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Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).

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par Abdoulaye ADAMOU
Abdou Moumouni Dioffo - Doctorat de Géographie 2012
  

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4.2. Stabilité ou instabilité résidentielle dans les strates

La faiblesse du nombre moyen de quartiers habités par les chefs de ménage de la strate 1 trouve sa source dans la stabilité du logement qui se caractérise par l'importance du temps passé sur la strate actuelle. Ici, nous parlons d'instabilité quand le temps moyen passé dans la zone d'habitat actuelle n'atteint pas 15 ans.

La durée de séjour du ménage est en moyenne de 24 ans depuis la dernière installation dans la strate 1. Cette moyenne est plus importante à Liberté (31 ans) et plus faible à Terminus (19 ans). Cela est dû au fait que les ménages du quartier Liberté ont une trajectoire résidentielle stabilisée tandis que les ménages du quartier Terminus présentent la trajectoire la plus développée et plus éclatée de la strate.

Au quartier Liberté, la stabilité résidentielle est surtout l'oeuvre de ménages locataires dont la durée de séjour moyenne depuis la dernière installation dans le quartier avoisine 45 ans. Cela montre que malgré la promiscuité, le quartier Liberté à une grande capacité de rétention de ces locataires dont la plupart sont des ménages démunis ou des étrangers qui souhaitent rester à côté de la zone commerciale de la ville. Ici les propriétaires sont des héritiers dont les parents ont aussi cohabité avec les locataires. En revanche, ce sont les propriétaires qui ont la durée de séjour la plus longue dans le quartier Terminus tandis le séjour le plus long revient aux ayants droit parmi les ménages du quartier Lacouroussou. A l'échelle de la strate 1, le plus court séjour s'observe chez les logés gratuitement du quartier Terminus.

Dans la strate 1, le statut d'occupation semble être indicateur de stabilité ou d'instabilité du ménage dans son logement. En effet, l'importance de la durée de séjour depuis la dernière installation correspond à la sécurité foncière dont jouit le ménage. A cet, effet, on remarque que la durée moyenne de séjour décroît avec l'insécurité foncière. En conséquence, elle est plus importante chez les propriétaires qui ont une durée de 32 ans contre 24 ans chez les ayants droit, 22 ans chez les locataires et seulement 14 ans chez les logés gratuitement. Ainsi, la durée est assez importante parmi toutes les catégories de ménage. Ainsi, la forte durée de séjour exprime-t-elle les difficultés de promotion résidentielle chez les ménages de cette strate dont la plupart se voient contraints de rester dans des logements vétustes et souvent trop exigus. Cela est d'autant vrai que globalement, la forte durée de séjour traduit une stabilité résidentielle qui augure rarement un changement de statut d'occupation.

Le taux de renouvellement des ménages dans un espace résidentiel donné est la proportion de ménages dont le séjour n'y dépasse pas un an. Il permet de saisir non seulement le degré de stabilité résidentielle mais également les changements sociaux qui pourront découler de l'accueil de nouveaux ménages.

Les ménages qui se sont nouvellement installés dans la strate 1 sont de l'ordre de 8% en 2008. La faiblesse de ce taux montre un renouvellement moribond des ménages au sein de la strate 1. Et ce renouvellement de ménages n'augure pas de changement sociaux importants car la strate n'accueille que de ménages dont le chef est artisan ou commerçant c'est-à-dire des gens qui évoluent dans le secteur informel comme ceux qui sont déjà installés.

Il convient de noter que ce taux est plus élevé à Terminus où il est de 13 % contre 6 % à Lacouroussou et à Liberté. En moyenne, seuls 14 % des chefs de ménage ont vécu moins de 5 ans dans la strate 1.

Figure n°4.1 : Durée de séjour des ménages de la strate 1 dans le quartier actuel

(en année)

Dans la strate 2, La durée moyenne de séjour dans le quartier actuel est moins importante que celle observée chez les ménages de la strate précédente ; cela s'explique par le fait que la strate 2 se présente comme la strate la plus dynamique en matière de mobilité résidentielle intra-urbaine. En effet, l'analyse de la mobilité résidentielle a permis de comprendre que cette strate est le lieu où s'observe le plus fort taux de déménagement. Ce qui fait que la durée moyenne de séjour depuis la dernière installation des ménages ne dépasse guère 13 ans ; ce taux est comparable à celui observé dans la zone périphérique où l'on compte plusieurs quartiers d'installation récente.

Cependant, il y a lieu de noter que la durée de séjour depuis la dernière installation du ménage dans le quartier actuel varie en fonction du type d'habitat. C'est ainsi que le quartier traditionnel de Boukoki 1 détient moyenne est plus élevée parmi les trois quartiers enquêtés dans la strate 2. Le degré de la stabilisation et de sédentarisation des ménages de Boukoki 1 est comparable à celui d'un quartier de la strate 1 car la durée de séjour depuis la dernière installation des ménages y est de 21 ans, soit au moins deux fois plus importante que dans les quartiers Cité Fayçal et Plateau 2. En effet, dans ces deux quartiers, la durée de séjour depuis la dernière installation du ménage ne dépasse guère 9 ans.

De même, l'enquête révèle des différences en fonction du statut d'occupation du logement du ménage. Aussi, la plus faible moyenne est-elle présentée par les ménages squatters qui ont duré 4 ans dans l'actuel quartier. Puis suivent respectivement les locataires avec une durée de 9 ans contre 11 ans pour les ayants droit et 17 ans pour les copropriétaires. Il faut dire que les propriétaires y ont séjourné plus de deux fois que les locataires ; ce sont les premiers à se sédentariser. Leur durée de séjour dans l'actuel quartier est proche de 20 ans.

Figure n°4.2 : Durée de séjour des ménages de la strate 2 dans le quartier actuel (en année)

Quant au taux de renouvellement de ménages, il est de 10 % dans la strate 2 en 2008. Ce renouvellement concerne essentiellement les ménages locataires. A titre illustratif, 4 des ménages sur 5, qui se sont installés dans la strate 2 au cours de l'année 2008 sont des locataires. Le renouvellement concerne aussi des ménages logés gratuitement et des squatters. Il est plus important au Plateau 2 qu'à Cité Fayçal et à Boukoki 1. Car les locataires sont plus présents au Plateau 2 qu'à Cité Fayçal et à Boukoki 1, les locataires présents ont tendance à durer longtemps du fait qu'ils sont le plus souvent pauvres contrairement aux locataires du quartier Plateau 2 qui sont promis à une mobilité résidentielle ascensionnelle. Dans ce cas, le statut de locataire n'est qu'un passage vers l'accès à la propriété.

En ce qui concerne la strate 3, la durée moyenne de séjour des ménages depuis la dernière installation dans le quartier actuel est de 20 ans. Cette moyenne qui est bien plus importante que dans la strate 2 montre une certaine stabilité des ménages de la zone intermédiaire dans leur logement. La durée moyenne de séjour des ménages depuis la dernière installation dans le quartier actuel est deux fois supérieure à Gamkallé qu'à Dar es-Salaam. Rappelons qu'elle est de 26 ans à Gamkallé contre 14 % à Dar es-Salaam.

Ici aussi, la durée de séjour dans le quartier semble dépendre du statut d'occupation du ménage car elle est plus importante chez les copropriétaires que chez les autres statuts d'occupation. En revanche, les plus courtes durées de séjour sont observées auprès des locataires.

Figure n°4.3 : Durée de séjour des ménages de la strate 3 (en année)

En effet, la durée moyenne de séjour dans le quartier actuel est de 32 ans chez les copropriétaires contre 25 ans chez les ayants droit, 22 ans chez les squatters, 21 ans chez les propriétaires, 13 ans chez les logés gratuitement et moins de 10 ans chez les locataires. La longue durée de séjours des squatters témoigne de l'importance du temps mis pour la mise en valeur des parcelles dans les quartiers de la zone intermédiaire qui n'ont pas fini de se densifier. La forte durée de séjour des copropriétaires relève du fait qu'ils y habitaient des logements appartenant, d'abord, à leurs parents qui ont préféré rester dans les strates antérieures de la ville ; par la suite ils deviennent copropriétaires après avoir hérité de la maison qu'ils partagent avec les autres frères et soeurs.

S'agissant du taux de renouvellement de ménages dans la strate 3, il est, 8 % en 2008, soit le même que celui observé dans la strate 1. Il concerne essentiellement des ménages locataires et des logés gratuitement qui constituent les statuts d'occupation les plus instables parmi les ménages. Il faut préciser qu'au cours de cette année la mobilité résidentielle n'a concerné ni les propriétaires ni les ayants droit.

Quant à la strate 4, la durée moyenne de séjour depuis la dernière installation de ses ménages dans le quartier actuel est un peu moins de 12 ans (11,7 ans). Cette faible durée de séjour s'explique par le fait que la plupart des quartiers périphériques sont récents. Contrairement à la strate 2 qui est un lieu de départ, la strate 4 est un lieu d'accueil de ménages car c'est un espace en construction ; c'est ici qu'on compte la plupart des nouveaux logements.

En ce qui concerne les différents statuts d'occupation, on remarque que les squatters semblent être les premiers habitants de ces quartiers car ils s'y installent avant même la mise en valeur des parcelles. Ce sont « les pionniers » des quartiers périphériques dans lesquels ils mènent une vie de nomade puisqu'ils sont appelés à quitter chaque fois que la mise en valeur de la parcelle qu'ils occupent est achevée. En revanche, l'installation des locataires est la plus récente à la périphérie ; elle n'atteint pas en moyenne 5 ans.

Figure n°4.4 : Durée de séjour des ménages de la strate 4 dans le quartier actuel (en année)

Le taux de renouvellement de ménages dans la strate 4 est de 13 % en 2008 ; c'est le plus important taux. Cela veut dire que 13 % des logements de la strate 4 ont accueillis leurs occupants en 2008. Parmi les ménages accueillis, plus de 4/5 sont des locataires. Au total, près de 2/5 des ménages ont moins de 5 ans dans la strate 4. Parmi ces derniers, 16 % sont des propriétaires et 75 % des locataires ; les autres statuts d'occupation n'en constituent que 14 %.

En résumé, l'analyse de la durée de séjour du ménage depuis sa dernière installation dans le quartier actuel et du taux de renouvellement de ménages par strate montre qu'il y a une stabilité résidentielle dans les strates 1 et 3 alors que les strates 2 et 4 sont l'objet d'une certaine instabilité du logement. Or la capacité de rétention ou de répulsion des ménages par les espaces résidentiels peut énormément influencer les échanges entre les différentes strates de la ville.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon