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Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).

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par Abdoulaye ADAMOU
Abdou Moumouni Dioffo - Doctorat de Géographie 2012
  

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4.3. Echanges de ménages entre les différentes strates de la ville

Les échanges de ménages entre les différents espaces résidentiels de la ville sont à l'origine de la prédominance du modèle centrifuge de la mobilité résidentielle à Niamey qui affecte le développement de la ville. C'est pourquoi, il paraît intéressant de l'examiner avec minutie, strate par strate.

Ainsi, plus de la moitié des chefs de ménage de la strate 1 ont été hébergés dans leur premier quartier d'accueil. Ceux qui ont débuté leur parcours migratoire intra-urbain par la location représentent 1/3 des chefs de ménage dont la plupart sont restés locataires jusqu'à à la date de l'enquête (2008). Au total, 87 % des chefs de ménage ont été soit hébergés, soit locataires à leur premier logement à Niamey avant d'évoluer vers les autres statuts d'occupation.

La plupart des chefs de ménage de la strate 1 ont débuté leur mobilité résidentielle dans la même strate notamment dans le quartier actuel. Il s'agit de 71 % d'entre eux. Ceux qui ont d'abord vécu dans la deuxième strate sont 14 %. Il faut dire que la strate 3 et la strate 4 ont rarement été le premier lieu d'habitation des chefs de ménage de la strate 1.

A partir du premier quartier d'habitation, les ménages poursuivent une certaine trajectoire résidentielle intra-urbaine. Dans cet esprit, on note que la plupart des séjours des ménages du centre ville se sont déroulés dans un quartier de la strate 1 : en effet, 62 % des séjours ont eu lieu dans la strate 1 contre 21 % dans la strate 2. Les strates 3 et 4 ont été rarement fréquentées par les ménages de la strate 1 comme on peut le voir sur la figure n°4.5. Seul un ménage du centre ville sur 5 a séjourné dans un quartier de la zone péricentrale ou de la zone périphérique.

Figure n°4.5 : Lieu de départ et lieu d'installation des ménages de la strate 1

S'agissant de leurs déménagements, 38 % se déroulent dans le centre ville contre 35 % à partir de la strate 2 et moins de 20 % à partir des deux dernières strates de la ville. Ces chiffres montrent que la strate 1 est son premier fournisseur en ménages et révèle une circulation des ménages en son sein. Chaque déplacement du ménage à un motif bien précisé qui influence la décision du ménage à déménager.

Ainsi, les migrations internes et internationales ont été la première cause des déménagements des chefs de ménage de la strate 1. En effet, 29 % de leurs déménagements sont liés aux migrations internes et internationales notamment vers des pays ouest-africains comme le Nigeria, la côte d'Ivoire, etc. La deuxième cause relative à la qualité du logement, sa taille, son prix et sa situation géographique a été évoquée par 23 % des chefs de ménage qui ont changé de logement. Les migrations et la qualité du logement constituent donc les principaux déterminants des déménagements vers les quartiers du centre ville. Néanmoins, on relève que 14% de déménagements sont liés aux changements de statut matrimonial notamment le mariage, le veuvage ou le divorce. Quant au déménagement lié au changement de statut d'occupation, il demeure faible. Cela montre que les Niaméens de la strate 1 ont le plus souvent déménagé sans pour autant changé de statut d'occupation.

Figure n°4.6 : Raison du déménagement des chefs de ménage de la strate 1 (en %)

En effet, seul un déménagement sur 10 est dû à un changement de statut d'occupation qui est soit une décohabitation ou un accès à la propreté. Ce faible taux montre les difficultés de promotion résidentielle. En conséquence, les propriétaires sont maintenus dans un logement vétuste tandis que les locataires circulent de logement en logement au sein de la même strate sans accéder à la propreté. La location, qui normalement devait être une phase transitoire, perdure et devient définitive. Cet état de fait s'observe surtout au Liberté et à Lacouroussou. Par ailleurs, moins d'une installation sur quatre émane du choix des ménages.

Au niveau de la strate 2, le déplacement des ménages dans les espaces résidentiels de la ville est une autre réalité comme l'illustrent les figures 4.7 et 4.8.

D'après la figure 4.7, plus de la moitié des chefs de ménage ont eu leur premier logement dans la strate 2. Ils sont plus fréquents à Boukoki 1 où ils constituent 69 % des ménages.

Figure n°4.7 : Localisation du premier quartier d'accueil des chefs de ménage de la strate 2

Après la strate 2, la strate 1 est le deuxième lieu d'accueil des chefs de ménage à leur arrivée à Niamey avec un taux de 23 %. Ce cas est plus présent parmi les chefs de ménage du quartier Cité Fayçal.

Globalement, le chef de ménage ayant débuté son parcours résidentiel dans la strate 1 sont presque deux fois plus nombreux que ceux l'ayant débuté dans la strate 3 et 3 fois que ceux qui l'on débuté dans la strate 4. Cependant, on remarque que plus d'un chef de ménage sur 10 ont débuté leur trajectoire résidentielle intra-urbaine à partir d'un quartier périphérique. Cette proportion est plus importante que celle des chefs de ménage dont la trajectoire a débuté à partir d'un quartier de la zone intermédiaire.

En ce qui concerne leur mobilité, 73 % des lieux de séjour des ménages de la strate 2 se trouvent dans la zone d'habitat péricentrale. Leurs séjours ailleurs sont rares et se répartissent comme suit : 9 % dans la zone centrale, 14 % dans la zone intermédiaire et seulement 4 % dans la zone périphérique. Ces statistiques indiquent que la strate 2 reçoit peu de ménage des autres espaces résidentiels de la ville ; de ce fait elle s'alimente surtout par densification du ménage et de l'habitat et par la décohabitation des jeunes qui viennent de former un ménage.

Pour les déménagements, la figure n°4.8 montre que 3/5 déménagements ont lieu en direction des autres strates de la ville. Ce qui fait de la zone péricentrale un lieu de départ de ménages qui vont alimenter les autres strates.

Figure n°4.8 : Lieu de départ et lieu d'installation des ménages de la strate 2

Quand ils quittent la première strate, 78 % des ménages s'installent dans la strate 2 avant d'aller ailleurs dans les autres strates. La strate 2 est le premier lieu d'origine des flux en direction de la strate 3. Cependant, les échanges entre la strate 1 et la strate 2 se font à l'avantage du second de la strate 2. Pour un départ de la strate 2 vers la strate 1, on observe 4,2 dans le sens inverse. De ce fait, le déplacement des ménages se sont fait surtout du centre ville vers la zone périphérique. A l'inverse, pour un départ de la strate 2 vers la strate 3, on en observe 2 à 3 dans le sens inverse. Par contre les ménages ont rarement quitté la strate 2 pour la strate 4. Ainsi, pour un départ de ménage de la strate 2 vers la strate 4, on note l'installation de 6 ménages en provenance de la strate 4 vers la strate 2. Cela indique paradoxalement un retour des ménages de la périphérie vers la zone péricentrale.

En ce qui concerne les motifs de la mobilité résidentielle des ménages de la strate 2, ils se résument à des installations par opportunité qui représentent plus de 2/5 des emménagements. Le ménage n'a de choix que pour une installation sur 4. Ce choix dans l'installation du ménage est plus observé chez les ménages de Plateau 2 notamment les locataires.

Quant aux déménagements, ils sont dus essentiellement à la mauvaise qualité du logement et aux migrations internes et internationales. En revanche, les ménages ont rarement déménagé par choix.

Au niveau des quartiers enquêtés, les déménagements liés au changement de statut matrimonial sont dominants à Boukoki 1 et plus de la moitié de ceux qui ont eu à déménager suite à une expulsion, au retour du propriétaire ou à la mutation de leur maison d'habitation sont de Plateau 2.

Dans la strate 3, le comportement des ménages révèle une autre situation dont l'implication sur les échanges de flux de ménages vers les autres strates est aussi évidente. En effet, la mobilité résidentielle intra-urbaine des ménages de la strate 3 est marquée par une stabilité relative qui n'exclut pas des échanges avec les autres strates. Plus de la moitié des ménages qui y séjournent ont eu leur premier logement au sein de la même strate. Pour les chefs de ménage qui ont débuté leur trajectoire résidentielle à partir d'une autre strate, 50 % ont eu leur premier logement dans la zone péricentrale.

Figure n°4.9 : Localisation du premier quartier d'accueil des chefs de ménage de la strate 3

Les chefs de ménage de la strate 3 ont rarement débuté leur parcours résidentiel intra-urbain dans un quartier du centre ville ou de la périphérie. Toutefois, un ménage sur cinq de Dar es-Salaam a eu son premier logement dans la strate 1.

S'agissant des échanges entre strates, plus de 3/5 des quartiers habités par les ménages de la strate 3 se trouvent dans la même zone. En revanche, les strates 1 et 4 ont rarement été le lieu de séjour des ménages de la strate 3. Cela veut dire que les ménages s'installent prioritairement dans la strate 3 et circulent entre ses quartiers. S'il leur arrive de déménager de la strate 3, les ménages s'installent dans la strate 2. A ce propos, 23 % des quartiers habités se comptent dans la strate 2.

La strate 2 constitue le point de départ de 41% des flux de ménages vers les autres strates. Quand ils quittent la strate 2, les ménages s'installent dans la strate 3 dans 74 % des cas et le deuxième lieu d'origine des ménages vivant actuellement dans la zone intermédiaire est la strate 3, d'où proviennent 31% des flux. Lors de leur déplacement à partir de la strate 3, les ménages s'installent prioritairement dans la strate 2. Les flux qui proviennent du centre ville et de la zone périphérique sont faibles et tournent autour de 14 %.

S'agissant de l'accueil de ménages, la figure 4.9 montre qu'ici la strate 1 n'en accueille que 5% des installations contre 10 % pour la strate 4 puis 18 % pour la strate 2 et 67 % pour la strate 3. De ce fait, en dehors de la strate 3 où ils vivent actuellement, la strate 2 est le deuxième lieu de d'installations pour les ménages de la zone intermédiaire.

Figure n°4.10 : Lieu de départ et lieu d'installation des ménages de la strate 3

Une installation sur deux relève de l'opportunité de logement offerte aux ménages. Les emménagements relevant du choix du ménage ne font que 14 % dont aucun à Gamkallé. Les ménages vivant actuellement dans la strate 3 ont dû déménager surtout pour des raisons liées aux mauvaises conditions de logement (28 % des déménagements), aux migrations internes et internationales (15 % des déménagements) et aux changements de statut matrimonial (15 %).

Figure n°4.11 : Raison du déménagement des chefs de ménage de la strate 3

L'analyse montre que la strate 3 ne fournit qu'une faible proportion de flux de ménages en direction de la strate 4

Figure n°4.12 : Localisation du premier quartier d'accueil des chefs de ménage de la strate 4

La localisation du premier quartier d'habitation des chefs de ménage de la strate 4 est très déterminante dans la compréhension de la redistribution des ménages à l'intérieur des espaces résidentiels de la ville. Ici, elle démontre que la trajectoire résidentielle intra-urbaine est à dominante centrifuge chez les ménages. Or, le modèle centrifuge de mobilité résidentielle est reconnu pour être un facteur important d'étalement de la ville.

La figure n°4.12 montre que trois ménages sur cinq de la strate ne sont pas installés directement dans la zone périphérique. Ils ont dû avoir une trajectoire résidentielle qui les amène à séjourner dans les strates antérieures de la ville notamment dans la strate 2. Cette dernière a été le premier lieu d'habitation pour 36 % des chefs de ménage de la zone périphérique. Malgré la proximité, la zone intermédiaire ou strate 3 n'a été le premier lieu d'habitation que pour 13% des chefs de ménage de la strate 4, soit un peu moins que ceux dont la trajectoire résidentielle a commencé dans les anciens quartiers du centre ville. En outre, les chefs de ménage de la strate 4 ont été le plus souvent hébergés ou locataires à leur premier logement à Niamey. Il faut dire que seuls 8 % des propriétaires l'étaient déjà dans leur premier logement à Niamey.

L'analyse de déplacements des ménages de zone périphérique de Niamey montre que leurs séjours sont plus nombreux dans la strate 4 puis dans la strate 2. En revanche, ils sont rares dans la strate 1. Il convient de préciser que 3/5 des séjours ont eu lieu dans la strate 4 contre 1/5 dans la strate 2 et seulement 1/10 dans les strates 1 et 4.

Les ménages de la strate 4 proviennent de toutes les strates de ville mais avec une nette prédominance de ceux ayant déménagé d'un quartier de la strate 2 ; en effet, 37% des flux en direction de la zone périphérique trouvent leur source dans les quartiers de la strate 2 ; ce qui est plus important que les flux qui s'opèrent au sein de la strate 4 dont la proportion ne dépasse pas 31 %. Quant à la strate 3, il n'est que le troisième fournisseur de la strate 4 en ménages.

Figure n°4.13 : Lieu de départ et lieu d'installation des ménages de la strate 4

En ce qui concerne les motifs des installations des ménages dans les différents quartiers de la strate 4, on ne note pas une rupture avec ceux évoqués par les ménages des autres strates de la ville. En effet, moins de 15 % des ménages de la zone périphérique déclarent s'y être installés par choix notamment du fait de l'accès à la propriété qui est à la base de 13 % des installations. Pour le reste, les installations sont dues aux opportunités de logement offertes aux ménages.

Figure n°4.14 : Raison du déménagement des chefs de ménage de la strate 4

Quant aux déménagements observés dans la strate 4, ils sont dus à deux raisons essentielles qui sont les migrations (internes et internationales) et le changement de statut d'occupation (par exemple passer de locataire à propriétaire et vice-versa).

En définitive, les ménages qui ont habité dans le plus grand nombre de quartiers se retrouvent dans la strate 4, puis dans la strate 2. A l'inverse, les ménages de la strate 3 ont été les moins mobiles. Cela justifie le fait que les ménages ont tendance à séjourner plus longtemps dans leur logement au niveau de la strate 1 et de la strate 3.

Tout se passe comme si ce sont les quartiers résidentiels et les quartiers spontanés en matériaux définitifs (banco) qui accueillent les ménages ayant la plus longue trajectoire résidentielle à Niamey. En revanche, les ménages séjournent plus longtemps à Liberté puis à Gamkallé, Lacouroussou et à Boukoki1 ; il s'agit de quartiers traditionnels ou de village urbain (Gamkallé).

Par ailleurs, les échanges de ménages entre strates révèlent une mobilité résidentielle centrifuge observable à travers la trajectoire résidentielle de la plupart des ménages enquêtes. L'analyse de cette trajectoire contribue à démontrer combien la mobilité résidentielle participe au processus d'étalement à l'oeuvre dans la ville de Niamey. Il résulte une certaine dissemblance des espaces résidentiels de la ville notamment en ce qui concerne les conditions d'existence des ménages.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo