WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les rapports entre position sociale et position scolaire: étude sociologique à  partir du cas des volontaires de l'éducation à  Rufisque au Sénégal

( Télécharger le fichier original )
par Mamadou NGOM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - D.E.A de sociologie 2004
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE II : CONDITIONS DE TRAVAIL ET DIFFICULTES RENCONTREES DANS L'EXERCICE DU METIER

Depuis le démarrage du projet, le volontariat de l'éducation n'a pas cessé de faire parler de lui. Les volontaires se sont organisés en syndicat : le S.E.L.S (Syndicat des Enseignants Libres du Sénégal) et chaque année on assiste à des grèves répétées de leur part visant à l'amélioration de leur condition car les VE sont confrontés à des difficultés aussi bien financières et matérielles que pédagogiques (difficulté à tenir correctement une classe). C'est ainsi que nous avons jugé nécessaire de voir comment les VE, eux-mêmes, apprécient-ils leur situation ?

I - SITUATION ET DIFFICULTES FINANCIERES DES VE :

I-1 - Problèmes financiers des VE :

Comme nous l'avons dit précédemment, les volontaires n'ont pas de salaire mais plutôt une bourse de 60.000 F CFA mensuelle versée par l'Etat, soit moins de la moitié du salaire d'un instituteur adjoint. C'est ainsi que, ce qui a été payé aux VE de 1995 à 1999 est de 7.847.800.000 F CFA . Ce que l'Etat aurait dû payer s'il avait recruté des IA s'élève à 18.233.861.200 soit une différence de 10.386.061.20038 alors que le VE effectue exactement le même travail que l'instituteur adjoint (IA). 85 % des VE déclarent ainsi ne pas être d'accord avec le principe de la bourse et en considèrent le montant souvent comme insuffisant, dérisoire ou modique. Pour eux, c'est une injustice car on ne peut pas comprendre

qu'ils effectuent le même travail que leurs collègues non volontaires au moment ceux-ci peuvent leur payer trois fois S.ND que nous avons cité plus haut de dire :
« Nous ne saurons être d'accord avec cette bourse de misère qui ne nous permet

38 MEN : Tableau au comparatif du coût des VE et des IA (1995-1999)

même pas de survivre ; surtout quand on a une famille en charge. C'est de l'exploitation, seulement nous n'avons pas le choix [...].Le S.E.L.S doit radicaliser la lutte et tordre la main aux autorités de ce pays ».

N.S n'est qu'un exemple parmi presque tous ses autres collègues qui se considèrent comme étant victimes d'une injustice.

Certains VE pensent que non seulement la bourse ne leur permet pas de vivre, mais aussi et surtout sa modicité leur empêche de faire convenablement leur travail. S. ND continue : « ...Il m'arrive, quand la fin du mois approche de ne plus aller en classe juste parce que je n'ai pas de quoi payer le ticket de transport. J'éprouve également des difficultés réelles pour me payer des fiches pendant cette période du mois ».

Tableau 17 : Etes-vous d'accord avec le principe de la bourse

Réponse

Effectif

%

Oui

01

05

Non

17

85

N.R39

02

10

Total

20

100

Tableau 18 : Comment jugez-vous le montant de la bourse ?

Réponse

Insuffisant

Dérisoire

Minime

Modique

Minable

Acceptable

Total

Effectif

09

04

03

02

01

01

20

%

45

20

15

10

05

05

100

39 Non réponse

De ces deux tableaux, nous nous rendons compte que les VE sont loin d'être satisfaits du traitement financier dont ils sont l'objet. La plupart d'entre eux ne sont d'accord ni avec le principe, ni avec le montant de la bourse versée par l'Etat. Autrement dit, ils estiment qu'un travailleur doit avoir non pas une bourse mais plutôt un salaire. L'appellation même de bourse donnée au pécule reçu par les VE pose ainsi problème pour ceux-ci ;

D'un autre côté, le jugement porté sur le montant montre qu'ils ne sont pas satisfaits du tout. C'est d'ailleurs ce qui explique que la plupart des VE ont des activités parallèles (commerce, pêche, menuiserie bois etc.). Nous avons eu à rencontrer un VE qui continue à gérer son atelier de menuiserie tout en enseignant.

En outre, l'analyse du tableau 19 montre que la quasi-totalité des VE n'ont rien réalisé de concret avec leur bourse. Ils ne font que soutenir leur famille et survivre avec leur bourse quand bien même ils étaient engagés pour épargner et financer d'autres projets. C'est peut-être ce qui justifie le fait évoqué plus haut par un inspecteur selon qui les VE ne démissionnent que très rarement. Ils peinent à trouver un emploi meilleur et n'ont pas, d'un autre côté, la possibilité d'épargner pour investir éventuellement dans d'autres secteurs. C'est ainsi qu'ils risquent souvent de faire carrière dans l'enseignement sans une grande motivation.

Tableau 19 : Quelles réalisations faites-vous avec votre bourse ?

Réponse

Soutien familial

Survie

Commerce

Aucune

NR

Total

Effectif

05

04

01

09

01

20

%

25

20

05

45

05

100

Pour ce qui est du retard dans le paiement de la bourse, ils estiment à l'unanimité qu'ils sont payés à temps actuellement. Seulement, les anciens disent qu'au début ils pouvaient rester deux mois sans percevoir, mais avec les acquis du S.E.L.S, ce problème est devenu un mauvais souvenir.

Le logement également n'a pas posé de problème car la plupart d'entre eux habitent Rufisque et ceux qui sont dans les villages environnants sont hébergés gratuitement par les communautés d'accueil.

Concernant la prise en charge sociale, les VE ne l'ont pas mais ont une mutuelle qui offre un certain nombre de prestations.

2°) La mutuelle des volontaires de l'éducation

Dés le lancement du PVE, le gouvernement du Sénégal a pris la décision de sensibiliser les 1200 volontaires de la première génération pour les amener à mettre sur pied une mutuelle qui devrait prendre en charge leurs problèmes de santé.

C'est ainsi que 31 délégués représentants les VE recrutés dans les 31 circonscriptions scolaires se sont réunis en assemblée générale le 10 décembre 1995 pour constituer la mutuelle des volontaires de l'éducation. Les textes fondamentaux (statuts, règlement intérieur) ont été étudiés et adoptés et un conseil d'administration de dix (10) membres élus a été constitué avec à sa tête un Président (tous des VE).

L'Etat a mis à la disposition de cette mutuelle un gestionnaire de formation et des locaux, à la demande des VE.

Depuis février 1996, la mutuelle est fonctionnelle (locaux équipés) et elle prend en charge :

- 100 % des frais d'hospitalisation des VE malades et 5 membres de sa famille (pour les mariés),

- 100 % des frais d'accouchement

- 40 % des soins externes (consultation, ordonnance etc.)40,

- En outre, la mutuelle fait un prêt de 60 000 FCFA remboursable sans intérêt au VE en 6 mois en raison de 10 000 F par mois.

Ce prêt est donné au mois d'octobre pour permettre au VE de payer les frais de déplacement vers leurs lieux d'affectation. Les fonds de la mutuelle proviennent de la cotisation de ses membres et de l'aide de partenaires. Les VE donnent chaque mois 2 700 F soit 32 000 annuel.

La mutuelle avait un deuxième domaine d'intervention correspondant à la réinsertion future des VE qui souhaiteraient s'investir dans l'enseignement privé et dans le non formel (cela parce qu'au début, le projet de devait durer que 04 ans au bout desquels les VE devraient être remerciés).

Il s'agissait donc de financer des projets éducatifs initiés par les VE arrivés au terme de leur engagement (04 ans).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe