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L'integration des batwa au Kivu comme moyen de lutter contre la discrimination et la pauvreté. Cas des batwa babuluko de Walikale.

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par Dieudonné AKILIMALI
Institut Supérieur Technique Commercial et Économique "ISCTE" Bukavu - Licencié en développement communautaire et rural  2012
  

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INTRODUCTION GENERALE.

Il y a plus de 370millions de personnes autochtones en Afrique, dans les Amériques, en Asie, en Europe et dans le Pacifique. Ces peuples comptent parmi les personnes les plus démunies, marginalisées et maltraitées de l'humanité. (Déclaration des Nations Unies sur les Peuples Autochtones du 13 septembre 2007).

Les pygmées sont en effet les premiers occupants de la République Démocratique du Congo. La situation est la même pour tous les pygmées, qu'ils soient Batwa, Baka, Mbuti, Aka, Bangi, Efe ; elle s'apparente étrangement à celle des autres groupes comme les Masai, les Ogiek, les Amburu, les Barabaig ou les sans de l'Afrique orientale et australe auxquels nous pouvons ajouter les Hottentots et les Bushmen du désert de Kalahari, comme les Wadaable, les Koncomba, les Fulbe, les Bongo, les Bangyeli, les Mbendjele d'Afrique Equatoriale ou encore dans une certaine mesure les Touaregs en Afrique occidentale.

Les pygmées constituent à la fois une classe minoritaire et marginalisée en R.D.C.

Au Kivu, les pygmées sont identifiés sous plusieurs dénominations, bien qu'ils aient en commun l'appellation des Batwa.Leur appellation diffère selon le milieu géographique de vie : Barwa au Bushi, Bayanda, Baburuku dans le territoire de Kalehe, Batswa à Idjwi ; Bambote, Balanga, Bashaasumba, Bakyenga dans le massif d'Itombwe ; Batwa, Bambuti dans le Masisi, le Rutshuru, le Nyiragongo et le grand Nord : Beni - Lubero ; Batwa, Bambote, Tunguti dans le Maniema ; Bashimwena à Fizi ; Babuluko, Banamatumo, Bakeka dans le territoire de Walikale.

Les Batwa et leurs voisins Bantous partagent en commun les dialectes et langues de communication suivant l'aire géographique donnée.

Les estimations du nombre des Batwa varient entre 30000 et 60000 âmes au Kivu (PIDP 2007, SHALUKOMA 1996). En RDC, le nombre peut aller jusqu'à 250000 individus (Lewis 2000, Jackson 2004), la LINAPYCO suggère 450 à 600000 personnes et qui sont reparties dans 47 des 145 territoires du pays. (CIFOR 2007).

Comparativement aux Mbuti de l'Ituri et les Twa de l'Equateur, les Batwa du Kivu sont devenus sédentaires. En plus des activités de chasse et de cueillette, ils pratiquent désormais l'agriculture et d'autres sont utilisés comme des métayers par les Bantous avec comme contrepartie un peu de nourriture. Pour ceux qui le peuvent, certains pygmées payent l'équivalent d'une poule pendant la saison culturale pour avoir accès à un lopin de terre dont la superficievarie entre 30 et 50 ares.

L'organisation socio-politique, économique et culturelle de Batwa a été paralysée par le phénomène migratoire qui remonte du XVe siècle au Kivu (Ministère de la colonie 1957). Cette idée fut renforcée par Mutuza Kabe(1987) « qu'un groupe humain perdait son pouvoir créateur, stagnait et régressait quand il entrait en contact avec un autre groupe plus puissant que lui, lequel le dominait et lui imposait sa vision du monde ». C'est ainsi qu'au Kivu, les agriculteurs et les éleveurs vont traiter leurs hôtes (chasseurs cueilleurs) de sujets plutôt que de partenaires. Raison pour laquelle Mobutu, alors président du Zaïre, dénonçait ces faits dans ses déclarations devant la nation. A titre de rappel ; à Bukavu/ Kadutu en date du 15 décembre 1971, il déclara que : «Les pygmées étaient des Zaïrois à part entière et interdit la coutume d'avoir des pygmées à soi ». Cette même idée fut répétée et explicitée à Buta et à Isiro où il disait  dans son meeting du 4 novembre 1973 : « Nous prêchons le respect et l'amour du prochain, nous avons mis fin aux rapports de boy à monsieur, nous avons fait des pygmées de Zaïrois à part entière et avons mis fin à la féodalité du Kivu ». (Bakua- Lufu B ,1979).

Les Batwa ne connaissaient pas les limites territoriales. Partout où ils se trouvaient, ils étaient chez- eux. (Munzihirwa 1996). Ils avaient une indépendance spirituelle. Parfois, ils n'obéissaient pas aux normes édictées par le mwami, qui recevait d'ailleurs son pouvoir des Batwa. Les nouveaux venus, pour sauvegarder la légitimité de leur pouvoir, ont développé les mécanismes de rejet et de préjugé sur les Batwa qu'ils qualifièrent d'infrahumains, des hommes sans culture ni loi.

Nous pouvons résumer à trois les problèmes qui accablent les Batwa du Kivu ces jours :

· L'accès difficile aux ressources en générale (champs, forêt, marché, emplois,...)

· L'accès difficile aux services sociaux de base : enseignements primaires, secondaires et universitaires ; soins de santé primaires, habitat, moyen de communication, etc.,

· Et la discrimination raciale dans certains coins de la région.

0.1. PROBLEMATIQUE

La coutume du territoire de Walikale reconnait aux Batwa Babuluko le pouvoir d'introniser les chefs coutumiers et le rôle d'installer la circoncision indigène. Les Batwa Babuluko sont absents dans la gouvernance politique de la chose publique. La chefferie étant héréditaire, tout le pouvoir coutumier et politique semble êtrerépartientre les tribus majoritaires du milieu.La coutume semble avoir tranché en défaveur des Batwa Babuluko.

Les Batwa Babuluko sont,à l'instar des autres pygmées, les premiers occupants du territoire de Walikale.Ilssont entrés en contact avec d'autres tribus à travers diverses circonstances. Les uns par la chasse, les autres par la guerre de conquête et enfin les autres par alliance clanique.

La vie des Batwa dans les temps immémoriaux était caractérisée par le nomadisme. La stabilité dans un milieu dépendait de la disponibilité des produits de chasse dans cette zone. Aussitôt terminé, ils étaient obligés de déménager le site pour un autre, car ils n'avaient pas la notion de limites territoriales. Partout où ils se trouvaient, ilsétaient chez eux. Ce pour quoi, les chefs coutumiers reconnaissent ce pouvoir aux Batwa quand ils ne leurs demandent pas les droits coutumiers pendant l'acquisition d'un terrain à cultiver. En plus, les Batwa Babuluko n'offrent pas des présents chez les chefs coutumiers ; car ils sont conscients d'être les véritables chefs coutumiers quand bien même ce pouvoir leur fut estropié par les nouveaux venus.

Les grandes tribus ayant occupé le territoire de Walikale sont le Rega venus du Soudan selon le ministère de la colonie(1957), mais avant d'occuper Walikale ; ils sont venus du territoire de Shabunda, de Pangi et de Punia. Le Kumu sont venus de Lubutu dans le Maniema, les Nyanga sont aussi originaires de Torro en Uganda. Ils avaient occupé Walikale en passant par Rutshuru à l'Est du territoire en question. Les Havu devenus Bakano et les Tembo du territoire de Kalehe ont occupé le Sud Est du territoire. Tous ont été en contact avec différentes souches des Batwa Babuluko dans les milieux conquis et les dominèrent par la suite.

Les nouveaux venus à leur tour, avaient la notion de terroir et de l'organisation politique. Ils proposèrent aux Batwa la répartition de pouvoir. Il semble que les Batwa avaient décliné l'offre à volonté et gardèrent le pouvoir de gardien de la coutume qui supposait : l'intronisation des chefs coutumiers, l'installation de la circoncision indigène, le culte aux ancêtres etc. Tout simplement,parce que le pouvoir tel que vécu aujourd'hui n'était pas dans la tradition Batwa. Chaque famille Twa était indépendante de l'autre. Il n'y avait pas de promiscuité. Chaque famille avait une zone de chasse et ceci ne pouvait pas poser des problèmes parce que la nature était presque inhabitée.

Toutes les tribus à la rencontre des Batwa Babuluko dans le territoire de Waikale sont dotées d'un pouvoir coutumier,leur permettant de gérer soit une localité ou soit un groupement. Ce pouvoir leur donne l'opportunité de contrôler à la fois les richesses et le pouvoir du milieu au détriment des premiers occupants que les Batwa Babuluko. Parmi lesquels on compte un taux élevé d'analphabète et des personnes vivant en dessous de minimum vital. Les Batwa Babuluko n'ont plus d'accès facile à la forêt (à la terre). Il ne leurs reste que les forêts auxquelles ils pratiquaient le culte aux ancêtres. Tous les restes des forêts reviennent aux chefs coutumiers du ressort. Et les peu qui restaient aux Batwa Babuluko sont menacées d'expropriation par les mêmes chefs coutumiers.Par rapport au conflitfoncier qui opposait les Batwa Babuluko du village Kambushi avec le chef de localité de Bananigni à l'époque, Monsieur Muhombo Mangaika, ce cas est plus éloquent en la matière. Les Batwa Babuluko du village cité avaient gagné ce chef de localité devant le tribunal de territoire de Walikale et devant le tribunal de grande instance de Goma. Ce dernier, traitait les Batwa Babuluko de peuple nomade ne devant pas disposer d'un droit aux champs propres ni à la forêt.

Eu égard à ce contexte, nous tenterons, dans ce travail de répondre à la double question suivante :

- l'intégration des batwa babuluko est-elle le moyen approprié pour lutter contre la pauvreté, la discrimination et la marginalisation ?

- Cette intégration est-elle voulue par les Batwa ou une imposition ?

0.2. HYPOTHESES DU SUJET.

L'intégration est le fait pour un individu ou un groupe d'individu de faire partie à part entière d'une collectivité. Une intégration effective est le résultat d'une politique d'intégration. Pour le cas des Batwa Babuluko de Walikale, ce n'est pas le cas. Ils se retrouveraient devant un fait accompli.

Aujourd'hui la démographie devient de plus en plus galopante, les ressources disponibles se raréfient d'avantage, le pouvoir permettant de contrôler ces ressources semble être centralisé entre les mains d'une minorité d'individu au détriment d'autres habitants du pays. Au nom de la chose publique, les droits des Batwa et d'autres citoyens sont entrés d'être violés. L'exemple le plus éloquent est l'ordonnance présidentielle n°75/238 du 22 juillet 1975, modifiant les limites du parc national de Kahuzi Biega de 60 000 à 600 000 ha. S'étendant ainsi sur les territoires de Kabare, Walungu, Kalehe et Shabunda au Sud Kivu, Walikale au Nord Kivu et Punia au Maniema. Les Batwa et d'autres populations locales ont été dépossédés de leurs ressources vitales sans consultation ni indemnisation.

L'intégration des Batwa Babuluko exigerait, il faudrait aussi envisager une réforme agraire en vue de mettre la terre à la disposition de ceux-là qui en ont besoin, et parvenir à dissiper la dichotomie qui existe entre le droit foncier coutumier et la législation foncière en vigueur en RDC.

0.3. CHOIX ET INTERET DU SUJET.

Notre intérêt a porté sur ce sujet à travers plusieurs motivations :

D'abord, du fait qu'il y avait un nombre important des peuples autochtones assimilés à d'autres communautés, chose que nous encourageons, mais qui ne voulaient plus reconnaitre leurs identités propres. Ce travail est parmi les outils de sensibilisation à un éveil de conscience.

En plus, ce travailviserait àenvisager l'approche intégrative comme moyen de lutter contre la stigmatisation et l'exclusion dont sont victimes les Batwa Babuluko dans la gestion de la chose publique, en plus du monde associatif où leur présence est visible.

Aujourd'hui, le plaidoyer des peuples autochtones est au niveau des instances de Nations Unies. Avec l'adoption de la déclaration des Nations Unies sur les Peuples Autochtones du 13 septembre 2007 par l'assemblée générale de cette institution; les Batwa ont tout intérêt à pouvoir s'approprier cet instrument en vue de recouvrer et de sauvegarder leurs droits. Ce pourquoi, il fallait une étude du genre afin de clarifier une certaine zone d'ombre sur l'identité des peuples autochtones pour qui le message est adressé.

Ce travail peut être classé parmi les supports de référence dans la transformation pacifique des conflits liés à la coutume, en mettant en lumière les valeurs et us qui ont prévalus à la sauvegarde de celle-ci et à la durabilité des ressources naturelles.

0.4 DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE DU SUJET.

Dans l'espace, l'étude s'étend sur l'ancienne région du Kivu. Comprenant actuellement les provinces du : Maniema, du Nord Kivu et du Sud Kivu à l'Est de la République Démocratique du Congo. Nos investigations de terrain ont été réalisées dans le territoire de Walikale en province du Nord Kivu.

Dans le temps ; ce sujet de recherche vise à analyser la situation des Batwa Babuluko de 1900 à 2013. Nos recherches de terrain ont été effectuées pendant la période allant de 2007 à 2013. Période qui correspond successivement à notre professionnalisation ; d'abord au Programme d'Intégration et de Développement du peuple Pygmée au Kivu (PIDP /KIVU) d'Avril 2008 à Avril 2010. En suite au Bureau d'Etudes Scientifiques et Techniques (BEST KIVU) de juin 2010 à juin 2013.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire