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Nature et spécificités de l'entrepreneuriat camerounais

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par Guy Francis ZAMBO
Université de Marne-La-Vallée - Master professionnel AIGEME (Application Informatique à  la Gestion aux Etudes, au Multimédia et à  l?E-formation) option internet  2006
  

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3.2.2.2 Les possibilités et les limites de l'entrepreneuriat féminin au Cameroun

« J'ai commencé en tant que fonctionnaire, quand j'ai quitté le travail, j'ai crée un petit restaurant et je travaillai jusqu'à une heure du matin, et le matin, j'allais au bureau pendant au moins deux ans. Après j'ai acheté une voiture et j'ai mis en taxi, puis après d'un taxi je suis arrivé à avoir plus de 30 taxis... Après j'ai crée une société qui s'appelait SOCAMAC qui faisait de l'import-export ; je faisais venir de l'huile d'arachide, des cuisses de poulet congelées ainsi que des gigots de boeuf... »38.

Ces quelques propos de Mme Françoise Foning, vice présidente mondiale des femmes chef d'entreprise montre en effet que la pratique entrepreneuriale féminine n'est pas une exclusion dans le monde des affaires au Cameroun, par contre cet exemple qui constitue d'ailleurs même la plus grande illustration en matière d'initiative féminine ( annexe 7) va bien au-delà

3 8Propos de Françoise Foning recueillis par Akwe Amosu et publié le 25 juin 2005 dans www.allafrica.com.

de toutes les considérations faites depuis lors quand à la situation de la femme et montre en effet que malgré les multiples obstacles, quelques possibilités sont offertes pour les initiatives entrepreneuriales féminines (1). Cependant ces quelques initiatives apparaissent bien rares et présentent un certain nombre de limites sur lesquelles il serait important de s'appesantir ici (2).

3.2.2.2.1 Femmes et initiatives entrepreneuriales : analyse sectorielle

Bien au-delà de l'exclusion dont est victime la femme camerounaise dans le milieu des affaires et en dépit de son niveau très faible et très bas de revenu, celle-ci présente tout de même une forte propension à épargner quotidiennement39. Ce comportement qui constitue pour elle une réelle source de financement pour ses activités, lui permettant ainsi de pouvoir contourner le difficile accès aux financements bancaires ou en provenance des institutions formelles de financement.

Fort reste cependant à constater la faiblesse de ce financement qui tend par conséquent à diriger la femme d'une part vers des activités génératrice de revenus (AGR)40 très souvent de très petite taille traduites sur le plan entrepreneuriale par un statut d'entreprise en création, en lancement ou en développant ; elles présentent un régime fiscal de base, réel, simplifié ou impôt libératoire41, avec un capital très en dessous ou parfois légèrement au dessus de 50 000 F CFA et comprenant en définitive une main-d'oeuvre en majorité familiale pour un objectif total strictement inférieur à cinq employés. D'autre part les initiatives féminines s'articulent autour des activités de nature économique ou sociale génératrice de revenus ; activités contribuant en effet à l'auto emploi des femmes.

Aussi petites qu'elles soient, les activités des femmes se retrouvent de nos jours dans tous les secteurs de l'économie camerounaise et fond généralement des petites activités de vente de produits agricoles à la production des services.

Le secteur primaire apparaît comme étant le plus prisé, on y retrouve en effet environ 84,2 %
des femmes confinée en général dans l'agriculture, l'élevage ainsi que la foresterie. Les

39Tchouassi G (2006) « les comportements d'épargne des femmes au Cameroun : une analyse à partir de leur récit de vie », Africa Review of Money, Finance and Banking, PP. 117-133 et Tchouassi. G (2002), « Epargne des femmes au Cameroun : épargne individuelles, épargne collective ou épargne solidaire » rencontres interuniversitaire de l'économie sociale et solidaire, sur le thème : sens et portée de l'économie solidaire, tenue du 5 au 7 février 2002 à Lyon, 13 p.

40Tchouassi G ( ) « Entreprendre au féminin Cameroun : possibilités et limites », in Académie de l'entrepreneuriat, P. 436

4 1Le régime entré en application au Cameroun grâce à la loi de finance de juillet 1994 ; ainsi les très petites activités sont soumises au paiement trimestriel d'un impôt libératoire inférieur ou égal à 5000 F CFA en plus des droits de bail et de la carte de contribuable.

femmes ici s'occupent de la production vivrière et notamment celles de subsistance (céréales, légumes, plantain, tabac...) dont elles se charge ensuite de la distribution sur les marchés. On les retrouve généralement derrière des étalages ou alors des marchandises rangée à même le sol où elles réalisent des chiffres d'affaires très minable. Le secteur de l'élevage quand à lui se limite à quelques animaux domestiques gardée en général dans des enclos derrière les domiciles où on y retrouve le plus souvent poulets, chèvres, moutons, porcs etc. Cependant une certaine catégorie de femme notamment dans le Nord du Cameroun ont une ou deux vaches leur permettant ainsi l'extraction du lait destiné à la consommation familiale et à la commercialisation sur le marché le plus proche du surplus de production.

Dans le secteur secondaire, les femmes créent de très petites unités industrielles de production généralement dans des activités agro-alimentaires, la confection de vitement ou les unités de tissage. D'après les données chiffrées sur le secteur industriel, le nombre de femmes promotrices de petites et moyennes industries est très réduit, ainsi elle représentent un pourcentage de l'ordre de 9 % dans des activités regroupées en général dans l'industries du textile (teinture, filature, broderie et couture) pour une proportion de 80 %, l'industrie agroalimentaire où elles s'occupent de la fabrication de boissons et du tabac et enfin dans l'industrie du bois ou elles majorité des revendeuses de sous produits de scieries ou de menuiseries. (Tchouassi, 2002).

Le caractère très réduit de leurs unités de production pousse les femmes à fonctionner dans l'informel, échappant de ce fait au paiement des impôts. Le domicile familial est le principal local des unités de production des produits finis ou semi-finis. Ainsi, l'on transforme les arachides, les noix de palmes, les noix de karité, en huiles et autres produits dérivés, on produit des boissons alcoolisées et non alcoolisées à partir du mil ou du maïs ou encore le jus, la glace et le lait caillé à base de fruits et du lait extrait des vaches. D'autres part, les femmes s'occupent dans le secteur de la restauration à la sauvette ou ambulante sur les trottoir ou sur les places de marché ainsi que dans le secteur artisanal pour la production et la conception d'oeuvres d'arts tels les pots, les canaris, les marmites, les chaises, les tables à partir du coton, l'argile, le bois, le rotin utilisés comme matière première.

Les femmes dans le secteur tertiaire se retrouvent surtout dans des branches à très faible valeur ajoutée, en général elles « sont installées le long d'une rue, sur le trottoir, au pas de la porte, les marchandises disposées sur une table bancales, simplement sur un plateau ou sur une nappe posée à même le sol »42. Ici, elles s'occupent généralement du commerce et surtout

4 2Tchouassi. G ., « Entreprendre au féminin au Cameroun : possibilité et limites », dans Académie de l'entrepreneuriat www.entrepreneuriat.com p. 438.

le commerce de détail (52,8 %), des services (47 %) ainsi que de la revente des produits vivrières (81 %) ; ainsi les femmes sont en majorités revendeuses de poissons frais ou fumés, de tomates, de piments, de légumes, de plantains, de banane, de fruits, d'huile de palme ou d'arachides, etc.

En somme, l'ensemble de ces activités en général à très faible valeur ajoutée met la femme dans une situation où elle ne « gagne pas grand-chose » mais constitue pour elle non seulement une source de revenue pour la survie de sa nombreuse famille mais aussi un moyen efficace pour lutter contre l'oisiveté, l'inoccupation et la marginalisation dont elle est victime dans la société eu égard à toutes les difficultés auxquelles elle est confrontée ainsi que les nombreuses limites à l'exercice de son activité entrepreneuriale.

3.2.2.2.2 Les limites à l'action de la femme en milieu entrepreneurial

Les évolutions récentes des mentalités des hommes en général ainsi les aboutissements de certaines des mesures misent en oeuvre depuis lors dans l'optique de l'amélioration de la situation de la femme au Cameroun prétend à croire que les problèmes rencontrées par la femme en milieu entrepreneurial à longtemps dépassé le cadre lié au genre et aux considérations sociales ancestrales mais se trouve en tout autres points notamment au niveau de la fornication ou alors de l'éducation de la femme d'une part et à celui de la recherche de financement pour son activité d'autre part.

La question de l'éducation de la femme au vu des statistiques déjà mentionnées un peu plus haut dans la présente partie de ce mémoire trouvent principalement son explication dans certaines considérations ethnologiques et socioculturelles où en fait la femme apparaît encore non seulement sous l'emprise du chef de famille mais reste en outre considérée comme n'étant pas qualifiée à l'exercice d'une certaine activité.

Gérard Tchouassi (2000a; 2002) annonce deux de ces considérations : « la scolarisation de la jeune fille est un investissement à perte au profit de sa future belle-famille, et que la place de la jeune fille est auprès de sa mère qui, très tôt, doit l'initier aux travaux domestiques (cuisines, corvée d'eau, de bois, et petit commerce, etc.) et agricole » et y trouve l'explication au faible niveau d'instruction de la femme rendant ainsi précaire sa compétitivité non seulement sur le marché de l'emploi mais aussi dans l'exercice de l'activité entrepreneuriale. Il en découle en outre de cette éducation le fait que les femmes confondent la caisse de la très petite entreprise et le budget familial conduisant ainsi à un mélange de la gestion professionnel et la gestion domestique d'où la redirection à des secteurs et des branches à très faible contribution productive.

Bien que l'entrepreneure camerounaise trouve au niveau des tontine et des associations familiales une substantielle source de financement, celle-ci parait très insuffisante et constitue en effet un frein pour le développement efficient de son activité. Ainsi les femmes camerounaises sont en évidence et de façon permanente et récurrente exposée à une réalité, réalité qui de plus en plus est présentée comme une préoccupation obsessionnelle : « l'argent manque » (Guérin, 2000).

Les femmes camerounaise du point de vu de leur situation sociale ainsi que des réalités liées aux US et coutumes camerounaises ont un accès limité non seulement à la propriété foncière et à la succession mais aussi à l'exercice d'une certaine classe d'activité ; elles sont donc confinées à des activités génératrice de revenu ; les AGR sont en effet caractérisées par leur fréquentes difficultés à trouver auprès des institutions financières classiques des prêts du fait d'un manque de garantie de celle-ci notamment sur le plan productif d'une part ainsi que sur la qualité de la gestion (Mélange entre la gestion professionnelle de la petite entreprise et la gestion domestique du budget familial) d'autre part.

De la nette dominance étrangère de l'époque coloniale la croissance quelque peu soutenue de l'initiative entrepreneuriale privée de l'heure en passant successivement par un état d'économie faste entre 1977 et 1981, puis la conjoncture politique due au changement de régime présidentiel en 1982 et enfin la crise économique des années 1985-1987, le milieu entrepreneurial camerounais a non seulement connu de multiples heurts mais aussi des moments de gloire. Cependant ces moments de gloire ont fait l'objet soit d'une mauvaise gestion des pouvoirs publics, soit d'un pillage des ressources publiques par de très haut fonctionnaire véreux, ou même encore ont fait l'objet d'un laxisme de la part des entrepreneurs privés nationaux au développement d'action innovatrice, à les prises élevée le risque et enfin à la croyance en leurs capacité quand au développement et la mise sur pied d'entreprises et industrie géantes.

L'état actuel du milieu entrepreneurial camerounais témoigne en effet des multiples efforts engagés pour la mise sur pied d'une économie saine et le développement d'un tissu entrepreneurial dynamique et solide. Bien que l'évidence tende à montrer l'omniprésence de l'Etat comme une spécificité propre à l'entrepreneuriat camerounais, il n'en demeure pas moins qu'une autre facette de cet entrepreneuriat tend vers des initiatives privées notamment celles féminines bien que beaucoup plus concentrées dans les AGR et les activités d'utilités sociales. La mention de l'entrepreneuriat féminin comme une spécificité de l'entrepreneuriat au Cameroun s'inscrit en droite ligne avec initiatives tant gouvernementale qu'associatives mise en oeuvres dans le pays depuis lors pour la promotion de la femme camerounaise

notamment dans le sens de l'apport à celle-ci d'une formation appropriée ainsi que la facilitation à l'accès au crédit, dans le but d'améliorer ses capacités et de développer ses aptitudes et attitudes à entreprendre davantage et de manière efficiente.

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