WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'histoire universelle, conscience de la liberté. Une lecture de la raison dans l'histoire de G. W. F. Hegel

( Télécharger le fichier original )
par Vincent Ferrier KISHALI Masumbuko
Faculté de philosophie St Pierre Canisius de Kimwenza Kinshasa - Bachelier en philosophie 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE II :

LA CONSCIENCE DE LA LIBERTE DANS L'EVOLUTION HISTORIQUE

Introduction

La conscience de l'histoire universelle évolue vers la reconnaissance de la liberté. Plus un peuple prend conscience de son esprit plus il devient libre. La liberté, comme nous l'avons déjà dit, est la substance de l'Esprit qui se réalise dans l'histoire. Cette dernière ne nous paraît pas toujours rationnelle. Et c'est peut-être parce que nous la regardons dans ces évènements particuliers qui ne nous donnent pas toujours une vision positive de l'universel. Et pourtant, si nous nous mettons face à l'histoire dans toute sa globalité, nous n'y retrouvons que des traces de la rationalité, bien que contingente, de l'homme.

La liberté, en tant que propriété de la Raison, ne s'obtient que dans l'opposition à la nature ; c'est uniquement l'homme qui s'oppose à sa naturalité brute qui devient vraiment libre. Par là, la liberté devient un combat et ne peut s'obtenir que par la négation. Elle est l'effort fourni par la Raison, dans son déploiement dans le monde, de s'affirmer en tant que dépassement de la nature, en tant que plus-que-nature. L'histoire universelle, qui est la prise de conscience de la liberté, passe par la négation en vue du triomphe de la Raison sur la nature.

Le combat pour l'avènement de la Raison, et donc de la liberté, s'est avéré rude à travers l'histoire. Les évènements, vus dans leur immédiateté, ont paru irrationnels aux yeux de l'humanité. Les contemporains des grands évènements historiques n'étaient sûrement pas conscients de l'impact que leurs actions pourraient avoir sur l'avenir de l'humanité.

L'irrationnel, c'est ce qui n'a pas de sens. Or, avec Hegel le rationnel est réel et le réel est rationnel. Le non sens de l'histoire a donc un sens ; un sens qui se fait graduellement au moyen des contradictions vécues dramatiquement par les hommes ; un sens qui ne se laisse pas toujours percevoir immédiatement mais qui a besoin du temps pour se révéler. Seul l'homme est capable de saisir le sens de l'histoire, parce qu'il est le seul en qui la Raison a trouvé sa demeure.

Notre effort dans cette partie de notre travail est de lire, avec Hegel, quelques grands évènements historiques qui ont conduits l'humanité à la conscience de la liberté. Ces évènements historiques sont donc la Révolution française -vécue par Hegel lui-même, ainsi que l'avènement de l'Organisation des Nations Unies et des droits de l'homme.

II. 1. La Révolution française et la conscience de la liberté

La dialectique de Hegel est toute portée par l'idée de révolution. Elle apparaît dans son premier mouvement comme suppression de ce qui est, comme négation du déjà là et finalement comme dépassement et de ce qui est et de la négation de ce qui est. Findlay dit :

Une manière partiale, à moitié vraie de regarder les choses révèle soudainement son caractère partial et oblige à basculer dans une partialité opposée, jusqu'à ce que, par le résultat de ce mouvement de bascule, on arrive à une nouvelle position d'équilibre entre les deux conceptions partiales, mais pour reprendre le mouvement de bascule de la même façon et s'élever ainsi à des positions d'équilibre plus élevées, jusqu'à ce qu'on atteigne une position si élevée qu'on puisse apercevoir tout le domaine dans lequel on se basculait auparavant47(*).

Ce mouvement de bascule, voilà ce que la raison accomplit dans une révolution : s'arracher du tranquille contentement que nous offre la réalité concrète, supprimer ce qui est parce que monotone, et produire une nouveauté grâce au dépassement. Mais parce que l'homme est caractérisé par son époque, nier son époque implique nécessairement se nier soi-même, se suicider48(*), s'auto-dépasser en vue d'aboutir à un soi supérieur au soi-déjà-là, à un soi qui répond aux exigences de l'Esprit qui est en mouvement vers l'accomplissement de ce qu'il est.

Ainsi, la Révolution française nous paraît, à juste titre, comme ce moment de l'histoire où l'homme prend conscience de sa liberté en passant par l'opposition à ce qui, jusque là, le réduisait au rang d'un aliéné :

Je vois qu'aucun signe du temps n'est meilleur que celui-ci : c'est que l'humanité est représentée comme si digne d'estime en elle-même ; c'est une preuve que le nimbe qui entourait les têtes des oppresseurs et des dieux de la terre disparaît. Les philosophes démontrent cette dignité, les peuples apprendront à la sentir ; et ils ne se contenteront pas d'exiger leurs droits abaissés dans la poussière, mais les reprendront, ils se les approprieront49(*).

La liberté, l'égalité et la fraternité, voilà les chants de la Révolution française mais qui, à notre avis, ne peuvent se résumer qu'en un seul : la liberté. Car, l'égalité et la fraternité ne sont recherchées qu'en vue de promouvoir la liberté de l'individu en tant que tel, ce qui implique la liberté de l'autre en tant qu'individu : « Sois une personne et respecte les autres en tant que personnes 50(*)».

II. 1. 1. Bref aperçu historique51(*)

Parlant de la Révolution française, Hegel disait qu'il fallait la considérer comme un événement du monde entier. Pour lui, ce fut un merveilleux lever du soleil que tous les êtres pensants devaient célébrer avec le peuple français. Il appelle donc à « considérer la Révolution française du point de vue de l'histoire universelle, car, selon le contenu, cet évènement a une portée historique universelle, et il faut en bien distinguer le combat du formalisme 52(*)». Que s'est-il donc passé ? Pourquoi donc tant d'émerveillement de la part de Hegel ?

En effet, cet évènement crucial qui a créé la France moderne, a été inspiré par la Révolution américaine de 1776 et n'a eu d'équivalence qu'en Russie en 1917. En 1789, la France n'était pas aussi malheureuse sur le plan économique. Ce n'est pas dans un état anéanti, mais plutôt dans un Etat prospère qu'éclata la Révolution. Celle-ci s'est d'abord passée dans les esprits avant de se concrétiser dans les choses. Les problèmes de l'abolition des vestiges de la féodalité, de la répartition des impôts et de la réforme financière auraient pu trouver des solutions, mais le pays souffrait d'une crise morale et d'une crise d'autorité. La Révolution a duré dix ans, de 1789 à 1799. Dix ans de controverse, c'est long. Mais ce fut très court pour permettre un changement des mentalités.

Peu de temps avant que n'éclata la Révolution, la France a été le seul pays à aider Washington lors de la Révolution américaine, ce qui coûta très cher et ruina la monarchie française. Ainsi, en 1789, le Roi Louis XVI n'avait plus d'argent. En partie parce que la noblesse recevait beaucoup d'argent et ne payait pas d'impôt. Ni les nobles ni l'Eglise ne payaient d'impôt. Or, ceux-ci constituaient les classes les plus riches. Ainsi, le roi convoqua à Versailles les Etats Généraux , c'est-à-dire l'assemblée des députés de la noblesse, du clergé et du Tiers-Etat. Cela mit en marche le processus de la Révolution, car les députés des Etats Généraux firent serment de réformer la France. Ils profitèrent donc de la réunion pour faire une Constitution. Immédiatement, la France s'agita. Il eut des troubles dans le pays tout entier qui aboutirent, le 14 juillet 1789, à la prise de la Bastille. Celle-ci était une vieille prison où l'on détenait des prisonniers politiques, mais elle était devenue le symbole de la monarchie. Les Etat Généraux prirent le nom d 'Assemblée Constituante. Ils furent nommés ainsi parce qu'ils rédigèrent la Constitution.

La première réforme entreprise par les Etats Généraux fut l'abolition de la noblesse. Avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, tous les hommes furent dorénavant considérés comme égaux ; les privilèges furent abolis. Il y avait donc en France toujours des nobles, mais la classe de la noblesse avait été abolie. Pour la première fois dans l'histoire européenne, un peuple s'affranchissait de la tutelle de sa noblesse et de son roi.

Les français partisans de la République, épris par le goût de la liberté, ressentirent un nécessaire besoin de libérer le monde entier des monarques absolus. La philosophie du droit naturel avait, dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, une connotation universelle. Immédiatement après les événements de 1789, les français entrèrent en guerre contre presque tous leurs voisins. Bien que les batailles de la Première République fussent consumées par de nombreux échecs, celles qui suivirent au début du XIXième siècle diffusèrent massivement les idées révolutionnaires à travers toute l'Europe. L'occupation française, la circulation des ouvrages philosophiques et les transactions commerciales internationales allumèrent le phénomène révolutionnaire sur tout le continent européen.

Avec la Révolution, tout un monde bascule. L'Ancien Régime, bâti par cinquante générations en plus de 1500 ans, s'effondre ; une société nouvelle naît dont les prolongements s'étendent jusqu'à nous, sur toute la surface du globe. Dix ans ont suffi pour repousser le passé et préparer l'avenir.

* 47 J.-N., FINDLAY, «L'actualité de Hegel», in Archives de philosophie, XXIV, 1961, p. 482.

* 48 Ici compris dans le sens de tuer en-soi ce qui est de son époque et qui ne répond plus aux exigences de la rationalité.

* 49 G. W. F. HEGEL, Lettre à Schelling du 16 avril 1795, Correspondance, pp. 28-29.

* 50 G. W. F. HEGEL, Principes de la philosophie du droit, § 36.

* 51 Nous nous sommes inspirés de BERTAUD, J.-P.-PIERRARD, P., « Révolution française », in La grande encyclopédie, 17, pp. 10373-10386.

* 52 G. W. F. HEGEL, Philosophie de l'histoire, XI, 63 in J. RITTER, Hegel et la Révolution française, p. 27.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote