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Le rôle du tourisme responsable dans une prestation touristique sur-mesure

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par Alice Gren
Université Paris III - Master 2 ¨Professionnel Tourisme Culturel et Territoire: Ingénierie de Projets 2014
  

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5.1 Tourisme de masse responsable : un marché controversé

L'ambition de l'association ATR est d'atteindre « 50 membres dont 20 certifiées en 2016, pesant 500 000 clients et un chiffre d'affaire global de 750 M6, contre 205 000 voyageurs et un CA de 357 M6 en 2013 »93. Cette déclaration suppose donc une transformation du tourisme responsable. L'analyse que nous avons effectuée jusqu'ici présentait le tourisme responsable comme un marché de niche, développé par un petit nombre d'opérateurs désirant le valoriser comme un élément de différenciation. Nous avons également vu que Comptoir des Voyages disposait d'un net avantage concurrentiel car il était l'un des rares opérateurs du sur-mesure à développer une offre responsable labellisée. Pourtant, les actualités récentes nous montrent que la donne est en train de changer puisque le tour-opérateur sur-mesure Asia pourrait bien être labellisé à son tour94. Or, lors de notre analyse nous avions stipulé que Asia était un tour-opérateur qui se distinguait peu du tourisme de masse95 en offrant des produits à la carte standardisés avec une faible politique responsable96. Un article de l'Echo Touristique constate la difficulté qu'aurait un opérateur sur-mesure comme Asia à se faire labelliser. Selon le journaliste : « Asia, comme la plupart des voyagistes français, n'a pas de politique globale en matière de développement durable, pas d'objectifs précis, pas de comité chargé de coordonner les différents services, pas de reporting et ne fournit pas d'informations sur ses pratiques alors que la transparence et la sensibilisation des voyageurs sont des éléments indispensables dans une démarche responsable »97.

93 JALADIS Stéphane, « Tourisme responsable : ATR fait les yeux doux au SETO », Tour Hebdo, 28 mars 2014 http://www.tourhebdo.com/actualites/detail/74383/tourisme-responsable-atr-fait-les-yeux-doux-aux-to-du-seto.html (consulté le 04/08/2014)

94 Ibid.

95 Cf. 3.1 Les débuts du tourisme sur-mesure : le voyage à la carte et la « mass customisation, p.35

96 Cf. 2.1 Les méthodes de différenciation : labellisation ATR, une personnalisation efficace?, p.49

97 BUGNOT Fabrice, « Vers un tourisme (enfin) responsable ? », L'Echo Touristique, 04 avril 2014

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Il en est de même pour le voyagiste Transat France. Certes, le voyagiste est depuis 2008 engagé dans une politique de développement durable intégrée avec un comité représentatif et une certification Travelife. Néanmoins, contrairement à ATR, Travelife est un programme de premier plan en matière de formation, de gestion et de certification pour les entreprises touristiques souhaitant s'engager sur le chemin de la durabilité. Il s'agit en réalité d'une certification beaucoup plus focalisé sur le management durable de l'entreprise que sur la destination proposée par le voyagiste. Le PDG de Transat France confirme : «Nous avons choisi la certification Travelife, car elle était plus adaptée à nos activités et à notre besoin d'accompagnement. Sur nos pratiques, en interne, nous avons beaucoup avancé. Le grand défi, c'est tout ce qui concerne les destinations avec les hôtels, les réceptifs, les excursions... Cela prend beaucoup de temps »98. A noter que Vacances Transat souhaite être certifié d'ici 2015. Comment effectuer un aussi gros travail au niveau des hôtels, réceptifs et des excursions en si peu de temps ? Cela ne témoigne-t-il pas du manque de sérieux de cette nouvelle certification ? Sans oublier les 450 000 clients du voyagiste qu'il faudra sensibiliser.

Par conséquent on peut raisonnablement se demander si entrainer des entreprises de cette taille dans une telle politique n'est pas contraire aux principes éthiques du tourisme responsable. On peut même se demander si le tourisme responsable n'est pas en train de prendre la direction des grands tour-opérateurs, plus soucieux de faire du bénéfice sous une couverture responsable que d'instaurer un réel cadre durable. Il nous est d'ores et déjà possible de formuler une hypothèse par rapport à ce questionnement : comme mentionné précédemment, ATR envisage d'assouplir les conditions d'entrée au sein de l'association, son projet étant d'intégrer 50 nouveaux membres, dont seulement 20 certifiés soit presque la moitié. Que signifiera alors réellement être acteur du tourisme responsable sans obtenir la certification ? Serait-ce simplement afficher le label sans réellement y participer ?

http://www.lechotouristique.com/article/vers-un-tourisme-enfin-responsable,63603 (consulté le

04/08/14) 98 Ibid.

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Le projet de nouveau référentiel ATR vient confirmer ces doutes quant à l'avenir du tourisme responsable : Julien BUOT précise bien « qu'il ne s'agit pas d'atténuer les critères pour attirer les « gros » mais de les adapter »99. Pourtant, si la certification actuelle prévoit des groupes d'un maximum de 15 personnes pour favoriser les contacts avec la population locale et réduire les impacts sur les destinations visitées, le nouveau référentiel pourrait élargir les groupes à 40 personnes. Cette politique est bien loin de celle de Comptoir des Voyages, spécialisé dans les voyages en individuel afin de préserver au maximum la zone visitée. Peut-on créer un réel échange avec un groupe aussi nombreux ? Par ailleurs, L'Echo Touristique soulève également une question importante : «Si deux voyagistes programment le même pays et que l'un respecte le critère de 40 personnes et l'autre celui de 15, il y aura bien une certification à deux vitesses. Reste à savoir où placer le curseur. Faut-il une certification exigeante qui garantisse au client le meilleur niveau de responsabilité ? Ou une certification plus souple qui permette au plus grand nombre d'entreprises de s'impliquer ? »100. Deux évolutions sont possibles face à ce renouveau du tourisme responsable : soit on aboutit à une image décrédibilisée des voyagistes responsables, en contradiction avec les valeurs du développement durable, soit, au contraire, on s'oriente vers un succès auprès d'un plus large public.

Il subsiste une différence majeure entre les tour-opérateurs de masse et ceux du sur-mesure en individuel tels que Comptoir des Voyages : leur stratégie de communication. Nous avions évoqué le fait que Comptoir des Voyages promouvait peu sa politique responsable et ne mettait pas en avant ses avantages concurrentiels101. Or, ça n'est pas le cas des TO comme Vacances Transat, Club Med ou encore Kuoni qui savent se marqueter sur le marché du tourisme grâce à leurs investissements conséquents auprès d'agences de communication.

99 BUGNOT Fabrice, « Vers un tourisme (enfin) responsable ? », L'Echo Touristique, op.cit. p.69

100 Ibid.

101 Cf. 4. Une différenciation affaiblie par un marketing peu existant, p.63

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