques de survie (mendier, travailler, voler, se prostituer) ;

· Un corps totalement ignoré en termes de savoir relatif au fonctionnement du corps.

Si les enfants de la rue savent ce dont le corps est capable, ils ne connaissent pas leur corps. Plus exactement, c'est exactement, parce qu'ils ignorent tout savoir sur le fonctionnement du corps qu'ils développent les compétences de leur corps. En particulier, un enfant qui a été maltraité devient un adolescent qui lutte contre des angoisses de mort s'exprimant notamment, au moment des changements pubertaires, par la peur que son corps ne fonctionne plus. Cet adolescent va ainsi vérifier que son corps fonctionne.

A cet égard, une distinction de genre apparaît : si les garçons vérifient que leur corps fonctionne dans le social, notamment par l'exercice de compétences délinquantes (le vol), les filles vérifient que le corps fonctionne dans la sexualité, en particulier la prostitution. En d'autres termes, moins un (ou une) adolescent(e) connaît son corps, plus il ou elle expérimente son fonctionnement par des conduites d'exposition au risque : la délinquance sociale des garçons, la délinquance sexuelle des filles.

e) L'accrochage à un protecteur

En ce qui concerne la spécificité de la stratégie de rupture familiale des adolescents de la rue, celle-ci peut schématiquement se présenter de la façon suivante : une rupture avec la famille, mais accompagnée de retrouvaille, celle du groupe d'enfants de la rue dans lequel le sujet s'intègre et qui devient « sa famille ». Plus précisément, l'enfant ne s'intègre pas à un groupe mais « s'accroche » à un protecteur qui généralement est le leader dudit groupe. Cet « accrochage » confère à l'enfant non seulement un repère sécuritaire mais également un repère identitaire : il devient le membre de tel groupe et exerce telle fonction (mendiant, cireur, etc.). Dans cette perspective, la logique de groupe apporte une réponse à la question identitaire de l'adolescent et « l'accrochage » au leader, une réponse à sa recherche d'une personne ressource, celle auprès de laquelle il peut formuler ses demandes.

Cette stratégie « d'accrochage » a toutefois un prix pour l'adolescent : en contrepartie de la protection, de l'identité et de l'identification d'une personne ressource, celui-ci accepte de se soumettre à la tyrannie affective du leader.

Dans son groupe d'enfants de la rue, en effet, le leader exerce son autorité par un diktat des émotions : il leur interdit de donner de l'attention ou du temps aux personnes extérieures au groupe, évoquant ainsi une tyrannie affective qui relève d'une logique sectaire. La famille retrouvée par l'adolescent de la rue est donc de nature tyrannique, despotique, et l'intégration dans un groupe relève davantage de la servitude volontaire que d'une liberté de choix. La personnalité du leader peut, dans cette perspective, aider au repérage des adolescents en danger ; plus un leader est tyrannique plus l'adolescent « accroché » à ce leader doit être considéré en grand danger dans le sens où ce lien despotique manifeste l'incapacité de l'adolescent à envisager une relation à l'autre qui soit exclusive d'exploitation et de maltraitance.

La problématique de l'enfant des rues appelle des notions issues de plusieurs champs d'étude : la sociologie, l'anthropologie, la psychologie. Cette première partie a posé les bases théoriques autour desquels les analyses des données de cette recherche devront s'agencer.

CONCLUSION

L'enfant au Mali est traditionnellement considérée comme une richesse pour la communauté. Aucun espace ne lui est réservé ou défendu. L'enfant est intégré au monde adulte. Dans ce cas, la rue est un espace que l'enfant peut fréquenter librement, surtout qu'elle fait partie intégrante de l'espace communautaire. Les couches les plus marginalisées de la société survivent grâce à des réseaux d'entraides et la rue, qui font partie de leur quotidien d'autant plus, si ces personnes ne peuvent pas se permettre le luxe d'entretenir des espaces privés.

La société traditionnelle avait réussi par référence constante à l'histoire de la communauté, à créer une conscience d'appartenance commune, un enracinement dans les valeurs permanentes et l'acceptation des buts de la société. La jeunesse africaine moderne est souvent privée d'une dimension importante dans la formation de sa personnalité sociale et culturelle : la possibilité d'identification au groupe et à ses valeurs communes.

L'enfant réduit à la survie dans la rue est une conséquence de la modernité au Mali. L'enfant est victime de l'exclusion sociale.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore