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La question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves. Cas des établissements d'enseignement post- primaire et secondaire de la commune de Banfora au Burkina Faso

( Télécharger le fichier original )
par Brahima SANOU
Université de Koudougou Burkina Faso - mémoire de fin de formation à  l'emploi de conseiller d'éducation 2012
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITÉ DE KOUDOUGOU Burkina Faso

............. .........

ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE Unité-Progrès-Justice

............

DÉPARTEMENT DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION

MÉMOIRE DE FIN DE FORMATION

À L'EMPLOI DE CONSEILLER D'ÉDUCATION

THEME :

LA QUESTION DE L'UTILISATION DU

téléphone portable

Par les élèves

:

cas des établissements d'enseignement

post-primaire et secondaire de la commune de

Banfora.

Présenté et soutenu par Sous la direction de

SANOU Brahima Dr. Dougoudia Joseph LOMPO

Maître-assistant en Sciences de l'Éducation

Année académique 2011-2012

I

A

Mon père (Kalo), ma grande soeur (Dafra), mon grand frère(Issouf), ma nièce (Assétou) et mon cousin (Mamadou) qui ne sont plus de ce monde,

Ma mère SANOU Dosso décédée le 26 avril 2012,
Ma chère épouse CARAMA Djénéba,
Mon très cher fils Dafrahoun Cheick Omar Tidiane,
Tous mes frères, soeurs, neveux et nièces.

II

REMERCIEMENTS

Au terme de cette recherche, nous tenons à témoigner notre gratitude à tous ceux qui, de près ou de loin, financièrement, matériellement, moralement ou intellectuellement nous ont aidé à réaliser ce mémoire.

Nous tenons à remercier particulièrement notre directeur de mémoire, Docteur Dougoudia Joseph LOMPO, Maître-assistant à l'Université de Koudougou dont la constante disponibilité, les précieux conseils et les orientations lumineuses, nous ont permis la réalisation de cette oeuvre.

Nos remerciements vont également à l'endroit de tous les enseignants de l'Ecole Normale Supérieure de Koudougou qui ont bâti en nous cette nouvelle stature professionnelle.

Nous voudrions également adresser nos remerciements :

- à tous les parents qui par leurs soutiens multiformes nous ont permis de boucler les

trois années d'étude à Koudougou ;

- à mon neveu SANOU Karim, pour son soutien financier et matériel ;

- à mes frères et cousins SANOU Drissa, SANOU Issouf, SANOU Yacouba ;

- à mon neveu SANOU Mamadou et ma nièce SANOU Aridjata ;

- à mes amis KARANTAO Soilliou, KONÉ Issouf, ZONGO Ahamadou Tidiane,

BORO Pierre, SON Tiémandogo, OUATTARA Siaka ; à tout mon groupe d'amis

du secteur n°6 de Banfora pour leurs différents soutiens ;

- à tous les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire qui nous ont

ouvert leurs portes pour faciliter la réalisation de notre enquête ;

- à tous les élèves-conseillers d'éducation de la deuxième promotion pour la bonne

ambiance de travail qui a prévalu durant les trois années de formation ;

- à toutes les secrétaires pour leurs services d'impression et de duplication.

III

LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS

AFOM : Association Française des Opérateurs Mobiles

ASSE : Assistant d'éducation

ATTE : Attaché d'éducation

CAES : Conférence Annuelle de l'Enseignement Secondaire

CD : Compact Disc

CDE : Convention relative aux Droits de l'Enfant

CE : Chef d'établissement

CE : Conseiller d'éducation

CEG : Collège d'Enseignement Général

CMTC : Collège Moderne Technique de la Comoé

CPE : Conseiller Principal d'Education

CPSA : Collège Privé Saint Augustin

CSFO : Complexe Scolaire de la Fraternité Ousmane Dan Fodio

CST : Collège Sainte Thérèse (de l'enfant Jésus)

DCM : Direction Commerciale et Marketing

DRESS-Ca : Direction Régionale des Enseignements Secondaire et Supérieur des

Cascades

EG : Enseignement Général

ELOQ : Etablissements Louis Querbes

ENS/UK : Ecole Normale Supérieure de l'Université de Koudougou

EPS : Education Physique et Sportive

ET : Enseignement Technique

FM : Frequency Modulation (Modulation de Fréquence)

FRC : France Câble et Radio

GSM : Global System for Mobile Communication

GSPB : Groupe Scolaire Privé Béthanie

ISCB : Institut Sacré Coeur de Banfora

LMHFG : Lycée Municipal Héma Fadouah Gniambia

LMJT : Lycée Municipal Jacques Toulat

LPIH : Lycée Privé Itoma Héma

LPLK : Lycée Provincial Lompolo Koné

LPME : Lycée Privé Moderne Entente

IV

MESS : Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur

MESSRS : Ministère des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche

Scientifique.

Mhz : Mégahertz

MMS : Multimédia Messaging Service

NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication

ONATEL : Office National des Télécommunications

ONG : Organisation Non-Gouvernementale

ONP : Office National des Postes

OPT : Office des Postes et Télécommunications

RESAFAD/TICE : Réseau d'Appui Francophone pour l'Alphabétisation et le

Développement des TIC en Education

RI : Règlement intérieur

S .G: Surveillant général

SIM: Subscription Identification Module

SMS : Short Message Service (ou télé-message)

SVP ! : S'il Vous Plaît !

TELECEL-FASO: Téléphonie Cellulaire du Faso

TELMOB: Téléphonie Mobile

TIC : Technologies de l'Information et de la Communication

TICE : Technologies de l'Information et de la Communication en Education

TMC : Téléphone Mobile Cellulaire

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

V

LISTE DES TABLEAUX

N° des tableaux

Page

Tableau 1 : situation du téléphone portable au 1er cycle

6

Tableau 2 : situation du téléphone portable au 2nd cycle

6

Tableau 3 : répartition des établissements concernés par l'étude selon leur Statut

50

Tableau 4 : répartition des échantillons retenus par établissement

52

Tableau 5 : récapitulatif des échantillons retenus pour l'étude

53

Tableau 6 : situation de recouvrement du questionnaire écrit

56

Tableau 7 : identification des éducateurs ayant répondu au questionnaire

61

Tableau 8 : identification des enseignants ayant répondu au questionnaire

61

Tableau 9 : raisons motivant l'achat du téléphone portable

62

Tableau 10 : réponses des parents sur l'utilisation du portable par les élèves

64

Tableau 11 : réponses des parents par rapport aux précautions d'usage

65

Tableau 12 : manipulation du téléphone portable à l'école

71

Tableau 13: avis des éducateurs sur l'âge ou la classe des élèves qui peuvent être dotés de téléphone portable

77

Tableau 14 : réponses des éducateurs sur la manière d'utiliser le portable des élèves dans les établissements

78

Tableau 15 : fréquence des cas d'indiscipline dans les établissements

79

VI

LISTE DES GRAPHIQUES

N° des graphiques

Page

Graphique1 : Identification des parents enquêtés

58

Graphique 2 : identification des élèves ayant répondu au questionnaire

60

Graphique 3 : réponses des élèves sur la présence du portable dans leur classe

69

Graphique 4 : origine du téléphone portable des élèves

70

Graphique 5 : réponses des enseignants par rapport au cycle où l'on rencontre le plus de cas de perturbation

85

Graphique 6 : réponses des enseignants sur la question du genre

86

VII

SOMMAIRE

INTRODUCTION 1

ASPECTS THÉORIQUES ..3

CHAPITRE I. PROBLÉMATIQUE ..4

CHAPITRE II. HISTORIQUE DE LA TÉLÉPHONIE MOBILE AU BURKINA FASO

15

CHAPITRE III. ÉLUCIDATION CONCEPTUELLE-CADRE THÉORIQUE -REVUE

DE LITTÉRATURE. 20

ASPECTS PRATIQUES 49

CHAPITRE I. CADRE MÉTHODOLOGIQUE 50

CHAPITRE II. PRÉSENTATION ET ANALYSE DES DONNÉES 58

CHAPITRE III. INTERPRÉTATIONS ET VÉRIFICATIONS DES HYPOTHÈSES 97

CHAPITRE IV. SUGGESTIONS-DIFFICULTÉS-LIMITES DE L'ÉTUDE 101

CONCLUSION 109

BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE 111

TABLE DES MATIÈRES 115

LISTE DES ANNEXES ii

VIII

RÉSUMÉ

La question du téléphone portable est un sujet qui défraye la chronique dans le monde scolaire, tant sur le plan international qu'au Burkina Faso.

Pour comprendre ses enjeux, il nous a paru indispensable de parcourir quelques oeuvres et plusieurs articles diffusés sur internet.

En milieu scolaire burkinabè et plus particulièrement dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire de la commune de Banfora, l'interdiction de son utilisation est un sujet qui est au coeur de plusieurs débats.

Pour les uns, cette question est un "faux débat" : car tout est une question d'éducation. Il ne faut donc pas en priver les enfants, les élèves ; il faut bien au contraire chercher à les responsabiliser.

Pour les autres, il faut absolument l'interdire dans les établissements à cause de l'utilisation qui en est souvent faite par certains élèves.

Cette étude se veut donc une interpellation de la communauté éducative, dans son ensemble, à porter un autre regard sur la présence de cet outil de communication aux multiples usages divers et diversifiés.

La démarche adoptée nous a permis de déboucher sur des suggestions, des propositions de solutions et d'un code de bonne conduite à l'intention de tous.

Mots clés : téléphone portable, utilisation abusive, milieu scolaire, responsabilité et éducation à la citoyenneté.

1

INTRODUCTION

Pour vivre en communauté, s'exprimer ou exprimer son opinion, un état d'âme, son approbation ou sa désapprobation, l'homme éprouve le désir ou la volonté de communiquer avec ses semblables. La communication est donc une composante fondamentale dans les relations humaines.

En effet, depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, pour les besoins de communiquer, l'homme a toujours développé et utilisé divers moyens de communication tels que le tambour, la flûte, le cri, le bruit (battements de mains, coups de fusil...), les marques sur les troncs d'arbres, la télégraphie et la téléphonie sans fil, la radio et la télévision...

En 1876, Alexander Graham BELL inventa le téléphone. Cette invention a davantage facilité la communication et a apporté de grands changements dans le monde.

Au milieu du XXe siècle, les progrès de la technologie allaient révolutionner le monde de la communication grâce à l'invention du téléphone mobile par le Docteur Martin Cooper. Il serait la première personne à avoir passé un appel à partir d'un téléphone cellulaire en avril 19731. Ce n'est qu'en 1983 que le premier véritable téléphone portable a été lancé aux Etats-Unis d'Amérique tandis que le premier est apparu en France en 1992. Dès lors, le téléphone mobile n'a fait que gagner du terrain et conquérir tous les continents.

Ainsi, à la faveur du Sommet France-Afrique tenu à Ouagadougou en 1996, le téléphone mobile a fait son entrée au Burkina Faso. Aux premières heures de son arrivée et placée sous le monopole de l'Office National des Télécommunications (ONATEL), la téléphonie mobile qui était censée résoudre les difficultés d'accès aux lignes fixes, est longtemps restée l'apanage d'une certaine élite.

Mais l'ouverture du marché à d'autres opérateurs notamment Telecel et Celtel (aujourd'hui Airtel), la floraison des appareils simples et haut de gamme, et la chute de leur prix ont véritablement facilité l'accès à la téléphonie mobile. Aussi, la baisse du coût des appels et des SMS, les multiples campagnes de promotion et certains autres services tels que l'accès à l'internet ont davantage permis à des "moins nantis" de s'offrir un téléphone portable.

Aujourd'hui, l'importance du téléphone portable n'est plus à démontrer. C'est pourquoi il n'existe point un secteur social où il n'est pas utilisé. Et l'usage qui en est fait est tout aussi divers que diversifié. Il fait partie des moyens usuels les plus présents dans les relations sociales et assure l'essentiel des liens entre la maison, le lieu de service des parents et l'école.

En milieu scolaire, la présence massive du téléphone portable inquiète plus d'une personne. Son utilisation a pris une telle ampleur qu'elle ne peut pas être sans conséquences sur la vie scolaire. En effet, le portable est aujourd'hui source de plusieurs actes d'indiscipline

1 http://www.gralon.net/article/photo-et-video/telephonie-et-portable.../histoire-et -evolution-1190.htm visité le 06-O3-2011

2

de la part des élèves ; allant de la possibilité de fraude qu'il leur offre aux actes violents ou obscènes, en passant par l'insécurité à laquelle ils sont eux-mêmes exposés. Toute la communauté éducative en est consciente. Elle en a même fait l'un de ses sujets de réflexion lors de la première Conférence Annuelle de l'Enseignement Secondaire (CAES).

Malgré la révision de certaines dispositions de l'arrêté n°2003-054/MESSRS/SG/DGESG/DGESTP, portant règlement intérieur dans les établissements d'enseignement secondaire au Burkina Faso, pour tenter de résoudre la question, les avis semblent toujours partagés. Les uns, plaidant en faveur de l'utilisation du portable, avancent tous les avantages qu'il offre dans les relations interpersonnelles en ce XXIe siècle.

Certains parents le comparent même à un "cordon ombilical". D'autres, s'exprimant contre son utilisation, pensent que la possession du portable par les élèves engendre plus de dérives que d'avantages.

Face à ces contradictions, quelle devrait être l'attitude de chacun des acteurs du système éducatif ?

Pour notre part, nous avons été maintes fois témoin des comportements de certains élèves, comportements souvent rapportés, tant aussi bien par des éducateurs que par des parents et des élèves eux-mêmes.

C'est pourquoi, dans cette étude, nous allons d'abord évoquer les différents usages du téléphone portable, faire ressortir ensuite ses avantages et ses effets pervers en milieu scolaire. Enfin, nous proposerons des stratégies qui pourraient permettre de gérer autrement la question du téléphone portable à l'école afin de minimiser les désagréments causés par cet outil de communication.

L'étude comportera deux grandes parties :

La première partie qui traitera des aspects théoriques va aborder la problématique, l'historique de la téléphonie mobile au Burkina Faso, l'élucidation conceptuelle, le cadre théorique et la revue de littérature.

La deuxième partie qui traitera des aspects pratiques va présenter le cadre méthodologique, l'analyse, l'interprétation des données, la vérification des hypothèses.

3

ASPECTS THÉORIQUES

4

CHAPITRE I. PROBLÉMATIQUE

Ce chapitre s'articule autour de cinq parties. Il va aborder les constats que nous avons faits sur l'utilisation du téléphone portable en milieu scolaire, la question qui sous-tend notre recherche, les hypothèses que nous avons émises, les objectifs que nous nous sommes fixés et les raisons qui justifient le choix de ce thème.

I.1. Constats

La question de l'éducation des jeunes générations est depuis toujours au coeur des préoccupations des gouvernants des pays en développement. Son caractère universel oblige tous les États à lui accorder une place de choix à travers un système éducatif de qualité. L'école, l'institution qui en a la charge prend alors toute son importance.

Ainsi, au Burkina Faso, l'école a la lourde tâche d'assurer à l'enfant une formation complète, c'est-à-dire, physique, intellectuelle, morale et civique afin de faciliter son insertion dans le tissu social.

Cependant, il est reconnu de tous que, seule, l'école ne peut réaliser cette noble ambition. Les familles et les autres composantes de la société y ont leur part à jouer.

Aujourd'hui, l'école burkinabè est en crise. Elle est secouée par de nombreux maux parmi lesquels, on peut sans conteste, citer l'indiscipline, le refus de l'autorité et le non-respect des dispositions règlementaires. Dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire, où elle est vécue au quotidien, l'indiscipline demeure à présent l'une des préoccupations majeures des acteurs chargés de l'éducation. En effet, le document introductif de la première Conférence Annuelle de l'Enseignement Secondaire le souligne si bien en ces termes :

« Que ce soit du côté des enseignants ou du personnel administratif, chacun des acteurs a de plus en plus du mal à se faire respecter et à appliquer les textes en vigueur. Les élèves contestent de plus en plus les décisions des adultes, tout comme le corps enseignant se montre peu coopératif avec l'administration. On assiste ainsi au relâchement de la discipline avec ses conséquences désastreuses sur la qualité des apprentissages » (Rapport général de la CAES 2009 ; p.14).

Cependant, ce qui retient le plus notre attention, ce sont les nouveaux comportements affichés par les élèves face aux surveillants désabusés évoluant dans un cadre plus ou moins formel et à un personnel enseignant de plus en plus jeune.

5

Pour tenter d'apporter des solutions à cette situation, le Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur (MESS) procède, entre autres, depuis l'année scolaire 2008-2009, à la formation de nouveaux personnels d'éducation composés d'assistants, d'attachés et de conseillers qui ont pour lourde tâche de contribuer à restaurer la discipline dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire.

Malgré les efforts ainsi consentis par ce ministère, force est de constater que les questions ne sont pas toutes résolues pour autant. Le niveau de connaissance des élèves continue de se dégrader, l'indiscipline s'accentue, les élèves contestent toujours l'ordre établi et foulent au pied le règlement intérieur de leurs établissements respectifs. Débrayages et grèves d'enseignants et d'élèves se multiplient au grand dam des administrations scolaires.

Tous les acteurs de l'éducation en sont conscients ; ils s'interrogent et se rejettent la responsabilité.

Les parents accusent l'école de ne plus jouer correctement le rôle qui est le sien.

Les responsables d'établissement, les enseignants et les éducateurs (CE, ATTE, ASSE)2 avouent leur désarroi et leur lassitude. Ils accusent les parents de démission.

Alors que l'on continue de rechercher les voies et moyens pour résoudre la problématique de la discipline dans les établissements scolaires, un phénomène nouveau y fait son apparition : le téléphone portable.

En effet, à l'instar de tous les autres secteurs socioprofessionnels de la vie, les établissements scolaires sont aussi envahis par les téléphones portables depuis quelques années. Tous les élèves, de la sixième à la terminale, veulent en posséder. Et ils affichent de plus en plus leur préférence pour les portables multimédias ou multifonctionnels. Dès lors, tous les usages abusifs imputables aux adultes s'observent de plus en plus chez les élèves, dans les salles de classes, les cours de recréation et sur le chemin de l'école.

A Banfora, lorsque nous avons mené une pré-enquête en janvier 2011 pour mesurer l'ampleur du phénomène dans tous les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire de la commune et des villages rattachés, la plupart des chefs d'établissement ayant reçu la fiche de collecte de données ont accordé un intérêt particulier à l'objet de notre étude, car disent-ils, « nous sommes fatigués du problème de téléphone portable puisque presque tous les élèves en ont un, surtout ceux des grandes classes,...et les parents ne font rien pour nous aider à résoudre la question ». Ce propos est corroboré par les chiffres obtenus lors de la même pré-enquête (voir tableaux 1 et 2 ci-après).

2 Conseiller d'éducation, Attaché d'éducation, Assistant d'éducation.

6

Tableau 1 : situation du téléphone portable au 1er cycle

PREMIER CYCLE

Classes

Effectifs

Élèves ayant un téléphone portable

G

F

T

G

%

F

%

T

%

6ème

766

772

1538

60

07,83

60

08,31

120

07,80

5ème

532

533

1065

183

34,39

174

32,64

357

33,21

4ème

470

464

934

161

34,25

137

29,52

298

31,90

3ème

988

848

1836

381

38,56

394

46,46

775

42,21

Total

2756

2617

5373

785

28,48

765

29,23

1550

28,84

Source : données recueillies auprès de tous les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire de Banfora en 2010-2011.

Le tableau1 indique que le téléphone portable est utilisé par les élèves de toutes les classes. En classe de troisième, il est beaucoup plus présent. Sur 1836 élèves, 775 ont un téléphone portable ; soit un taux de possession de 42,21%.

En classe de cinquième et de quatrième, le taux est sensiblement le même. En effet, sur 1065 élèves de la 5ème, 357 ont un téléphone portable ; soit 33,21%. Le taux est de 31,90% en 4ème, soit 298 utilisateurs sur 934 élèves.

Tableau 2 : situation du téléphone portable au 2nd cycle

SECOND CYCLE

Classes

Effectifs

Élèves ayant un téléphone portable

G

F

T

G

%

F

%

T

%

2nde

406

175

581

146

35,96

150

85,71

296

50,94

1ère

306

175

481

108

35,29

114

65,14

222

46,15

Tle

507

226

733

225

44,37

165

73

390

53,20

Total

1219

576

1795

479

39,29

429

74,47

908

50,58

Source : données recueillies auprès de tous les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire de Banfora en 2010-2011.

Le tableau2 nous indique qu'un peu plus de 50% des élèves du second cycle possèdent un téléphone portable avec une dominante féminine.

7

En effet, en classe de seconde il y a 85,71% des filles contre 35,96% des garçons qui possèdent un téléphone portable. En classe de première il y a 65,14% des filles contre 35,29% ; et en terminale, on a 73% des filles contre 44,37%.

Au total, il y a 429 détentrices de portable sur 576 filles, soit un pourcentage de 74,47%. Et 479 détenteurs sur 1219 garçons, soit un pourcentage de 39,29%.

Concernant ces tableaux, les éducateurs chargés de la collecte ont tous reconnu l'ampleur du phénomène dans la quasi-totalité des établissements publics comme privés de la commune. Selon eux, les données recueillies ne traduisent pas tout à fait la réalité qu'ils constatent tous les jours car les élèves, beaucoup méfiants, ont refusé d'avouer qu'ils sont possesseurs de téléphone portable.

Néanmoins, de la comparaison des ces deux tableaux, nous faisons les constats suivants :

Primo, de façon générale, le taux de possession est évolutif de la sixième à la terminale : seulement 7,83% des garçons et 8,31% des filles de sixième possèdent un téléphone portable contre 38,36% des garçons et 46,46% des filles en troisième.

Secundo, au premier cycle, seulement 28,84% des élèves possèdent un portable. Avec toutefois plus de 42,21% en troisième.

Tertio, plus d'élèves du second cycle, soit 50,58%, possèdent des téléphones portables.

Ces tableaux confirment l'existence effective du téléphone portable au sein des établissements scolaires, avec une proportion assez élevée des élèves du second cycle.

Mais, qu'est-ce qui pourrait expliquer la forte présence d'un tel outil de communication en milieu scolaire ?

Certainement l'importance et l'utilité du téléphone portable, le besoin de communiquer et l'envie de se conformer à l'évolution de la technologie.

En effet, de nos jours, le portable est devenu l'objet de communication le plus populaire, facile d'accès et d'utilisation. Il réduit les distances, sécurise les relations parents-enfants et facilite les relations interpersonnelles et interprofessionnelles ; en un mot, il rend d'énormes services à la société. A ce propos, le groupe de Conseillers Principaux d'Education (CPE) du Bassin d'Aurillac, en France affirme que « Le mobile s'est installé partout, il est devenu un élément déterminant du décor, de plus en plus présent dans nos vies quotidiennes. Utiliser un mobile dans les situations de la vie ordinaire, est une pratique intégrée et normalisée ».

8

Quant à Cheikh MBENGUE (2007)3, il pense que c'est la soif de communiquer que ressentaient les Africains qui a favorisé un tel engouement vers le téléphone portable. En outre, il rapporte que « Selon le cabinet américain Gartner, les ménages africains sont prêts à dépenser cinq fois plus que leurs homologues des pays développés pour des besoins de communication ».

Par ailleurs, Jean-Marie TOÉ4 fait part dans « Sidwaya5 » du 11 mai 2010 des avis d'élèves et d'une parente d'élève de Bobo-Dioulasso sur l'importance du portable en milieu scolaire. A ce propos, il rapporte qu'un élève en classe de 1ère A déclare que ses parents lui ont acheté un portable pour qu'en cas d'agression, d'accident ou d'autres urgences, il puisse les appeler (source : http://allafrica).

Il poursuit que d'autres élèves disent s'en servir pour joindre régulièrement leurs parents qui ne sont pas à Bobo-Dioulasso. En plus d'être un lien entre parents et progénitures, le téléphone portable fait économiser du temps et réduit considérablement les distances. Il leur permet d'informer leurs camarades de classe pour les rendez-vous de travaux de groupe ou en cas d'absence du professeur par simple SMS. Quant à une parente d'élève de la même ville, Jean-Marie TOÉ fait savoir qu'elle confirme que le téléphone portable qu'elle a donné à son enfant sert à la joindre en cas de besoin.

Comme on le constate, les avantages pour les élèves à posséder un portable sont nombreux. Mais ce qui pose problème, c'est l'utilisation très peu recommandable que certains d'entre eux en font, au mépris même des règles élémentaires de civisme et de savoir-vivre qui régissent la vie en société.

En effet, au Burkina Faso, comme partout ailleurs dans le monde, c'est le même constat qui est fait du téléphone portable. Il est devenu un véritable phénomène de société, a envahi le monde scolaire et pose aujourd'hui aux responsables d'établissement un vrai problème de discipline de par son utilisation abusive.

En janvier 2008, au Burkina Faso, un article intitulé « Pornographie dans des lycées de Ouagadougou : des responsables d'établissement s'expliquent. » faisait cas d'une propagation d'images pornographiques dont des lycéens burkinabè seraient les acteurs et réalisateurs à partir de leurs téléphones portables ( http://www.fasopresse.net visité le 30-092010).

3 http://www.memoireonline.com/01/09/1891/m_opérateurs_Ouest_africains_de_télécommunications_statut_modificat ion2.html ; site visité le 19-12-2010 à 15h10mn

4 Journaliste à « Sidwaya »

5 Quotidien burkinabè d'information

9

Aujourd'hui, selon un article publié sur internet,6 les élèves utilisent maintenant leurs téléphones pour s'envoyer des SMS pendant les heures de cours ou pour tricher pendant les devoirs de classe ou les examens, et le système est plus discret.

Ils utilisent également leurs téléphones portables pour s'inviter souvent à se soutenir dans des débrayages qui ont lieu dans leurs établissements respectifs.

A ce propos, le directeur d'un établissement privé de la ville de Banfora dit avoir surpris une élève de la classe de troisième entrain d'envoyer un SMS à son frère cadet qui est élève en classe de première. Elle a demandé à ce dernier de venir avec son groupe pour faire sortir les élèves de son établissement qui se trouve excentré et loin des autres établissements.

Face à cette situation ambivalente, où les avantages et les inconvénients du portable sont diversement appréciés par les acteurs du système éducatif, suffit-il simplement de prendre des textes pour l'interdire à l'école afin de résoudre toute la problématique soulevée dans notre étude ?

Pour le Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur (MESS), après les recommandations faites par les représentants de toute la communauté éducative lors de la Conférence Annuelle de l'Enseignement Secondaire tenue les 10, 11 et 12 septembre 2009 à Ouagadougou autour de la « Problématique de l'assainissement de l'environnement scolaire pour une meilleure qualité de l'éducation », il lui a paru impérieux de prendre ses responsabilités. Il a donc pris l'arrêté N°2010-0224/MESSRS/SG portant règlement intérieur des établissements d'enseignement post-primaire et secondaire au Burkina Faso qui stipule en son article 25 l'interdiction de l'utilisation du téléphone portable et la confiscation dudit appareil et assimilés7.

Malgré ces dispositions désormais existantes, « le phénomène continue de prendre de l'ampleur ; les portables saisis, confisqués sont de plus en plus nombreux. Remis en fin d'année, ils reviennent l'année scolaire d'après ou sont immédiatement remplacés par les parents qui ne partagent pas forcément l'esprit du règlement intérieur », nous a confié le surveillant général d'un établissement.

Aussi, la confiscation du portable, elle-même, est très mal acceptée. En atteste les propos de ce fondateur d'un lycée privé qui a affirmé qu' « il y a des parents qui vont jusqu'à menacer des éducateurs, les enjoignant même de remettre à leurs enfants les portables à eux confisqués ».

6 http://lhommemachine.wordpress.com visité le 10-11-2011

7 Baladeur, lecteur mp3, lecteur mp4, postes de radio.

10

De même, les équipes de direction, les éducateurs et les enseignants ne sont pas tous du même avis. Les responsables des structures d'élèves ont leurs numéros de téléphone connus de l'administration pour des besoins importants ou urgents. A ce propos, à Banfora, par exemple, un délégué général des élèves nous a confié qu'il a essuyé de sévères reproches de la part du premier responsable de son établissement pour n'avoir pas pu être informé sur son portable de la tenue d'une rencontre extraordinaire du comité de gestion de l'établissement.

Fort de ce qui précède, nous nous posons les questions suivantes : Quelle est l'utilité du téléphone portable pour les élèves ? Est-il vraiment nécessaire pour les parents de doter les élèves de portable ? Les parents qui offrent des téléphones portables aux enfants sont-ils au courant des mauvais usages que font certains de ces jeunes utilisateurs ? Prennent-ils des précautions en leur remettant les portables ? Si oui, lesquelles ? Comment apprécient-ils l'article 25 du règlement intérieur en vigueur dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire ? Devrait-on interdire l'usage du téléphone portable à l'école ? Est-il possible d'interdire de façon générale la possession d'un téléphone portable dans un établissement scolaire ?

Ces questions nous interpellent, car la gestion de l'utilisation du cellulaire dans les établissements, pour être efficiente, devrait requérir la contribution et la participation de tous.

A l'heure où les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication s'invitent dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire à travers l'installation des salles informatiques par différents projets (World Links, TICE-Burkina), il paraît inapproprié de ne pas se pencher sur la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves avec un autre regard.

Dans le cadre de notre étude, nous pouvons établir au vu de tout ce que nous venons de développer le postulat suivant : l'utilisation du téléphone portable en milieu scolaire apparaît comme utile, voire nécessaire pour bon nombre de parents, certains enseignants et éducateurs ; mais l'utilisation qui en est faite reste une préoccupation majeure, surtout pour les responsables de l'éducation. Face à cette problématique, la question ci-dessous va constituer pour nous la principale question de recherche.

I.2. Question de recherche

L'évolution des technologies de l'information et de la communication (TIC) est dans un processus irréversible. Les téléphones portables deviennent de plus en plus performants et

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sophistiqués, incontournables et accessibles à toutes les couches sociales. Pour toutes ces raisons, quelles attitudes nouvelles devrions-nous adopter pour mieux gérer aujourd'hui la question de l'utilisation du téléphone portable dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire ?

Cette question qui pose le problème de notre recherche fait appel aux hypothèses suivantes.

I.3. Hypothèses de recherche

Hypothèse principale

L'utilisation du téléphone portable se fait à l'école en observant certaines précautions. Hypothèse secondaire 1

Au regard de l'importance du téléphone portable et de sa nécessité dans les relations avec leurs enfants, les parents ne manquent pas de les conseiller au bon usage.

Hypothèse secondaire 2

Malgré les dispositions prises, le téléphone détenu par les élèves demeure un élément perturbateur des cours, des heures d'études et aussi d'eux-mêmes.

Hypothèse secondaire 3

Les élèves prennent des précautions d'usage pour éviter de se voir confisquer leurs portables.

Toute recherche se fixe des objectifs à atteindre. Celle que nous menons se donne comme objectifs les suivants.

I.4. Indicateurs de vérification des hypothèses

Nous allons vérifier nos hypothèses de recherche par les indicateurs suivants. Hypothèse secondaire 1.

- Le pourcentage des élèves qui trouvent le portable nécessaire dans les relations avec leurs parents et pour quelles raisons.

- Le pourcentage des autres enquêtés qui trouvent le portable nécessaire à l'élève.

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- Le pourcentage des parents qui ont donné des précautions d'usage à leurs enfants.

- Le pourcentage des parents qui observent des précautions dans l'utilisation du portable avec leurs enfants.

Hypothèse secondaire 2.

- Le pourcentage des élèves qui manipulent leur portable dans la classe.

- Le pourcentage des élèves qui manipulent leur portable dans la cour.

- Le pourcentage des élèves dont les portables sonnent dans la classe.

- Le pourcentage des élèves dont les portables restent toujours allumés dans la classe.

Hypothèse secondaire 3.

- Le pourcentage des élèves dont les portables restent éteints lorsqu'ils sont en classe. - Le pourcentage des élèves dont les portables ont déjà été confisqués.

- Le pourcentage des élèves qui approuvent le règlement intérieur qui interdit l'utilisation du téléphone portable dans leur établissement.

I.5. Objectifs de recherche

« Aujourd'hui, dans la plupart des établissements secondaires des grandes villes, il ne se passe pas un seul jour sans que les surveillants ou les professeurs ne rencontrent un problème de discipline lié au téléphone portable », nous a dit la fondatrice d'un établissement. Cette assertion explique la préoccupation des responsables chargés de l'éducation à s'interroger sur la véritable thérapie à appliquer malgré les dispositions nouvelles du règlement intérieur.

Pour apporter notre contribution à la résolution de la problématique de l'utilisation du portable par les élèves, nous allons proposer une nouvelle approche de gestion par beaucoup plus de sensibilisation, car c'est un outil qui semble incontournable de nos jours.

Afin de mener à bien notre étude, nous nous sommes fixé trois objectifs : un objectif général et deux objectifs secondaires.

I.5.1. Objectif général

Evaluer la prise de conscience des élèves et des parents afin de les sensibiliser aux multiples conséquences de l'utilisation du téléphone portable par les élèves.

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I.5.2. Objectifs secondaires

- Proposer des solutions pour mieux gérer la question du téléphone portable.

- Elaborer un code de bonne conduite relatif à l'utilisation du téléphone portable par les élèves dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire.

Mais pourquoi avons-nous choisi de nous pencher sur la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves ?

I.6. Justification du choix du thème

Les raisons du choix de notre thème se situent principalement sur le plan professionnel.

Ce vingt et unième siècle est sans conteste marqué par le boom des technologies de l'information et de la communication. Les avancées technologiques ont profondément bouleversé le comportement de la société en général.

Aujourd'hui, la facile accessibilité au téléphone portable a fait de celui-ci le plus populaire des outils de communication, avec une très grande variété d'usages. Il a pénétré toutes les couches sociales de la vie et a fait naître ou amplifier des vices de toute nature.

En milieu scolaire particulièrement, le téléphone portable, par son utilisation abusive, a amplifié l'indiscipline et lui a offert d'autres formes d'expression et de manifestation. Or, c'est un outil qui présente tout de même beaucoup d'avantages pour les élèves. Nous savons également que le portable est généralement offert aux élèves par leurs parents et autres adultes. Ces parents et adultes sont-ils tous au courant des mauvais usages qu'en font certains d'entre eux ?

L'intérêt de cette étude est donc, d'une part, d'informer les parents sur tous les actes d'indiscipline, les écarts de comportements et autres dangers liés à l'utilisation du téléphone portable par les élèves, sans occulter les nombreux avantages qui y sont liés, et d'autre part, de sensibiliser tous les acteurs, et de leur proposer une nouvelle approche pour mieux gérer la question du portable.

De plus, la gestion de la discipline dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire étant placée sous la responsabilité du Conseiller d'éducation et de ses

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collaborateurs, il nous a paru nécessaire de mener une réflexion sur la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves pour les besoins professionnels.

Les résultats auxquels nous parviendrons, pourraient permettre aux chefs d'établissement, aux censeurs, aux directeurs des études, aux éducateurs et autres surveillants d'avoir un autre regard sur le portable. Ils pourraient permettre aussi aux élèves d'être moins angoissés par le simple port de leur téléphone cellulaire et aux parents d'élèves d'assumer en toute responsabilité leur rôle d'éducateur dans un environnement envahi par le téléphone portable.

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CHAPITRE II. HISTORIQUE DE LA TÉLÉPHONIE MOBILE AU BURKINA FASO

Ce chapitre présente l'historique des télécommunications au Burkina Faso : du téléphone fixe au téléphone portable.

Du téléphone fixe au téléphone cellulaire, quelles avancées et quels bouleversements de comportements dans la société !

La téléphonie mobile a connu une croissance exponentielle en Afrique. Les propos de Cheikh MBENGUE (2007)8 le confirment si bien en ces termes :

« La croissance de la téléphonie mobile est nettement plus rapide et supérieure à celle de la téléphonie fixe. Il aura fallu 125 ans pour franchir le milliard de personnes ayant accès à une ligne fixe, alors qu'il a fallu seulement 21 ans pour atteindre le milliard de personnes ayant accès au téléphone portable ».

Au Burkina Faso, par exemple, on dénombrait 4.125.897 abonnés en l'espace de quatorze ans. (Source : http://www.afriqueavenir.org visité le 15-12-2010)

Mais comment ce changement s'est-il opéré au Burkina Faso ?

II.1. Situation des télécommunications au Burkina Faso avant l'arrivée de la téléphonie mobile.

Vers la fin du XXème siècle, on entendait dire que celui qui ne saura pas utiliser l'outil informatique sera considéré comme l'analphabète du XXIème siècle. Ces propos mettaient déjà en exergue l'importance des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) dans tout processus de développement. Ainsi, pour ne pas rester sur le bas-côté du développement et de la mondialisation, la course à l'appropriation des NTIC était devenue une des questions centrales du développement de tous les pays.

L'intérêt grandissant des populations pour les innovations technologiques et leur intégration dans les pratiques courantes des individus et de la société ont amené les Etats à adopter de nouvelles politiques de développement du secteur des télécommunications.

En effet, à l'accession du Burkina Faso à l'indépendance en 1960, selon KONÉ TAGO Haoua (2008, p.10), Correspondante Nationale de l'Association pour le Développement de l'Éducation en Afrique (ADEA), ce pays disposait d'un réseau de télécommunication essentiellement composé de lignes aériennes et de liaisons radio à ondes décamétriques. La téléphonie internationale était assurée par France Câble et Radio (FCR).

8 http://www.memoireonline.com/01/09/1891/m_opérateurs_Ouest_africains_de_télécommunications_statut_modificat ion2.html : site visité le 19-12-2010 à 15h10mn

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C'est en 1968 que le pays s'est doté d'une structure chargée de gérer le réseau et les services de télécommunications et d'exploiter une partie de la chaîne internationale(télex, radio).

Créé en 1968, l'Office des Postes et Télécommunications (OPT) a donc pris en charge la gestion du réseau international en 1982.

Pour plus d'efficacité, l'OPT a été divisé en 1987 en deux entités distinctes et autonomes conservant chacune le monopole de l'Etat : l'Office National des Postes (ONP) devenu aujourd'hui Société Nationale des Postes, et l'Office National des Télécommunications (ONATEL).

Mais l'ONATEL, détenant à lui seul la gestion des télécommunications, n'a pas été en mesure d'assurer pleinement sa mission. L'offre des lignes fixes était largement en deçà des demandes, comme le souligne COMPAORÉ, M.A. (2005, p.10). D'après ce dernier, en 2004, seulement 18194 demandes sur 38487 étaient satisfaites soit 47,27% alors que la télédensité en ligne fixe était de 0,6%.

La ligne téléphonique d'un abonné servait donc à tous ses voisins proches ou éloignés. Ces derniers passaient tous par cette ligne pour communiquer ou pour recevoir des appels, des commissions ou autres informations. Cette situation était, du reste, propre à presque tous les pays africains en développement. A ce sujet, Cheick MBENGUE (2007)9 fait ressortir dans son étude que « L'Afrique accuse un important retard dans les télécommunications en comparaison avec les autres régions du monde. ». Il rapporte par ailleurs que « Selon le cabinet américain Gartner, les ménages africains sont prêts à dépenser cinq fois plus que leurs homologues des pays développés pour des besoins en communication ». Cependant, posséder une ligne de téléphone fixe demeurait toujours un luxe pour la majorité des populations. Ces propos témoignent de la nécessité et de l'envie qu'éprouvaient les Africains à communiquer par le téléphone.

Aussi, afin d'apporter des réponses aux préoccupations des potentiels clients, l'ONATEL s'est lancé dans les activités de développement des NTIC et surtout la vulgarisation de l'Internet et de la téléphonie mobile.

9 www.memoireonline.com « Comment les opérateurs Ouest-Africains de télécommunications pourraient-ils modifier leur statut de filiales des multinationales européennes? »visité le 19-12-2010

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II.2. L'avènement de la téléphonie mobile au Burkina Faso

C'est à la faveur du 19ème Sommet France-Afrique tenu à Ouagadougou en 1996 que la téléphonie mobile cellulaire a été introduite au Burkina Faso par l'ONATEL. Confiée à sa filiale spécialisée TELMOB, sa mise en oeuvre s'est déroulée en trois grandes phases :

La première phase a consisté à la couverture de Ouagadougou et ses proches banlieues en décembre 1996 afin de permettre surtout aux prestigieux invités et participants au Sommet d'avoir des commodités de communication; et à une certaine catégorie de personnes de s'en servir également.

La deuxième phase a concerné la capitale économique Bobo-Dioulasso et les localités situées sur l'axe routier Ouaga-Bobo en 1997 et 1998.

La troisième phase a couvert les villes de Koudougou, Ouahigouya, Koupéla, Tenkodogo, Kaya, Dori, Fada et les axes routiers qui les relient à Ouagadougou au cours de l'année 2000.

La téléphonie mobile fonctionne au Burkina Faso sous la norme GSM (Global System for Mobile Communication), nom du standard européen de télécommunications cellulaires mobiles. Le GSM fonctionne en 900Mhz et 1800Mhz et permet à tout abonné qui est dans une zone de couverture du système de communiquer avec tout autre abonné du système mobile ou le réseau téléphone commuté (source : http://www.telmob.bf visitée le 23-04-2011).

La téléphonie mobile a ainsi fait son entrée au Burkina Faso. Mais les coûts de fourniture et d'installation du réseau, le prix élevé des appareils téléphoniques ont constitué un véritable frein à son développement. Elle n'était donc accessible qu'à quelques privilégiés de la société tels que les grandes personnalités, les hauts cadres de l'administration, les diplomates, les hommes d'affaires et autres grands commerçants.

En effet, au début, le prix des premières cartes SIM qui était de 35000francs, n'était pas à la portée d'une grande partie de la population; les premiers abonnements se faisaient au post-paiement, toute chose qui impliquait la délivrance d'une facture aux abonnés. Les problèmes de facturation, doublés des problèmes de recouvrement liés au post-paiement, ont fait prendre conscience à l'opérateur TELMOB de la souffrance des usagers à s'approprier la téléphonie mobile. Il a de ce fait mis sur le marché le prépaiement à partir du 9 juin 2000. Ce nouveau mode de recharge et la baisse progressive du coût des abonnements ont un tant soit peu accru le parc des abonnés.

Ce qui va véritablement marquer le boom du téléphone cellulaire, c'est la libéralisation du marché des télécommunications au niveau international, caractérisée au

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Burkina Faso par l'arrivée de deux nouveaux opérateurs, TELECEL FASO et CELTEL BURKINA devenu successivement ZAIN puis AIRTEL.

Dès lors, une rude concurrence entre les trois opérateurs allait permettre à la téléphonie mobile de pénétrer réellement la société burkinabè. Aujourd'hui, à la faveur de cette concurrence, les cartes SIM s'acquièrent presque gratuitement, les recharges se font même à moindre coût (100 francs), le coût des appels est proposé entre 1franc/seconde et 1,5franc/seconde et des ventes promotionnelles d'appareils téléphoniques avec un kit d'abonnement plus un crédit de communication à moins de dix mille (10000) francs voire six mille (6000) francs; toutes ces baisses significatives ont rendu la téléphonie mobile accessible à toutes les couches de la société à tel point que posséder désormais un portable n'est plus considéré comme un luxe. Dire aujourd'hui qu'on n'a pas de numéro de contact téléphonique constitue une surprise pour certaines personnes. Presque tout le monde l'utilise, surtout dans les villes. Même des enfants en possèdent; les tout-petits, eux, en réclament, à défaut, des jouets pour imiter leurs parents ou leurs aînés.

Les villages qui ne caressaient même pas l'espoir de voir un jour des poteaux de téléphone fixe les traverser sont désormais reliés à au moins un réseau. Ainsi, même les habitants des campagnes sont facilement joignables maintenant.

La téléphonie mobile s'est vraiment fait une place dans le paysage burkinabè. COMPAORÉ, M. A. (2005, p.8) affirme que « Le téléphone mobile, devenu une "star" de la communication, a été intégré rapidement par les acteurs de certains pays en développement. » et il cite également Babacar FALL, expert en communication à l'UNESCO qui estime que « la communication est un besoin universel ». « Ce qui varie, poursuit-il, c'est la manière dont la société s'approprie cette technologie ».

Le téléphone portable est donc devenu le tout premier moyen de communication par excellence. Certains cherchent à se l'approprier par leurs propres moyens. D'autres l'offrent à leurs proches (parents, frères, enfants, amis, copains...) pour faciliter leurs relations.

C'est ainsi que le téléphone à pénétrer très rapidement le milieu scolaire pour le plaisir des élèves et le bonheur de ceux qui en font un bon usage.

Un groupe de conseillers principaux d'éducation français soutient que « la soudaineté du succès du téléphone mobile a surpris tout le monde et n'a pas laissé le temps à la société

de s'interroger sur ce que le mobile et ses usages avaient changé, créé, déplacé dans nos moeurs et dans nos habitudes de communication, de relation à nous-mêmes et à la société »10.

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10 http://www.ac-clermont.fr/viescolaire visité le 19-11-2010

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CHAPITRE III. ÉLUCIDATION CONCEPTUELLE - CADRE THÉORIQUE - REVUE DE LITTÉRATURE

Ce chapitre s'articule autour de trois points principaux. Nous y aborderons l'élucidation de certains concepts, le cadre théorique et la revue de littérature.

III.1 Élucidation conceptuelle

Notre travail de recherche s'articule autour de la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves, notamment l'implication des parents d'élèves dans l'expansion du phénomène en milieu scolaire. Pour aborder ce sujet, nous utiliserons certains concepts dont nous trouvons nécessaire d'élucider le sens. Ce sont : téléphone portable, milieu (environnement) scolaire, vie scolaire, utilisation abusive, effets pervers, précautions, règlement intérieur local, éducation à la citoyenneté, responsabilité et autorité.

III.1.1. Le téléphone portable

Pour certains agents de l'ONATEL, selon COMPAORÉ M. A (2005, p.3) c'est un téléphone sans fil, autonome avec un centre de communication auquel sont rattachées les stations de base qui sont reliées entre elles par des faisceaux hertziens. Il est aussi défini comme un téléphone radio qui permet d'établir une communication entre deux abonnés mobiles ou entre un abonné mobile et un abonné fixe.

Dans l'esprit de notre étude, le téléphone portable est un appareil mobile qui n'est relié à aucun fil et qui permet de communiquer partout où il y a un réseau de téléphonie mobile, de tout lieu couvert par un réseau et en tout temps avec des interlocuteurs.

Il a plusieurs dénominations : téléphone mobile cellulaire, téléphone cellulaire, téléphone portable ou tout simplement portable ou cellulaire. Dans un langage familier des enfants le désignent par « phone ». Initialement, il était uniquement limité à appeler et à recevoir des appels. Mais depuis plusieurs années déjà, il permet de transmettre des textes (SMS), des images et des vidéos et est aussi muni d'appareil photo, d'enregistreur de sons, de bande FM et de télévision. Il permet aussi d'accéder à Internet.

Il existe actuellement trois types de téléphones portables :

- le téléphone portable simple : il ne sert qu'à téléphoner ou à envoyer des SMS, à recevoir des appels et des SMS,

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- le téléphone portable multimédia : en plus des fonctions du téléphone simple, il est muni d'appareil photo, de musique, de vidéo, d'enregistreur de sons, de Bluetooth, etc.),

- le Smartphone (et ses dérivés tel le Black Berry) : c'est un véritable ordinateur de poche avec beaucoup plus de mémoire, de fonctions et d'options. Il est aussi appelé téléphone « intelligent ».

Les téléphones mobiles qui inondent le marché des télécommunications sont qualifiés de "troisième génération", ou encore appelés 3G, car ils permettent de photographier et enregistrer des vidéos, d'écouter la musique et la radio sur la bande FM, de regarder la télévision, de lire et d'envoyer des e-mails, de naviguer sur Internet.

III.1.2. Le milieu scolaire ou environnement scolaire

Selon "Le Nouveau Petit Robert" (2003), le milieu est, d'une part, l'« ensemble des objets matériels, des êtres vivants, des conditions physiques, chimiques, climatiques qui entourent et influencent un organisme vivant » d'autre part, c'est l' « entourage matériel et moral d'une personne ». C'est aussi le « groupe social où vit une personne.»

Quant au "Dictionnaire encyclopédique de l'éducation et de la formation" (2001), il définit l'environnement comme l'« ensemble, à un moment donné, des aspects physiques, chimiques, biologiques et des facteurs sociaux et économiques susceptibles d'avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme, sur les êtres vivants et les activités humaines. »

Selon le rapport général de la première conférence annuelle de l'enseignement secondaire (2009, p.11), « Rapporté au système éducatif, l'environnement pourrait se définir comme l'ensemble des éléments objectifs et subjectifs qui constituent le cadre de vie d'un établissement ». Selon la même source, en établissant un parallèle entre ces différentes définitions, deux orientations se dégagent : « La première s'intéresse aux éléments extérieurs à l'établissement scolaire ayant un impact sur le fonctionnement et la qualité de la vie au sein de l'établissement ; la deuxième, quant à elle, se préoccupe uniquement de facteurs endogènes, c'est-à-dire l'ensemble des éléments constitutifs de la vie scolaire ».

Dans le cadre de notre recherche, le milieu scolaire peut se définir comme le cadre d'études ou d'apprentissage de l'élève. C'est aussi tout espace clos ou ouvert (à même d'influencer son éducation, son apprentissage) où il passe un temps de la journée : le domaine scolaire, la salle de classe, la salle de lecture ou de documentation, le laboratoire, le réfectoire,

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le "petit marché?, le terrain de sport, les sorties d'étude. C'est l'environnement où évolue l'élève placé sous la responsabilité de l'institution scolaire.

III.1.3. La vie scolaire

Selon Jean-Pierre OBIN11 :

« "La vie scolaire" peut être définie, par analogie avec des expressions et notions semblables comme "la vie familiale", "la vie sociale", "la vie politique" etc., comme l'ensemble des normes et des événements spécifiques à la vie collective en milieu scolaire. Par exemple, le phénomène des modes vestimentaires et corporelles chez les jeunes est un phénomène social ; il peut néanmoins présenter des implications normatives à l'école. »

Quant à Marcel SIRE, alors doyen de l'inspection générale au Ministère de l'Education Nationale de la France, cité par G. GILLOUX12, avance, lui, que « la vie scolaire, c'est tout ce qui se passe dans l'établissement (en direction des élèves), sauf ce qui se passe dans la classe quand il y a transmission des connaissances. Mais elle inclut les actions pédagogiques et d'approfondissement. »

Mais, GILLOUX13 lui-même pense que tout ce qui concerne la vie de l'élève au sein de l'établissement, fait partie de la vie scolaire. Et ce, pendant les heures de cours, les recréations, les interclasses et dans tout l'espace scolaire.

Pour nous, dans le cadre de notre étude, en plus de s'intéresser à la globalité de la vie proposée aux élèves au sein de l'établissement, nous pensons que le concept « vie scolaire » pourrait également prendre en compte toute activité d'élèves, encadrée et organisée hors de l'établissement, et impliquant donc la participation ou l'encadrement des responsables de l'établissement.

III.1.4. L'utilisation abusive

Selon "Le Nouveau Petit Robert" (2003), l'abus est l'usage mauvais, excessif ou injuste. L'utilisation abusive est donc le mauvais usage ou l'utilisation excessive ou exagérée que l'on fait d'un objet.

11 http://www.jpobin.com/pdf3/2002questcequelaviescolaire.pdf « Qu'est-que la vie scolaire ? visité le 11-02-2012 à 13h30mn

12 http://www.ac-nice.fr/wallon/index.php?

13 http://www.ac-nice.fr/wallon/index.php?

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Pour nous, dans cette étude, l'utilisation abusive du téléphone portable est tout acte indécent ou perturbateur qu'un utilisateur fait de son portable. Dans la classe, ce serait toute manipulation ou toute utilisation pendant les heures de cours ou pendant les heures d'études qui dérangeraient les voisins ou toute la classe. Dans la cour, ce serait tout usage qui pourrait troubler la quiétude par les sonorités, porter atteinte à l'intégrité morale de quiconque par la prise de photo ou d'enregistrement vidéo à son insu.

III.1.5. Les effets pervers

Selon "Le Petit Larousse Illustré 1993", « les effets pervers sont la conséquence indirecte, l'incidence détournée d'une action concertée, qui n'est pas conforme ou qui est contraire au résultat espéré, recherché. » (P.769)

« On nomme encore effet pervers un résultat non désiré et fâcheux d'une action qui se retourne contre les intentions de ceux qui l'ont engagée ».14

BOUDON R. (1993, p.20) affirme qu' «on peut dire qu'il y a effets pervers, lorsque deux individus (ou plus) en recherchant un objectif donné engendrent un état de choses non recherché et qui peut être indésirable du point de vue soit de chacun d'eux, soit de l'un d'eux. » Pour lui, les effets pervers naissent de l'agrégation d'un certain nombre de comportements sociaux qui, pris individuellement, sont des faits anodins. En effet, on se rend compte à l'évidence qu'un acte d'indiscipline posé par un seul individu interpelle moins la société que lorsqu'il se généralise au point de devenir un phénomène social.

Pour Martin COOPER, l'inventeur du téléphone portable, les effets pervers sont dus aux produits proposés qui comportent trop d'options et de fonctionnalités qui les rendent même moins efficaces. A ce propos, il a déclaré lors d'une conférence privée à Madrid que : « Lorsque vous concevez un dispositif universel qui fait tout et pour tout le monde, celui-ci ne fait finalement rien de bien. »15 En effet, à l'invention du téléphone portable, l'idée qui sous-tendait cette recherche était sans nul doute la possibilité pour tout utilisateur d'être facilement joint à tout moment et en tout lieu, de rester permanemment en contact avec le monde. Malheureusement, les utilisateurs en ont fait d'autres usages qui ont amené toute la société à s'interroger sur les effets pervers de cette invention.

Pour nous donc, les effets pervers sont les conséquences de tous les mauvais actes posés à partir du portable par les utilisateurs. Au niveau des élèves, ce sont les fâcheuses conséquences de toutes les utilisations du téléphone portable considérées comme abusives :

14 http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_pervers site visité le 13-10-2011 à 10h15mn

15 http://www.numerama.com/magazine/14452 visité le 27/11/2010

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téléphoner dans la circulation et pendant les heures de cours, photographier des gens sans leur consentement, filmer en cachette les actions de leurs camarades, de leurs enseignants ou de tout autre personne, communiquer, visionner des images et des films peu recommandables pendant les heures de cours, enregistrer des cours ou des formules à des fins de fraudes,...Les conséquences de ces actes peuvent être un accident, une interpellation pour fraude ou autres délits.

Ce sont aussi les dangers auxquels les enfants utilisateurs sont eux-mêmes exposés. A ce propos, l'AFOM16, dans son guide à l'usage des parents, met en garde ces derniers contre les mauvaises pratiques de certains adultes. La propagation du téléphone portable a, en effet, favorisé le développement de l'intimidation, le racket, la manipulation, le harcèlement, la pédophilie.

A ce propos, une élève de la terminale "D" nous a confié qu'elle ne voudrait pas posséder un téléphone portable pour le moment, car elle voit comment ses camarades (filles) souffrent avec les hommes. Elle a conclu en affirmant que : « pour peu que les garçons, y compris les professeurs et même les surveillants, te voient en possession d'un portable, ils te demandent ton numéro. »

III.1.6. Les précautions

Selon "Le Petit Larousse illustré"(2003), la précaution est une « disposition prise par prévoyance, pour éviter un mal ou pour en limiter les conséquences » ou encore le « fait d'agir avec circonspection : ménagement, prudence ».

Dans le cadre de notre étude, les précautions sont les soins que les utilisateurs doivent observer dans l'utilisation du téléphone portable pour ne pas déranger les autres. Pour les élèves, se sont les conseils de bon usage qu'on leur donne. Il s'agira surtout pour eux de se conformer au règlement intérieur de leurs établissements respectifs et de bien se comporter en tout temps et en tout lieu avec leur téléphone portable.

III.1.7. Le règlement intérieur local

Selon "Le Nouveau Petit Robert", le règlement intérieur est un « ensemble ordonné de règles, qui définit la discipline à observer à l'intérieur d'un groupe, qui préside au fonctionnement d'un organisme.»

16 Association Française des Opérateurs Mobiles

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Pour la bonne marche des établissements scolaires, publics comme privés du Burkina Faso, il existe un règlement intérieur national appliqué à tous. Cependant, chaque établissement a la possibilité de l'adapter selon les spécificités qui le caractérisent en respectant toutefois les grandes lignes directrices : c'est le règlement intérieur local.

Afin que le règlement intérieur local soit consensuel, son élaboration doit réunir toutes les composantes de l'établissement et obéir aux principes participatif et démocratique. A ce propos, Marguerite GENTZBITTEL (1988; p. 127-128) pense que « le règlement intérieur présuppose un accord au sein de l'<<équipe de direction>>, puis du conseil d'administration, enfin de chaque individu. Ce qui n'est jamais acquis, sûrement pas donné, en tout cas au départ ». Ce qui signifie que pour l'élaboration d'un règlement intérieur local, il sied de chercher à rassembler tous les acteurs intervenant dans l'établissement autour des questions à résoudre pour l'atteinte des objectifs.

III.1.8. L'éducation à la citoyenneté

Le dictionnaire actuel de l'éducation LEGENDRE, R. définit l'éducation, d'une part, comme étant :

« L'acquisition de bonne manières; politesse; savoir-vivre; bonne conduite en société; formation et information reçues par une personne pendant ses années d'études ». D'autre part, « c'est le développement harmonieux et dynamique chez l'être humain de l'ensemble de ses potentialités (affectives, morales, intellectuelles, physiques, spirituelles, etc.); développement du sens de l'autonomie, de la responsabilité, de la décision, des valeurs humaines et du bonheur chez la personne; transformation dynamique, positive et continue de la personne ».

Pour nous, l'éducation est un processus qui procède de l'acquisition de valeurs telles que le sens de la liberté, de la légalité, de la fraternité, du travail, de la famille, de la tolérance, de la patrie, de la citoyenneté, du respect, etc., et de normes qui sont constituées des règles de conduite auxquelles les individus doivent se soumettre, se conformer pour pouvoir vivre dans la société à laquelle ils appartiennent.

L'une des valeurs fondamentales qui caractérisent notre vie en société est la citoyenneté. Le citoyen, selon "Le Nouveau Petit Robert 2003", est « celui qui appartient à une cité, en reconnaît la juridiction, est habilité à jouir, sur son territoire, du droit de cité et

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est astreint aux devoirs correspondants. » La citoyenneté est donc la qualité du citoyen. Alors, qu'est-ce que l'éducation à la citoyenneté?

Selon Charly MAURER, « l'éducation à la citoyenneté a pour but de construire des

repères communs compris et acceptés de tous. Elle doit permettre à chacun de devenir acteur de la société. Or, il n'y a pas d'acteur qui n'ait une place, un rôle, des droits reconnus et des responsabilités » ( http://www.globaleducation.ch/globaleducation_fr visité le 30/11/2010 à 10h38mn).

Pour Charly MAURER, l'éducation à la citoyenneté s'exerce dans trois champs :

- « "La citoyenneté et l'école" qui vise à doter les élèves des aptitudes à vivre ensemble et à s'impliquer à l'échelle du groupe, de la classe et de l'établissement scolaire à travers les structures participatives et la pratique du débat démocratique. Connaître les droits et les responsabilités des acteurs de l'institution scolaire et les mettre en oeuvre,

- -"la citoyenneté et l'institution" qui vise à faire connaître les institutions locales, nationales et internationales; à participer à leur développement. Exercer les droits et les responsabilités définies dans ces cadres institutionnels,

- et "la citoyenneté et les enjeux de la société" qui vise à apprendre à vivre et à agir dans une société mondialisée, caractérisée par des enjeux à l'échelle locale et mondiale : répartition des ressources, migrations, globalisation économique;....à savoir analyser ces enjeux; à être en mesure de se situer et d'opérer des choix en tant qu'acteur individuel et en tant que citoyen d'un Etat. »

Pour nous, l'éducation à la citoyenneté est donc le processus par lequel l'individu acquiert de bonnes pratiques qui visent à l'exercice conséquent de sa citoyenneté, d'abord à l'école, puis dans sa vie future en société.

III.1.9. La responsabilité

Comme apparu dans la définition du concept précédent, l'exercice de la citoyenneté confère à la responsabilité une part prépondérante.

"Le Petit Larousse illustré" 2008 définit la responsabilité comme étant « l'obligation de réparer une faute, de remplir une charge, un engagement ».

27

Le dictionnaire actuel de l'éducation LEGENDRE, R., lui, définit la responsabilité comme « le fait d'être garant de ses comportements et de ceux d'un groupe et d'en accepter les conséquences. Et aussi, comme l'obligation d'assumer une charge, un devoir, un engagement, une mission, un mandat, un travail ou encore la nécessité morale de réparer une faute, une infraction, un méfait » (p.1189).

Pour SAMA Lucien (1997-1998), la responsabilité des parents doit consister à assumer tous leurs devoirs, à assumer leurs tâches à tous les niveaux (p.71).

Selon MEIRIEU, P. (1999, p.26) :

« ...le parent convaincu de l'éducabilité de son enfant, exigera que l'enseignant fasse le travail; ce dernier, pour peu que la chose s'avère compliquée, prolongera l'exigence parentale tout en s'en déchargeant sur des collègues spécialisés dans les publics difficiles..., eux-mêmes, risquent de passer le relais au psychothérapeute...qui, logiquement, conclura ne pas pouvoir se substituer systématiquement aux parents ni être capable de panser toujours et partout des blessures d'une société défaillante... ».

Pour cet auteur, l'éducation des jeunes générations est l'affaire de toute la société; donc chacun à son niveau doit assumer sa part de responsabilité : l'institution scolaire, les parents d'élèves et aussi les élèves par un comportement citoyen.

Dans le cadre de notre étude, nous partagerons le point de vue de MEIRIEU. Ainsi, nous allons situer, d'une part, la responsabilité des parents dans l'expansion progressive du phénomène du téléphone portable dans les établissements, celle des élèves dans leur façon d'utiliser le portable afin d'entrevoir le comportement responsable que chacun doit observer. Et d'autre part, la responsabilité des administrations scolaire et centrale dans la gestion de la problématique de son utilisation dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire.

Mais comment peut-on assumer sa part de responsabilité sans une certaine autorité? Voyons donc à présent la définition de l'autorité.

28

III.1.10. L'autorité

BERTRAND et GUILLEMET, cités par HOUSSAYE, J. (1996), affirment que « L'autorité dépend essentiellement du consentement des membres organisationnels, de leur niveau d'acceptation des directives du supérieur. L'autorité est donc limitée par leur niveau d'acceptation » (p.12).

Ce propos induit la recherche d'un consensus entre famille et école, entre parents et éducateurs autour de leurs préoccupations. Il faudrait donc que ces deux acteurs assument pleinement leur autorité, chacun en ce qui le concerne tout en faisant preuve de fermeté.

Cependant, selon HOUSSAYE, J. (1996), « Si le processus éducatif a pour but de former l'homme libre, l'autorité ne doit y jouer qu'un rôle transitoire mais nécessaire, en accord avec la fin visée. Précisément, l'école est là pour cela et elle manquerait donc à sa fin si elle ne faisait pas preuve de mise en oeuvre de l'autorité ».

Pour SAMA, L. (1998, p.81), « Encourager le laisser-aller, c'est se rendre soi-même complice d'une indiscipline nocive ».

Dans le cadre de notre étude, agir avec autorité, c'est agir avec fermeté dans l'application des dispositions règlementaires qui existent, ou qui sont issues du consensus que toutes les parties prenantes doivent observer.

III.2. Cadre théorique

Plus qu'un simple outil de communication, le téléphone cellulaire est devenu un véritable phénomène de société au Burkina Faso en l'espace de quelques années seulement d'existence. Les différentes couches de la société se le sont si rapidement appropriées que la société, elle-même, n'a pas eu le temps d'entrevoir ses effets pervers qui s'observent de plus en plus à tous les niveaux.

Pour mener notre étude qui se veut sociologique, nous allons nous référer à trois théories : l' « individualisme méthodologique » de Raymond BOUDON, le « holisme » de DURKHEIM et enfin à l' « habitus » de Pierre BOURDIEU, car tous ces sociologues justifient les phénomènes sociaux par le rôle passif ou actif que joue l'individu dans la société.

29

L'individualisme méthodologique est « une approche sociologique qui soutient que les phénomènes sociaux résultent des actions individuelles »17. C'est dans ce sens que BOUDON (1993) affirme qu' « il s'agit toujours pour le sociologue, une fois qu'il a constaté qu'un phénomène présentait un certain type de régularité dans le temps, d'expliquer pourquoi il en est ainsi. Or l'explication revient toujours à retrouver l'action individuelle derrière les régularités qu'on observe au niveau macro-sociologique » (1993, p.58).

Ce sociologue pense que la personne humaine exerce un rôle irremplaçable dans la construction des systèmes sociaux. Pour lui, toute construction sociale découle de l'individualisme méthodologique dès lors qu'elle est la résultante des comportements individuels, qui, en s'agrégeant, créent des phénomènes et des changements sociaux. Et, qu'un individu n'accomplit une action que s'il a de bonnes raisons de la faire. La philosophie de sa démarche qui s'inspire de celle de Max WEBER, précurseur de l'« individualisme méthodologique », s'oppose au « holisme » théorisé par Emile DURKHEIM.

Pour Emile DURKHEIM18 les phénomènes sociaux résultent de causes extérieures qui s'imposent aux individus et influencent ainsi leurs actions. Pour ce courant, l'homme est un être passif, façonné par la société; et celle-ci lui " impose" des valeurs, des normes et des rôles qui exercent une contrainte sur les individus. En effet, aujourd'hui, la question du téléphone portable est très illustrative de ce postulat. Les téléphones portables ayant inondé tous les milieux socioprofessionnels s'imposent comme l'outil de communication qui ne doit manquer à personne. Aujourd'hui, le téléphone mobile est d'une telle utilité qu'on est comme obligé de l'avoir avec soi en tout temps et en tout lieu. A celui qui refuserait volontairement d'en être détenteur, on adresse toutes sortes de propos : personne avare, personne renfermée ou déphasée, etc.

Aussi, certes la téléphonie mobile réduit les distances et permet d'économiser le temps ou d'en gagner, elle a aussi fait perdre à la société certaines valeurs telles la solidarité, l'honnêteté. En effet, les efforts que l'on faisait pour aller rendre visite aux amis et parents sont maintenant réduits à de simples coups de fil ou SMS. Mentir allègrement à un correspondant qu'on est à tel endroit alors qu'on est ailleurs, souvent même à quelques mètres seulement de l'appelant pour ainsi se soustraire à certaines obligations.

17 http://www.academie-en-ligne.fr/Ressources/7/SE00/AL7SE00TEPA0008-Sequence-08.pdf

18 La socialisation : L'homme en tant qu'être social : http://www.skyminds.net/economie-et-sociologie/les-activités-economoiques-et-leur-cadre-social

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Par contre, pour les individualistes comme BOUDON, l'homme est un être actif qui façonne la société. Il y accomplit ses devoirs, joue son rôle au regard des normes et des valeurs qui la caractérisent tout en conservant une certaine liberté. C'est donc un acteur social, qui, tout en recherchant son intérêt personnel, façonne la société. Cependant, il agit ainsi parfois au détriment des valeurs et normes sociales établies. Le téléphone portable est encore là pour illustrer cet état de fait.

En effet, si l'invention du téléphone portable s'est faite pour révolutionner les moyens et outils de communication, pour Martin COOPER, l'inventeur, « ces appareils devraient se concentrer sur une ou deux options spécifiques, plutôt que d'essayer à tout couvrir »19 . Il considère en effet que les produits proposés de nos jours comportent beaucoup trop d'options et de fonctionnalités pour être vraiment efficaces

En effet, même si l'importance du téléphone portable est indéniable, certaines personnes l'utilisent sans se soucier des désagréments qu'ils peuvent causer consciemment ou inconsciemment aux collaborateurs et aux voisinages. Cependant, les effets pervers et les dérives que l'invention du portable a engendrés sont-ils imputables aux usagers, pris individuellement, ou à la société?

Si la société en général, et le Burkina Faso en particulier n'avait pas d'autre choix que d'intégrer la téléphonie mobile dans son système de communication pour répondre aux exigences du développement, elle n'a pas en revanche entrevu les effets pervers qui l'accompagnent aujourd'hui. Toutefois, en amont où l'on aperçoit autant d'effets pervers dans le monde des adultes ou autres personnes d'un certain âge, un changement de comportement doit être observé. C'est en cela que nous allons évoquer l'approche sociologique de Pierre BOURDIEU.

Pour BOURDIEU, dans son analyse sur la reproduction sociale, le mouvement de la société est dû avant tout aux efforts de la classe dominante pour perpétuer sa domination d'une part. Et d'autre part, il se caractérise aussi par les classes sociales qui se différencient les unes des autres non seulement par la richesse, mais aussi par la culture, le pouvoir et l'idéologie. Dans cette analyse, il introduit le concept d'habitus.

19 http://www.numerama.com/magazine/14452

31

Pour l'auteur de l'article20 cité ci-dessus, « l'habitus est un ensemble de manière d'être, d'agir et de penser propre à un individu, fruit d'un apprentissage particulier lié à un groupe d'appartenance, qui diffère selon sa classe sociale, sa disposition en capital, et sa place occupée dans l'espace social. L'habitus structure les comportements et les actions de l'individu, et à la fois, il structure les positions dans l'espace social ».

Pour l'auteur d'un autre article21, « l'habitus est donc un concept qui permet de dépasser l'opposition « holisme » et « individualisme », entre les forces extérieures de la structure sociale et les forces intérieures issues des décisions libres des individus... Chaque individu possède son habitus propre ».

Fort de toutes ces dimensions de l'habitus, nous pouvons dire que l'attitude des élèves vis-à-vis du téléphone portable serait héritée des adultes et de la société. Cependant, dans le cadre de notre étude, nous allons adopter l'approche individualiste pour tenter de résoudre notre problématique. BOUDON, R. (1993) n'a-t-il pas affirmé que « L'explication revient toujours à retrouver l'action individuelle derrière les irrégularités qu'on observe au niveau macro-sociologique ».

III.3. Revue de littérature

Le téléphone portable est devenu aujourd'hui un véritable phénomène social. Autant son utilité et son importance sont considérables, autant le sont les fâcheuses conséquences qu'il crée dans les relations sociales et dans les milieux socioprofessionnels.

Aussi, son utilisation en milieu scolaire est devenue une préoccupation mondiale et suscite beaucoup d'inquiétudes et d'interrogations au niveau des élèves. Des articles de journaux évoquent régulièrement la question; des chroniques diffusées sur la toile traitent également du sujet.

Cependant, il nous semble que « La question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves »n'a pas encore particulièrement fait l'objet de recherche pour la rédaction de mémoire de fin de formation ni de productions littéraires. Toutefois, pour toutes fins utiles, nous avons lu quelques mémoires et études de certains auteurs qui ont traité des télécommunications, du téléphone portable et des NTIC dans certains de leurs aspects, un ouvrage qui nous renseigne sur l'importance de la télégraphie sans fil et de la téléphonie sans

20 L'Habitus : essai de définition : http://www.blogg.org/blog-56820-billet-682451.htlm

21 Le changement social : http://aehsc.chez.com/changement-social-htm

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fil dans l'histoire de la radio-télévision et quelques articles tirés de certains sites web. Notre approche critique se fera par centre d'intérêt. Pour ce faire, nous allons faire appel aux différents auteurs et articles visités pour confronter s'il y a lieu leur appréciation ou position sur telle ou telle thématique développée.

III.3.1. Importance et utilité du téléphone portable

De nos jours, l'importance et l'utilité du téléphone portable ne sont plus à démontrer. Il est présent dans tous les secteurs socioprofessionnels de la vie. Et tous sont unanimes à reconnaître qu'il n'est plus un luxe. Quels sont les usages conséquents qu'en font les utilisateurs ?

III.3.1.1. L'importance et l'utilité du téléphone portable dans la société

Selon Hawa KABORÉ (2001), dans son mémoire de fin d'études22, certains analphabètes déclaraient que le téléphone portable, introduit à Ouagadougou en 1996 par l'ONATEL, était fait pour les riches. Mais, après l'arrivée sur le marché des deux autres opérateurs TELECEL et CELTEL, intellectuels, analphabètes, riches et pauvres ont trouvé en la téléphonie mobile cellulaire un instrument utile dans la vie quotidienne si l'on a les moyens de se l'approprier. Il n'est pas un luxe mais simplement un outil de communication. Il facilite la vie de l'homme. Avec le portable, l'on se déplace peu. Il permet de régler en quelques instants les affaires où que l'on soit. C'est un outil de travail, le moyen de communication le mieux indiqué. Quand on est loin de la famille, il permet de rester avec elle. C'est « un objet pratique dans les relations sociales » (p.51).

Pour Robert SANOU (1985), « les services de télécommunications peuvent contribuer à réduire les besoins en matière de transport et par conséquent à économiser l'énergie ». En effet, en téléphonant à une personne on économise en temps, en énergie et en argent; et on se met à l'abri d'éventuels accidents de la circulation. Selon lui, « un bon réseau de télécommunications est capable de rendre d'immenses services notamment dans le secteur rural ». Cet auteur trouve les télécommunications tellement importantes qu'il les qualifie de « système nerveux » de la société.

Parlant toujours de l'importance et de l'utilité du portable, le groupe de CPE du bassin d'Aurillac en France soutient que :

22 Mémoire de fin d'études pour l'obtention de la maîtrise

33

« Le téléphone mobile offre l'immédiateté, la simultanéité, et l'action à distance. Il exprime la vitesse. Cette nouvelle flexibilité permet une efficacité portée sur plusieurs terrains à la fois : l'utilisateur se multiplie, jongle avec des situations différentes. Il s'octroie au quotidien des qualités que le discours du passé réservait aux surhommes et aux dieux. En somme, le mobile devient l'outil de la performance. Il est une machine à gérer le temps. La gestion réfléchie et organisée du temps montre que, loin d'être les victimes de l'outil, nous sommes mis en instance de ruser avec lui pour optimiser notre rapport au temps ». Ils concluent en affirmant qu' « à l'impossible proximité physique, se substitue une présence vocale qui charrie avec elle tout l'être de la personne contactée » ( http://www.ac-clermont.fr/viescolaire visité le19-11-2010 à 11h05mn).

Quant à Pierre ALBERT et André-Jean TUDESQ (1996), ils soulignent les progrès de l'électronique, de l'informatique et des télécommunications qui ont permis aux médias audiovisuels de connaître une propagation très rapide qui, à leur tour, ont favorisé un véritable bouleversement des modes de vie et de pensée de nos contemporains par la consommation des cultures d'ailleurs. Pour ces deux auteurs qui évoquent l'histoire de la radio-télévision, « Les progrès techniques permettent désormais une communication instantanée non seulement de la parole, mais aussi de l'image animée, entraînant l'intégration de l'opinion publique et de ses réactions dans les évènements au moment même où elle est informée » (p.123-124).

L'histoire de la radio-télévision et celle de la téléphonie étant intimement liées nous soutenons alors ces auteurs quant aux bouleversements positifs opérés par les différentes avancées technologiques. Car, c'est aussi la téléphonie mobile qui a véritablement révolutionné la communication.

SUNGU MUANDA NTELA, M. M.23, lui, affirme que :

« L'introduction des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) dans les organisations conduit à s'interroger sur leurs possibles effets sur le travail et les conditions de sa réalisation. En fait, il convient plutôt de parler d'interaction entre les technologies et le travail. Car les nouvelles technologies changent bien sûr le travail, mais de nouvelles organisations du travail appellent en retour l'émergence d'outils adaptés à un contexte en évolution ».

23 http://www.memoireonline.com « Les nouvelles organisations et transformations du travail : les métiers face aux nouvelles technologies de l'information et de la communication » visité le 19-12-2010 à 15h10mn.

34

L'auteur poursuit que « Ce qui est apparu ces dernières années, c'est l'utilisation massive des NTIC dans tous les secteurs de l'activité, et dans pratiquement tous les métiers ».

Dans la société burkinabè, le téléphone portable est devenu le fidèle compagnon des usagers. Dans la majorité des cas, lorsqu'on l'oublie à la maison, on y retourne pour aller le chercher car on ressentirait quelque chose qui fait défaut à notre être, en pensant qu'à tout moment on pourrait être appelé. Pour beaucoup d'usagers, le portable est considéré comme un outil de travail qui permet de résoudre bon nombre de problèmes et gérer des affaires. Il permet de renforcer les relations familiales, interpersonnelles et interprofessionnelles. C'est pourquoi nous soutenons SUNGU MUANDA NTELA qui estime que sans imposer leur logique technique à l'ensemble des activités humaines, les NTIC favorisent tout de même la réorganisation des activités. En effet, le téléphone portable peut effectivement jouer un très grand rôle dans les relations parents-élèves, parents-éducateurs et même élèves-élèves (pour surtout l'organisation du groupe de travail de ces derniers) à condition que cela se passe de façon citoyenne.

III.3.1.2. L'importance et l'utilité du téléphone portable en milieu scolaire

A propos du téléphone en milieu scolaire, Alexandre T. DJIMELI, dans un article intitulé "Oubliez vos portables !" publié sur le site http://allafrica.com24, rapporte les propos d'une élève de Yaoundé qui affirme que « Le téléphone portable permet aux parents de prendre les nouvelles de l'élève à l'école à tout moment de la journée, de prendre beaucoup plus soin de son enfant, et même pour l'élève d'entrer rapidement en contact avec ses parents ».

>>26.

Pour sa part, Nadine MORANO25 soutient que : << Pour les parents, mettre un portable dans les mains de son enfant, c'est avant tout une question de sécurité. Le portable permet une meilleure coordination au sein de la famille. Il permet également aux adultes d'être joints par leur fils ou leur fille « au cas où il leur arriverait quelque chose »

Quant aux CPE du bassin d'Aurillac27, ils confirment que « Le téléphone mobile procure un sentiment de sécurité à 82% des parents dont les enfants ont moins de 18 ans et

24 http://allafrica.com visité le 21-10-2010 à 22h30mn

25 Nadine MORANO, Secrétaire d'Etat chargée de la Famille et de la Solidarité auprès du Ministre du Travail, de le Solidarité et de la Fonction publique (2008-2010)

26 www.afom.fr « Votre adolescent et le téléphone : guide à l'usage des parents »

27 http://www.ac-clermont.frLviescolaire « Du bon usage du téléphone portable »

35

sont équipés d'un mobile. Dans ce cas, le rapport qu'ils entretiennent avec leur mobile évoque le cordon ombilical ». Par ailleurs, la population scolaire est en majorité adolescente. Or, l'adolescence semble être la période où les élèves veulent s'identifier au portable selon les CPE. A ce propos ils pensent que « C'est pendant cette période que s'affirme la personnalité individuelle, et l'usage du téléphone portable va dans le sens de cette autonomisation. Au sens propre comme au sens figuré, l'ado se construit son propre <<réseau>>, indépendamment des liens familiaux qui avaient jusque là primé. Les contacts qu'il fait figurer dans son mobile sont les jalons de cet espace personnel qui se construit peu à peu ».

Cependant, A. T. DJIMELI rapporte dans le même article28 la décision ministérielle d'interdire l'usage du téléphone portable dans l'enseignement du second degré au Cameroun. Pour le ministre Louis BAPES BAPES, son interdiction devrait permettre de combattre certains maux qui minent le système éducatif tels la fraude, l'indiscipline, la corruption, le marchandage de points, la négociation du droit de cuissage, la violence à l'école et surtout la perturbation des enseignements.

Pour nous, même si le portable est important à cet âge, les parents et les autres partenaires de l'éducation doivent veiller à son bon usage par les enfants en général et les scolaires en particulier.

Les parents devraient continuer à considérer les éducateurs comme étant les principaux responsables de leurs enfants aux heures où ils sont censés être à l'école. Si cette façon de faire est observée par les parents, cela minimiserait leur implication dans le désordre occasionné par l'utilisation du téléphone portable. Ainsi, le téléphone portable pourrait servir aux éducateurs à développer la logique professionnelle qui voudrait qu'ils soient l'interface entre l'établissement et les parents d'élèves.

III.3.2. Les facteurs favorisants du développement du téléphone portable dans la société

Plusieurs facteurs ont contribué au développement rapide du téléphone portable dans le monde et au Burkina Faso.

28 http://www.allafrica.com « Oubliez vos portables ! » site visité le 21-10-2010 à 22h3mn

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III.3.2.1. Son évolution (les atouts du mobile, la multiplicité des modèles, la chute des prix)

Selon MBENGUE, C. (2007)29, une des raisons qui explique la croissance rapide de la téléphonie mobile est que « moins un pays est équipé en téléphones fixes, plus les téléphones portables se multiplient ». Il estime que les Africains ont longtemps souffert de la soif de communication voilà pourquoi ils sont même prêts à dépenser très cher pour apaiser cette soif.

Quant à M. Anicet COMPAORÉ (2005), il confirme que l'évolution rapide du cellulaire au Burkina Faso est particulièrement due à l'insuffisance de l'offre en téléphone fixe. Il s'appuie sur la télédensité en ligne fixe qui était en 2004 de 0,6 pour 100 habitants selon les données du rapport DCM 2004 (p.8). Parlant des atouts du mobile, il estime que la mobilité, les vertus sécurisantes, les délais d'attente et les autres différents services que le cellulaire offre aux abonnés sont suffisamment importants pour attirer la clientèle.

KABORÉ, H. (2001) soutient les deux précédents auteurs. Toutefois, elle insiste sur la confidentialité et la discrétion qu'offre le téléphone portable contrairement au téléphone fixe et aux cabines téléphoniques. Aussi, la performance du téléphone mobile cellulaire expliquerait l'engouement des utilisateurs. Parlant de la multiplicité des marques et modèles, les grandes firmes ont inondé tous les marchés avec toutes sortes d'appareils. Ce qui, du même coup, a fait que leurs prix ont littéralement chuté. Et ceci a offert la possibilité à beaucoup de personnes de se l'approprier.

Pour nous, même s'il est vrai que le coût est accessible à une grande partie de la population, la quête d'appareils plus performants ou plus jolis par une certaine classe a permis aussi à une autre catégorie d'utilisateurs d'en bénéficier gratuitement. D'autres assoiffés de portables sont toujours dans l'attente d'en posséder.

III3.2.2. La libéralisation du marché et la concurrence

A propos de la libéralisation du marché et de la concurrence, MBENGUE, C. (2007) pense que c'est le développement de la téléphonie mobile qui a entraîné une entrée rapide

29 http://www.memoireonline.com/01/09/1891/m_opérateurs_Ouest_africains_de_télécommunications_statut_modifica tion2.html ; site visité le 19-12-2010 à 15h10mn

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d'opérateurs de mobile dans le marché africain, ce qui a engendré forcément une croissance rapide de la concurrence.

A contrario, KABORÉ, H. (2001) déclare que c'est la libéralisation et la concurrence avec l'entrée de nouveaux opérateurs (TELECEL et CELTEL) qui ont permis la chute des prix des appareils, des abonnements et des coûts des appels.

Pour nous, il semble évident que la libéralisation du marché et son ouverture à la concurrence sont pour beaucoup dans la situation actuelle du téléphone portable au Burkina Faso. En effet, avant l'arrivée des opérateurs TELECEL et CELTEL le constat était suffisamment édifiant : les frais à payer pour un abonnement post-payé s'élevaient à 121.300 francs pour les communications restreintes au réseau du Burkina, et 241.300 francs pour une option internationale sans restriction (source : www.onatel.com). Actuellement, les cartes SIM sont offertes presque gratuitement : elles sont souvent proposées à 250 francs avec 500 francs de crédit de communication. Régulièrement, au cours des promotions commerciales, on offre des bonus de recharge de 100% pour toute recharge à partir de 100 francs.

Les pages publicitaires des concurrents qui passent à longueur de journée sur les antennes de la télé et de la radio ont aussi permis de booster leurs activités. Des publicités proposent aux clients plusieurs gammes d'appareils et des cartes SIM à vils prix, offrent aux clients des appels illimités à des coûts réduits, incitent les élèves à réclamer des portables à leurs parents. La dernière publicité en date, émanant de TELECEL et diffusée sur la TNB30 nous montre une petite élève réclamant un téléphone portable à son père, pour avoir bien travaillé à l'école. Son père lui ayant préparé une surprise, lui a, sur-le-champ, offert ledit portable. Toute joyeuse, elle s'écria : « Merci, papa ! Merci, papa ! Et surtout, merci TELECEL ! »

Toutes ces pratiques ont favorisé le développement très rapide du téléphone portable à tel point que certains utilisateurs le possèdent juste par conformisme ou par snobisme.

III.3.2.3. Le snobisme

A propos de snobisme, les CPE du bassin d'Aurillac trouvent que « Dans l'univers des adolescents, le mobile tient une place à part. Alors que l'on se prête volontiers des CD, ou

30 Télévision Nationale du Burkina

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des vêtements, le mobile, lui, ne circule pas. On échange volontiers des jeux ou des sonneries qui l'animeront. On le montre fièrement... »31.

Quant à KABORÉ, H. (2001), elle, soutient que par rapport au coup trop élevé du portable avant sa vulgarisation, ceux qui en possédaient, cherchaient plutôt à se mettre en valeur. Il était donc réservé à une certaine catégorie sociale. Selon elle, certains individus pensent que « le luxe du TMC viendrait de son inaccessibilité à tout le monde. Ceux qui le possèdent ont des comportements qui les mettent au-dessus des autres. Ce sont des personnes qui aiment se faire remarquer ». Elle poursuit en disant qu' « il y a des possesseurs du TMC qui l'utilisent au marché, dans le brouhaha pour que les gens les observent ».

Pour nous, malgré la pénétration du téléphone portable dans toutes les couches de la société, il n'en demeure pas moins que certains utilisateurs et particulièrement les jeunes gens veulent faire la différence avec leur portable. Pour eux, fini les portables simples! Il faut s'offrir à tout prix le portable de dernière génération, avec double ou triple-port de carte SIM (communément appelé « double-puce » ou « triple puce »), afin de le brandir avec fierté à leurs camarades, de filmer des scènes, d'enregistrer des sons, de prendre des photos, d'écouter la musique ou la radio, de surfer sur internet...

La plupart des effets pervers liés à l'utilisation du portable seraient provoqués par ceux de dernière génération.

III.3.3. Les effets pervers du téléphone portable

Aujourd'hui, on assiste de plus en plus à une utilisation du portable qui engendre des conséquences indésirables dans la société en générale et en milieu scolaire en particulier.

III.3.3.1. Les effets pervers dans la société

L'Association française des opérateurs mobile (AFOM) affirme : « Le téléphone mobile est probablement aujourd'hui la technologie qui permet la plus grande variété d'usages. Ce sont ses utilisateurs qui choisissent ce qu'ils en font et comment ils le font »32 . Mais lorsqu'on en dépend, cela peut nous créer des préjudices.

MARSHALL McLuhan 33, lui, soutient que « Nous façonnons nos outils, et ceux-ci à leur tour, nous façonnent ».

31 http://www.ac-clermont.frLviescolaire « Du bon usage du téléphone portable »

32 www.afom.fr « Votre enfant et le téléphone mobile : guide à l'usage des parents »p. 39

33 http://fr.wikipedia.org/.../Pour_comprendre_les_medias; visité le 30-05-2010 à 21h55mn

39

L'importance et l'utilité du téléphone cellulaire sont plus qu'indéniables. Cependant, sa présence au sein de la société pose d'énormes problèmes aux utilisateurs malgré le bien-être qu'il procure. On assiste chaque jour avec amertume et impuissance à des usages très peu recommandables qui en sont faits dans tous les milieux socioprofessionnels.

Dans la vie de tous les jours, dans les universités et grandes écoles de formation, au cours des séminaires et des réunions, dans la circulation routière, les effets perturbateurs et autres conséquences du téléphone portable sont devenus récurrents : appels et SMS complaisants, fausses alertes, provocations d'accidents, envoi de spam34, harcèlements, pollutions sonores...

En effet, la présence du mobile a entraîné des désagréments portant notamment sur la question de la perturbation sonore qu'elle occasionne dans certains milieux sensibles tels les salles d'audience des tribunaux, les lieux de culte, les hôpitaux ou autres lieux de réunions. D'où la mise en place progressive d'interdictions et de nouvelles règles de savoir-vivre. L'utilisation de mobiles est ainsi réglementée dans ces lieux. Ainsi, pour marquer cette interdiction de communiquer à ces endroits, l'inscription suivante y est portée : « Éteignez vos téléphones portables, SVP! » ou « Veuillez éteindre votre cellulaire, SVP! ».

Dans la société, la téléphonie mobile sert à commettre des actes les plus répréhensibles et les plus détestables. Certes, ces actes existaient avant le développement du portable mais aujourd'hui, celui-ci leur a donné de nouvelles formes.

Aujourd'hui, à travers la presse, nous apprenons qu'à cause du portable, des braquages s'organisent et s'opèrent plus aisément, les tromperies conjugales et les harcèlements de tout genre se développent, les effets de nuisance à certains endroits et services sensibles se multiplient.

Aussi, « certains utilisateurs de téléphone mobile peuvent être animés d'intentions malveillantes, notamment à l'encontre des enfants. Ils peuvent en vouloir à l'enfant, à son argent ou à son téléphone »35.

KABORÉ, H. (2001; p.77-78), raconte la mésaventure d'un commerçant qui a désormais peur de sortir avec son portable. Car, pendant qu'il était un jour en compagnie de sa copine, cette dernière a décroché son téléphone alors que c'est son épouse qui était en ligne. Pour ce commerçant, le TMC a troublé son intimité et lui a causé des problèmes avec sa femme.

34 Message électronique envoyé à un large public sans l'avoir sollicité. Il a pris aussi la forme de SMS et de MMS

35 www.afom.fr « Votre enfant et le téléphone mobile : guide à l'usage des parents »p. 39

40

III.3.3.2. Les effets pervers en milieu scolaire

En milieu scolaire, malgré l'interdiction de leur utilisation, les téléphones portables sont devenus un véritable casse-tête pour les éducateurs et certains parents. L'effet le plus néfaste demeure sans nul doute la perturbation des activités pédagogiques.

Certains parents ont remis des portables à leurs enfants sans toutefois s'imaginer un seul instant l'utilisation abusive qui en est faite.

En Norvège36, une étude menée en 1999 sur l'utilisation des portables par les adolescents norvégiens montre qu'entre 70 et 80 % des 17-20 ans posséderaient un téléphone mobile. La même enquête montre qu'en juin 2000 environ trois quarts des 13-20 ans posséderaient un portable et fait ressortir que même si les élèves communiquaient entre eux bien avant (les petits mots qui circulaient , antisèches ou chuchotements ...), ils utilisent maintenant leurs téléphones pour s'envoyer des SMS pendant les heures de cours ou pour tricher pendant des examens , et le système est plus discret. Elle conclut que sur mille six (1006) adolescents norvégiens âgés de 13 à 20 ans en 1999, plus d'un étudiant sur quatre a envoyé ou reçu un message textuel en classe pendant le trimestre d'automne.

Par ailleurs, il faut noter également que l'usage intempestif des abréviations dans les SMS contribue à la baisse du niveau du français écrit chez les scolaires. A ce sujet, NAPON Abou37, dans son étude intitulée "Déconstruction et reconstruction de la langue française par les étudiants burkinabè : l'exemple des abréviations en milieu estudiantin", tout en faisant ressortir les raisons qui amèneraient les étudiants et les scolaires à multiplier les abréviations dans leurs devoirs, a mis en exergue les conséquences néfastes de cette pratique sur leur niveau de maîtrise du français.

En effet, de l'avis des enseignants enquêtés, NAPON fait ressortir qu'« avec le développement de la téléphonie mobile dans le pays, les scolaires dans leur ensemble ont tendance à recourir aux mots des dictionnaires proposés par les agences de communications. L'orthographe desdits mots qui sont créés de toutes pièces influe de plus en plus sur le mode d'écriture des étudiants ». Poussant son analyse plus loin, il fait apparaître que dans la pratique, les abréviations changent d'un SMS à un autre. Toute chose qui a amené les

36 http://lhommemachine.wordpress.com/2009/limpact-du-telephone-sur-differentes-institutions-sociales visité le 1011-2011 à 10h20mn.

37 http://www.sudlangues.sn/ : « Déconstruction et reconstruction de la langue française par les étudiants burkinabè : l'exemple des abréviations en milieu estudiantin » ; Pr. NAPON Abou, Université de Ouagadougou (Burkina)

41

enseignants à proposer des mesures coercitives pour lutter contre l'utilisation des abréviations dans les devoirs.

Vu toutes ces conséquences néfastes des usages déplacés que font les élèves de leurs portables, quel rôle chacun des acteurs du système éducatif devrait-il jouer et comment devrait-il l'assumer pour mieux gérer la question de l'utilisation du téléphone portable dans les établissements par les élèves?

III.3.4. La part de responsabilité des acteurs du système éducatif

A propos de responsabilité, Philippe MEIRIEU (1999 ; p.38-39) pense que :

« La responsabilité n'est pas, dans la relation pédagogique, une <<quantité constante>> qu'il s'agirait de répartir entre différents partenaires : la part que j'en prends n'est pas prélevée sur celle de l'autre ; bien au contraire, elle l'accroît. Plus je me sens responsable d'autrui et de son succès, plus je cherche et j'invente des moyens pour le faire réussir, plus je travaille à articuler le savoir à lui enseigner sur ses projets propres, plus j'invente des moyens pour donner sens aux apprentissages et des dispositifs pour les faire réussir, plus je lui communique la conviction du possible et l'engage dans une dynamique féconde. »

Cette réflexion de MEIRIEU induit la pleine part de responsabilité que chacun des acteurs doit assumer vis-à-vis du système éducatif.

III.3.4.1. La responsabilité de l'autorité centrale (l'État)

« La première des responsabilités de l'Etat est d'ordre politique. Le gouvernement et en premier lieu le ministre de l'éducation ont le pouvoir d'arbitrer les choix politiques en matière d'éducation et de fixer les grandes orientations »38.

Au Burkina Faso, la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves est encore au coeur des préoccupations. C'est pourquoi, faisant suite aux conclusions de la première CAES qui s'est penchée sur la « Problématique de l'assainissement de l'environnement scolaire pour une meilleure qualité de l'éducation », le Ministre des enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique a pris un nouvel arrêté

38 http://direct.educnet.education.fr/educnet/.../guide/responsabilité-enseignant/responsabilité-de-lenseignant/search_form: visité le 10-09-2O11 à 23h15mn

42

afin de prendre désormais en compte la question du téléphone portable, celles du harcèlement et du respect des couleurs nationales.

Et pourtant le phénomène semble toujours alarmant dans bien d'établissements. Quelle est donc la part de responsabilité des établissements scolaires ?

III.3.4.2. La responsabilité des établissements scolaires

« La première des responsabilités de l'institution d'enseignement est d'ordre éducatif. Il revient à chaque établissement public d'enseignement de prendre les mesures générales pour organiser la vie scolaire et en particulier les conditions d'enseignement »39.

Au Burkina Faso, les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire sont placés sous la responsabilité d'un chef d'établissement (proviseur ou directeur). Il lui appartient alors, en collaboration avec son équipe, d'appliquer toutes les dispositions qui rentrent dans ses prérogatives, notamment le règlement intérieur.

Au Cameroun, lorsqu'il a fallu une circulaire du ministre des enseignements secondaires pour pouvoir interdire strictement le téléphone portable dans les établissements, les chefs d'établissement ont été traités d'incapables. Incapables de garantir la discipline dans leurs établissements scolaires au point que tout un ministre laisse les dossiers importants pour venir régler la question du téléphone portable à leur place ( http://allafrica.com visité le 21-102010 à 22h30mn).

Quant au ministre français Gilles de ROBIEN, bien qu'il ait beau prohiber le téléphone portable à l'école, il laissait toujours la responsabilité aux directeurs et proviseurs de régler pratiquement ce « détail »disciplinaire. Au lieu de publier une circulaire comme son homologue camerounais pour interdire le portable en 2006, il en avait plutôt signé une sur la prévention de la violence à l'école. A ce propos il affirmait alors que ce « sera justement l'occasion pour les chefs d'établissement de revoir leur règlement en intégrant, s'ils ne l'ont pas déjà fait, la question du portable. »( http://allafrica.com visité le 21-10-2010 à 22h30mn). Pour le ministre français, au niveau de chaque établissement, la question du portable doit pouvoir être réglée sans avoir besoin d'attendre quoi que ce soit d'une instance supérieure. Les chargés d'éducation doivent assumer leurs responsabilités avec autorité.

Et MEIRIEU, P. (1999, p.25) de soutenir que « si l'éducateur ne voulait pas exercer de pouvoir il vaudrait mieux, après tout, qu'il change de métier ».

39 http://direct.educnet.education.fr/educnet/.../guide/responsabilité-enseignant/responsabilité-de-lenseignant/search_form: visité le 10-09-2O11 à 23h15mn

43

Pour nous, pour la bonne marche de toute institution régie par des textes élaborés ou décrétés, tout chef ou responsable de service se doit de les appliquer ou de les faire appliquer sans complaisance. Nous pensons que c'est l'inapplicabilité des textes réglementaires adoptés ou la partialité dans leur application qui serait le plus souvent source de certains conflits.

III.3.4.3. La responsabilité des parents

De manière générale, à travers le monde la famille est en crise. Elle n'arrive plus à jouer pleinement le rôle qui est le sien.

En effet, le rapport général de la CAES le précise si bien :« Au Burkina Faso comme ailleurs, le constat est que la famille est en crise et qu'elle ne joue pas suffisamment son rôle d'éducateur, de modèle et de gardien des valeurs de la société. Beaucoup de parents pour diverses raisons démissionnent, compromettant ainsi l'autorité parentale » (extrait du rapport général de la CAES, p.12).

Selon Claude ALLARD40, les parents devraient commencer par bien se comporter d'abord avant d'exiger quoi que ce soit aux enfants et aux autres. A ce propos, elle déclare que : « Bien entendu, quand on est parent, la première des choses est de commencer par donner l'exemple de la bonne conduite et de ne pas faire soi-même ce qui est interdit ou déconseillé. »41

Pour Lucien SAMA (1998), les parents doivent se responsabiliser davantage en s'impliquant beaucoup plus dans l'éducation de leurs enfants. Car, « Plus que jamais, ils restent les véritables maîtres de l'éducation de leurs enfants » affirme-t-il (p. 76).

Pour nous, la responsabilité des parents serait engagée dans la situation du téléphone portable que nous vivons dans nos établissements scolaires. Car, même s'ils n'ont pas eux-mêmes offert le portable à leurs progénitures, ils devraient tout de même avoir un regard sur eux pour savoir l'utilisation que leurs enfants en font et leur prodiguer des précautions à observer dans l'utilisation du portable. Cependant, il existe une autre catégorie de parents qui offrent eux-mêmes des portables à leurs enfants quel que soit leur âge, sans la moindre éducation à la bonne utilisation, sous prétexte qu'ils sont le lien ombilical entre eux et ces derniers. Mais qu'en était-il des rapports que les parents entretenaient avec les éducateurs des établissements de leurs enfants avant l'avènement du téléphone portable ?

40 Psychiatre des hôpitaux

41 www.afom.fr (Guide à l'usage des parents : « Votre enfant et le téléphone mobile »p.15)

44

III.3.4.4. La responsabilité des élèves

En France, l'article 511-1 du Code de l'éducation stipule que « les obligations des élèves consistent dans l'accomplissement des tâches inhérentes à leurs études ; elles incluent l'assiduité et le respect des règles de fonctionnement et de la vie collective des établissements ». A cela, l'article 511-2 ajoute que « dans les collèges et les lycées, les élèves disposent, dans le respect du pluralisme et du principe de neutralité, de la liberté d'information et de la liberté d'expression. L'exercice de ces libertés ne peut porter atteinte aux activités d'enseignement » (Source : http://direct.educnet.education.fr).

Or, dans la question qui nous préoccupe, il semblerait que quelquefois c'est de façon volontaire et consciente que les élèves utiliseraient abusivement leurs portables. Et ceci, pour s'afficher, s'affirmer ou tout simplement défier l'autorité. Ils porteraient ainsi atteinte aux activités pédagogiques. La responsabilité des élèves y serait donc engagée.

Pourtant, depuis le 06 juillet 2010, le règlement intérieur au Burkina Faso stipule désormais en son article 25 que l'utilisation du téléphone portable est interdite.

C'est pourquoi, afin de résoudre cette problématique, il nous appartient de cultiver à l'école le sens de la responsabilité citoyenne et l'autodiscipline. A ce propos, SAMA, L. (1998, p.79) affirme que « s'il est indéniable qu'une conduite des élèves ne peut se réaliser que par une action concertée des parents et des maîtres, de l'école et de la famille, une conjugaison de leurs efforts en vue de réaliser des hommes libres, responsables et engagés, il reste qu'aucune action conséquente en direction des enfants ne peut se mener sans leur implication réelle ».

III.3.5. Les législations et les autres textes

Le Burkina Faso a, à l'instar de la plupart des pays du monde, ratifié et adopté plusieurs textes, conventions, chartes, déclarations et traités internationaux telle la Convention relative aux droits de l'enfant qui, elle-même tire sa substance de la Déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948.

III.3.5.1. Les textes internationaux

La Déclaration universelle des droits de l'homme est, de nos jours, le document de référence de la bonne gouvernance et de la coopération internationale. Tout État qui se veut

45

moderne, évolué, et donc soucieux du respect des droits humains, se doit de l'observer dans ses grandes lignes. La DUDH42 confère à l'être humain la liberté et l'égalité avec ses semblables dès sa naissance, l'égalité de tous devant la loi.

Quant à la Convention relative aux droits de l'enfant43 (CDE), elle définit l'enfant comme « tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt, en vertu de la législation qui lui est applicable ». Elle lui confère également les mêmes droits, sauf qu'elle émet des réserves dans certains cas dans l'intérêt supérieur de l'enfant.

Par conséquent, en considérant le téléphone portable autant utile que dangereux pour les enfants, il appartient alors aux États de prendre des dispositions nécessaires pour règlementer son utilisation dans les établissements scolaires.

Or, qu'ils soient considérés comme enfants ou jeunes adultes, les élèves éprouvent aujourd'hui le besoin de posséder cet outil de communication que beaucoup de parents qualifient de "cordon ombilical". La prise en compte de l'intérêt supérieur des enfants recommande donc que l'on se penche sérieusement sur la question de l'utilisation du portable en milieu scolaire au lieu de simplement chercher à l'interdire.

III.3.5.2. Le règlement intérieur et le règlement intérieur local

Lors de la première CAES tenue à Ouagadougou en septembre 2009, les représentants de la communauté éducative ont recommandé d'une seule voix :

« La prise en compte, lors de la relecture des textes règlementaires, des phénomènes nouveaux tels que le vandalisme, le débrayage et autres inconduites » et « la sensibilisation systématique en français et en langues nationales des élèves et des parents d'élèves sur les méfaits des actes d'indiscipline dans les apprentissages scolaires, par l'utilisation des médias. »44

42 « Déclaration universelle des droits de l'homme » : document téléchargé sur le site http://www.un.org/fr/documents/udhr le 23-10-2011 à 10h43mn.

43 « Convention Relative aux Droits de l'Enfant » : document téléchargé sur le site http://www.droitsenfant.com/cidé.htm le 23-10-2011 à 10h35mn.

44 Rapport général de la CAES ; octobre 2009 ; p.52

46

En écho à cet appel de la communauté éducative, le ministère a procédé en 2010, puis en 2011, à une double relecture de l'arrêté n°2003-054/MESSRS/SG/DGES/DGESTP portant règlement intérieur des établissements d'enseignement secondaire au Burkina Faso.

Ces relectures ont particulièrement visé les questions du portable et du respect des couleurs nationales. Il est fait mention dans ce nouveau règlement intérieur45, en son article 25, que l'utilisation du téléphone portable est sanctionnée par l'expulsion immédiate de la classe par le professeur pendant toute la durée de son cours, la retenue de (2) deux points par l'administration, un travail supplémentaire individuel ou en groupe, l'exclusion de vingt-quatre (24) à quarante-huit (48) heures ou la traduction en conseil de discipline, en plus de la confiscation systématique dudit portable jusqu'à la fin de l'année scolaire.

A notre sens, ces nouveaux règlements ne sont pas suffisamment explicites pour permettre aux responsables des établissements de mieux gérer la question du téléphone portable dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire, sans autres formes d'interprétations, et sans se soucier des contestations éventuelles émanant de certains parents. En effet, les deux RI stipulent tout simplement en l'article 25 que l'utilisation du téléphone portable et assimilés est sanctionnée par la confiscation desdits jusqu'à la fin de l'année sans en préciser les milieux d'application (dans la salle de classe ou dans l'établissement). Néanmoins, même s'il est vrai que de façon implicite on perçoit qu'il est interdit de l'utiliser dans la salle de classe, il n'est certainement pas évident dans tout l'espace scolaire. Puisque, l'article 33 du RI de 2010, qui interdisait l'utilisation de tout appareil électronique non autorisé dans l'enceinte de l'établissement, a été retiré de l'actuel règlement intérieur en vigueur. Cela signifie t-il que l'interdiction de l'utilisation du téléphone portable ne concerne que la classe ?

Nous pensons qu'il ne paraissait pas vraiment utile de prendre cet arrêté simplement en ces termes-là.

Car l'arrêté n°2003-054/MESSRS/SG/DGESG/DGEST, portant règlement intérieur des établissements d'enseignement secondaire au Burkina Faso, pourrait bien régler le problème du portable. Son article 26 précise dans le dernier paragraphe que : « L'utilisation d'appareils autres que ceux autorisés pour les besoins du cours ou des devoirs est strictement

45 Arrêté n°2010-224/MESRS/SG portant règlement intérieur des établissements d'enseignement secondaire au Burkina Faso

47

interdite ; les contrevenants sont passibles de sanctions allant de l'exclusion immédiate du cours ou du devoir à l'exclusion définitive, en cas de récidive. »

De plus, l'article 32 du même arrêté pourrait aussi servir à interdire la diffusion et le visionnage des films ou images obscènes qui circuleraient sur les portables dans l'enceinte de l'établissement. Cet article stipule en effet, que « la détention, la production et la mise en circulation de tout document à caractère diffamatoire, subversif ou attentatoire aux moeurs sont interdites. »

Il aurait fallu tout simplement sensibiliser massivement la population sur les dangers que peuvent courir particulièrement les élèves.

Dans tous les cas, il est permis à tous les établissements de prendre des dispositions particulières pour répondre aux spécificités de chacun d'eux. C'est ainsi que nous avons pu avoir accès aux règlements intérieurs locaux de quelques-uns.

Voici en exemple, quelques passages de l'article 24 extrait du règlement intérieur d'un établissement privé catholique.

« Article 24 : comportements défendus

- Il est interdit d'apporter des téléphones portables à l'école.

- Tout élève surpris entrain d'utiliser un portable est passible d'une sanction : portable confisqué.

- La possession d'appareils électroniques, de radio, de magnétophones, d'écouteurs, etc. est formellement interdite. »

Cet article semblerait suffisamment clair, pratique et pragmatique. Les élèves et leurs parents qui se présenteraient dans les établissements ayant adopté ce genre de règlement intérieur local, devraient savoir à quoi s'en tenir : "pas de téléphones portables à l'école". Cependant, le premier responsable de cette institution nous a confié, que tenant compte des distances à parcourir par les élèves et des risques d'accident dans la circulation routière dans la ville de Ouagadougou, ces mêmes dispositions ont été revues et rendues flexibles. En effet, le groupe scolaire auquel il appartient permet désormais aux élèves de Ouagadougou d'emporter leur cellulaire à l'école.

Mais pourquoi ne pas généraliser ces dispositions à tout le groupe scolaire en question ? N'y a-t-il pas des élèves de cet établissement de Banfora qui parcourent de grandes distances pour s'y rendre ? Nous pensons que les risques d'accidents de la circulation ne sauraient être liés à la distance. Par conséquent, il serait souhaitable d'éviter les considérations qui paraissent discriminatoires afin de permettre à tous les élèves de jouir de quelques avantages du téléphone portable.

48

Dans un autre établissement privé laïc, le port en lui-même n'est pas interdit dans l'enceinte de l'établissement, mais un élève nous a confié qu'il est strictement interdit aux élèves d'utiliser les installations électriques pour recharger la batterie. Là-bas, le RI local interdit tout de même l'utilisation dans la classe. Mais il reste tolérant quant à son application dans la cour pourvu que l'utilisation du portable ne soit pas faite exagérément.

Dans un complexe scolaire, le directeur chargé des études nous a affirmé qu'avant l'arrêté n°2010-224/MESSRS/SG, les dispositions de l'ancien règlement lui permettaient déjà de gérer la question du portable. Il a même reconnu qu'il ne dispose même pas du nouveau règlement intérieur. « Jusqu'à présent, c'est le règlement intérieur de 2003 que nous appliquons ici », nous a-t-il confié. Toutefois, il a reconnu que la discipline est facile à gérer avec son effectif total qui dépasse à peine 120 élèves repartis dans les quatre classes que compte son établissement.

Dans un lycée municipal, le règlement intérieur local s'est approprié l'article 25 du règlement intérieur national tout en précisant que le portable confisqué n'est remis que le 15 juillet au plus tôt. « Il est appliqué avec toute la rigueur, tant contre l'utilisation du portable dans la classe que dans l'enceinte de l'établissement », nous a dit un élève de la classe de seconde.

Mais, un surveillant nous a fait la confidence suivante : « il y avait ici un surveillant indélicat, qui utilisait les bons portables qu'il confisquait. Il lui est même arrivé de vendre un portable qui appartenait à une fille qui se trouvait être la copine d'un "homme de tenue" ». « Je vous assure que l'affaire a failli prendre une tournure grave » a-t-il poursuivi. Il a conclu que : « la question de la garde des portables confisqués sera à l'étude lors de la prochaine relecture de notre règlement intérieur ».

Nous remarquons que dans l'ensemble, les établissements font ce qu'il faut pour rester dans l'esprit du RI national dans l'élaboration de leur RI local.

Nous pensons, pour conclure ce chapitre, qu'il serait souhaitable qu'on tienne compte des besoins des élèves et des parents dans l'élaboration des textes réglementaires au niveau des établissements.

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ASPECTS PRATIQUES

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CHAPITRE I. CADRE MÉTHODOLOGIQUE

La question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves revêt pour nous un caractère suffisamment complexe. Pour mieux l'appréhender à travers notre étude, nous avons croisé deux méthodes de recherche à savoir : l'approche quantitative et l'approche qualitative. Ainsi, nous avons élaboré des questionnaires écrits, un guide d'entretien et une grille d'observation.

I.1. Le champ d'étude

Pour notre étude nous avons retenu la commune de Banfora, chef-lieu de la province de la Comoé dans la région des Cascades. Banfora est située à environ 85 km de Bobo-Dioulasso, la capitale économique et à 450 km de Ouagadougou la capitale politique. Elle est subdivisée en 15 secteurs.

A la faveur de la communalisation intégrale survenue en 2006, la commune de Banfora englobe aujourd'hui les limites du département en intégrant 22 villages.

Au niveau de l'offre éducative, la commune de Banfora compte au post-primaire et au secondaire quinze (15) établissements d'enseignement général dont sept (07) publics et huit (08) privés, et deux (02) établissements d'enseignement technique privés (voir tableau1 ci-dessous).

Tableau 3 : répartition des établissements concernés par l'étude selon leur statut.

 

Etablissements

Publics

Privés

Total

Enseignement général

07

08

15

Enseignement technique

00

02

02

TOTAL

07

10

17

Source : service des statistiques de la DRESS-Ca 2011

Les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire de Banfora accueillent en sixième et en seconde, en plus des élèves de la commune, ceux admis en seconde des CEG de certains départements de la province. On y dénombre aujourd'hui dix mille cinq cent quatre-vingt-cinq (10585) élèves dont quatre mille sept cent quarante et un mille (4741) filles et cinq mille huit cent quarante-quatre (5844) garçons avec un âge compris entre 11 et 26 ans (Source : Service des statistiques de la DRESS-Ca 2011).

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C'est une population scolaire suffisamment importante qui peut servir de base fiable à notre étude.

Par ailleurs, l'une des raisons qui n'est pas des moindres est le fait que notre famille y réside toujours. Cela nous a beaucoup facilité notre travail de recherche.

I.2. La population cible

L'étude sur la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves ne saurait être menée pour aboutir à des résultats suffisamment intéressants sans une certaine catégorie d'acteurs du système éducatif. C'est pourquoi, nous nous sommes intéressés aux élèves qui sont tout autant victimes que responsables des effets indésirables du téléphone portable; aux personnels d'éducation (ASSE, ATTE, CE et autres46) qui sont l'interface entre les parents d'élèves et l'administration scolaire, c'est aussi eux qui gèrent au quotidien les problèmes de discipline; les enseignants qui sont toujours en contact avec les élèves; et les parents d'élèves qui sont censés poser les premiers jalons d'une éducation réussie. Nous nous sommes intéressé également aux responsables des établissements (proviseurs, directeurs, censeurs) et à trois (03) cadres en service dans la commune de Banfora.

I.3. L'échantillonnage

L'échantillonnage a eu pour but de cibler davantage les personnes à enquêter. Il a concerné tous les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire de la commune de Banfora et des villages rattachés de Siniéna et Tengréla, sauf celui de Diarabakoko qui a ouvert ses portes en cours d'année et ne compte qu'une classe de sixième. Il n'avait pas encore été fondé lorsque nous menions la pré-enquête ; donc il n'a pas été pris en compte dans notre étude.

L'échantillonnage s'est fait plus ou moins en fonction de la taille de chacun d'eux. Ainsi, un total de trois cents (300) élèves ont été retenus sur une population totale estimée à dix mille cinq cent quatre-vingt-cinq (10585) élèves.

Quant aux éducateurs, trente (30) ont été ciblés par un questionnaire écrit à eux adressé. Le nombre d'enseignants ayant pris part à l'enquête est estimé à quarante-cinq (45), soit une moyenne de trois (03) permanents par établissement afin d'éviter une double participation à l'enquête. En ce qui concerne les parents enquêtés, ils sont estimés à cent

46 Autres : les enseignants à la retraite et les autres personnels titulaires du BEPC recrutés comme surveillants essentiellement dans certains établissements privés d'enseignement post-primaire et secondaire.

52

(100), choisis de façon aléatoire au sein de quelques établissements par l'intermédiaire des élèves, des éducateurs et nous-même.

Pour réaliser nos entretiens, nous avons rencontré le proviseur ou le censeur dans les lycées, et le directeur dans les collèges. Ainsi, nous avons treize (13) chefs d'établissement et deux (02) censeurs. Signalons que deux chefs d'établissement assurent la direction de deux autres établissements.

Le tableau suivant dresse la répartition des échantillons retenus par établissement au niveau des élèves, des éducateurs, des enseignants, des censeurs et chefs d'établissement.

Tableau 4 : Répartition des échantillons retenus par établissement

Etablissements

Elèves

Educateurs

Enseignants

CE47/Censeurs

Total

LMHFG

40

05

06

01

52

LMJT

35

04

06

01

46

LPLK

35

04

06

01

46

CEG/Siniéna

16

01

02

01

20

CEG/Tarfila

16

01

02

01

20

CEG/Tengréla

16

01

02

01

20

ELOQ48

16

03

03

01

23

LPIH

16

01

02

01

20

CPSA

16

02

03

01

22

ISCB

16

02

02

01

21

LPME

15

01

02

01

19

GSPB

16

02

02

01

21

CSFO

16

01

02

01

20

CST

16

01

03

01

21

CMTC

15

01

02

01

19

Total

300

30

45

15

390

Trois (03) cadres ont également été sollicités pour un entretien. Ce sont : une chef de service à la Direction Régionale des Enseignements Secondaire et Supérieur des Cascades (DRESS-Ca), un chef de service de Telmob et un responsable d'ONG qui a pour mission de promouvoir les droits de l'enfant dans les régions des Cascades et du Sud-ouest.

47 Chefs d'établissement

48 Etablissements Louis Querbes (ELOQ) regroupent le collège Louis Querbes et le lycée technique Louis Querbes

53

Au total, ce sont donc quatre cent quatre-vingt-treize (493) participants qui ont été retenus dans la population cible pour notre étude comme l'indique le tableau ci-dessous.

Tableau 5 : récapitulatif des échantillons retenus pour l'étude

Catégories de participants

Parents

Elèves

Educateurs

Enseignants

CE/Censeurs

Chefs de
service

Total

100

300

30

45

15

03

493

I.4. La méthode de collecte de données I.4.1. La pré-enquête

La pré-enquête nous a permis de juger de la pertinence de notre sujet. En effet, à partir de la fiche de collecte de données que nous avons élaborée et adressée à tous les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire les données recueillies nous ont permis d'avoir une idée nette sur la population scolaire des lycée et collèges, et le pourcentage de cette même population qui détient un téléphone portable au premier et au second cycle (voir tableaux 1 & 2).

Par ailleurs, tous les chefs d'établissement et autres éducateurs que nous avons rencontrés à cette occasion nous ont fait part de leurs préoccupations par rapport à la problématique abordée.

I.4.2. Les instruments de collecte

En fonction de la problématique de notre étude, l'association des approches quantitative et qualitative nous a paru nécessaire pour mener à bien notre étude.

La première approche nous a amené à travers un questionnaire composé de questions ouvertes et fermées à obtenir une variété de réponses et un maximum de données.

La seconde nous a permis, à travers le guide d'entretien que nous avons élaboré, de réaliser des entretiens avec dix-huit (18) participants. Cette méthode a assuré à l'enquêté la libre expression par rapport à chacune des thématiques abordées. Nous avons également élaboré une grille d'observation qui nous a permis d'observer les comportements des élèves dans un certains nombre d'établissements d'enseignement post-primaire et secondaire.

Au total, nous avons utilisé trois outils (le questionnaire écrit, le guide d'entretien et la grille d'observation) afin d'obtenir le maximum d'informations.

54

I.4.2.1. Le questionnaire écrit

Cet instrument de collecte, à travers le caractère anonyme que nous lui avons donné avec des questions ouvertes et fermées, nous a permis d'enquêter plusieurs participants à la fois et de mettre à contribution certains éducateurs pour son administration. Des élèves ont également été sollicités pour aller les remettre à leurs parents.

Le questionnaire a abordé quatre principaux thèmes. Ce sont : l'importance du téléphone portable pour les élèves, son utilisation, la réglementation en vigueur dans les établissements, et les suggestions pour envisager une autre approche de son utilisation en milieu scolaire.

Il a été individuellement et librement rempli par les participants. Cependant, il a fallu quelques éclaircissements et quelques explications aux élèves du premier cycle pour leur permettre de mieux comprendre ce qui leur a été demandé afin de répondre objectivement et sans crainte. Il en a été de même pour quelques parents d'élèves (commerçants, menuisiers, maçons, dépanneurs de radio, mécaniciens, ouvriers, ...) pas suffisamment instruits et à qui, des traductions en langue dioula ont été souvent nécessaires.

I.4.2.2. L'entretien

L'entretien que nous avons voulu semi-directif nous a paru nécessaire, car il nous a permis de recueillir d'importantes informations auprès des chefs d'établissement, des censeurs et de trois chefs de service. Au total, nous avons réalisé dix-huit entretiens dont treize ont été enregistrés et cinq transcrits.

Ils ont tous porté sur l'importance du téléphone portable en milieu scolaire, la nécessité pour les élèves de l'avoir à l'école, son utilisation par les élèves et ses conséquences en milieu scolaire. Pour clore chaque entretien, le participant interviewé a été invité à faire des suggestions.

I.4.2.3. L'observation directe

Malgré l'interdiction de l'utilisation du téléphone portable que les établissements tentent de faire respecter, force est de reconnaître que le phénomène perdure et même s'accentue. Pour nous en convaincre, nous avons effectué, avec l'autorisation des chefs d'établissement, des temps d'observation directe dans trois établissements de la commune urbaine : le Collège Sainte Thérèse, les Etablissements Louis Querbes et le Lycée Municipal Héma Fadouah Gniambia.

55

D'abord, au Collège Sainte Thérèse, nous sommes resté aux alentours du terrain de sport de huit heures à dix heures pour observer surtout l'attitude des dispensées. A l'heure de la recréation, nous sommes resté à côté de la place du "petit marché". De onze heures cinquante-cinq à douze heures quinze minutes, nous nous sommes posté à quelques mètres de la grande porte pour assister à la sortie des élèves pour la maison. De cette position, nous avons pu observer un certain nombre de comportements des jeunes filles avec leur portable. Au total, nous avons passé environ deux heures trente minutes dans cet établissement.

Ensuite, notre deuxième sortie s'est effectuée dans les Etablissements Louis Querbes. Là-bas, dès six heures trente minutes, période où l'on assiste à l'arrivée massive des élèves, nous avons également observé le comportement des élèves ponctuels avec leur portable. Après la fermeture du portail qui intervient à six heures cinquante-cinq, obligation est faite aux retardataires d'attendre une certaine heure avant d'accéder à l'intérieur de l'établissement. Aussi, de la guérite de celui que nous croyions être le vigile chargé du parking des engins des élèves, nous avions une vue panoramique de l'établissement. De cette guérite, nous n'avions aperçu aucun élève déambuler dans la cour jusqu'à la recréation, hormis les retardataires qui ont rejoint le bureau de l'éducateur à sept heures trente minutes pour se faire délivrer des billets d'entrée, ou ceux qui allaient se soulager dans les toilettes. L'observation a duré environ trois heures quarante-cinq minutes. Il faut signaler que le caractère excentrique de cet établissement nous a obligé à mener l'observation d'un seul trait.

Enfin, au Lycée Municipal Héma Fadouah Gniambia, nous avons passé environ huit heures d'observation reparties sur deux jours. Là-bas, nous avons pu avoir l'opportunité d'observer les comportements des élèves au contact de leur portable. D'abord au petit marché situé à l'extérieur du domaine scolaire, juste en face de l'entrée principale de l'établissement. Ensuite, dans l'enceinte de l'établissement avant, pendant et après la recréation, et sur les terrains d'éducation physique et sportive (EPS). Enfin, dans quelques salles de classe, mais pendant des heures d'étude.

56

I.5. La situation du recouvrement, des entretiens et de l'observation I.5.1. Situation de recouvrement du questionnaire écrit

Après l'administration des questionnaires aux différents participants, nous avons procédé au dépouillement et nous présentons la situation du recouvrement sous forme de tableau.

Tableau 6 : situation de recouvrement du questionnaire écrit

Échantillons

Nombre déposé

Nombre recouvré

Taux de recouvrement

Parents

100

95

95%

Élèves

300

274

91,33%

Educateurs

30

30

100%

Enseignants

45

39

86,66%

Total

475

438

92,21%

Au niveau du recouvrement du questionnaire, la situation est la suivante :

- sur 100 questionnaires remis aux parents 95 ont été recouvrés, soit 95%, les cinq questionnaires manquants sont le fait de ceux qui ont égaré les leurs ;

- sur 300 questionnaires remis aux élèves, 274 ont été recouvrés soit 91,33%. A ce niveau, 25 questionnaires n'ont pu être retrouvés et un a été déclassé pour n'avoir pas été identifié ;

- sur 30 questionnaires remis aux éducateurs, il y a eu 100% de recouvrement ;

- et sur 45 questionnaires remis aux enseignants 39 ont été recouvrés, soit 86,66%. Nous avons attendu en vain le retour des questionnaires remis à six enseignants.

Au total, 438 questionnaires ont été recouvrés sur les 475 remis aux participants, soit 92,21%.

I.5.2. Situation de réalisation des entretiens.

L'entretien a eu pour objet de recueillir les avis et les suggestions de nos interlocuteurs sur la question de l'utilisation du portable par les élèves. Ainsi, nous avons pu réaliser tous les entretiens prévus, soit dix-huit au total.

57

I.5.3. Situation de l'effectivité de l'observation directe.

L'observation directe a effectivement eu lieu dans les trois établissements que nous avons choisis (Collège Sainte Thérèse, Établissements Louis Querbes et Lycée Municipal Héma Fadouah Gniambia).

Cette phase nous a permis d'observer le comportement des élèves avec leurs téléphones portables sur plusieurs moments de la journée, aux abords de l'établissement, dans l'enceinte de l'établissement et dans les salles de classe du LMHFG, pendant les heures dites heures creuses par les élèves mais considérées comme des heures d'études.

I.6. La méthode d'analyse des données

Après la collecte des données brutes auprès des enquêtés, nous avons, dans le chapitre suivant, procédé à leur analyse afin de les rendre facilement compréhensibles et exploitables.

Pour ce faire, nous avons fait le choix d'une analyse thématique. Chaque thème ayant été plus ou moins abordé avec toutes les catégories des enquêtés. Les résultats sont présentés tantôt sous forme de tableau, tantôt sous forme de synthèses, suivis de commentaires.

Pour terminer cette partie, la synthèse globale des suggestions a été faite.

58

CHAPITRE II. PRÉSENTATION ET ANALYSE DES DONNÉES

Ce chapitre est consacré à la présentation et à l'analyse des données recueillies auprès des enquêtés.

En rappel, les thèmes abordés au cours de notre étude sont les suivants :

- l'importance du téléphone portable en milieu scolaire ;

- l'utilisation du téléphone portable par les élèves en milieu scolaire ;

- les précautions d'usage;

- les sanctions et la réglementation en vigueur dans les établissements secondaires ;

- et les suggestions pour une autre forme de gestion de la question de l'utilisation du

portable dans les établissements.

Les groupes des participants ayant pris part à l'enquête sont : les parents; les élèves; les éducateurs; les enseignants; les chefs d'établissement, les censeurs et les chefs de service.

II.1. Identification des enquêtés

Avant l'analyse des données recueillies, il nous a paru judicieux d'identifier les participants ayant répondu à nos questionnaires afin de mieux appréhender leurs avis et leurs suggestions.

II.1.1. Identification des parents

Sexe Parents ayant des enfants

90

80

70 60 50

40

30

20

10

0

88,42%

68,42%

84

65

30

31,57%

Hommes Femmes Ayant au

moins 1 enfant

Graphique1 : Identification des parents enquêtés

Les parents enquêtés ayant effectivement répondu à notre questionnaire sont au nombre de quatre-vingt-quinze (95) dont soixante-cinq (65) hommes et trente (30) femmes. Cinq (05) parents affirment avoir égaré le questionnaire à eux remis.

Nous constatons une disproportion entre les deux sexes ayant répondu au questionnaire. En effet, les questionnaires remis à des élèves pour leur mère ont été remplis par le père qui était présent. La mère étant occupée par son commerce au marché, ou en déplacement. Certains éducateurs nous ont également affirmé qu'ils ont été obligés de confier le questionnaire à des maris en l'absence de leurs épouses. Malheureusement, à leur passage pour le recouvrement, les questionnaires avaient déjà été remplis par les hommes qui leur ont déclaré que c'est d'ailleurs eux qui devraient remplir ce genre de "choses". Aussi, des cinq (05) parents qui nous ont déclaré avoir perdu le questionnaire à eux remis, quatre (04) sont des femmes fonctionnaires.

Les réponses aux questionnaires recouvrés émanent de différentes couches socioprofessionnelles. Ce sont vingt-sept (27) enseignants du primaire et du secondaire, douze (12) agents de santé, quatre (04) ingénieurs et agents techniques spécialisés, onze (11) commerçants, sept (07) artisans, quatre (04) cultivateurs et trente (30) autres parents de différents corps de métiers que nous avons regroupés dans la catégorie "autres".

Aussi, 88,42% des parents enquêtés affirment avoir au moins un enfant inscrit dans un établissement d'enseignement post-primaire et secondaire. Soit 84 parents sur 95 parents ayant répondu au questionnaire.

59

II.1.2. Identification des élèves

60

Graphique 2 : identification des élèves ayant répondu au questionnaire.

180

160

140

120

100

80

60

40

20

0

Nombre d'élèves

Pourcentage

158

12

81

55,83%

44,17%

25,56%

130

Garçons

Filles

moins
de 18
ans

De 18 à 23 ans

plus de 23 ans

1er
Cycle

2nd
Cycle

153

121

81

158

35

144

130

55,83%

44,17%

25,56%

57,66%

12,77%

52,55%

47,44%

153

57,66%

35

12,

77%

52,55%

44

47,44%

L'identification de cette catégorie s'est faite en fonction du sexe, de l'âge et de la classe. Le graphique ci-dessus nous révèle que 153 garçons et 121 filles, soit un total 274 élèves, ont répondu au questionnaire.

Parmi ces enquêtés, 81 élèves, soit un pourcentage de 25,56% ont leur âge inférieur à 18 ans. 158 élèves, soit 57,66%, ont un âge compris entre 18 et 23 ans. Et 35, soit 12,77% sont âgés de plus de 23 ans.

En outre, 144 élèves soit 52,55% sont du premier cycle et 130 du second cycle, soit 47,44%. Le pourcentage de participants du premier cycle qui est légèrement supérieur à celui du second cycle s'explique par le fait que l'effectif des élèves du premier cycle est pratiquement le triple de celui du second cycle (cf. tableaux 1 et 2).

61

II.1.3. Identification des éducateurs

Tableau 7 : identification des éducateurs ayant répondu au questionnaire

Eléments d'identification

Titre

Sexe

Nombre d'années à la
surveillance

Fonction

Hommes

Femmes

Total

1 à 2 ans

3 à 5 ans

+ de 5
ans

SG49

CE

01

01

02

01

01

00

01

ATTE

09

02

11

02

04

05

04

ASSE

00

01

01

01

00

00

00

Autres

14

02

16

07

04

05

06

Total

24

06

30

11

09

10

11

Comme l'indique le tableau ci-dessus, deux (02) CE, onze (11) ATTE, un seul (01) ASSE et 16 autres ont répondu au questionnaire à eux adressé, soit un total de trente (30) éducateurs dont vingt-quatre (24) hommes et six (06) femmes.

Parmi eux, onze (11) ont entre une et deux années d'ancienneté, neuf (09) en ont entre trois et cinq, et dix (10) en ont plus de cinq. Aussi, onze (11) éducateurs assurent la fonction de surveillant général.

II.1.4. Identification des enseignants

Tableau 8 : identification des enseignants ayant répondu au questionnaire

Eléments d'identification

Sexe

Ancienneté (ans)

Nombre d'enfants scolarisés au secondaire

Homme

Femme

Total

1 à 2

3à 5

+de 5

0

1 à 2

+ de 2

30

09

39

06

12

21

21

15

03

Les enseignants ayant répondu au questionnaire sont au nombre de 39 soit un pourcentage de 86,66% dont 30 hommes et 09 femmes. Il faut signaler à ce niveau que des critères précis avaient été donnés aux personnes qui nous ont aidé à administrer le

49 SG : Surveillant général

62

questionnaire aux enseignants, soit 03 femmes sur 06 enseignants par établissement, une sur trois ou une sur deux. Malgré ces dispositions, nous avons constaté au recouvrement que la situation est celle présentée dans le tableau.

Au niveau de leur ancienneté, 21 ont plus de cinq ans de service, 12 ont entre trois et cinq ans et 06 ont entre un et deux ans.

Parmi eux, 18 ont au moins un enfant scolarisé au secondaire et 21 n'en ont aucun.

Après la phase d'identification des participants, nous avons parcouru et analysé les réponses données aux questions à eux posées.

II.2. Les avis des parents

II.2.1. De l'importance du téléphone portable

Nous allons à présent prendre connaissance des avis des parents sur l'importance du téléphone portable.

II.2.1.1. Des raisons motivant l'achat du téléphone portable Tableau 9 : raisons motivant l'achat du téléphone portable

Motifs

Nombre de participants

Nombre de réponses

Pourcentages

Par nécessité

95

95

100%

Par snobisme

95

25

26,31%

Par conformisme

95

19

20%

Concernant les raisons qui poussent les gens à s'acheter un portable aujourd'hui, tous les quatre-vingt-quinze (95) parents ayant répondu, soit 100%, affirment que, de nos jours, la nécessité d'avoir un portable s'impose. Cependant, parmi eux, 25 parents soit 26,31%, estiment que certaines gens l'achètent par snobisme et 19 autres, soit 20%, pensent que c'est aussi par conformisme.

De la lecture de ces réponses et de notre point de vue, il apparaît assez clair que si le portable est une nécessité, certains utilisateurs se l'approprient pour se conformer aux exigences de la société. D'autres, pour avoir des portables plus performants, sont permanemment à la recherche des modèles de dernière génération.

II.2.1.2. De la possession du téléphone portable par les parents

A la question de savoir si le parent enquêté a lui-même un portable, 94 parents, soit 98,94%, ont répondu en avoir un.

Un (01) seul, soit 01,05%, n'en a pas. Ce parent d'élève, maçon de son état, dit avoir perdu le sien et n'a pas encore eu un autre.

II.2.1.3. De l'utilité du téléphone portable pour les élèves.

A la question de savoir à quoi le téléphone portable peut servir à un élève, 25 parents sur 95, soit un taux de 26,31%, trouvent que le portable ne sert pas à grand' chose à l'élève, surtout à l'école.

70 parents sur les 95, soit un pourcentage de 73,68% trouvent que le portable peut servir à l'élève à la maison, en route comme à l'école. Les différents usages cités par les enquêtés se résument ainsi qu'il suit :

- à la maison, l'élève peut se servir de son portable pour se réveiller, pour être à l'heure à l'école, pour prendre rendez-vous avec ses camarades de groupe d'étude,

- en route (entre la maison et l'école), il peut servir surtout à joindre ses parents en cas de problème ou pour être joint par ces derniers,

- à l'école, il peut servir à l'élève à communiquer avec ses parents en cas de besoin ou en cas d'urgence.

Après avoir reconnu l'utilité du téléphone portable pour les élèves, voyons à présent ce que feront les parents.

63

II.2.2. De l'utilisation du portable par les élèves

64

Tableau 10 : réponse des parents sur l'utilisation du portable par les élèves

Items

Réponses
recueillies

Oui

Non

Sans réponse

Nombre

Taux

Nombre

Taux

Nombre

Taux

Acceptation de donner un portable à votre enfant pour les usages cités

95

70

73,68%

25

26,31%

Néant

-

Don d'un portable à votre enfant scolarisé

95

43

45,26%

52

54,78%

Néant

-

Communication avec l'enfant les jours de classe

95

47

49,47%

37

38,94%

11

11,57%

De la lecture de ce tableau, 70 enquêtés sur 95, soit un taux de 73,68%, ont répondu par l'affirmative à la question de savoir s'ils accepteraient de donner un portable à leurs enfants pour les usages cités plus haut. Pour eux, le portable permet aux parents d'être en contact avec leurs enfants et vice versa.

Par contre, 25 parents sur 95, soit 26,31%, ont répondu « non » car pour eux les enfants sont imprévisibles. « Même lorsqu'on pense qu'ils sont plus ou moins corrects, ils surprennent toujours », nous a confié un parent. « Ils font souvent ce qui leur passe par la tête », a-t-il conclu.

Quant à la question de savoir s'ils ont effectivement offert un portable à leur enfant qui fréquente, 43 parents sur 95, soit un taux 45,26%, ont déclaré l'avoir fait contre 52, soit 54,78% qui affirment le contraire.

Mais, à la question de savoir s'ils communiquent avec leurs enfants une fois que ces derniers sont à l'école, 37 parents sur 95, soit 38,94%, déclarent qu'ils ne le font pas. Par contre, 47 parents sur 95, soit 49,47% disent qu'ils communiquent souvent avec leurs enfants même s'ils sont à l'école.

11 parents sur les 95 enquêtés, soit 11,57%, sont restés sans réponse.

Les parents qui communiquent avec leurs enfants disent qu'ils ne le font qu'en cas de besoins ou d'urgence, donc le nombre de fois en dépend. Un parent nous a confié qu'un jour, son fils venait à peine de quitter la maison quand il a constaté que celui-ci avait oublié sa tenue de sport. Il l'a appelé sur son portable et il est revenu la prendre.

65

Cependant, ces parents-là disent qu'ils évitent autant que faire se peut d'appeler leurs enfants une fois qu'ils sont à l'école. Mais, jusqu'à une certaine heure, lorsqu'ils ne voient pas leurs progénitures arriver à la maison, ils les appellent sans chercher à savoir s'ils sont à l'école ou en route pour la maison. L'essentiel pour eux c'est de se rassurer que les enfants ne sont pas en danger.

Abordons à présent les précautions d'usage que les parents pourraient avoir donné à leur enfant.

II.2.3. Des précautions d'usage

Tableau 11 : réponse des parents par rapport aux précautions d'usage

Items

Réponses
recueillies

Oui

Non

Sans réponse

Nombre

Taux

Nombre

Taux

Nombre

Taux

Confiscation du

portable de votre enfant à l'école

95

19

20%

76

80%

Néant

-

Connaissance des nuisances du téléphone portable pour l'élève

95

89

93,68%

00

00%

06

06,31%

Conseils pour des précautions d'usage à l'enfant

95

42

44,21%

53

55,78%

Néant

-

Ce tableau nous indique que 19 parents sur 95, soit 20% des enquêtés, disent que le portable de leur enfant a déjà été confisqué. Les raisons principales évoquées par les parents sont que certains enfants disent avoir oublié d'éteindre leur portable, d'autres disent avoir oublié de désactiver l'alarme qui leur sert de réveil. Cependant, trois parents (03), soit 00,03%, reconnaissent que leurs enfants manipulaient effectivement leur portable dans la classe ou dans la cour.

Cependant, 76 parents sur 95, soit 80%, déclarent n'avoir pas eu connaissance de la confiscation du portable de leur enfant. Parmi eux, certains disent avoir interdit à leurs enfants d'emporter leur portable à l'école. D'autres pensent que leurs enfants prennent des précautions par rapport au règlement intérieur de leur établissement.

A la question de savoir si le portable peut nuire à l'élève, 89 parents sur 95, soit un taux de 93,68%, ont répondu par l'affirmative. Pour eux, un enfant, une fois propriétaire d'un

66

portable, peut être amené à faire n'importe quoi avec son appareil, à l'utiliser n'importe comment. Il peut en faire d'autres usages qui vont être nuisibles pour lui-même.

Aucun parent n'a soutenu le contraire. Par contre, 06 parents sur les 95, soit 06,31%, n'ont pas donné de réponse.

A la question de savoir s'ils ont donné des précautions d'usage du téléphone portable à leur enfant, 42 parents sur 95 enquêtés déclarent l'avoir fait. Ce qui représente un taux de 44,21%. Ils ont en substance dit à leurs enfants de respecter ce qu'on leur dit de faire ou de ne pas faire à l'école, de ne pas déranger les enseignants avec leurs portables. Ils ont aussi demandé à leurs enfants d'éteindre leurs téléphones portables à l'école; certains ont demandé qu'ils le fassent une fois dans l'enceinte de l'établissement et d'autres, dans la classe. Au regard de ces réponses et du pourcentage de 44,21%, nous pensons que quelques parents se soucient des mauvais usages que peuvent faire les enfants de leurs portables.

En revanche, jusqu'à 53 parents, soit 55,78% disent ne pas avoir donné des précautions d'usage. Ce taux qui est suffisamment important pose le problème de déficit d'échanges entre parents et enfants autour de l'utilisation du téléphone portable.

II.2.4. Des suggestions faites par les parents

Les parents enquêtés ont eu à répondre à la question suivante : que pensez-vous que chacun puisse faire pour éviter que l'utilisation du portable crée des problèmes dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire?

Les réponses données sont multiples et diverses. Et les suggestions faites s'adressent tant aux parents, aux administrations scolaires, qu'au MESS. Elles se résument comme suit.

? A l'endroit d'eux-mêmes, la majorité des parents suggèrent de :

- obliger les élèves à laisser leur portable à la maison avant de partir à l'école,

- n'offrir le portable aux enfants que lorsque c'est vraiment nécessaire et non pour faire simplement cadeau,

- donner des conseils aux enfants avant de leur offrir un portable.

Quelques-uns ont aussi suggéré de ne donner aux enfants que des portables simples si c'est vraiment le besoin de communiquer avec eux qui sous-tend l'offre du portable et de ne pas les encourager en remplaçant leurs portables confisqués par de nouveaux portables. Ils leur ont proposé, en outre, de laisser leurs numéros de téléphone à l'école pour offrir aux

éducateurs des possibilités de les contacter en cas d'urgence ou de passer toujours par les éducateurs pour communiquer aves leurs enfants en cas d'urgence pendant les heures de cours.

? A l'endroit des établissements scolaires, ils suggèrent majoritairement de :

- mettre l'accent sur la sensibilisation des élèves, - appliquer fermement le règlement intérieur,

- interdire carrément le portable dans la classe mais autoriser l'utilisation non bruyante dans la cour avec des limites à ne pas dépasser.

Quelques-uns ont également suggéré aux établissements scolaires d'élaborer un règlement intérieur (RI) propre à chaque établissement de concert avec tous les acteurs pour que chaque parent sache à quoi s'en tenir en y inscrivant ses enfants ; de doter, dès chaque rentrée, tous les parents des nouveaux élèves d'un exemplaire du RI afin de les en imprégner ; de gérer les problèmes liés au portable au cas par cas.

? A l'endroit du MESS, les parents suggèrent de :

- sensibiliser largement les parents par la voix des ondes sur les conséquences du portable en milieu scolaire,

- prendre des mesures effectives pour l'enseignement de l'éducation civique et morale,

- prendre des textes pour interdire l'utilisation du téléphone portable dans les établissements.

Quelques-uns ont proposé pour leur part de réaliser des films courts à faire passer à la télé, à l'image de ceux faits par l'office national de sécurité routière (ONASER) ou de voter une loi pour interdire l'utilisation du portable dans les établissements scolaires.

A analyser certaines suggestions faites par les parents, il transparaît que certains parents ne sont pas au courant des mesures prises en 2009, lors de la CAES et du règlement intérieur de 2010 puis réactualisé en 2011.

67

Quels sont les avis des élèves sur les différents aspects de notre étude ?

68

II.3. Les avis des élèves

II.3.1. De l'importance du téléphone portable

Les élèves vont à présent donner leurs avis sur l'importance du téléphone portable pour eux-mêmes.

II.3.1.1. De l'utilité du téléphone portable pour les élèves A quoi peut servir le téléphone portable à un élève?

A la question de savoir à quoi le téléphone portable peut servir à un élève, tous les

élèves enquêtés, soit 274 pour un pourcentage de 100%, ont apporté plusieurs éléments de

réponses. Ils ont évoqué tous les usages possibles avec les téléphones portables multimédias.

Pour eux, le téléphone portable peut servir entre autres à :

- appeler les parents en cas de besoin ou d'urgence ;

- être joints aussi par les parents en cas de besoin ou d'urgence ;

- envoyer un sms à un parent, un camarade de classe ou un ami ;

- prendre des photos ;

- filmer aussi des évènements ou des scènes intéressantes ;

- avoir les photos des proches dans l'album-photos du portable ;

- les aider à se réveiller pour ne pas être en retard ;

- à consulter l'heure si besoin est ;

- faire des calculs ;

- s'informer par la radio ;

- se distraire un peu ;

- naviguer sur Internet.

II.3.1.2. De la nécessité du téléphone portable à l'école

A la question de savoir si le téléphone est nécessaire à l'école, 198 élèves sur 274 enquêtés, soit un taux de 72,26%, ont répondu par l'affirmative. Ils estiment que les bons et les mauvais usages faits du portable dépendent de chacun des utilisateurs. Pour eux, en plus des appels et des sms qui sont leurs fonctions premières, aujourd'hui les téléphones portables jouent pleinement les fonctions de montre-bracelet, de réveil, de calculatrice, de radio,

69

d'appareil photo, d'appareil de musique, d'album de photos, de répertoire d'adresses, d'agenda, etc.

76 élèves, soit 27,73%, pensent que le portable n'est pas nécessaire à l'école car, selon eux, « une fois que les élèves ont des portables, ils sont tentés de les utiliser n'importe quand, n'importe où et n'importe comment. Ils ne se soucient même pas des désagréments qu'ils peuvent causer aux autres élèves et aux profs ». « C'est d'ailleurs pour cela qu'on a interdit l'utilisation dans les établissements », ont ajouté certains.

II.3.1.3. De l'ampleur de la présence du téléphone portable dans les classes Graphique 3 : réponses des élèves sur la présence du portable dans leur classe

La majorité; 57

Pas beaucoup Beaucoup La majorité Tous les élèves Aucun

Tous les élèves; Aucun; 0 15

Pas beaucoup;

28

Beaucoup; 174

A la question de savoir combien d'élèves ont un téléphone portable dans leur classe, nous avons obtenu les réponses suivantes, comme l'indique le graphique ci-dessus :

28 enquêtés sur 274, soit 10,21%, estiment qu'il n'y a pas beaucoup d'élèves qui ont un portable dans leur classe;

174 élèves sur 274, soit 63,50%, déclarent que beaucoup d'élèves ont un portable dans leur classe;

57 enquêtés sur 274, soit 20,80%, estiment que la majorité des élèves de leur classe ont un portable;

15 enquêtés sur 274, soit 05,47%, affirment que dans leur classe, tous les élèves ont un téléphone portable.

Les réponses ainsi données font apparaître qu'il n'existe pas une seule classe où il n'existe pas au moins un portable. Or, un seul portable dans une salle de classe peut bien perturber les cours ou les heures d'étude.

70

II.3.1.4. De la possession d'un téléphone portable Graphique 4 : origine du téléphone portable des élèves

Père ou mère Autre parent Copain/fiancé Eux-mêmes Sans réponse

114

61,62%

36

19,45%

18

13

7,27%

9,72%

4

2,16%

Origine Pourcentage

120

100

80

60

40

20

0

185 élèves enquêtés sur 274, soit 67,51%, ont au moins un téléphone portable chacun.

A la question de savoir comment ils l'ont obtenu, le graphique suivant fait le bilan des réponses sur l'origine des téléphones portables.

114 élèves sur 185 détenteurs de portable, soit 61,62%, ont été dotés par leur père ou par leur mère.

36 élèves sur 185, soit 19,45%, ont reçu leur portable d'autres parents50.

13 enquêtés sur 185, soit 07,27%, ont reçu leur portable de leur copain ou fiancé.

18 élèves sur 185, soit 09,72%, ont acquis leur portable d'eux-mêmes. 04 élèves, soit 02,16% n'ont pas daigné répondre à cette question.

Ce graphique nous indique que la majorité des élèves détenteurs de portable, soit 61,62%, sont dotés par leurs parents. De plus, le taux de 19,45% des détenteurs indique également que beaucoup d'"autres parents" participent aussi à doter les élèves de portables.

50 Oncle, tante, grand frère, grande soeur, grands-parents, beau frère, belle soeur

71

A l'opposé, 85 enquêtés sur 274, soit 32,48%, déclarent ne pas ou ne plus avoir de portable. Entre autres raisons, ils ont avancé surtout le défaut de moyens financiers et aussi la perte du portable dans la rue ou le vol dans la classe. Quelques-uns ont aussi dit que leurs portables sont détenus depuis un certain temps par les surveillants, le proviseur ou encore le censeur.

II.3.2. De l'utilisation du téléphone portable à l'école Tableau 12 : manipulation du téléphone portable à l'école

Items

Total des réponses
recueillies

Oui

Non

Nombre

Taux

Nombre

Taux

Manipulation du portable par les élèves dans la classe.

274

190

69,34%

84

30,65%

Manipulation du portable par les élèves dans la cour .

274

262

95,62%

12

04,34%

Confiscation de ton portable

274

15

05,47%

259

94,52%

Ton portable reste toujours allumé en classe

185

18

09,72%

167

90,27%

Autorisation du professeur à utiliser la calculatrice du portable pendant le calcul des moyennes trimestrielles ou annuelles.

252

149

59,12%

103

37,59%

En ce qui concerne la manipulation du téléphone portable dans la classe, 190 enquêtés sur 274, soit 69,34%, reconnaissent l'existence de cette pratique par leurs camarades. Par contre, 84 élèves sur les 274, soit 30,65%, affirment le contraire.

Quant à la manipulation dans la cour de l'établissement, 262 enquêtés sur 274, soit 95,62%, déclarent que leurs camarades y font usage de leur portable contre 12 élèves sur les 274 qui soutiennent le contraire.

72

Il ressort de ces réponses qu'une forte proportion d'élèves manipule le portable dans les salles de classe et dans la cour de l'école, soit les taux respectifs de 69,34% et 95,62%.

A la question de savoir si leur portable a déjà été confisqué, sur 274 enquêtés, 15 élèves, soit 05,47%, affirment avoir déjà eu leur portable confisqué.

Les raisons avancées sont essentiellement : pour certains, leur appareil a sonné pour avoir oublié de l'éteindre ou oublié de désactiver l'alarme ; pour d'autres, ils ont tous été victimes de la défaillance de réglage du mode silencieux ou du mode vibreur trop bruyant. D'autres encore nous ont confié qu'ils ont simplement été surpris en train de consulter l'heure sur leur portable, pendant le cours ou pendant un devoir.

A contrario, 259 enquêtés, soit 94,52%, disent n'avoir jamais eu leur portable confisqué. Entre autres raisons, ils disent que pour éviter tout risque de confiscation de leur portable, ils prennent des précautions telles que : éteindre le portable avant d'entrer en classe ; éteindre le portable avant d'entrer dans l'établissement ; mettre en mode silencieux ou encore essayer de respecter le règlement intérieur.

A la question de savoir si leur portable reste toujours allumé en classe, 18 sur 185 élèves ayant un portable, soit 09,72%, déclarent que leur portable reste toujours allumé afin d'être toujours joignables. Pour certains d'entre eux, avoir un portable et ne pas le garder allumé n'a pas de sens. Un enquêté de la classe de première qui vit seul avec sa mère très malade déclare : « Je suis obligé de garder mon portable toujours allumé pour rester en contact avec elle ». Toutefois, ils ont majoritairement conclu qu'ils le gardent toujours en mode silencieux ou vibreur.

En revanche, 167 élèves, soit 90,27%, affirment qu'ils éteignent leur portable dès qu'ils arrivent à l'école ou juste avant d'entrer en classe. Pour ces derniers, il faut respecter le règlement intérieur de son établissement pour éviter tout problème avec les professeurs et les surveillants.

De l'autorisation des professeurs à utiliser la calculatrice du téléphone portable pour calculer les moyennes trimestrielles ou annuelles, 149 enquêtés sur 252, soit un taux de 59,12%, affirment qu'on le leur permet. Et, 103 autres ont répondu par la négative, ce qui représente un pourcentage de 37,59%.

73

22 élèves, soit 08,02%, n'ont donné aucune réponse.

A la question de savoir ce que fait le professeur quand un téléphone portable sonne dans la classe, les élèves enquêtés ont, pour la plupart, répondu que le professeur retire le portable, expulse l'élève et va remettre le portable au surveillant, au censeur ou au proviseur. Quelques-uns ont reconnu qu'il arrive aussi que d'autres professeurs tolèrent, s'ils constatent que c'est l'alarme qui a sonné malgré que le portable ait été éteint.

Au regard des réactions diverses des professeurs, nous voyons que ce n'est pas la présence du portable en classe qui pose systématiquement problème. Mais plutôt, le retentissement de la sonnerie qui engendre les perturbations.

Quant à la question de savoir comment ils utilisent leur portable à l'école pour ne pas avoir de problème, les réponses suivantes ont été enregistrées : il respecte le règlement intérieur de l'établissement, il éteint son portable dès qu'il doit entrer en classe. Beaucoup d'autres disent qu'ils ont toujours laissé leurs portables en mode silencieux.

De l'avis des élèves sur l'article du règlement intérieur qui interdit l'utilisation du téléphone portable dans ton établissement, 126 enquêtés sur 274, soit 45,98%, sont d'accord avec ce règlement. Ils expliquent leur position par le fait que les élèves exagèrent avec leur portable, ils perturbent les cours et les heures d'étude, surtout lorsqu'il n'y a pas de professeur dans la classe. En revanche, 148 sur 274 élèves, soit 54,01%, déclarent ne pas être d'accord avec ce règlement qu'ils considèrent trop dur envers les élèves. Pour l'un d'entre eux « le ministre doit revoir le règlement intérieur parce que nous ne comprenons rien dans çà. » Un groupe d'élèves, pour leur part, pensent que les profs et les éducateurs exagèrent dans l'application de ce RI, car, « souvent les élèves n'utilisent même pas leur portable, on les appelle et on confisque leur appareil » disent-ils.

Un autre groupe estime qu'il faut permettre aux élèves de porter leur téléphone cellulaire et ne sanctionner que ceux qui l'utilisent mal. Il pense qu'entre l'école et la maison, les élèves peuvent fortement avoir besoin d'appeler leurs parents pour leur venir en aide en cas de panne de leur moyen de déplacement, de malaise soudain ou toute autre chose. « Mais, s'ils laissent le portable à la maison comment vont-ils faire pour joindre les parents », s'interrogent-ils. De ce point de vue, les élèves ont suggéré ce qui suit.

74

II.3.3. Des suggestions faites par les élèves

Les élèves apprécient différemment l'utilisation du téléphone portable dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire. Ils ont évidemment fait des suggestions tout aussi divergentes. Entre autres suggestions, nous avons retenu les principales qui se résument comme suit.

Les élèves qui soutiennent le règlement intérieur suggèrent qu'il faut interdire le téléphone portable dans la salle de classe parce que les sonneries dérangent beaucoup, et l'interdire aussi dans l'établissement car son utilisation perturbent l'activité scolaire et amène les élèves à se déconcentrer. Ils demandent aussi de :

- appliquer rigoureusement les sanctions qui existent,

- appliquer les mêmes sanctions à tous les élèves qui ont commis les mêmes fautes, - remettre en fin d'année les portables confisqués aux propriétaires.

Cette dernière suggestion laisse transparaître que dans certains établissements, tous les portables confisqués ne sont pas remis en fin d'année aux propriétaires.

Pour ceux qui voudraient qu'on ait une nouvelle vision du portable à l'école, il

faudrait :

- réglementer l'utilisation du portable dans l'enceinte de l'établissement,

- réglementer l'utilisation du portable pendant les sorties d'étude,

- autoriser l'utilisation dans la cour, mais en la réglementant.

Parmi ceux-là, quelques-uns ont suggéré de permettre l'utilisation à l'élève tant qu'elle ne dérange personne et exiger que tous les portables soient éteints avant le début de chaque cours ou chaque devoir.

Après les avis des élèves sur les différentes questions abordées, qu'en est-il alors des éducateurs?

II.4. Les avis des éducateurs

II.4.1. De l'importance du portable pour les élèves

Les éducateurs se prononcent à présent sur l'importance du portable pour les élèves.

75

II.4.1.1. De l'utilité du téléphone portable pour les élèves

A la question de savoir à quoi peut servir le portable à un élève, les trente (30) éducateurs, soit 100%, sont unanimes à affirmer que le téléphone portable peut bel et bien servir à quelque chose. En effet, ils reconnaissent que le portable offre à l'élève plusieurs avantages parmi lesquels nous avons retenu :

- la possibilité d'appeler ses parents en cas de besoin ou d'urgence, surtout entre l'école

et la maison ;

- la possibilité permanente d'être en contact avec ses parents ;

- la possibilité d'entrer en contact avec ses camarades de classe pour s'accorder sur

leurs heures d'étude ;

- la possibilité de s'informer par la radio sur la bande FM ou par l'internet ;

- l'utilisation de l'alarme pour se réveiller à temps afin d'éviter les retards.

II.4.1.2. De la nécessité d'emporter le téléphone portable à l'école

En ce qui concerne la nécessité d'emporter le portable à l'école, les avis des éducateurs sont partagés.

A ce niveau, 13 enquêtés sur 30 éducateurs, soit 43,33%, pensent qu'il est nécessaire que les élèves emportent leur téléphone à l'école. Selon l'un des éducateurs, « si l'on admet qu'ils peuvent l'utiliser pour joindre leurs parents en cas de problèmes, entre la maison et l'école, comment peut-il en être autrement. Ils doivent nécessairement l'avoir sur eux ». Un autre nous a déclaré : « un jour, un parent d'élève est venu me confier le portable de son enfant que ce dernier avait oublié d'emporter afin que je le lui remette après les cours ».

Quant aux 17 autres enquêtés qui représentent 56,66% des trente éducateurs, ils ont répondu par la négative. Ils pensent que dès que l'élève a un portable à l'école, il est toujours tenté de l'utiliser, ne serait-ce que pour consulter l'heure ou faire voir la qualité de son portable. Ainsi, le portable pourrait le déconcentrer ou perturber l'action pédagogique des enseignants.

Par ailleurs, le portable peut même prédisposer l'élève à faire autre chose que ce pour quoi il est présent à l'école. A ce propos, une assistante d'éducation nous a confié qu'un élève, venu en retard au cours d'anglais, passait son temps à visionner les images obscènes

76

contenues dans son portable au lieu de faire autre chose en attendant de rentrer en classe à la deuxième heure.

De plus, même sur le chemin de l'école, l'élève peut être exposé aux dangers de la circulation routière à cause de son portable. Car l'utilisation du portable n'est pas compatible avec d'autres activités comme rouler à vélo, marcher dans la rue ou encore traverser une route.

Par ailleurs, « comment les parents d'élèves entraient-ils en contact avec leurs enfants avant l'arrivée du téléphone mobile? » s'est interrogé un éducateur. Pour lui, l'argument selon lequel certains parents disent qu'ils ont souvent besoin d'entrer en contact avec leurs enfants, même à l'école, est fallacieux. Il conclut que « tout élève inscrit dans une école a une adresse implicite par laquelle tout parent doit passer pour s'informer sur son enfant ».

Le taux non moins important de 43,33% montre qu'une proportion non négligeable soutient que le portable est nécessaire à l'école, même s'il doit être éteint ou mis en mode silencieux. Celui de 56,66% démontre tout de même que la majorité des éducateurs sont contre la présence du téléphone portable dans l'établissement.

De notre point de vue, il serait bon pour les établissements de repenser les règlements intérieurs locaux avec la participation de tous les acteurs et partenaires. Toutefois, c'est un projet de règlement intérieur qui devrait être proposé à l'ensemble des participants.

A la question de savoir l'âge à partir duquel ou la classe à partir de laquelle les parents peuvent offrir un portable à un élève, les réponses données par les enquêtés sont présentées dans le tableau ci-après.

77

Tableau 13: avis des éducateurs sur l'âge ou la classe des élèves qui peuvent être dotés de téléphone portable.

 

Nombre de réponses

Taux

Tranche d'âge

12 à 14 ans

01

03,33

15 à 17 ans

07

23,33

Plus de 18 ans

18

60

Sans réponse

04

13,33

Classes

6ème - 5ème

04

13,33

4ème - 3ème

03

10

2nde-1ère-Tle

19

63,33

Sans réponse

04

13,33%

Ce tableau nous indique qu'un (01) seul éducateur sur 30, pense qu'un élève âgé de 12 à 14 ans peut détenir un portable. Ce qui représente un faible taux de 03,33%.

07 éducateurs, soit 23,33%, estime qu'entre 15 et 17 ans, un élève peut bel et bien posséder un téléphone portable. Ces éducateurs soutiennent que dès lors que l'enfant peut se servir du portable, on peut lui en remettre un. Pourvu qu'il l'utilise bien conformément à ce qu'on lui aurait donné comme conseils.

18 autres éducateurs pensent qu'il faut attendre l'âge de 18 ans avant d'offrir un portable à son enfant. Ce qui représente un taux de 60%. Pour ces derniers, 18 ans est l'âge de la majorité. A cet âge, on devrait donc apprendre aux enfants à assumer leurs responsabilités.

Les éducateurs se sont, dans le même temps, exprimés sur la classe à partir de laquelle les parents peuvent doter leurs enfants de téléphone portable.

A ce sujet, 04 éducateurs sur 30, soit 13,33%, ont dit que les parents peuvent les doter déjà à partir de la classe de 6ème ou de 5ème.

03 éducateurs, soit 10%, se sont prononcés pour la 4ème ou la 3ème. De notre point de vue, ce faible taux pourrait s'expliquer par le fait que les personnes enquêtées aient eu beaucoup à faire avec les élèves de ces classes. En effet, les élèves de ces classes sont généralement difficiles à encadrer, imperméables aux conseils et prompts à faire tout ce qui est interdit.

78

19, soit 63,33% de ces éducateurs, quant à eux, se sont prononcés pour le second cycle. Selon eux, « c'est encore mieux que ce soit à ce niveau car on y rencontre beaucoup plus des élèves qui ont largement dépassé la majorité civile ».

Par contre, 04 enquêtés sur 30 éducateurs, soit 13,33%, ont choisi de ne pas répondre directement à cette question double. Cependant, ils ont justifié leur silence en affirmant qu' « il n'y a pas d'âge ni de classe pour doter un enfant de portable. Il suffit qu'il sache se servir des principales fonctions d'appel et d'envoi de sms qui vont lui permettre de communiquer avec ses parents en cas de besoin ».

Le surveillant général d'un établissement public de la ville de Banfora nous a confié que « les problèmes liés à l'utilisation du portable se rencontrent tant en 6ème qu'en terminale, en passant par toutes les autres classes » avant d'ajouter que « c'est même plus accentué dans les grandes classes ».

Nous constatons que les points de vue sont largement différents, avec une forte proportion d'éducateurs qui pensent qu'on peut quand même doter les enfants de portable à partir du second cycle ou à partir de 18 ans.

II.4.2. De l'utilisation du téléphone portable à l'école

II.4.2.1. De la manière dont les élèves utilisent leurs portables dans les établissements

Tableau 14 : réponses des éducateurs sur la manière d'utiliser le portable des élèves dans les établissements

 

Abusivement

Discrètement

Pas du tout

Lieu

Nombre

Taux

Nombre

Taux

Nombre

Taux

Dans la classe

03

10%

21

70%

06

20%

Dans la cour

15

50%

12

40%

03

10%

Dans votre établissement, comment les élèves utilisent-ils leurs portables?

A la question de savoir comment les élèves utilisent les portables dans leurs établissements, comme l'indique le tableau ci-dessus, dans la classe, 03 enquêtés sur 30 éducateurs affirment qu'ils l'utilisent abusivement; ce qui représente un taux de 10%. 21

79

enquêtés, soit 70%, disent qu'ils le font discrètement. En revanche, 06 éducateurs, soit 20%, déclarent que les élèves n'utilisent pas du tout le portable dans les salles de classe.

De l'analyse de la première partie du tableau, nous constatons que seulement 10% des éducateurs trouvent que les élèves utilisent abusivement leurs portables. Si les 70% et 20% disent que les élèves le font discrètement ou même pas du tout, nous pourrions penser que ces derniers observent des précautions d'usage dans la classe.

Par rapport à l'utilisation du portable dans la cour, 15 enquêtés sur les 30 éducateurs, soit un pourcentage de 50%, affirment que les élèves utilisent abusivement leurs portables. Un pourcentage de 40%, soit 12 éducateurs disent qu'ils le font discrètement contre 03 éducateurs, soit 10% des enquêtés qui déclarent qu'ils ne l'utilisent pas du tout.

La deuxième partie du tableau nous révèle clairement que le téléphone est utilisé abusivement dans un nombre assez important d'établissements.

Cependant, le pourcentage de 40% qui n'est pas du tout négligeable, nous indiquent que beaucoup d'élèves utilisent discrètement leur portable et cela, dans plusieurs établissements. Ce qui pourrait signifier qu'ils observent également certaines précautions d'usage pour ne pas voir leurs appareils confisqués. Mais reconnaissons tout de même que ces manipulations, bien que discrètes, les déconcentrent et les perturbent eux-mêmes, perturbent aussi leurs voisins immédiats.

II.4.2.2. De la fréquence des cas d'indiscipline liés au portable Tableau 15 : fréquence des cas d'indiscipline dans les établissements

Fréquent

Peu fréquent

Rare

Pas du tout

Nombre

Taux

Nombre

Taux

Nombre

Taux

Nombre

Taux

14

46,66%

05

16,66%

11

36,66%

00

00,00%

De la fréquence des cas d'indiscipline liés à l'utilisation du téléphone portable dans les établissements, le tableau ci-dessus nous indique que 14 éducateurs sur 30 enquêtés, soit 46,66%, reconnaissent que ces cas sont fréquents dans leurs établissements. Par contre, 05 éducateurs qui représentent 16% des enquêtés trouvent qu'ils sont peu fréquents chez eux. Dans d'autres établissements, les cas d'indiscipline sont rares selon onze (11) autres enquêtés. Ils représentent un taux de 36,66%.

80

Aucun des enquêtés n'a reconnu l'inexistence des cas d'indiscipline dans son établissement.

L'analyse de ces données nous permet d'affirmer qu'aucun établissement n'est à l'abri des méfaits du téléphone portable. Seulement l'ampleur des cas d'indiscipline varie d'un établissement à un autre.

II.4.3. De l'appréciation du règlement intérieur

A la question de savoir ce qu'ils pensent du règlement intérieur qui interdit l'utilisation du téléphone portable dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire, 11 éducateurs sur 30, pensent que le règlement intérieur, en son article 25, aide à régler le problème du portable dans les établissements scolaires. Ce nombre représente 36,66%. Pour ces enquêtés, il suffit seulement de bien appliquer les dispositions qui y sont consignées.

Cependant, la confiscation des téléphones portables engendre d'autres problèmes. A ce propos, un éducateur nous a rapporté que les portables confisqués dans un établissement public ont été vendus ou utilisés par son collègue.

En revanche, 19 éducateurs, soit 63,33%, trouvent qu'il n'est pas suffisamment efficace. Parmi ces enquêtés, treize (13) estiment que l'article 25 dudit règlement est imprécis quant à l'espace d'application. Ils relèvent, en effet, qu'il stipule en substance que l'utilisation du téléphone portable est sanctionnée par la confiscation dudit jusqu'à la fin de l'année, sans préjudice de l'une des sanctions citées..., sans toutefois préciser si l'interdiction couvre tout le domaine scolaire et toutes les heures. Par ailleurs, ils disent que ce règlement est diversement appliqué pour les mêmes fautes.

A ce sujet, au cours d'un stage que nous avons effectué au LMHFG, nous avons remarqué que les enfants des parents qui ont des relations particulières avec les personnels administratif, enseignant et éducatif, bénéficient souvent de traitements particuliers. Les portables confisqués leur sont remis ou remis aux parents. Par contre, beaucoup d'autres parents se voient carrément refusés la remise du portable de leurs enfants malgré les négociations faites.

Pour terminer, les éducateurs ont fait des propositions de suggestions pour une autre forme de gestion de la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves. Les

81

divergences de leurs points de vue sur les différentes questions abordées transparaissent dans leurs réponses. Toutefois, une majorité s'est dégagée pour une relecture du règlement intérieur pour lui donner plus de précision et plus de clarté.

II.4.4. Des suggestions des éducateurs

A l'endroit des élèves, les éducateurs suggèrent de laisser leurs portables à la maison ou de désactiver l'alarme juste au réveil ; de l'éteindre systématiquement avant d'entrer dans la classe ou même dans l'établissement ; ou encore de l'utiliser utilement en mode silencieux dans la cour.

Quant aux parents, les éducateurs suggèrent de donner des conseils aux enfants avant de leur permettre d'envoyer leur portable à l'école ; d'éviter d'appeler leurs enfants en classe, ou même à l'école ; ne donner aux élèves que des portables simples pour éviter les usages trop abusifs ; ne pas donner un portable à un élève de moins de 18 ans.

Quelques-uns d'entre eux ont suggéré d'éviter d'acheter des portables à leurs enfants avant l'université. Pour ces derniers, être à l'université signifie quand même que l'élève a atteint une certaine majorité car ils ont généralement dix-huit ans au moins.

A l'endroit des responsables des établissements secondaires et du MESS, les éducateurs suggèrent ce qui suit.

Ceux qui sont formels sur l'interdiction suggèrent d'appliquer avec rigueur le RI51 en sanctionnant systématiquement. Pour ce faire, ils proposent l'interdiction stricte de l'utiliser dans la cour.

Néanmoins, parmi eux certains proposent de n'interdire strictement l'utilisation que dans la classe. Et comme solutions palliatives, ils suggèrent d'offrir aux élèves des montres-bracelets et des calculatrices pour les parents qui pensent que c'est pour ces besoins qu'ils offrent des portables à leurs enfants.

Par contre, ceux qui voudraient une autre forme de gestion de la question du portable suggèrent de sensibiliser les élèves à une utilisation citoyenne. Pour ce faire, ils souhaitent que le MESS rende effectif l'enseignement de l'éducation à la citoyenneté pour prendre en compte l'aspect du téléphone mobile et initie des émissions de sensibilisation des parents et des élèves.

51 Règlement intérieur

82

A l'attention des responsables des établissements, ils suggèrent de sanctionner selon la gravité des faits et des actes, d'autoriser et de réglementer l'usage du portable dans la cour, d'informer les APE sur les conséquences de l'utilisation du portable par les élèves.

Voyons à présent ce que pensent les enseignants sur les différentes questions abordées.

II.5. Les avis des enseignants

II.5.1. De l'importance du téléphone portable pour les élèves

Que pensent les enseignants sur la question du portable à l'école ?

II.5.1.1. De l'utilité du téléphone portable

A la question de savoir à quoi peut servir le potable à un élève, 32 enseignants sur les 39 ayant répondu au questionnaire, soit 82,05%, trouvent que le portable peut servir à bien de choses aux élèves.

Pour eux, le portable peut servir à l'élève à communiquer comme tous les autres utilisateurs ; l'élève peut aussi utiliser les autres fonctions et outils tels l'alarme pour programmer son heure de réveil, la montre pour suivre l'heure, la radio pour s'informer, la calculatrice pour s'aider dans les calculs, l'internet pour d'éventuelles recherches. Aussi, l'appareil photo du portable peut servir à garder en souvenir dans l'album les photos de ses camarades, l'enregistreur de sons et d'images peut être utilisé pour les besoins d'enregistrement des enquêtes qu'on peut demander souvent aux élèves d'effectuer, dans le cadre de certaines leçons, etc.

Les 07 autres enseignants qui représentent 17,94%, pensent au contraire que le portable sert aux élèves à se faire plus de mal que de bien. Ils estiment qu'il favorise la tentation à la tricherie. A ce propos, un enseignant, d'une certaine expérience professionnelle, soutient que « le téléphone portable favorise surtout le harcèlement des filles par des enseignants et leurs camarades (garçons) ».

II.5.1.2. De la nécessité d'emporter le téléphone portable à l'école

A la question de savoir s'il est nécessaire pour l'élève d'emporter le portable à l'école, 20 enquêtés sur 39, expriment leur accord sur la nécessité pour les élèves d'emporter leur portable à l'école. Ce nombre représente un pourcentage de 51,20%. Entre autres raisons

83

avancées pour justifier leur point de vue, ces enseignants pensent que le portable peut bien servir à l'élève en cours de route, entre lui et ses parents en cas d'urgence et vice-versa. Or, pour pouvoir s'en servir il faut l'avoir sur soi ; donc, il faut qu'il l'emporte à l'école. Mais, selon ces enquêtés, une fois à l'école, il doit respecter le règlement intérieur. Pour l'un d'eux, « si l'élève est sage, il peut se servir de certains outils de son portable (montre, calculatrice lorsque c'est autoriser) ».

Un enseignant, lui, rappelle que « les fonctions premières du portable sont les émissions d'appels et les envois de sms ». Il poursuit qu' : « à l'image des postes-radios et autres baladeurs qui ont été toujours interdits dans les établissements, il ne doit pas être question que les élèves soient autorisés à utiliser les fonctions multimédias des portables ». Un autre enseignant nous a confié que dans son établissement, les élèves qui tiennent à envoyer leur portable à l'école sont tenus de les déposer dans les bureaux des éducateurs; et qu'ils ne peuvent les reprendre qu'à la fin des cours.

En revanche, 19 enquêtés, soit 48,71%, ne trouvent pas qu'il soit nécessaire pour les élèves d'emporter leurs cellulaires à l'école. Pour la majorité de ces enquêtés, c'est-à-dire 15 enseignants sur 19, soit 78,94%, la présence du portable à l'école peut occasionner beaucoup de désagréments : les perturbations des cours, les violences envers leurs camarades et les enseignants, les mauvais usages de toute nature.

II.5.2. De l'utilisation du téléphone portable à l'école II.5.2.1. De la perturbation des cours

A la question de savoir si leurs cours ont déjà été perturbés par les sonneries de portable, nous avons enregistré 15 « oui », soit un pourcentage de 38,46%. Contre 24 « non », pour un pourcentage de 61,53%.

12 enseignants sur les 15 dont les cours ont déjà été perturbés, reconnaissent que cela s'est produit rarement. Ils représentent un taux de 80%.

03 enseignants sur les 15, soit 20%, disent avoir vécu parfois des cas de perturbation. En revanche, aucun ne reconnaît avoir vécu fréquemment ces perturbations pendant un quelconque cours.

Notre analyse fait ressortir que les cas rares de perturbation de cours sont les plus importants en termes de pourcentage. Ce qui dénote, à notre avis, des précautions d'usage de la part des utilisateurs.

A la question suivante de savoir s'ils croient que les élèves le font volontairement, 15 enquêtés sur 29, soit 38,46%, affirment que les élèves le font volontairement. Parmi eux, 05 soit 33,33%, pensent que les actes des élèves sont toujours volontaires. Contre 10 qui pensent que c'est souvent volontaire. Ce qui représente 66,66%.

24 enseignants ont répondu par la négative, soit un taux de 61,53%.

II.5.2.2. De la manière dont les élèves utilisent les portables dans leurs établissements

Quant à la question de savoir, comment les élèves utilisent les téléphones portables dans leurs établissements, 31 enseignants sur les 39 enquêtés, affirment que l'utilisation du téléphone portable dans leurs établissements se fait discrètement. Ce pourcentage est de 79,48%.

Quant à l'utilisation abusive, 08 enseignants, soit 20,51%, reconnaissent qu'elle a cours dans leurs établissements.

Par contre, aucun des enquêtés ne reconnaît que les élèves n'utilisent pas du tout le portable dans leurs établissements.

De façon générale, l'analyse de ces chiffres nous permet d'affirmer que le phénomène du portable existe dans tous les établissements. Seulement, la tendance est à une utilisation discrète.

84

II.5.2.3. Du cycle où l'on rencontre le plus de cas de perturbation

Graphique 5 : réponse des enseignants par rapport au cycle où l'on rencontre le plus de cas de perturbation.

1er+2nd Cycles; 2

1er Cycle; 11

2nd Cycle; 26

1er Cycle 2nd Cycle 1er+2nd Cycles

Le graphique nous indique que la majorité des enquêtés, soit 26 sur 39 correspondant à un taux de 66,66%, trouvent que les cas de perturbation liés au téléphone portable se rencontrent le plus au second cycle.

11 enquêtés, soit 28,20%, pensent qu'on les rencontre plus au premier cycle. Et seulement 06,66%, correspondant à 02 enquêtés, trouvent que les cas de perturbation ont la même ampleur dans les deux cycles.

Cette analyse nous permet de dire que la question d'âge ou d'appartenance à un cycle ne saurait être un alibi pour remettre ou pas un portable à un élève. Car, le second cycle où l'on rencontre, en principe, beaucoup plus les moins jeunes, est malheureusement le cycle où il se produirait aussi le plus de cas de perturbation.

85

II.5.2.4. De la question du genre dans les cas de perturbation

86

Graphique 6 : réponse des enseignants sur la question du genre

35

30

4

28

7

Pourcentage

Nombre

Plus de
Filles

10,25%

4

Autant de
Filles que
de
Garçons

71,79%

28

Plus de
Garçons

17,94%

7

25

20

15

10

5

0

Pourcentage Nombre

Selon le graphique, la perturbation des cours par les portables n'est pas l'affaire d'un genre en particulier. En effet, la majorité des enquêtés, soit 28 enseignants sur 39, reconnaissent qu'autant les filles que les garçons sont à l'origine des cas de perturbation dans les établissements. Ils représentent 71,79% des enseignants enquêtés.

07 enquêtés, soit 17,94% pensent que ce sont les garçons les plus grands perturbateurs ; contre 04 sur 39 enquêtés qui penchent plutôt pour les filles.

II.5.3. Des sanctions et du règlement intérieur

II.5.3.1. Des sanctions

A la question de savoir si la confiscation du téléphone portable est systématique, 15 enseignants sur 39 ont répondu par l'affirmative. Ce qui représente un taux de 38, 46%.

En revanche, la majorité des enquêtés, soit 24 représentant un pourcentage de 61,53%, ont répondu « non ».

De notre point de vue, la position de ces 24 enseignants de ne pas confisquer systématiquement les portables tiendrait compte de certains éléments tels l'oubli de les désactiver ou de les éteindre.

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II.5.3.2. Du règlement intérieur

Il a été demandé aux enseignants ce qu'ils pensent du règlement en vigueur dans les établissements secondaires. A cette question, les réponses suivantes ont été données :

06 enquêtés sur 39 jugent efficace le règlement intérieur, soit 15,38% ;

26 enquêtés sur 39, soit 66,66%, ne le trouvent pas suffisamment efficace ;

01 seul enquêté le trouve moyennement efficace, soit 02,56% ;

01 autre enquêté dit ne pas avoir connaissance de ce règlement intérieur, soit 02,56% ;

05 enquêtés, soit un taux de 12,82%, sont restés sans réponse à cette question.

Les justifications apportées par ceux qui ne trouvent pas suffisamment efficace le règlement intérieur sont que l'article 25 dudit règlement n'est pas suffisamment expressif et précis. Il ne précise pas exactement son aire d'application. Cette situation fait que chaque établissement s'offre la possibilité de l'appliquer comme il le souhaite. De plus, il n'a pas été suffisamment vulgarisé ; donc il est méconnu du grand public. A ce sujet, un enseignant d'un établissement public et le directeur d'un complexe scolaire ont déclaré ne pas être au courant du nouveau règlement intérieur. Cependant, ce directeur nous a confié que malgré cet état de fait, son établissement a depuis longtemps pris des dispositions pour lutter contre le phénomène du portable.

II.5.4. Des suggestions des enseignants

Par rapport à la question du portable, deux tendances se dégagent également du côté des enseignants. Ceux qui sont carrément contre sa présence à l'école et ceux qui relativisent leur position vis-à-vis du phénomène qu'il constitue de nos jours.

En rappel, les enseignants qui pensent que le portable peut bien servir à quelque chose aux élèves sont au nombre de 32 sur 39, soit 82,05% des enquêtés. Et ceux qui pensent qu'il est nécessaire que les élèves l'emportent à l'école sont au nombre de 20, soit un pourcentage de 51,28%.

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A la question de savoir ce qu'ils proposent comme suggestions pour envisager une autre forme de gestion de la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves, ces enseignants ont suggéré ce qui suit.

D'abord à l'endroit des parents, les enseignants souhaitent qu'ils sensibilisent et conseillent leurs enfants au bon usage du téléphone portable. Et surtout, d'apprendre aux élèves à bien utiliser leur portable en évitant de déranger les autres. Certains préconisent de ne permettre l'usage aux élèves qu'à partir de 18 ans.

Ensuite, aux responsables des établissements, ils suggèrent de sensibiliser les élèves contre la mauvaise utilisation, d'intervenir dans les assemblées générales des APE52 pour présenter les méfaits du portable et aussi ce qu'on peut considérer comme avantages afin de faire savoir aux parents qu'il n'y a pas trop de mal à doter son enfant de téléphone portable. Certains enseignants ont suggéré de ne plus confisquer les portables pendant un long temps. En lieu et place, ils recommandent d'appliquer d'autres sanctions telles que l'expulsion du cours, ou la confiscation pendant une brève période assortie d'une consigne s'il y a récidive ou si les faits sont suffisamment graves.

Enfin, les enseignants suggèrent au MESS de sensibiliser par les médias l'ensemble de la population sur les méfaits du portable à l'école, de ne pas chercher à interdire formellement et strictement le téléphone portable à l'école à l'heure du développement des NTIC.

D'autres enseignants préconisent qu'il soit précisé en des termes plus clairs l'article du RI qui concerne l'utilisation du téléphone portable à l'école.

II.6. La synthèse des entretiens

Les entretiens que nous avons réalisés dans le cadre de notre étude, ont concerné les responsables des établissements (proviseurs, directeurs, ou censeurs) et trois chefs de service en fonction dans la commune de Banfora.

Ces entretiens ont porté sur l'importance du portable dans les relations parents-élèves, la nécessité de l'emporter à l'école et son utilisation par les élèves en milieu scolaire. Pour clore chacun des entretiens, des suggestions envisageables pour une autre forme de gestion de la question de l'utilisation du téléphone portable ont été faites par les responsables d'établissement et les chefs de service.

52 Association des Parents d'Elèves

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II.6.1. Des entretiens avec les responsables d'établissement et les chefs de service.

Au cours de notre étude, nous avons interviewé un total de quinze responsables d'établissement et trois chefs de service. Soit un total de dix-huit entretiens.

Il faut rappeler que tous les établissements ont été visités à cet effet. Selon la préférence de chacun des participants, les entretiens ont été soit enregistrés, soit transcrits. Ainsi, nous en avons enregistrés treize qui ont duré en moyenne une trentaine de minutes chacun, et transcrit cinq qui ont duré en moyenne une quarantaine de minutes chacun.

Auprès de ces enquêtés, il s'est agi de recueillir leurs avis sur la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves, en leur qualité de premier responsable d'un service qui peut être intéressé par notre problématique. C'est en ce sens que nous avons interviewé une chef de service à la DRESS-Ca, le responsable de "Aide à l'Enfance-Canada" (AEC), une ONG oeuvrant pour la promotion des droits de l'enfant dans les régions des Cascades et du Sud-ouest. Nous avons enfin invité un chef de service de la société TELMOB à se prêter à notre entretien.

Le guide conçu pour l'entretien comporte les questions suivantes :

- Est-ce que vous partagez l'avis des parents qui disent qu'ils ont souvent besoin de communiquer avec leurs enfants à l'école ? Ou pour s'assurer de leur position après les cours ?

- Selon vous, y a-t-il des avantages pour les parents à doter leurs enfants scolarisés au secondaire de téléphone portable ?

- L'importance du téléphone portable est reconnue dans la société. Pensez-vous qu'il est nécessaire aux élèves à l'école ? Pourquoi ?

- Pensez-vous que le portable pourrait empêcher un élève de travailler sérieusement en classe ?

- Selon vous, certains élèves pourraient-ils avoir des problèmes avec leur portable en classe ou à l'école ? Comment ?

- Quelles suggestions pourriez-vous faire pour envisager une autre forme de gestion de la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves dans les établissements secondaires ?

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A l'issue des entretiens, nous avons fait la synthèse des opinions recueillies selon les thématiques abordées.

II.6.2. Les opinions des interviewés

II.6.2.1. De l'importance du téléphone portable

En ce qui concerne le besoin de communication des parents avec leurs enfants, même si ces derniers sont à l'école, toutes les personnes interrogées pensent qu'il n'est pas du tout normal que des parents puissent agir comme cela. Selon eux, une fois que l'élève est à l'école, il reste et demeure sous la responsabilité de l'établissement. Donc, pour tout besoin de communication, les parents doivent s'adresser à l'administration des établissements. Sinon, tout appel ou sms adressé directement à un élève pourrait bien au contraire lui créer des problèmes.

A ce sujet, « Quelle urgence peut-il conduire un parent avisé à agir comme çà ?», s'est interrogé un chef de service.

« D'ailleurs, comment les parents entraient-ils en contact avec leurs enfants avant l'avènement du cellulaire? », a renchéri un directeur de CEG. Selon ce responsable, c'est « un vrai faux problème ». Pour terminer, il a ajouté qu'« à la limite, je peux admettre que ce soit l'enfant même ou son entourage qui contacte ses parents en cas de problème en dehors des heures de cours. »

Cependant, quelques-uns relativisent leur opinion sur la question. Ils ne sont d'accord avec cette pratique que si cela se fait après les cours et dans le respect de certaines règles de bonne conduite. A ce propos, un autre directeur du CEG d'un village rattaché, soutient cette tendance, en ce sens que certains élèves résidant dans la commune de Banfora parcourent, chaque jour de classe, plus de quinze kilomètres pour rejoindre l'établissement. « Je pense qu'en cas de panne ou de retard pris sur l'heure de retour à la maison, le portable peut servir en ce moment-là aux parents et/ou à l'élève », a-t-il précisé.

On constate que sur cet aspect de la question les avis sont quelque peu divergents.

En revanche, pour ce qui est de s'assurer de la position des enfants après les cours, tous les chefs de service et presque tous les responsables d'établissement partagent cette

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opinion. Ils estiment que trop de dangers guettent les enfants dans la rue et dans la circulation, en l'occurrence les agressions et les accidents. D'ailleurs, à propos de la question du téléphone portable, une chef de service affirme qu' « il faut désormais faire avec, tout en ayant à l'esprit d'éduquer les enfants au bon usage. »

II.6.2.2. Des avantages pour les parents à doter de téléphone portable leurs enfants scolarisés au secondaire

A ce niveau, certains enquêtés affirment qu'ils ne voient pas particulièrement d'avantages pour les parents de donner un téléphone portable à leurs enfants. Cependant, ils pensent que ceux qui le font ont de bonnes raisons de le faire.

D'autres enquêtés, eux, pensent qu'il existe bel et bien des avantages à doter les enfants de portables. Ils se justifient par le fait qu'au-delà même de l'école, certains parents peuvent avoir besoin de communiquer avec leurs progénitures afin qu'ils accomplissent certaines courses de la famille.

« Une fois, aux environs de 8 heures, il est arrivé que mon fils qui est en classe de troisième m'appelle sur son portable pour me dire que j'étais convoqué à l'administration de son établissement pour un acte d'indiscipline qu'il aurait commis à l'égard d'un surveillant. Lorsque je me suis rendu là-bas quelques trente minutes après son appel, ça lui a permis de réintégrer la classe pour continuer les cours de la journée », nous a déclaré un chef d'établissement. Et il a conclu par cette interrogation : « mais avec ça, est-ce qu'on doit toujours interdire aux élèves d'emporter leur portable à l'école ? »

De plus, ils ont évoqué l'usage de certains outils, paramètres ou fonctions qui leur permettent effectivement plusieurs possibilités d'utilisation. A ce propos, le directeur d'un CEG affirme : « c'est grâce au réveil du portable de mon fils que la maisonnée se réveille à l'heure pour éviter d'être en retard. Surtout lorsque je ne suis pas là. D'ailleurs, souvent je m'en sers moi-même quand je me sens trop cassé. »

II.6.2.3. De la nécessité du téléphone portable à l'école

La majorité des enquêtés pensent que le téléphone portable n'est pas nécessaire aux élèves à l'école car il peut constituer une source de problèmes pour eux.

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Ils croient que c'est parce que le port du cellulaire en lui-même n'est pas formellement interdit qu'il arrive que les élèves enfreignent régulièrement le règlement intérieur. Selon les chefs d'établissement et chefs de service enquêtés, le portable peut ne pas être nécessaire à l'école, mais être nécessaire que les élèves le possèdent à condition de ne l'utiliser qu'après les cours. Pour ce faire, le portable devrait être éteint dans l'enceinte de l'établissement.

Les autres interviewés, qui sont tout de même minoritaire, soutiennent qu'il est nécessaire aux élèves tant qu'il restera éteint dans la classe pour être ensuite bien utilisé dans la cour ou en partance pour la maison.

En définitive, tous sont d'accord que le téléphone portable peut être nécessaire à l'école, mais il ne doit pas être utilisé dans la classe.

II.6.2.4. Des conséquences néfastes du téléphone portable pour les élèves

Selon la plupart des personnes interviewées, le téléphone portable ne devrait pas empêcher un élève de travailler sérieusement en classe. Seulement, avant de donner un portable à un élève, les parents devraient s'assurer qu'il a atteint une certaine maturité d'esprit, un sens élevé du respect de ce qui est interdit de faire.

Sinon, pour eux, l'envie de manipuler le téléphone portable à tout-va peut prendre le pas sur ce pour quoi il est assis en classe.

Parlant d'autres inconvénients du téléphone portable, ils pensent que tout élève utilisateur qui n'intègre pas les dispositions réglementant son utilisation dans l'espace scolaire, est à tout moment exposé à encourir des sanctions telles que l'expulsion de la classe, la confiscation de son appareil...En effet, selon les mêmes interviewés, par un simple oubli d'éteindre son portable ou de désactiver l'alarme, un élève peut se retrouver devant le fait accompli. Une chef de service a affirmé : « Le portable de mon fils a été retiré l'autre jour en classe parce qu'il avait oublié de désactiver l'alarme qui lui sert de réveil. Et pourtant, il l'avait éteint avant d'entrer en classe. »

Quant aux chefs de service, ils affirment que leurs enfants n'ont jamais eu de problèmes de discipline liés à leurs portables. Par conséquent, ils pensent que tout est une question d'éducation.

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II.6.2.5. Des suggestions faites par les chefs d'établissement, les censeurs et les chefs de service

Toutes les personnes interviewées marquent leur accord pour l'interdiction de l'utilisation du téléphone portable dans la salle de classe. En effet, compte tenu de son caractère perturbateur réel et de son usage à des fins de tricherie, l'une d'entre elles estime qu' « il ne faut pas faire de quartier aux utilisateurs du mobile dans cet espace ». Cependant, ajoute-t-elle, « puisque le règlement intérieur national n'interdit pas formellement le portable à l'école, il faudrait travailler à éduquer les élèves à son bon usage dans la société en général, et dans les établissements en particulier ». Pour ce faire, les responsables d'établissement et les chefs de service ont émis des suggestions.

Ainsi, à l'endroit des parents, ils suggèrent d'exhorter leurs enfants au respect du règlement intérieur de leurs établissements, de collaborer avec les établissements pendant les heures où les élèves sont censés être sous la responsabilité des éducateurs, de donner aux enfants l'exemple du bon usage en famille ; en mettant le portable en mode silencieux lorsque la famille est réunie dans le salon ou en ne communiquant pas bruyamment dans la nuit lorsque toute la maisonnée s'endort, et d'éviter les sonneries trop bruyantes. Pour le directeur d'un collège privé, on ne doit point parler d'incivisme des élèves tant que l'éducation à la base des enfants n'aura pas été assurée. Il recommande donc que chaque parent assume sa part de responsabilité.

A l'endroit des élèves, ils leur suggèrent d'éteindre le portable une fois qu'ils s'apprêtent à entrer dans l'enceinte de l'établissement, d'éteindre le portable avant d'entrer dans la salle de classe, de veiller à désactiver l'alarme qui peut sonner à n'importe quel moment même si le portable est éteint, ou de confier le portable à l'éducateur avant d'aller en classe. A défaut de pouvoir observer toutes ces précautions, il leur demande tout simplement de laisser leurs portables à la maison.

A l'intention des responsables d'établissement, un chef de service de l'ONG « Aide à l'Enfance Canada » recommande de ne pas priver les enfants de téléphone portable car il participe à leur épanouissement. Cependant, pour l'intérêt supérieur de l'enfant qui est l'un des grands principes de la Convention Relative aux Droits de l'Enfant, il faut vraiment restreindre son utilisation dans la cour, l'interdire dans la classe afin de permettre aux élèves de se concentrer sur ce qui est essentiel pour eux.

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A l'endroit du MESS, ils préconisent de faire une très large diffusion du règlement intérieur qui semble être méconnu du grand public, de faire à travers les médias une campagne d'information et de sensibilisation sur les conséquences de l'utilisation du téléphone portable par les élèves à l'école et dans la rue, de rendre effectif l'enseignement de l'éducation civique et morale dans les lycées et collèges.

II.7. Bilan de l'observation directe

Selon Paul NDA cité par Jean Baptiste NDAGUIMANA53,

« L'observation directe est décrite comme une observation où le chercheur est présent sur le terrain. A partir d'une grille d'observation, il note, décrit les comportements des acteurs au moment où ils se produisent, tels que les conduites des élèves et des enseignants en classe. L'observation consiste donc à regarder se dérouler sur une période de temps donnée des comportements ou des événements et à les enregistrer ».

Le temps d'observation que nous avons passé dans trois établissements d'enseignement post-primaire et secondaire nous a permis d'observer plusieurs situations.

Sur la grille d'observation confectionnée à cet effet, nous avons retenu les faits les plus saillants que nous avons observés dans chacun des établissements visités.

D'abord, au Collège Sainte Thérèse, établissement catholique qui n'accueille que des filles, et dans les Etablissements Louis Querbes communément appelés "Saint-Viateur" qui a un caractère mixte, les téléphones portables n'ont pas été beaucoup aperçus dans la cour de recréation.

Toutefois, au Collège Sainte Thérèse, les deux élèves que nous avons vues tenant leur portable, ne l'ont consulté que pendant quelques secondes. Etait-ce pour voir si elles avaient reçu des SMS, des appels en absence ou voir l'heure qu'il faisait ? Nous sommes-nous demandé. Pendant la recréation, aux alentours du "petit marché" les utilisatrices discrètes se sont faites plus nombreuses. Pendant que quelques-unes avançaient vers le bois, seule, par groupe de deux ou de trois, d'autres se regroupaient autour d'une camarade. Il nous a été difficile de percevoir distinctement leurs actions mais tout portait à croire qu'il y avait souvent manipulation discrète de portable.

53 www.memoireoneline.com/1/09/2770/m_Motivation-et-réussites-apprentissages-scolaires.31html , site visité le 31 mars 2012 à 12h30mn

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Mais à la fin des cours de la matinée, entre 12h et 12h 15 mn, sorties des classes, presque toutes les filles tenaient un portable à la main. Vers la principale porte de sortie de l'établissement, alors que quelques-unes semblaient biper leurs parents, certaines appelaient les leurs pour qu'ils allassent les chercher. D'autres encore, à bicyclettes ou à motos, se frayaient un passage pour se rendre à la maison avec des écouteurs collés aux oreilles. Les scènes similaires ont été observées dans et aux environs des Etablissements Louis Querbes.

Aux ELOQ, dès 6h30mn, nous étions arrêté face à l'entrée principale. L'arrivée massive des élèves a généralement lieu entre 6h40 mn et 6h50mn. L'attitude d'un petit garçon arrivé à 6h45mn a particulièrement attiré notre attention. Descendu de son vélo, il a tout de suite sorti son portable de sa poche et a informé ses parents par un bref appel : « allô ! Maman, je suis bien arrivé ». Puis il a éteint son portable et l'a rangé dans son sac avant de franchir la porte d'entrée de l'établissement.

D'autres élèves ont tout simplement retiré leurs portables de la poche, décroché les écouteurs et les ont tous rangés dans leur sac.

A 6h55mn, l'unique passage ouvert aux élèves est bouclé. Tous les arrivants à cette heure sont considérés comme retardataires et sont tenus de rester hors de l'établissement jusqu'à 7h30mn. Ces retardataires, assis sur leurs engins passent le plus clair de leur temps à tripoter leur téléphone portable. Lorsque nous sommes entré dans l'établissement, nous nous sommes posté au niveau de la guérite d'où nous avions une vue panoramique de la vaste cour. De cette position, nous n'avons vu aucun élève manipuler un portable.

Ensuite, au LMHFG54, nous avons pu observer le comportement des élèves avec leurs téléphones portables sur plusieurs moments de la journée, aux abords de l'établissement, dans l'enceinte de l'établissement et dans les salles de classe pendant les heures considérées comme creuses par les élèves. D'abord, aux alentours de l'établissement et plus précisément au "petit marché", il nous a été donné de voir plusieurs élèves en train de manipuler leurs téléphones portables ou d'écouter la musique avec le volume grand ouvert, ou à l'aide d'écouteur. Ensuite, pendant que se déroulaient les cours d'EPS, les élèves dispensés ou les malades du jour se donnaient à coeur joie au visionnage d'images ou à l'écoute de musique aux abords des terrains de sports. Dans cet établissement, il y a des mouvements incessants d'élèves, des va-et-vient interminables entre les salles de classe et le "petit marché", avec pour la plupart du temps un portable à la main. Dans ce méli-mélo, seuls les malchanceux sont

54 Lycée Municipal Héma Fadouah Gniambia

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souvent interpelés pour se voir confisquer leur portable. Une chose qui nous a beaucoup marqué a été le silence et la passivité de certaines personnes. Elles qui étaient censées rappeler à l'ordre des élèves de la classe de terminale "A" qui prenaient plaisir à communiquer avec leur portable devant les bureaux de l'administration.

Enfin, les visites que nous avons effectuées dans certaines classes qui n'avaient pas cours nous ont permis de savoir qu'en dépit de l'interdiction qui est faite de l'utilisation du portable dans la classe, beaucoup d'élèves continuent d'y manipuler leurs portables. Cependant, à chacune de nos entrées dans les classes, ils ont toujours tenté de dissimuler leurs appareils. A midi, au son de la cloche, en sortant de la classe ou de l'établissement, tous les élèves possédant des portables les tiennent dans la main ou les manipulent.

Le soir, à partir de 17h30mn, c'est une autre situation qu'on découvre dans cet établissement. En effet, ce lycée abrite des cours du soir organisés par un groupe d'enseignants du secondaire. Dès 17h30mn donc, les apprenants de tous âges et de plusieurs couches socioprofessionnelles investissent la cour de l'établissement. Tous les élèves confondus, ceux du LMHFG et ceux des cours du soir, se livrent à ce qu'ils pensent être le mieux à faire : manipuler et tripoter leurs portables à souhait.

Les résultats de cette observation confirment que le phénomène du téléphone portable existe bel et bien dans tous les établissements, même dans ceux qui le combattent fermement. Cependant, l'attitude de certains élèves nous paraît si importante qu'il faut le rappeler. Aux ELOQ, par exemple, le petit garçon s'est servi de son portable pour rassurer ses parents qu'il est bien arrivé à l'école. Il a ensuite éteint son portable et l'a rangé dans son sac avant d'entrer dans l'enceinte de l'établissement.

Au Collège Sainte Thérèse, il a aussi permis à des filles d'informer leurs parents de la fin des cours afin que ces derniers partent les chercher.

Tous ces usages nous font dire que le portable peut paraître, par moments, bel et bien utile aux élèves, sur le chemin de l'école, dans leur poche ou dans leur sac. Il transparaît également dans le comportement du petit garçon, la question d'une éducation au bon usage.

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CHAPITRE III. INTERPRÉTATIONS ET VÉRIFICATIONS DES HYPOTHÈSES

Après avoir recueilli et analysé les données, nous procédons à leurs interprétations pour voir si elles confirment les hypothèses émises en début de recherche.

Pour l'étude de notre problématique sur l'utilisation du téléphone portable par les élèves, nous avons formulé une hypothèse principale et trois hypothèses secondaires. Nous allons d'abord vérifier les hypothèses secondaires.

III.1. Hypothèse secondaire 1

Au regard de l'importance du téléphone portable et de sa nécessité dans les relations avec leurs enfants, les parents ne manquent pas de les conseiller au bon usage.

D'après les résultats de nos investigations auprès des parents, avoir un téléphone portable aujourd'hui est une nécessité indéniable. Ils l'affirment à 100% même s'ils reconnaissent dans le même temps que quelques utilisateurs le possèdent par snobisme ou par conformisme.

En outre, la majorité des parents enquêtés trouvent que le téléphone portable peut être utile à l'élève, à la maison comme à l'école. Selon eux, en plus de se servir de certaines fonctions ou outils tels le réveil, la montre, la calculatrice ou l'internet, l'élève peut utiliser son portable pour prendre rendez-vous avec les camarades de son groupe d'étude. Il peut également l'utiliser pour situer ses parents en cas de contretemps. Cette majorité qui représente 73,68%, soit 70 enquêtés sur 95 dit qu'elle serait prête à doter les enfants de portables pour les usages ci-dessus cités. Ceux qui l'ont déjà fait sont autour de 45%, un taux quand même considérable.

Vu la facilité de communication et les vertus sécurisantes qu'offre le téléphone portable à la société, nous disons que la majorité des parents ont de bonnes raisons d'en doter leurs enfants. A ce propos, un surveillant nous a raconté qu' « un jour, un parent d'élève est venu me confier le portable de son enfant que ce dernier avait oublié d'emporter afin que je le lui remette après les cours ».

Quant aux réponses des élèves eux-mêmes, il ressort que le téléphone portable leur permet de joindre effectivement leurs parents en cas de problèmes. Et cela, après les heures de cours, ou encore en cas de retard dû à une panne survenue en cours de route.

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Pour ce qui est de communiquer avec leurs enfants même si ces derniers sont censés être à l'école, 49,47% des parents enquêtés, soit 47 sur 95 parents, disent qu'ils le font. Cependant, ils disent tenir compte de certains moments de la journée : à la recréation ou après les cours. Cette attitude sous-entend quelques précautions de la part de certains parents.

Ceux qui, à priori, déclarent ne pas communiquer avec leurs enfants lorsqu'ils sont à l'école, disent qu'ils se voient par la suite obligés de les appeler. Pour eux, jusqu'à une heure tardive et inhabituelle, si leurs progénitures ne sont pas encore rentrées, ils disent ne pas avoir d'autres choix que d'appeler. A ce niveau encore, l'agissement des parents témoigne de l'observation de certaines précautions de leur part, jusqu'à la limite de la patience.

Par ailleurs, 42 parents, soit 44,21%, déclarent qu'ils ont donné des précautions d'usage à leurs enfants. Cela implique que les élèves ont été conseillés au bon usage. Ces parents se soucient des mauvais usages que peuvent faire les enfants de leurs portables. Pour ce faire, ils leur ont demandé de respecter ce qu'on leur dit de faire ou de ne pas faire.

De plus, pour permettre à leurs enfants de mieux gérer, les parents leur donnent certaines précautions d'usage.

En conclusion, malgré les 44,21% des parents qui déclarent avoir donné des précautions d'usage à leurs enfants et les 49,47% qui affirment qu'ils communiquent avec leurs enfants en tenant compte de certains moments de la journée, nous pouvons dire que les données obtenues et les témoignages des parents infirment partiellement notre première hypothèse secondaire.

III.2. Hypothèse secondaire 2

Malgré les dispositions prises, le téléphone détenu par les élèves demeure un élément perturbateur des cours, des heures d'études et aussi d'eux-mêmes.

En ce qui concerne cette hypothèse, au vu des données recueillies, nous pouvons dire que l'utilité du téléphone portable pour les élèves est reconnue de tous, parents, éducateurs, enseignants, chefs d'établissement et chefs de service.

Ils reconnaissent dans le même temps que si le portable est utilisé n'importe comment, il perturbe les cours. A ce propos, 190 élèves sur 274, soit un pourcentage de 69,34%,

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soutiennent que les élèves manipulent leurs portables dans les classes et 95,62% affirment qu'ils le font dans la cour. L'éloquence de ces taux est révélatrice des cas de perturbation qui peuvent se produire pendant les cours ou pendant les études.

En outre, 18 élèves seulement sur 185, soit 09,72%, affirment que leurs portables restent toujours allumés dans la classe. Ce taux qui pourrait paraître faible reste significatif. De notre point de vue, il suffirait largement à créer des risques de perturbation sonore. Perturbation des autres camarades de la classe, et déconcentration de celui-là même qui le laisse allumé ou qui le manipule. En effet, dès que le portable reste allumé, qu'il soit en mode vibreur ou en mode silencieux, le moindre bip, la moindre vibration ou la moindre luminosité détournent l'attention du détenteur du cours ;

En effet, un seul portable qui sonne de façon insolite dans une salle, ou dans un milieu calme suffit pour perturber la quiétude et le silence. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle, dans plusieurs lieux sensibles, il est fermement recommandé d'éteindre les téléphones portables.

L'interprétation de ces données nous permet de confirmer la deuxième hypothèse secondaire.

III.3. Hypothèse secondaire 3

Les élèves prennent des précautions d'usage pour éviter de se voir confisquer leurs portables.

Notre enquête a révélé que 72,26% des élèves ayant répondu au questionnaire, soit 198 enquêtés sur 274, pensent que les bons et les mauvais usages du téléphone portable dépendent de chacun des utilisateurs. Cela implique qu'il existe une catégorie d'élèves qui utilisent normalement leurs portables.

En effet, à la question de savoir si leur portable reste toujours allumé en classe, 90,27%, soit 167 élèves sur 185, nous ont confié que leurs appareils restent éteints lorsqu'ils sont en classe.

Aussi, seulement 05,47%, soit 15 élèves sur 274, reconnaissent que leurs portables ont déjà été confisqués; contre 259 élèves sur 274, soit un taux de 94,52%, qui déclarent le

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contraire. Pour ces élèves, afin d'éviter tout problème lié au portable, il suffit de respecter le règlement intérieur de son établissement, d'éteindre son portable dès qu'on doit rentrer dans la classe, ou même dans l'établissement, ou encore de le mettre en mode silencieux.

Nous allons encore, rappeler la façon d'utiliser le téléphone portable de ce petit élève de l'établissement "Saint-Viateur". Il a juste sorti son portable de sa poche, a rassuré sa maman par un bref appel, puis il l'a éteint avant de le ranger dans son sac.

Ces données témoignent des précautions que la plupart des élèves observent dans l'utilisation de leur portable. Par conséquent, elles confirment notre troisième hypothèse secondaire.

Aux termes de l'interprétation des données et de la vérification de nos hypothèses secondaires, l'hypothèse principale se trouve donc confirmée en grande partie. En effet, ces données nous ont permis d'établir que des parents et des élèves observent certaines précautions dans l'utilisation du téléphone portable à l'école.

C'est dans le but de porter un autre regard sur la présence contestée du téléphone portable en milieu scolaire que nous proposons des solutions et un code de bonne conduite afin de mieux gérer aujourd'hui la question de son utilisation par les élèves dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire.

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CHAPITRE IV. SUGGESTIONS-DIFFICULTÉS-LIMITES DE L'ÉTUDE

Dans ce chapitre, nous allons retenir quelques suggestions faites par les personnes enquêtées, proposer des solutions personnelles et un code de bonne conduite relatif à l'utilisation du téléphone portable dans les établissements à l'intention des élèves et des parents.

IV.1. Des suggestions des enquêtés et propositions de solutions personnelles IV.1.1. De la synthèse des suggestions faites par les enquêtés

Des suggestions pertinentes ont été faites par les participants à notre étude. Celles qui vont dans le sens d'une gestion du téléphone portable fuuriste ont été prises en compte.

La plupart des personnes enquêtées qui ne sont pas extrêmement contre l'utilisation du téléphone portable par les élèves ont suggéré qu'avant d'offrir un portable à un enfant, il faut lui donner d'abord des conseils d'usage. Cependant, ils souhaitent que le portable ne lui soit offert que si la nécessité s'impose véritablement.

Les enquêtés ont proposé aussi à l'endroit des parents, de laisser leurs numéros de téléphone auprès des éducateurs même si leurs enfants ont un portable. Ils devraient aussi connaître les numéros des éducateurs de leurs enfants. En d'autres termes, ils demandent que les parents collaborent et communiquent avec l'école pendant les heures où les élèves sont sous la responsabilité de l'administration scolaire.

Les enquêtés ont également souhaité que l'accent soit mis sur la sensibilisation des élèves et les parents d'élèves par les administrations scolaires, les APE.

D'autres enquêtés ont suggéré de privilégier à la confiscation d'autres sanctions stipulées à l'article 25 de l'arrêté n°2011-530/MESS/SG portant règlement intérieur des établissements d'enseignement post-primaire et secondaire au Burkina Faso, telles que : expulsion du cours perturbé plus avertissement à l'élève fautif ; expulsion du cours plus traduction de l'élève fautif en conseil de discipline, s'il y a récidive...

A l'endroit du MESS, les enquêtés ont suggéré de sensibiliser par les médias toute la communauté éducative sur les conséquences et les avantages du téléphone portable pour les élèves, dans les relations parents-élèves et aussi dans les relations trilatérales famille-école-

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élève. Ils ont aussi recommandé la mise en oeuvre effective de l'enseignement de l'Education Civique et Morale.

IV.1.2. Des propositions de solutions personnelles IV.1.2.1. Des solutions personnelles

Le téléphone portable est devenu aujourd'hui un phénomène de société. Depuis son avènement au Burkina Faso, il est dans un processus irréversible. Il a pénétré la société et le monde scolaire avec son lot d'avantages et d'inconvénients. A présent, réglementer son utilisation est devenu le maître-mot des responsables éducatifs. Quelle est notre vision par rapport à cette problématique?

Nous nous fondons sur le principe sociologique de R. BOUDON. Ce sociologue estime que l'individu est l'élément premier de tout phénomène social. Par conséquent, l'analyse de tout phénomène social doit partir de l'homme, pris individuellement.

Pour notre part, nous pensons qu'il faut d'abord informer et sensibiliser largement les élèves sur les différentes conséquences de l'utilisation abusive du téléphone portable. Car c'est d'abord à leur niveau individuel que le changement de comportement devrait se faire.

Pour ce faire, chaque matin, les éducateurs pourraient rappeler aux élèves d'éteindre leurs portables ou de le mettre en mode silencieux, selon le règlement intérieur de l'établissement. Dans la cour, ils pourraient tolérer les élèves tant que l'utilisation du portable resterait raisonnable. Quant aux enseignants, ils pourraient également inviter les élèves à éteindre ou à désactiver l'alarme avant le début des cours. Les éducateurs aussi pourraient rappeler permanemment aux élèves d'éteindre leur portable, à l'aide d'une affiche collée dans la classe et portant la mention « Eteignez vos téléphones portables, SVP! ».

Placer ensuite l'élève face à ses responsabilités individuelles dans la gestion de son portable. Car il existe tout de même des élèves qui utilisent correctement leur téléphone portable.

Dans la même logique, les enseignants en cours devraient éviter de faire sonner bruyamment leur portable ou de communiquer dans la classe. A ce propos, l'un de nos enseignants qui a affirmé avoir du respect pour les stagiaires que nous sommes désactivait son

103

portable chaque fois qu'il avait cours. Malheureusement, dans le même temps, certains stagiaires le mettaient mal à l'aise en laissant sonner leur portable. Nous, adultes, devrions donc donner l'exemple.

Enfin, la société, elle aussi, devrait jouer sa partition.

A ce titre, les parents devraient donner l'exemple du bon usage en famille : avoir une sonnerie moins bruyante à défaut du mode silencieux et se déplacer quand il le faut pour répondre aux appels afin de ne pas déranger le reste de la maisonnée.

Eviter de manipuler son portable dans la circulation, surtout quand on est en compagnie d'une personne à qui l'on doit donner le bon exemple. A cet effet, le Ministère de l'Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité (MATDS) devrait effectivement réprimer l'utilisation du téléphone portable dans la circulation routière par l'application de la loi qui l'interdit au Burkina Faso.

Afin de faciliter la communication école-famille-école pour un meilleur encadrement et un meilleur suivi des élèves, des moyens devraient être dégagés à quel que niveau que ce soit pour doter les services de surveillance ou d'éducation de lignes téléphoniques. A cet effet, chaque établissement devrait à son niveau, créer un répertoire d'adresses des parents, facile à exploiter par les éducateurs.

IV.1.2.2. Du code de bonne conduite et de l'adoption d'une charte.

A l'attention des parents et des élèves, nous proposons les règles de conduite suivantes et une charte pour aider à mieux gérer la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves.

IV.1.2.2.1. Code de bonne conduite à l'intention des parents

- Ayez dans votre répertoire des numéros utiles, ceux de l'établissement ou des éducateurs de votre enfant.

- N'appelez jamais directement votre enfant sur son portable quand il est censé être sous la responsabilité de ses éducateurs ou de ses enseignants.

- Adressez-vous aux éducateurs pour toutes informations utiles à transmettre à votre enfant.

104

- Rassurez-vous que votre enfant n'utilise pas abusivement son téléphone portable en échangeant avec lui ou en le testant par une tentative d'appels ou d'envoi d'un sms aux heures où son portable devrait être éteint ; ou encore en vérifiant l'historique de ses appels et des sms.

- Donnez à votre enfant des conseils pratiques pour faire bon usage de son portable.

IV.1.2.2.2. Code de bonne conduite à l'intention des élèves

- Chaque matin au réveil, désactive l'alarme de ton téléphone portable avant de partir

pour l'école.

- N'écoute pas la radio ou la musique dans la circulation si tu n'as pas de casque ou

d'écouteur.

- Evite de manipuler ton portable lorsque tu es dans la circulation.

- Eteins ton portable ou mets-le en mode silencieux (selon le règlement intérieur de

l'établissement) à l'entrée de l'établissement.

- Evite de consulter l'heure de ton portable pendant le cours.

- Choisis d'éteindre ton portable avant le début de chaque cours.

- N'utilise pas ton portable pendant les heures d'étude, à part consulter l'heure.

- N'affiche pas d'images obscènes sur le fond d'écran de ton téléphone portable.

- Evite d'utiliser bruyamment ton téléphone portable dans la cour.

- Evite de visionner ou d'enregistrer des scènes ou des films obscènes.

- Ne prends jamais la photo d'une personne sans son consentement.

- Ne rallume ton portable qu'après les cours de la matinée et de la soirée.

- Evite de donner ton numéro de téléphone à n'importe qui.

- Ne réponds jamais à un appel ou un sms si tu ne connais pas l'émetteur.

- Informe tes correspondants de ne jamais t'appeler pendant les heures de cours.

IV.1.2.2.3. De l'adoption d'une charte

A l'image du règlement intérieur d'un établissement privé catholique, qui ressemble beaucoup plus à une charte, nous suggérons aux établissements secondaires d'élaborer un document règlementaire qui pourrait s'assimiler à leur règlement intérieur local. Ce document intitulé "charte scolaire" qui va contenir les principales règles de conduite à observer dans un établissement secondaire (y compris l'utilisation citoyenne du téléphone portable) serait

105

proposé aux parents d'élèves et aux élèves avec la mention "lu et approuvé". Cette mention donnerait ainsi au document signé un caractère contraignant.

De façon spécifique, cette charte pourrait concerner seulement l'utilisation du téléphone portable en milieu scolaire.

Voici donc une proposition de charte.

Charte des droits et des devoirs (de l'élève et des parents)

Cette charte tient à informer les parents et les élèves des dispositions prises par l'établissement notamment sur ce qui concerne le téléphone portable et autres assimilés. Chacun en ce qui le concerne se doit de les observer.

A. Les droits de l'élève

- Tout élève a le droit de posséder un téléphone portable.

- La détention du téléphone cellulaire n'est pas interdite dans l'enceinte de l'établissement.

- A la fin des cours de la journée (au-delà de 12 heures et de 17 heures) l'élève a le droit d'utiliser son téléphone portable.

B. Les devoirs de l'élève

- Il est interdit aux élèves d'utiliser un téléphone portable ou un baladeur dans l'enceinte de l'établissement.

- Il est également interdit aux élèves d'exhiber leur téléphone portable dans la classe ou de l'utiliser dans la classe pendant les cours et pendant les heures d'étude.

- Les téléphones portables devront être éteints ou placés en mode silencieux en entrant dans l'établissement.

- L'utilisation du portable en mode silencieux pendant les heures d'études est admise mais il est formellement interdit de communiquer dans la salle de classe ou de faire des jeux.

- L'utilisation du téléphone portable dans la cour est admise. Toutefois il est strictement interdit de l'utiliser avant la fin des cours.

106

- Tout élève qui désire communiquer après les cours avec son téléphone portable doit le faire discrètement, hors de la classe, sans déranger ni ses camarades, ni les enseignants, ni les personnels administratifs et d'éducation.

- Les baladeurs et consoles devront être éteints en entrant dans l'établissement.

- L'utilisation des écouteurs et des casques est strictement interdite dans l'enceinte de l'établissement.

- Tout élève soupçonné de mauvais usages (visionnage d'images obscènes, prise de vue d'autrui sans consentement...) de son téléphone dans la cour de l'établissement doit obligatoirement se soumettre au contrôle ou à la vérification du contenu des fonctions multimédias par l'éducateur.

C. Les devoirs des parents

- Tout parent d'élève doit communiquer son numéro de téléphone au bureau de l'éducateur.

- Les parents ne doivent pas communiquer directement avec leurs enfants à l'heure où ceux-ci sont sous la responsabilité de l'établissement.

- Tout parent doit s'assurer du bon usage du téléphone portable par son enfant.

D. Les sanctions applicables aux élèves

- Si un téléphone sonne pendant un cours, il est confisqué et le fautif expulsé du cours. Il ne sera remis à l'élève que le lendemain après les cours, avec une retenue de 2 heures.

- En cas de récidive, le portable sera confisqué et ne sera remis qu'à la veille des vacances.

- Si un élève est pris avec un baladeur ou une console, il lui sera confisqué avec une retenue de 2 heures, et ne lui sera rendu qu'à la veille des vacances suivantes.

- Tout élève pris en flagrant délit de communication dans la salle de classe, verra son portable confisqué pour une durée de deux jours à une semaine. Toute récidive est passible de la confiscation jusqu'à la fin de l'année.

- En cas de récidive d'un parent qui communiquerait avec son enfant, ce dernier se verrait interdire le port du téléphone cellulaire dans l'enceinte de l'établissement durant tout le reste de l'année scolaire.

- Tout visionnage de films ou images obscènes est sanctionné directement par la confiscation du portable sans préjudice d'autres sanctions (retenue de quelques heures, expulsion temporaire, traduction devant le conseil de discipline).

Fait à .le .2012

Le chef d'établissement

Lu et approuvé

107

L'élève Le parent

IV.2. 108

Les difficultés liées à la recherche

Au cours de notre étude, nous avons rencontré par moments quelques difficultés. La ville de Banfora est notre champ d'étude et aussi la localité où nous avons fait notre stage professionnel. La distance qui la sépare de Koudougou où réside notre Directeur de mémoire, n'a pas facilité notre travail de recherche. En effet, des difficultés financières et des problèmes de santé ne nous ont pas permis de le rencontrer physiquement et régulièrement. Mais grâce à son esprit de sacrifice et de compréhension, et sa volonté de nous accompagner jusqu'au bout, il nous a permis de lui acheminer les différents aspects de notre projet de mémoire par internet.

Aussi, avons-nous désagréablement compris, au cours de la phase de collecte de données, que l'engouement que notre pré-enquête avait suscité en janvier 2011 s'était effrité. Nous avons dû faire preuve de patience pour recouvrer le maximum de nos questionnaires. Il faut souligner que quelques-uns semblent avoir été volontairement dissimulés. Quant aux entretiens, deux se sont passés comme si nous avons été un élément de trop, malgré les rendez-vous qui avaient été programmés.

Par ailleurs, au niveau de la documentation relative à l'objet de notre étude, il nous a été très difficile de trouver des documents physiques. Nous avons donc dû recourir à plusieurs sites internet où nous avons pu consulter des mémoires en ligne.

Heureusement, en dépit de toutes ces difficultés et de tous les obstacles, nous avons pu réaliser notre travail.

IV.3. Les limites de notre étude

L'étude que nous avons menée sous l'angle sociologique ne saurait prétendre aborder la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves dans toutes ses dimensions. Nous l'avons traitée ici dans son caractère abusif et perturbateur. Cependant, l'étude nous a permis d'évoquer la question de la confiscation du portable, et de survoler "la question du droit de l'enfant et du téléphone portable".

A notre sens, ces deux questions pourraient constituer des sujets de réflexion pour d'autres travaux de recherche.

109

CONCLUSION

L'évolution des moyens de communication est aujourd'hui dans une dynamique irréversible. Celle du téléphone portable s'est faite à une telle vitesse qu'il a pénétré toutes les couches de la société et s'est imposée comme le moyen de communication le plus utilisé.

La présence du téléphone portable en milieu scolaire a littéralement contribué à changer le comportement des élèves, à accentuer les actes d'indiscipline et à créer un dysfonctionnement dans les relations famille-école. Son utilisation se fait de façon abusive : perturbation des cours et des études, communication directe des parents avec leurs enfants et autres mauvais usages.

Notre recherche sur la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves a tenté d'apporter des réponses aux questions soulevées.

Ainsi, pour réaliser les objectifs que nous avons fixés à notre étude qui étaient d'évaluer la prise de conscience des élèves et des parents, d'inculquer aux élèves le sens de la responsabilité par l'utilisation citoyenne du portable et de proposer aux acteurs des solutions pour mieux gérer la question du téléphone portable, nous avons soumis des questionnaires à quatre catégories d'acteurs du système éducatif. Des entretiens ont été également réalisés auprès des responsables d'établissement et quelques chefs de service.

Les résultats issus de ces investigations ont mis en évidence aussi bien les inconvénients que les avantages liés à l'utilisation du téléphone portable en milieu scolaire. En effet, même s'il n'est pas nécessaire aux élèves en classe, il n'en demeure pas moins qu'il est d'une certaine utilité en milieu scolaire. Après les cours, entre l'école et le domicile, le téléphone portable permet aux élèves de communiquer avec leurs parents afin de les rassurer. Il leur permet également de communiquer entre eux pour les besoins de leur groupe d'étude respectif. Il permet même aux élèves responsables de structures d'élèves et aux responsables des établissements de communiquer pour résoudre certaines questions urgentes.

L'enquête a également révélé qu'il y a aussi bien des élèves que des parents qui utilisent correctement leurs portables, tout en observant certaines précautions d'usage. Toutefois, elle a attesté que l'utilisation abusive qui en est faite par certains n'est liée, ni au genre, ni à l'âge.

110

Pour ce faire des suggestions et des propositions de solutions ont été faites. Elles pourraient permettre d'offrir aux acteurs de l'éducation une autre forme consensuelle de gestion de la question du téléphone portable par les élèves.

Au regard des raisons avancées par les uns et les autres, l'interdiction de l'utilisation du téléphone portable en elle-même est une bonne décision. Mais, une éducation à l'utilisation citoyenne serait plus judicieuse, car à l'instar des autres NTIC, le téléphone cellulaire doit être intégré à l'école.

Fort de cela, nous pensons qu'il y aurait nécessité pour chaque établissement, de revoir à l'interne, à travers un règlement intérieur local, une réglementation qui pourrait permettre à chaque élève utilisateur du téléphone portable d'assumer pleinement sa responsabilité à travers une utilisation citoyenne du téléphone portable.

C'est à ce prix qu'on pourrait avoir dans quelques années une société où le téléphone portable serait très bien utilisé partout, dans les lieux publics ou les endroits ou services sensibles (salles de réunions, salles de cinéma, mosquées, églises, tribunaux,...), dans le respect des règles de bonne conduite.

Cependant, compte tenu de la vitesse de pénétration du téléphone portable dans la société, des changements de comportements et de pratiques qu'il a occasionnés, comment devrions-nous appréhender la question de son utilisation par les élèves dans ses aspects psychologiques ?

111

? BIBLIOGRAPHIE

I. Ouvrages

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II. Mémoires

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III. 112

Conventions internationales

- Convention Relative aux Droits de l'Enfant : document téléchargé sur le site http://www.droitsenfant.com/cidé.htm le 23-10-2011 à 10h35mn.

- Déclaration universelle des droits de l'homme : document téléchargé sur le site http://www.un.org/fr/documents/udhr le 23-10-2011 à 10h43mn.

IV. Documents officiels

- Arrêté N°2010-224/MESSRS/SG portant règlement intérieur des établissements d'enseignement secondaires au Burkina Faso.

- Arrêté N°2011-553/MESS/SG portant règlement intérieur des établissements d'enseignement post-primaire et secondaire au Burkina Faso

- Arrêté N°2003-054/MESSRS/SG/DGESG/DGESTP portant règlement intérieur des établissements d'enseignement secondaire au Burkina Faso.

- Rapport général de la CAES de 2009.

V. Autres documents

- KONÉ/TAGO, H. (2006), Usages et bonnes pratiques des technologies et des documents de communication dans l'enseignement à distance et l'apprentissage libre, plus particulièrement pour la formation continue des enseignants, Réseau d'Appui Francophone pour l'Adaptation et le Développement des TIC en Education (RESAFAD-TICE/MEBA), 49pages.

- Monographie de la ville de Banfora- 2010.

- Règlement intérieur des élèves (2011-2012) de l'Etablissement Louis Querbes. - Règlement intérieur du Lycée Municipal Héma Fadouah Gniambia de Banfora. - Règlement intérieur du Collège Sainte Thérèse.

- Règlement intérieur du Lycée Provincial Lompolo koné.

VI. Dictionnaires

- LEGENDRE, R. (2005) ; Dictionnaire actuel de l'éducation ; Montréal, Edition Guérin ; Paris. ESKA, 3è édition ; 1500pages.

113

- Le Petit Larousse Illustre (2003). - Le Petit Larousse Illustre (2008). - Le Nouveau Petit Robert (2003).

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115

TABLE DES MATIÈRES

DÉDICACE I

REMERCIEMENTS II

LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS III

LISTE DES TABLEAUX V

LISTE DES GRAPHIQUES VI

SOMMAIRE .VII

RÉSUMÉ VIII

INTRODUCTION 1

ASPECTS THÉORIQUES ..3

CHAPITRE I. PROBLÉMATIQUE ..4

I.1. Constats 4

I.2. Question de recherche 10

I.3. Hypothèses de recherche 11

I.3.1. Hypothèse principale 11

I.3.2. Hypothèse secondaire 1 11

I.3.3. Hypothèse secondaire 2 11

I.3.4. Hypothèse secondaire 3 11

I.3.5. Indicateurs de vérification des hypothèses 11

I.4. Objectifs de recherche 12

I.4.1. Objectif général ..12

I.4.2. Objectifs secondaires ..12

I.5. Justification du choix du thème .12
CHAPITRE II. HISTORIQUE DE LA TÉLÉPHONIE MOBILE AU BURKINA FASO

15

II.1. Situation des télécommunications au Burkina Faso avant l'arrivée du téléphone mobile.

15

II.2. L'avènement de la téléphonie mobile au Burkina Faso 17

116

CHAPITRE III. ÉLUCIDATION CONCEPTUELLE-CADRE THÉORIQUE -REVUE

DE LITTÉRATURE.

20

 

III.1 Elucidation conceptuelle

20

III.1.1. Le téléphone portable

20

III.1.2. Le milieu scolaire ou environnement scolaire

21

III.1.3. La vie scolaire

22

III.1.4. L'utilisation abusive

.22

III.1.5. Les effets pervers

...23

III.1.6. Les précautions

.24

III.1.7. Le règlement intérieur local

24

III.1.8. L'éducation à la citoyenneté

..25

III.1.9. La responsabilité

26

III.1.10. L'autorité

.28

III.2. Cadre théorique

28

III.3. Revue de littérature

31

III.3.1. Importance et utilité du téléphone portable

32

III.3.1.1. Importance et utilité du téléphone portable dans la société

.32

III.3.1.2. Importance et utilité du téléphone portable en milieu scolaire

.34

III.3.2. Les facteurs favorisants du développement du téléphone portable dans la société

35

III.3.2.1. Son évolution (les atouts du mobile, la multiplicité des modèles, la chute des prix)..

 

..36

III.3.2.2. La libéralisation du marché et la concurrence

36

III.3.2.3. Le snobisme

..37

III.3.3. Les effets pervers du téléphone portable

38

III.3.1. Les effets pervers dans la société

.38

III.3.2. Les effets pervers en milieu scolaire

40

III.3.4. La part de responsabilité des acteurs du système éducatif

41

III.3.4.1. La responsabilité de l'autorité centrale (l'État)

.41

III.3.4.2. La responsabilité des établissements scolaires

..42

III.3.4.3. La responsabilité des parents

43

117

III.3.4.4. La responsabilité des élèves ..44

III.3.5. Les législations et autres textes 44

III.3.5.1. Les textes internationaux. 44

III.3.5.2. Le règlement intérieur et le règlement intérieur local 45

ASPECTS PRATIQUES .49

CHAPITRE I. CADRE MÉTHODOLOGIQUE 50

I.1. Le champ d'étude 50

I.2. La population cible 51

I.3. L'échantillonnage 51

I.4. La méthode de collecte de données 53

I.4.1. La pré-enquête 53

I.4.2. Les instruments de collecte .53

I.4.2.1. Le questionnaire écrit ..54

I.4.2.2. L'entretien 54

I.4.2.3. L'observation directe 54

I.5. La situation du recouvrement, des entretiens et de l'observation 56

I.5.1. La situation de recouvrement du questionnaire écrit ..56

I.5.2. La situation de réalisation des entretiens 56

I.5.3. La situation de l'effectivité de l'observation directe ..57

I.6. La méthode d'analyse des données 57

CHAPITRE II. PRÉSENTATION ET ANALYSE DES DONNÉES 58

II.1. Identification des enquêtés 58

II.1.1. Identification des parents ..58

II.1.2. Identification des élèves .59

II.1.3. Identification des éducateurs 61

II.1.4. Identification des enseignants 61

II.2. Les avis des parents 62

II.2.1. De l'importance du téléphone portable 62

II.2.1.1. Des raisons motivant l'achat du téléphone portable 62

118

II.2.1.2. De la possession du téléphone portable par les parents 63

II.2.1.3. De l'utilité du téléphone portable pour les élèves 63

II.2.2. De l'utilisation du téléphone portable par les élèves .63

II.2.3. Des précautions d'usage .65

II.2.4. Des suggestions faites par les parents .66

II.3. Les avis des élèves ..68

II.3.1. De l'importance du téléphone portable 68

II.3.1.1. De l'utilité du téléphone portable pour les élèves 68

II.3.1.2. De la nécessité du téléphone portable à l'école 68

II.3.1.3. De l'ampleur de la présence du téléphone portable dans les classes 69

II.3.1.4. De la possession d'un téléphone portable 70

II.3.2. De l'utilisation du téléphone portable à l'école ..71

II.3.3. Des suggestions faites par les élèves 74

II.4. Les avis des éducateurs 74

II.4.1. De l'importance du téléphone portable pour les élèves 74

II.4.1.1. De l'utilité du téléphone portable pour les élèves 75

II.4.1.2. De la nécessité d'emporter le téléphone portable à l'école .75

II.4.2. De l'utilisation du téléphone portable à l'école 78

II.4.2.1. De la manière dont les élèves utilisent leurs portables dans les établissements 78

II.4.2.2. De la fréquence des cas d'indiscipline liés au portable 79

II.4.3. De l'appréciation du règlement intérieur 80

II.4.4. Des suggestions des éducateurs ..81

II.5. Les avis des enseignants 82

II.5.1. De l'importance du téléphone portable pour les élèves .82

II.5.1.1. De l'utilité du téléphone portable 82

II.5.1.2. De la nécessité d'emporter le téléphone portable à l'école .82

II.5.2. De l'utilisation du téléphone portable à l'école .83

II.5.2.1. De la perturbation des cours 83

II.5.2.2. De la manière dont les élèves utilisent les portables dans leurs établissements .84

II.5.2.3. Du cycle où l'on rencontre le plus de cas de perturbation 84

119

II.5.2.4. De la question du genre dans les cas de perturbation 85

II.5.3. Des sanctions et du règlement intérieur ..86

II.5.3.1. Des sanctions 86

II.5.3.2. Du règlement intérieur 87

II.5.4. Des suggestions des enseignants 87

II.6. Synthèse des entretiens 88

II.6.1. Des entretiens avec les responsables d'établissement et les chefs de service 89

II.6.2. Les opinions des interviewés ..90

II.6.2.1. De l'importance du téléphone portable 90

II.6.2.2. Des avantages pour les parents à doter de téléphone portable leurs enfants scolarisés au

secondaire 91

II.6.2.3. De la nécessité du téléphone portable à l'école 91

II.6.2.4. Des conséquences néfastes du téléphone portable pour les élèves ..92

II.6.2.5. Des suggestions faites par les responsables d'établissement et les chefs de service ..93

II.7. Bilan de l'observation directe 94

CHAPITRE III. INTERPRÉTATIONS ET VÉRIFICATIONS DES HYPOTHÈSES 97

III.1. Hypothèse secondaire 1 97

III.2. Hypothèse secondaire 2 98

III.3. Hypothèse secondaire 3 99

CHAPITRE IV. SUGGESTIONS-DIFFICULTÉS-LIMITES DE L'ÉTUDE ..101

IV.1. Des suggestions des enquêtés et propositions de solutions personnelles 101

IV.1.1. De la synthèse des suggestions faites par les enquêtés ..101

IV.1.2. Des propositions de solutions personnelles 102

IV.1.2.1. Des solutions personnelles ..102

IV.1.2.2. Du code de bonne conduite et de l'adoption d'une charte ..103

IV.1.2.2.1. Code de bonne conduite à l'intention des parents 103

IV.1.2.2.2. code de bonne conduite à l'intention des élèves ..104

IV.1.2.2.3. De l'adoption d'une charte ..104

IV.2. Les difficultés liées à la recherche 108

IV.3. Les limites de notre étude 108

120

CONCLUSION

 

.109

BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE

111

TABLE DES MATIÈRES

115

LISTE DES ANNEXES

ii

ANNEXES

i

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Lettre de sollicitation pour la pré-enquête

Annexe 2 : Fiche de collecte de la pré-enquête

Annexe 3 : Formulaire de consentement

Annexe 4 : Questionnaire adressé aux parents

Annexe 5 : Questionnaire adressé aux élèves

Annexe 6 : Questionnaire adressé aux éducateurs

Annexe 7 : Questionnaire adressé aux enseignants

Annexe 8 : Guide d'entretien à l'intention des chefs d'établissement, censeurs et chefs de

service

ii

Annexe 9 : Grille d'observation

iii

Annexe 1

UNIVERSITÉ DE KOUDOUGOU Burkina Faso

ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE Unité-Progrès-Justice

DÉPARTEMENT DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION

Koudougou, le 10 décembre 2010

SANOU Brahima, élève-conseiller d'éducation en formation à l'École Normale Supérieur-Koudougou

A

Objet : collecte de données pour l'élaboration d'un mémoire de fin d'études. Pièce jointe : fiche de collecte

M ,

Dans le cadre de la pré-enquête pour l'élaboration de notre mémoire de fin de formation portant sur le thème « Problématique de l'utilisation du téléphone portable en milieu scolaire au Burkina Faso : quelles stratégies de gestion ? Cas des établissements secondaires de la commune de Banfora », nous voudrions par la présente solliciter votre contribution combien précieuse pour une collecte de données portant sur les élèves utilisateurs de cellulaire.

Aussi, voudrions-nous vous rassurer de l'exploitation anonyme qui en sera faite tout au long de notre étude.

Nous vous prions, M , de bien vouloir croire à notre sincérité et
agréer l'expression de notre profond respect à vous et à toute votre équipe.

SANOU Brahima

iv

Annexe 2

Nom de l'établissement (facultatif) :

Statut : Public Privé

Nombre d'élèves ayant un téléphone portable

 

Garçons

Filles

Total

6ème

 
 
 

5ème

 
 
 

4ème

 
 
 

3ème

 
 
 

Total

 
 
 
 
 
 
 

2nde

 
 
 

1ère

 
 
 

Tle

 
 
 

Total

 
 
 

Effectif des classes

Filles

Total

Garçons

NB. Prière prendre en compte même les élèves qui ne viennent pas avec leur téléphone portable à l'école.

Date de la fin de collecte:

v

Annexe 3

Formulaire de consentement

Nom : SANOU

Prénom : Brahima

Statut : Élève-conseiller d'éducation à l'ENS/UK

Chers responsables administratifs et pédagogiques, chers enseignants, chers parents d'élèves, chers élèves

Dans le cadre de notre formation à la fonction de conseiller d'éducation, nous nous proposons de mener des recherches sur la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves au Burkina Faso mais plus particulièrement dans la commune de Banfora. A travers notre étude, nous voudrions d'une part, chercher à dégager les responsabilités des différents acteurs et particulièrement celle des parents ; d'autre part proposer des stratégies et des solutions à adopter pour minimiser l'ampleur du phénomène dans les établissements.

Aussi, sommes-nous persuadé que votre contribution à travers les réponses au présent questionnaire qui vous est adressé, permettra d'atteindre nos objectifs. Par ailleurs, nous vous rassurons de la confidentialité que nous observerons tout le long de notre étude.

Merci pour votre collaboration !

vi

Annexe 4

Questionnaire adressé aux parents

Profession/Fonction :

Sexe : Masculin Féminin

Nombre d'enfants scolarisés au secondaire :

Consignes : répondez sur cette fiche en mettant une croix dans la case de votre choix ou en écrivant directement votre réponse sur les lignes en pointillés.

1. Aujourd'hui, les gens s'achètent le portable : (vous pouvez cocher plusieurs cases)

- par nécessité

- par snobisme

- par conformisme

2. Avez-vous un téléphone portable ? Oui Non

3. A quoi peut servir le téléphone portable à un élève ?

-

-

-

-

-

4. Accepteriez-vous de donner un portable à votre enfant pour les usages que vous avez cités ci-

dessus ? Oui Non

Pourquoi ?

5. Avez-vous offert un portable à votre enfant scolarisé ? Oui Non

6. Pendant les jours de classe, communiquez-vous avec votre enfant qui est censé être à l'école ?

Oui Non

- Si oui, combien de fois ?

- Pour quelles raisons ?

vii

..................................................................................................

..................................................................................................

7. Le portable de votre enfant a-t-il déjà été confisqué à l'école ?

Oui Non

Pourquoi ?

8. Pensez-vous que le portable peut nuire à l'élève ?

Oui Non

Comment ?

9. Avez-vous donné des précautions d'usage du téléphone portable à votre enfant ?

Oui Non

Si oui, lesquelles ?

10. Que pensez-vous que chacun puisse faire pour éviter que l'utilisation du portable crée des problèmes dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire ?

viii

Annexe 5

Questionnaire adressé aux élèves

Classe :

Age : ans

Sexe : Masculin Féminin

Consignes : répondez sur cette fiche en mettant une croix dans la case de votre choix ou en écrivant directement votre réponse sur les lignes en pointillés.

1. A quoi peut servir le téléphone portable à un élève ?

2. Selon toi, le téléphone portable est-il nécessaire à l'école ?

Oui Non

Pourquoi ?

3. Combien d'élèves ont-ils un téléphone portable dans votre classe ?

Pas beaucoup Beaucoup La majorité Tus les élèves Aun

4. As-tu un téléphone portable ?

Oui Non

a. Si oui, comment l'as-tu eu ?

b. Si non, pourquoi ?

5. ix

Est-ce que les élèves manipulent leur portable ?

Dans la classe : Oui Non

Dans la cour : Oui Non

6. Pendant le calcul des moyennes trimestrielles ou annuelles les professeurs vous autorisent-ils à utiliser la calculatrice de votre portable ?

Oui Non

7. Dans votre classe, le téléphone des élèves sonne-t-il ?

Jamais Rarement régulièrement

8. Quand un téléphone portable sonne dans la classe, que fait le professeur ?

9. Ton portable a-t-il déjà été confisqué ?

Oui Non

Pourquoi ?

10. Est-ce que ton portable reste toujours allumé en classe ?

Oui Non

Et pourquoi ?

11. Comment utilises-tu ton portable à l'école pour ne pas avoir de problème ?

12. Es-tu d'accord avec l'article du règlement intérieur qui interdit l'utilisation du portable dans ton établissement ?

Oui Non

Pourquoi ?

X

13. Qu'est-ce que tu suggères pour ce qui est de l'utilisation du téléphone à l'école ?

xi

Annexe 6

Questionnaire adressé aux éducateurs

Titre : Conseiller Attaché Assistant Autre

Fonction : Surveillant général- Oui Non

Sexe : Masculin Féminin

Nombre d'années à la surveillance : ans

Consignes : répondez sur cette fiche en mettant une croix dans la case de votre choix ou en écrivant directement votre réponse sur les lignes en pointillés.

1. A quoi peut servir le portable à un élève ?

2. Est-il nécessaire qu'il l'emporte à l'école ?

Oui Non

Pourquoi ?

3. Selon vous, à partir de quel âge ou quelle classe les parents peuvent-ils offrir un portable à

leurs enfants ? Age : Ans ou Classe :

Pourquoi ?

4. Dans votre établissement, comment les élèves utilisent-ils leurs portables ? (vous pouvez cocher plusieurs cases)

a. Dans la classe

xii

Abusivement Discrètement Pas du tout

b. Dans la cour Abusivement Discrètement Pas du tout

5. Les cas d'indiscipline liés au portable sont-ils fréquents dans votre établissement ?

Fréquents

Peu fréquents

Rare

Pas du tout

6. La confiscation des appareils est-elle systématique ?

Oui Non

Si non, comment procédez-vous ?

7. Que pensez-vous du règlement intérieur qui interdit l'utilisation du téléphone portable dans les établissements secondaires?

8. Que proposez-vous pour une autre forme de gestion de la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves ?

9. Autres suggestions :

xiii

Annexe 7

Questionnaire adressé aux enseignants

Sexe : Masculin Féminin

Ancienneté : ans

Nombre d'enfants scolarisés au secondaire :

Consignes : répondez sur cette fiche en mettant une croix dans la case de votre choix ou en écrivant directement votre réponse sur les lignes en pointillés.

1. A quoi peut servir le téléphone portable à un élève ?

2. Est-il nécessaire qu'il l'emporte à l'école ?

Oui Non

Pourquoi ?

3. Vos cours ont-ils déjà été perturbés par les sonneries de téléphone portable ?

Oui Non

Si oui : fréquemment parfois rarement

4. Croyez-vous que les élèves le font volontairement ?

Oui Non

Si oui : toujours souvent

5. De façon générale, comment les élèves utilisent-ils leurs téléphones portables dans

votre établissement ?

a. Ne l'utilisent pas du tout

b. L'utilisent discrètement

xiv

c. L'utilisent abusivement

6. Dans quel cycle rencontre-t-on le plus de cas de perturbation ?

1er cycle 2nd cycle Autant dans les 2 cycles

7. Les cas de perturbations sont-ils liés au genre ?

Plus de filles autant de filles que de garçons pls de garçons
8.
La confiscation du téléphone portable est-elle systématique ?

Oui Non

9. Que pensez-vous du règlement intérieur en vigueur dans votre établissement ?

10. Que proposez-vous comme suggestions pour envisager une autre forme de
gestion de la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves ?

11. Autres suggestions

xv

Annexe 8

Guide d'entretien avec les chefs d'établissement, les censeurs et des chefs de service

1. Est-ce que vous partagez l'avis des parents qui disent qu'ils ont souvent besoin de communiquer avec leurs enfants à l'école ? Ou pour s'assurer de leur position après les cours ?

2. Selon vous, y a-t-il des avantages pour les parents à doter leurs enfants scolarisés au secondaire de téléphone portable ?

3. L'importance du téléphone portable est reconnue dans la société. Pensez-vous qu'il est nécessaire aux élèves à l'école ? Pourquoi ?

4. Pensez-vous que le portable pourrait empêcher un élève de travailler sérieusement en classe ?

5. Selon vous, certains élèves pourraient-ils avoir des problèmes avec leur portable en classe ou à l'école ? Comment ?

6. Quelles suggestions pourriez-vous faire pour envisager une autre forme de gestion de la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves dans les établissements secondaires ?

MOMENTS

FAITS OBSERVES

LIEUX

xvi

Annexe 9

GRILLE D'OBSERVATION

Nom de l'établissement :

Date :






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille