WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Autonomisation de la femme malienne face à  la tradition: mythe ou espoir ? Etude de cas en commune IV du district de Bamako

( Télécharger le fichier original )
par Issa DOUMBIA
Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux - Diplome Supérieur en Travail Social 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II-LES OBSTACLES EMPECHANT LA FEMME MALIENNE À S'INVESTIR DANS LA POLITIQUE

Le taux de participation des femmes dans la conduite des affaires et dans la politique en milieux urbain et rural est encore faible au regard de leur poids numérique dans la société. Cette situation paradoxale est significative de la conception patriarcale de la société malienne et de la position d'infériorité de la femme par rapport à l'homme. Le domaine des affaires et de la politique est encore dans la conscience collective un domaine masculin fondé sur l'autorité et le pouvoir, deux attributs qui échappent totalement aux femmes.

Victimes de leur statut de subordonné, les femmes elles-mêmes renforcent cette discrimination. La plupart d'entre elles manquent de confiance dans leurs capacités personnelles et craignent de ne pas être à la hauteur de leurs responsabilités. En outre, face à leurs obligations familiales et sociales, qui demeurent une exigence, elles hésitent à échanger la stabilité familiale contre une quelconque promotion ; quand elles décident d'aller de l'avant, elles se retrouvent en constante recherche de conciliation entre leurs obligations professionnelles ou politiques et leurs responsabilités d'épouse et de mère. Malheureusement, le plus souvent nombre d'entre elles préfèrent renoncer à une telle promotion.

Les femmes qui vont surmonter les obstacles découlant de ces discriminations vont être victimes de stéréotypes ainsi que leurs époux.

Ainsi, à Kadiolo(cité par Béridogo 2005), seront traités de : « bajanbilamuso », ce qui signifie « chèvre en divagation» les femmes commerçantes, et de « musocèkanfola », femme au discours d'homme, la femme actrice politique.

Dans le même sens, selon une responsable d'association (cité par Béridogo2005) :

« Toutes les femmes qui ont connu une certaine ascension sociale sont soit des veuves, soit des femmes plus influentes et plus importantes économiquement, plus dynamiques et populaires que leurs maris. Tout mari qui dispose d'une certaine assise économique et financière n'acceptera pas que sa femme participe aux réunions. Toutes nos conseillères sont des épouses d'hommes mous »32(*).

Ajoutons à cela, la résistance face au changement de certains hommes et de certaines communautés qui digèrent mal une ascension femelle au pouvoir comme le témoignent les propos de ce responsable de parti politique (cité par B.Béridogo) lorsque dans la commune rurale d'Essouk, région de Kidal, une femme,avait été élue maire lors des élections communales de 1997. Mais, elle n'a jamais pu exercer la fonction. Des hommes s'y sont opposés, « l'islam n'interdit pas auxfemmes l'ascension, mais il y a des limites. Une femme ne doit pas exercer desfonctions de chef suprême, gouverneur, député, maire »33(*).

Aoua Keita explique les difficultés et les injures auxquelles elle a fait face dans son parcours politique et s'est vu interdire l'accès, lors de la campagne électorale, d'un village où le chef de village l'accueillit en ces termes : « sors de mon village, femme audacieuse. Il faut que tu sois non seulement audacieuse, mais surtout effrontée pour essayer de te mesurer aux hommes en acceptant une place d'homme. Mais tu n'as rien fait. C'est la faute des fous dirigeants du RDA qui bafouent les hommes de notre de notre en faisant de toi leur égale. Hé ! Population de Singné, vous voyez ça ? Koutiala, un pays de vaillant guerriers, de grands chasseurs, de courageux anciens combattants de l'Armée française, avoir une petite femme de rien du tout à sa tête ? Non, pas possible. Si tes hommes du RDA se moquent de nous, nous saurons nous faire respecter. Moi sergent-chef de l'Armée française, ayant combattu les Allemands, accepté d'être coiffé par une femme ? Jamais34(*).».

De telles attitudes persistent toujours dans notre pays et continuent d'empêcher les femmes à jouir d'un de leurs droits fondamentaux : la politique.

A côté de ces obstacles liés à l'exercice du pouvoir par les femmes, une étude menée par B. Béridogo a analysée d'autres obstacles de diverses natures qui bloquent également les femmes dans l'arène politique. Ce sont :

· Les obstacles liés aux causes culturelles de la discrimination

- L'analphabétisme ;

- le faible niveau d'instruction ;

- la marginalisation des femmes par les hommes ;

- le manque de sensibilisation des femmes pour soutenir leurs paires ;

- la crise de compétence ce qui entraîne la rareté de candidature valable

- l'incompétence de certaines femmes déjà en poste, élues ou nommées.

· Les obstacles liés aux causes économiques de la discrimination

- la féminisation de la pauvreté (manque de propriété pour la garantie);

- le manque de moyens financiers pour faire campagne au moment des élections ;

- les difficultés et conditions d'accès au crédit et aux autres facteurs de production.

· Les obstacles liés aux traditions politiques du Mali

- La perception négative du politique et le manque de motivation des femmes à militer dans des partis politiques ;

- l'inexpérience politique des femmes ;

- la discrimination des femmes au moment de l'élaboration des listes de candidature (mauvais rang sur les listes) ;

- les difficultés dans la constitution des dossiers de candidature (absence de pièces d'état civil)

· Les obstacles liés aux causes psychologiques la discrimination

- La peur d'échouer ;

- Le manque de confiance des femmes en elles-mêmes ;

- le complexe d'infériorité ;

- le manque de solidarité entre les femmes ;

- les effets de l'éducation traditionnelle ;

- l'esprit d'adversité et de clan ;

- le manque « d'agressivité ».

* 32Rapport Final ; Etude sur la Participation des Femmes à la Vie Publique au Mali : Contraintes et stratégies pour améliorer la situation ; MPFEF ,RECOFEM , p-50

* 33Rapport Final ; Etude sur la Participation des Femmes à la Vie Publique au Mali : Contraintes et stratégies pour améliorer la situation ; MPFEF, RECOFEM, p-52

* 34Aoua Keita ; Femme d'Afrique, la vie d'Aoua Keita racontée par elle-même ; 1975 ; Paris ; p-389-390

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo