WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).

( Télécharger le fichier original )
par Abdoulaye ADAMOU
Abdou Moumouni Dioffo - Doctorat de Géographie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

5.4.2.2. Deuxième étape: de 1960 à 1990

Cette longue étape est marquée par un urbanisme de rattrapage bien que la réflexion soit désormais orientée vers la planification spatiale dont le souci était de contrôler le développement spatial des villes, notamment Niamey, qui est la ville-Capitale. Aussi, les plans portent-ils fondamentalement sur des aspects urbanistiques. On peut y distinguer deux périodes dont la première va de l'indépendance à 1974, tandis que la deuxième couvre la période d'exception (de 1974 à 1990).

- De 1960 à 1974

Après l'indépendance, une réforme administrative découpe le pays en départements, les départements en arrondissements et les arrondissements en communes. Dans le même temps, les arrondissements et communes gardèrent automatiquement leur statut de collectivités territoriales comme le stipulait la loi n° 64-023 du 17 juillet 1964, portant création des circonscriptions administratives et les textes modificatifs subséquents. Dans cet esprit, ces entités devraient bénéficier d'une personnalité morale et d'une autonomie financière. Mais en la réalité, le pouvoir reste encore fortement centralisé en raison de l'étroite tutelle des autorités déconcentrées de l'Etat, à savoir les préfets et sous-préfets. L'esprit de la décentralisation date donc de cette époque même si par ailleurs elle n'y était pas du tout appliquée.

Cette période a vu naître les premiers plans de développement social et économique avec des perspectives décennales ou quadriennales ; on peut citer les plans de 1961-1963 et celui de 1964-1974. Les points essentiels de ces plans sont : consolider l'unité nationale et assurer une croissance économique. En outre, ils mettent plus l'accent sur les enjeux du développement rural que sur les centres urbains en dépit de l'installation de quelques industries et d'équipements d'envergure nationale ou régionale. Toutefois, la création de la Société Nigérienne d'Urbanisme et de la Construction Immobilière (SONUCI) vient renforcer le Crédit du Niger dans le but de mettre sur le marché immobilier nigérien, des logements de qualité en quantité suffisante, afin de favoriser la baisse du prix de la location.

Mais, ces objectifs sont loin d'être atteints car à la date de 2002, cette société n'a construit que 900 logements dont les bénéficiaires sont les mêmes qui jouissent des prestations de la première institution. A Niamey, l'accent a été surtout mis sur la construction de logements individuels et très peu sur le logement collectif.

De plus, il est important de préciser que dès 1963, Niamey est dotée d'un SDAU et que cinq ans plus tard (en 1968), le service central de l'urbanisme, de l'architecture et de l'habitat du Ministère de Travaux Publics, des transports, des mines et de l'urbanisme, procède à la réalisation d'une étude intitulée : «Politique de l'urbanisme au Niger ». Ce document montrait l'importance de la croissance urbaine et la nécessité de prendre en compte le rôle des villes dans le processus de développement du pays. Aussi, cette étude jette-t-elle les bases d'un urbanisme prévisionnel en faveur d'un aménagement urbain cohérent.

Malgré cela, dans la réalité, l'absence d'une véritable politique urbaine est manifeste tant ce texte d'urbanisme n'est pas considéré par les acteurs politiques ; en conséquence, le développement urbain se limite à des préoccupations foncières et à l'implantation d'un certain nombre de services conformément au plan de développement socio-économique du pays. De ce fait, la planification urbaine est basée exclusivement sur des lotissements publics. Il s'agit d'opérations au « coup par coup », comme dira A35(*). Bontianti que le faible niveau d'urbanisation du pays (6%) rendait possible même si on notait des taux de croissance très élevés au niveau de Niamey.

C'est à partir des années 1970 que des nouvelles options visent à doter les villes principales du Niger d'instruments de développement plus cohérents. Il s'agit des schémas directeurs d'aménagement et d'urbanisme (SDAU) dont le tout premier qui est celui de Niamey, n'a vu le jour que dans la décennie suivante.

- De 1974 à 1990

Cette période coïncide avec le régime d'exception (de 1974 à 1989). Ce régime conduit par le Conseil Militaire Suprême (CMS), avec à sa tête le Colonel Seyni Kountché, puis le Général Ali Seibou, a également procédé à une certaine réforme des structures existantes. Ainsi, l'administration régionale et locale a été amputée de toutes ses structures de participation populaire avec la dissolution des conseils d'arrondissement et municipaux et des commissions exécutives d'arrondissement et de commune. La décentralisation embryonnaire sera désormais mise en veille.

Le décret n°75-207/PCMS/MI-DT du 13 août 1974 est intervenu pour organiser à titre provisoire la participation des populations à la gestion des affaires locales par l'institution de commissions consultatives d'arrondissement et commune. Placées sous la présidence du sous-préfet ou du maire, ces commissions sont essentiellement composées des chefs de service et des autorités coutumières alors que le régime prônait la mise en place d'une société de développement dont les mots clés sont : la concertation, la consultation et la participation des populations. C'est d'ailleurs ce slogan qui justifie la mise en place des structures d'encadrement de la jeunesse dans un mouvement national dit de la Samaria.

Ces réformes institutionnelles devaient favoriser la mise oeuvre de programmes de développement social et économique à travers des plans qui visent l'autosuffisance alimentaire, le renforcement de l'unité nationale, le désenclavement du pays, le développement d'actions sociales, le développement des activités industrielles, etc. On peut situer dans cet élan :

- le plan triennal de 1976-1978 qui n'a été qu'un listing de projets et des investissements les plus urgents à réaliser pour sortir de la grande sécheresse qui sévissait au Niger ;

- le plan quinquennal de 1979-1983 qui a prévu, avec les mêmes objectifs que le précédent, une large participation des régions dans le cadre du Comité Technique Départemental (COTEDEP). Ce plan est une programmation d'actions prioritaires d'investissements (habitat, équipements, infrastructures, etc.). A cette période la gestion des villes est purement politique et l'action privée est quasi-absente. La ville y est, de ce fait, gouvernée par des institutions déconcentrées qui ne rendent compte qu'à leur supérieur hiérarchique et jamais aux populations dont les aspirations pouvaient pourtant être biaisées.

Mieux, dans la pratique, on relève un caractère anti-urbain de la politique de développement du Niger se lisant à travers les opérations bulldozers (casser des quartiers spontanées) et les opérations de retour des migrants à leurs lieux d'origine : c'est-à-dire en milieu rural pour qu'ils contribuent au développement de l'agriculture ; le principal enjeu était en réalité d'atteindre l'autosuffisance alimentaire.

Néanmoins, la mise en place du SDAU de Niamey de 1981 à 1984 témoigne d'une volonté de maîtriser le développement urbain qui vaille bien plus que des actions ponctuelles inefficaces. Ainsi, le SDAU doit désormais servir de cadre d'orientation de la gestion et de l'extension des villes du Niger ; celui de Niamey conçu en 1984, doit servir de modèle pour les autres villes. Mais, faute de financement, le SDAU de Niamey ne sera que partiellement appliqué et sa généralisation aux autres villes empêchée.

Ce manque de moyens financiers s'explique principalement par le retrait de la coopération bilatérale (France, Allemagne) dans le financement de ces types d'instruments, alors que l'Etat nigérien qui en devient l'unique bailleur de fonds, s'est quant à lui, engagé dans un Programme d'Ajustement Structurel (PAS), imposé par les institutions du Breton Wood. Or, le PAS oblige les pays sous-développés à limiter leurs priorités et donc leurs dépenses. Il en résulte une crise de la planification. C'est malheureusement à cette période que nos autorités perçoivent les enjeux du développement urbain dans l'économie nationale.

Cette prise de conscience engendra des projets d'étude urbaine afin de mettre en place un outil efficace de maîtrise de développement urbain ; en conséquence, le plan quinquennal de développement économique et social de 1987-1991 sera marqué par une ouverture au secteur privé comme orientation fondamentale avec entre autres objectifs la justice sociale et la démocratie participative. Ce qui a valu la création par le décret n° 89-01-PCSON du 19 mai 1989, du ministère chargé de la réforme administrative. Ce ministère a organisé le premier séminaire sur la décentralisation au Niger tenu du 6 au 9 août 1990.

Jusqu'à cette date, le processus de planification n'impliquait pas la participation des populations malgré les discours sur le mouvement de la société de développement. En réalité, ce sont l'Etat et ses démembrements qui contrôlaient tout ; ils considèrent la population comme de simples bénéficières des projets ou programmes de développement. Ce qui n'a pas favorisé le développement local. De plus, les premiers plans ont pratiquement tous considéré le secteur agricole comme moteur de croissance ; d'où l'intérêt démesuré porté au monde rural qui du reste, n'a pas échappé à la crise.

Au total, on remarque qu'à cette période déjà, les problèmes de maîtrise du développement urbain commencent à se faire sentir. Mieux, l'on a la conviction que l'urbanisme de rattrapage engagé à cette période aura des impacts néfastes sur les décennies suivantes en matière de planification. Mais que faire ?

* 35 Communication personnelle de Bontianti, Directeur de l'Institut de Recherche en Sciences Humaines (IRSH)

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci