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De la protection juridique des forêts du Burundi : le cas du parc national de la Kibira

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par Désiré UWIZEYIMANA
Université de Limoges - M2 Droit International et Comparé de l'Environnement 2012
  

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B. La coopération bilatérale et multilatérale

En vue de faire face aux défis environnementaux liés à la protection des aires protégées du Burundi, le Ministère de l'Eau, de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de l'Urbanisme (MEEATU), à travers l'INECN, a longtemps bénéficié de l'appui de plusieurs pays partenaires. Citons notamment la Coopération Technique Allemande qui a entre autres financé l'identification et la création d'un certain nombre d'aires protégées. Il s'agit également de l'appui de la Belgique aux activités de protection de la biodiversité des aires protégées dont le PNK.

82 DJIGO Seybatou A., NINDORERA D., op. cit., p.20.

83 Le rift albertin s'étend de l'extrémité nord du Lac Albert à l'extrémité sud du Lac Tanganyika qui s'étend à travers les pays de l'Ouganda, le Rwanda, la République Démocratique du Congo, au Burundi et en Tanzanie.

84 INECN, Plan d'Aménagement et de Gestion du Parc National de la Kibira, Gitega, Burundi, Juillet 2009, p.37.

C'est dans ce contexte qu'un mémorandum d'accord a été signé entre l'INECN et l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Bruxelles (IRScNB). Ce mémorandum d'accord est intitulé « Appui aux activités de l'INECN axées sur la recherche, l'échange d'information et la conservation de la biodiversité des aires protégées au Burundi ». Ce partenariat est axé principalement sur trois points:

- les inventaires, le suivi et l'évaluation de la biodiversité en s'appuyant notamment sur la taxonomie et l'écologie de la biodiversité des aires protégées ;

- la sensibilisation des communautés locales, des décideurs et autres parties prenantes sur les questions pertinentes de la biodiversité et des aires protégées ;

- le renforcement du centre d'échange d'information en matière de biodiversité.

Nous venons de voir que la responsabilité de conserver et de gérer les ressources forestières du PNK est partagée entre diverses institutions et cela sous des aspects divers. Bien que pour chacune de ces institutions, il a été relevé sa mission et ses activités en rapport avec la protection de cette aire protégée, une conservation et une utilisation durables de ses ressources repose sur la disponibilité des ressources financières, la disponibilité des moyens humains en quantité et en qualité et d'autres paramètres qui entrent en jeu.

Ce faisant, il convient de souligner que ces institutions surtout publiques éprouvent d'énormes difficultés qui sont de plusieurs ordres et qui limitent par conséquent la mise en oeuvre de la législation ayant trait à la protection de la biodiversité du PNK.

Ces contraintes sont :

La faiblesse des capacités des cadres et agents de l'INECN, organe gestionnaire du PNK. En effet, la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité de cette aire protégée sur base des plans de gestion et d'aménagement suppose des connaissances approfondies sur le milieu et des données disponibles pour élaborer des plans de gestion. Actuellement, il y a insuffisance du personnel qualifié pouvant participer à l'élaboration et la mise en oeuvre des plans de gestion et d'aménagement, mais aussi une absence des données fiables sur les ressources naturelles de cette aire protégée ;

Le manque de cadre de coopération scientifique et technique entre les parties prenantes à la conservation du PNK visant à harmoniser et à rendre davantage accessibles les connaissances sur sa biodiversité. En effet, au niveau des structures de gestion de cette aire protégée, il a été constaté un manque d'échange d'informations relatives à la gestion de sa biodiversité. Il existe certes des données qui peuvent aider à élaborer des plans de gestion, mais ces données sont centralisées et gérées par plusieurs institutions aussi bien nationales qu'étrangères ;

La faible performance des institutions en charge de la conservation de la biodiversité du PNK pour faire respecter la loi. En effet, les institutions chargées du maintien et de la surveillance de cette aire protégée n'ont pas de moyens humains et matériels pour s'acquitter de leurs missions. Ainsi, le PNK est sous la responsabilité d'un conservateur, quatre chefs de secteurs et 44 gardes forestiers, tous sans moyens de travail adéquats. La majorité du staff habite loin de leurs postes

85INECN, Plan d'Aménagement et de Gestion du Parc National de la Kibira, Gitega, Burundi, Juillet 2009, p.51. 86 BARARWANDIKA, A., Etude prospective du Secteur forestier en Afrique, 2001 : cas du Burundi, p.8.

de travail et ne peuvent donc pas s'acquitter convenablement de leur mission85. Cela prouve à suffisance l'inefficacité institutionnelle quant à la protection du PNK.

La faible implication des collectivités et des communautés locales dans l'application de la loi conformément à l'article 26 de la loi de 2011 portant création et gestion des aires protégées au Burundi, relatif à l'implication de toutes les parties prenantes dans l'élaboration du plan de gestion et d'aménagement de l'aire protégée. Les autorités et les communautés locales ne s'impliquent pas dans le maintien et la surveillance de cette aire protégée suite à une mauvaise perception de l'importance du parc et de la biodiversité qu'il contient dans la vie socio-économique de la société. Ceci est accentué par le fait que la loi en vigueur, inspirée d'une politique autoritaire et centralisatrice, n'implique pas les collectivités et les communautés de base dans cette tâche ;

Le manque de formations organisées en faveur des responsables des aires protégées ; l'insuffisance du personnel pour mener des études d'évaluation de menaces sur les aires protégées; le manque de compétences pour la mobilisation des ressources financières. En effet, l'absence de renforcement des capacités au profit des agents du PNK est un handicap majeur pour sa bonne gestion car beaucoup d'entre eux n'ont bénéficié d'aucune formation alors que la conservation est un domaine dynamique avec toujours de nouveaux concepts et outils de travail. Par ailleurs, le personnel nouvellement recruté a besoin d'être formé, mais les moyens manquent cruellement pour leur assurer une formation, même de base ;

L'absence d'un système de suivi - évaluation permettant de connaître de façon minutieuse l'évolution des ressources forestières du PNK ainsi que les causes principales de leur diminution ; La coordination intersectorielle essentielle en matière de protection des ressources naturelles du PNK fait défaut86. C'est ainsi que les différentes institutions agissent de façon isolée et cloisonnée. Bien qu'elles poursuivent le même objectif ultime qui est la protection de biodiversité du PNK, il n'existe pas de cadre technique et formel entre elles. Leurs collaborations dépendent de la bonne volonté des acteurs, elles ne sont pas structurées et partant fragiles.

Sur le plan institutionnel, il apparaît donc que la question de rendre plus efficaces et fonctionnelles les institutions chargées de la gestion de la diversité biologique du PNK se pose avec acuité. En somme, les causes de la faible effectivité de ces institutions sont multiples et complexes comme nous venons de le mentionner supra. Leur importance et leur persistance constituent certes, des risques potentiels de dégradation de la forêt, qui pourraient ainsi progressivement causer la disparition de la riche flore et de la faune du PNK. Il importe donc de définir des stratégies appropriées afin de rendre effective la protection de la biodiversité de ce parc.

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