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L'histoire universelle, conscience de la liberté. Une lecture de la raison dans l'histoire de G. W. F. Hegel

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par Vincent Ferrier KISHALI Masumbuko
Faculté de philosophie St Pierre Canisius de Kimwenza Kinshasa - Bachelier en philosophie 2008
  

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CONCLUSION GENERALE

Aux termes de notre investigation sur la philosophie de l'histoire de Hegel, nous voudrions relever quelques critiques qui peuvent être portées contre cette philosophie : 1° La pensée de Hegel sur l'histoire a souvent été qualifiée d'historiciste. L'historicisme a été défini comme « une théorie, touchant toutes les sciences sociales, qui fait de la prédiction historique leur principal but, et qui enseigne que ce but peut être atteint si l'on découvre les rythmes ou les patterns, les lois ou les tendances générales qui sous-tendent le développement historique 75(*)». En effet, l'historicisme de Hegel nous le trouvons dans le fait qu'il attribue à l'histoire une certaine finalité nécessaire. Cette nécessité de la réalisation de la finalité de l'histoire est posée par le fait que l'histoire n'est que produit d'un Esprit transcendant qui, conscient de lui-même, doit se réaliser nécessairement. Une telle conception nous conduit logiquement à une sorte de déterminisme et de fatalisme dans lesquels l'individu humain se retrouve finalement incapable d'agir en toute autonomie. Aussi, elle nie à l'histoire tout son caractère imprévisible et irrationnel parce que tout a une raison et voulu par la Raison. 2° En outre, l'omnipotence de l'Esprit comme condition de possibilité de l'histoire soustrait à l'homme toute sa capacité d'agir sur l'histoire. Celle-ci est voulue par une Raison qui est parfois portée à user de la ruse pour parvenir à sa propre réalisation. Ainsi, le bonheur de l'homme, dans l'histoire, se trouve donc sacrifié au profit d'un Esprit égocentrique. Le pessimisme de l'homme peut donc être justifié. 3° Aussi, la toute puissance de l'Esprit aboutit logiquement à une pensée totalitariste. Et d'ailleurs, l'Etat de Hegel a toujours été accusé d'être totalitaire : ce n'est plus l'Etat pour les individus, mais plutôt les individus pour l'Etat. Car, ce dernier est la matière de l'Esprit en tant que prenant conscience de sa liberté à travers un peuple. Finalement, l'Etat devient ce Léviathan qui garantit les libertés individuelles. Il ne poursuit que la réalisation de l'universel, les minorités sont abandonnées à leur triste sort. 4° Et enfin, l'identité que Hegel fait entre la Raison et Dieu -« mais l'Esprit, ce que nous appelons Dieu, est la Vérité vraiment essentielle...76(*) », nous amène à ne considérer sa philosophie de l'histoire que comme une théologie laïque, parce qu'il ne s'agit que de la justification de la Raison divine dans l'histoire.

Après avoir ainsi relevé ces limites de la pensée de Hegel, pourrait-il encore nous être possible de parler de l'histoire universelle comme évoluant vers la conscience de liberté de l'individu humain ?

En effet, l'histoire ne donne pas toujours raison à Hegel. La rigidité de son système s'est laissé contredire par certains faits historiques auxquels il n'avait jamais pensé et qu'il croyait presque impossibles. Lui qui pensait que les relations entre les Etats ne s'effectuent que sous le mode du conflit, pourrait-il s'attendre à la possibilité non-conflictuelle que l'histoire nous a donné avec les Nations Unies ? Lui qui ne voyait dans le continent africain qu'une masse de terre enfermée sur elle-même et dans laquelle la sauvagerie et la barbarie se manifestent dans toute leur brutalité, pouvait-il imaginer l'Afrique dans son état actuel d'ouverture, bien que tâtonnante, au monde ? Tant d'autres éléments peuvent être évoqués pour montrer les limites de la pensée hégélienne sur l'histoire universelle.

Néanmoins, l'idée que la finalité de l'histoire universelle est l'évolution vers la conscience de la liberté est difficilement rejetable. Aussi, l'idée d'une certaine rationalité de histoire demeure encore permissible par la raison. Car, l'histoire a bel et bien un sens. Mais seulement, le mot sens doit être compris plutôt comme signification que comme direction. La recherche d'un sens, à travers la connaissance historique, est inévitable parce qu'une histoire dépourvue de sens n'en est plus une. Cependant, une telle recherche est d'office voué à l'échec parce que si on découvrait le sens de l'histoire, ce qu'elle aurait pris fin. Restons donc rationnels et ouverts à l'imprévisibilité de l'histoire qui pourrait toujours nous surprendre dans son irrationalité que seule l'activité de la pensée, et donc de la raison, peut rendre rationnelle.

* 75 K. POPPER, Misère de l'historicisme, (Introduction), p. XV.

* 76 G. W. F. HEGEL, La Raison dans l'histoire, p. 64.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon