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Les rapports entre position sociale et position scolaire: étude sociologique à  partir du cas des volontaires de l'éducation à  Rufisque au Sénégal

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par Mamadou NGOM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - D.E.A de sociologie 2004
  

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II - MOTIFS DE L'ENGAGEMENT DES DIPLOMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DANS LE VOLONTARIAT

De ce qui précède, nous savons que les volontaires ont pour la plupart obtenu un diplôme universitaire (75 %) et il y en a même qui sont toujours inscrits à l'université ; D'autre part, la majeure partie de ceux qui ont quitté l'université ne l'ont pas fait par ce qu'ils ont « cartouché ». Cela nous autorise à dire que les VE sont majoritairement dans une situation académique qui pourrait leur permettre d'avoir une activité professionnelle socialement et économiquement plus valorisée. C'est le cas de M.S, 28 ans stagiaire à l'EFI de Rufisque qui déclare : « Je sus inscrit en Licence de Lettres Modernes et en même temps, je suis titulaire du diplôme d'assistant social. Je suis sorti de l'ENDSS cette année, mais puisque l'emploi n'est pas garanti, je me suis engagé dans le volontariat en attendant de trouver mieux. Je suis marié donc je ne peux rester sans rien faire... ».

L'analyse de ces propos de M.S montre que l'engagement dans le volontariat peut trouver explication dans la saturation du marché de l'emploi car, quand bien même il est détenteur d'un diplôme professionnel (diplôme d'Etat d'assistant social) l'insuffisance de l'offre de d'emploi empêche M.S de trouver l'emploi désiré. Le volontariat devient ainsi pour lui une simple « issue de secours », il y est « en attendant de trouver mieux ».

Aussi, ressort-il de ce discours l'idée que le VE accède à ce métier par contraintes économiques et nécessité : « Je suis marié » dit-il, ce qui sous-entend qu'il a des responsabilités sociales et financières qui l'obligent à gagner sa vie quelque part même s'il n'aime pas cette activité.

En sus, l'analyse du tableau 13 relatif au projet de carrière des VE montre clairement qu'ils n'avaient pas comme ambition initiale de devenir enseignant. En effet, 05 % seulement des personnes interrogées ont déclaré avoir l'enseignement comme projet de carrière. Les 95 % qui restent, évoquent les professions comme : administrateur civil, journalisme, diplomate, sage-femme d'Etat, interprète, etc. certains espèrent même, à travers le volontariat accéder aux fonctions d'administrateur civil par le biais des concours professionnels.

Ces données nous révèlent que ces diplômés de l'enseignement supérieur débarquent dans le volontariat juste pour échapper au chômage. L'idée de S. Gomis35 développée dans son étude citée plus haut en est une parfaite illustration. Il écrit : « Ils (les étudiants originaires des milieux populaires) se présentent à plusieurs concours sans grande motivation et atterrissaient là où ils sont admis sans forcément connaître au préalable les contraintes et les compétences exigées par la profession. Ils accèdent à ce métier comme à un autre non par conviction mais plutôt par accident.. ».

Nous voyons bien à travers ces propos que l'origine sociale est largement déterminante par rapport à l'attitude des diplômés vis-à-vis du marché de l'emploi.

Tableau 13 : Projet de carrière

Métier souhaité

Effectif

%

Enseignant

01

05

Autres professions

19

95

Total

20

100

35 Gomis (S) : La relation famille-Ecole au Sénégal, op.cit

Il apparaît clairement de ce tableau que les VE interrogés n'ont pas une vocation enseignante. Cela illustre parfaitement l'idée de Bertraux36 selon laquelle il faut penser le choix du métier comme choix par le métier ; c'est à dire par exemple que les VE n'ont pas choisi délibérément d'être volontaires ; ils ont été contraints par des facteurs comme l'origine sociale. Concernant cette dernière, nous avons justement découvert que la majeure partie des VE (85 %) sont originaires de familles à niveau de vie faible (95 % ont une mère ménagère ou couturière, et 85 % ont un père appartenant à la catégorie des « ouvriers, employés, artisans et autres agents »-o.e.a.a.a-).

Nous pouvons donc dire que si leur origine sociale modeste n'a pas empêché les volontaires de réussir à l'école, elle n'en est pas moins une entrave quant à leur insertion socioprofessionnelle. Autrement dit, à diplômes égaux, celui qui a une origine sociale élevée a plus de chance de réussir socialement que celui qui est issu de familles à niveau de vie faible. On peut ainsi déduire que ces VE qui ont des diplômes élevés sont victimes de leur origine sociale modeste qui est la principale cause de leur engagement dans le volontariat de l'éducation. La plupart avaient d'autres ambitions que l'enseignement et évoquent souvent l'argent et les difficultés économiques pour justifier leur entrée dans le métier comme en atteste le tableau 14.

Tableau 14 : Pourquoi avez-vous été volontaire ?

Motif évoqué

Effectif

%

Faute de mieux

07

35

Argent

05

25

Echec à l'université

02

10

Destin

02

10

Tremplin

02

10

Amour du métier

02

10

Total

20

100

Source : Enquête

36 Bertraux (D) : op.cit

L'analyse des causes évoquées par les acteurs conforte bien la position que nous avons défendue plus haut selon laquelle l'engagement des diplômés de l'enseignement supérieur dans le corps des VE s'explique sinon exclusivement, du moins en partie par leur origine sociale modeste dans la mesure où seulement 10 % des VE justifient leur engagement en évoquant « l'amour du métier ». Tous ceux qui restent parlent d'argent, de contraintes économiques ou d'absence de choix. En tout cas l'argent est le mot qui revient le plus. D'ailleurs certains enseignants non volontaires considèrent que ceux-ci sont là que pour amasser des sous et financer d'autres projets. C'est le cas de cet enseignant cité dans le rapport de l'étude d'évaluation37. Il déclare : « Ils (les VE) ne sont là que pour l'argent, et partiront à la première occasion sans crier gare ».

Par ailleurs, le tableau 15 révèle que la plupart d'entre eux ne comptent pas rester dans l'enseignement (75 %) et ils estiment à 55 % ne considérer le volontariat de l'éducation que comme une « simple issue de secours ».

En revanche, l'avis des inspecteurs montre que même s'ils ne veulent pas, ils ne quittent que très rarement le métier, peut-être qu'ils n'aiment pas le métier au début, mais une fois entrer dans le corps, ils finissent par aimer et décident de faire carrière. M.D, inspecteur-formateur à l'EFI de Rufisque de dire : « Je ne suis pas sûre que les VE entrent dans le métier par amour ou vocation, mais ce qui est certain c'est qu'ils finissent presque tous par aimer l'enseignement. J'en veux pour preuve le fait que nous ne voyons que très rarement des VE qui démissionnent.».

Nous pouvons rétorquer à M.D que le fait de ne pas démissionner n'est pas une preuve de l'amour du métier car celui qui y est entré par contraintes économiques ne quittera pas tant que la contrainte persiste.

37 PVE : Rapport général , op.cit

Nous pouvons dire en bref que la principale cause de l'engagement des VE est leur origine sociale modeste. Le volontariat constitue pour eux une sorte « d'issue de secours ». C'est pour eux un passage pour accéder à une situation sociale plus élevée.

Tableau 15 : Comptez-vous rester dans l'enseignement ?

 

Effectif

%

Oui

04

20

Non

15

75

Non réponse

01

05

Total

20

100

Source : Enquête

Tableau 16 : Le volontariat est-il pour vous une simple issue de secours ?

 

Effectif

%

Oui

11

55

Non

09

45

Total

20

100

Nous pouvons en définitive, dire que même si le volontariat est parfois accepté comme acte de civisme voire de patriotisme, la raison profonde qui motive le choix des candidats (souvent issus de famille à niveau de vie faible) est l'obtention d'un emploi régulièrement rétribué.

Mais quelles sont les difficultés rencontrées par les VE dans l'exercice de leur métier ?

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand