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La politique chinoise de l'administration Bush après la répression place Tiananmen : l'interdépendance peut-elle apaiser les tensions politiques ? 1989-1993

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par Nicolas Le Guillou
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 1 Science Politique - Relations Internationales spécialité Sécurité & Défense 2014
  

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Chapitre 2: Les caractéristiques de l'interdépendance complexe

R. Keohane et J. Nye ont construit leur modèle d'interdépendance complexe en contradiction avec le réalisme afin de dégager les différences entre les deux courants et de prouver que l'interdépendance se rapproche davantage de la réalité. Les deux théoriciens défient donc les trois principales hypothèses de la théorie réaliste à savoir que les Etats sont les seuls acteurs importants du système international, que l'utilisation de la force demeure un outil efficace en politique internationale laquelle est caractérisée par une hiérarchisation des priorités, les questions militaires et de sécurité étant les deux dominantes82. Mais, comme nous l'avons évoqué précédemment, leur théorie ne se veut pas une contestation radicale du réalisme. Par conséquent, pour les auteurs, si dans certaines situations les hypothèses réalistes seront exactes, dans la plupart, l'interdépendance fournira une interprétation plus précise de la réalité. Gardons à l'esprit également que le réalisme et l'interdépendance ne reflètent pas la réalité de la politique mondiale et restent des idéaux83.

L'interdépendance complexe part de trois hypothèses dont les auteurs estiment qu'elles s'appliquent assez bien à certaines questions d'interdépendance économique mondiale et parviennent à appréhender de manière globale les relations entre certains pays. Ce sera l'objet de ce présent travail, évaluer la théorie de l'interdépendance complexe appliquée aux relations sino-américaines post-Tiananmen.

to provide sources of influence for actors in their dealings with one another. Less dependent actors can often use the interdependent relationship as a source of power in bargaining over an issue and perhaps to affect other issues ». Les auteurs rejoignent alors sur ce point l'interprétation réaliste de l'interdépendance selon laquelle elle produit plus de tensions que de stabilité car les entités étatiques seront soucieuses de préserver leur autonomie. Pour plus de précision sur l'interprétation réaliste de la théorie de l'interdépendance complexe voir DAVID Charles-Philippe David, BENESSAIEH Afef, « La paix par l'intégration? Théories sur l'interdépendance et les nouveaux problèmes de sécurité », op. cit. pp. 232-237.

82 KEOHANE Robert O., NYE Joseph S., Power and Interdependence, op. cit. p. 24.

83 Ibid.

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Section 1 : Existence de relations interétatique, transgouvernementale et transnationale84

La première hypothèse défendue par R. Keohane et J. Nye postule que la politique mondiale contemporaine est désormais caractérisée par des réseaux multiples qui relient les sociétés entre elles. Ces réseaux incluent des acteurs de différentes sortes ? gouvernementaux, non-gouvernementaux (Dario Battistella parle d'acteur sub-étatique), et transnationaux ? ainsi que plusieurs types de relations, interétatique, transgouvernementale et transnationale. R. Keohane et J. Nye reprennent donc le postulat réaliste avec le niveau interétatique, le nuancent en admettant que l'Etat n'est pas la seule unité avec l'échelle transgouvernementale et transnationale85.

Pour les deux auteurs, l'existence de plusieurs acteurs et de niveaux de relations est directement observable notamment dans les pays industrialisés. Les bureaucrates sont en contact permanent via les télécommunications, les réunions internationales. Les élites non-gouvernementales quant à elles sont fréquemment en relation, par le biais des différents marchés, des organisations telles quel la Commission Trilatérale ou des conférences privées86. Enfin, au niveau transnational, les firmes multinationales et les banques affectent largement les relations interétatiques et les Etats. Ces acteurs pour R. Keohane et J. Nye, jouent le rôle de courroie de transmission87 rendant les politiques gouvernementales des pays plus sensibles à celles des autres.

La conséquence c'est que ces acteurs et ces différents niveaux de relation créent un tissu d'interaction qui fait que les politiques intérieures empiètent les unes sur les autres, les politiques économiques étrangères affectent davantage les activités économiques d'un pays qu'auparavant. Les politiques étrangères doivent donc élargir leur domaine d'action. Ce qui nous amène à la deuxième hypothèse.

Section 2 : Absence de hiérarchie dans la sphère de la politique mondiale88

Celle-ci s'inscrit dans la continuité de la conclusion de la première : l'agenda des politiques étrangères, devenu plus large, plus varié n'est désormais plus simplement subordonné aux questions militaires et sécuritaires. La force de cette idée est qu'elle reprend un constat de H. Kissinger, réaliste par excellence, sur les évolutions de l'agenda diplomatique89. Celui-ci considère dès 1975 que les problèmes liés à l'énergie, les ressources, l'environnement, la population, l'utilisation de l'espace et des mers ont rejoint les questions traditionnelles relevant de la high politics (militaire,

84 Ibid., pp. 24-25: les auteurs parlent de « Multiple channels » that « can be summarized as interstate, transgovernmental, and transnational relations ».

85 Ibid., p. 25.

86 Ibid., p. 26.

87 Ibid. « they act as transmission belts ».

88 Ibid., p. 25: « Absence of Hierarchy among Issues ».

89 Ibid.

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sécuritaire, idéologique, territoriale). La multitude de questions à traiter renforce la difficulté d'élaboration et d'adaptation d'une politique étrangère mais brouille les frontières de la low et de la high politique au point de ne plus avoir de hiérarchie entre les différents domaines de la politique mondiale. La priorité reste la défense de l'intérêt général et potentiellement, dorénavant celui-ci peut être atteint par tous les domaines. En 1975, c'était le secteur de l'énergie qui portait ainsi atteinte à l'intérêt général.

Section 3 : Diminution du rôle de la force militaire90

Enfin, et c'est là une hypothèse que R. Keohane et J. Nye relativisent en partie dans leur seconde édition, celle du rôle de la force militaire. Entre 1977 et 1989, les actions militaires se sont multipliées dans les enjeux régionaux et internationaux. Les théoriciens de l'interdépendance complexe prennent donc la précaution de signifier que la force reste prépondérante en tant que source de pouvoir dans biens des cas parce que la survie demeure l'objectif primitif d'un Etat, et la force sa nécessaire garantie dans les pires situations. Réserve faite, R. Keohane et J. Nye perçoivent cependant qu'entre les puissances industrialisées en particulier, le sentiment de sécurité, la perception de la menace ainsi que les stratégies de défense ont évolué. La force selon eux peut paralyser la réalisation d'autres objectifs devenus tout aussi importants (économique notamment) et dans la plupart des cas, l'utilisation de la force militaire engendre un coût dont les profits sont incertains et en conséquence, elle est devenue de moins en moins adéquate pour obtenir satisfaction. Toutefois, sur ce point R. Keohane et J.Nye tempèrent largement leur propos. La probabilité qu'une guerre interétatique éclate entre puissances industrialisées existe : en ce sens les deux auteurs se détachent d'un des fondements de la philosophie libérale à savoir, la paix kantienne. D'autre part, le pouvoir militaire domine le pouvoir économique dans le sens où les moyens économiques seuls sont probablement inefficaces contre l'utilisation sérieuse de la force militaire91. En revanche, quand l'interdépendance complexe entre deux Etats prévaut, les gouvernements ont moins de chance de recourir à la force.

A partir de ces hypothèses, Keohane et Nye s'intéressent aux conséquences de cette interdépendance et pour ce faire, élaborent deux instruments de mesure.

90 Ibid., p. 26: « Minor Role of Military Force ».

91 Ibid., p. 26.

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