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Coup d'Å“il sur l'évolution du droit à  l'éducation des enfants dans la chaà®ne des cahos en Haà¯ti de 1983 à  2010


par Maréus TOUSSÉLIAT
Université d'État d'Haïti (UEH) - Licence 2010
  

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L'évolution du système scolaire

Au niveau de l'éducation, les quarante dernières années sont marquées par quatre phénomènes de grandes importances: 1) L'exode massif de ceux et celles qui pourraient être des enseignants compétents, attirés par les offres alléchantes de certains pays étrangers comme l'Afrique, le Canada ou forcés à l'exil. 2) La production des "écoles borlettes", incapables de se pourvoir d'un personnel vraiment qualifié. Ce qui les accuse d'un taux d'échecs quelquefois embarrassants. Toutefois, elles suppléent à l'État en acceptant des étudiants qui, autrement, ne seraient pas acceptés dans les écoles publiques ou congréganistes. 3) L'échec de la réforme du système de l'enseignement entreprise par le ministre Joseph C. Bernard à la fin des années 1970 ; une réforme qui prenait en compte la réalité linguistique d'Haïti et tentait de restructurer les dispositifs de l'éducation à partir de cette réalité. Certains éléments de cette réforme, qui aurait constitué un acte révolutionnaire dans l'histoire de l'éducation, furent repris après 1986. 4) Le lancement du plan national d'éducation et de formation.

Aujourd'hui, l'État haïtien n'est toujours pas en mesure de mettre l'éducation à la portée du grand nombre, et ce malgré des demandes sans cesse accrues de la part des masses prenant chaque jour conscience de l'importance d'une bonne formation académique pour leurs progénitures. Les fonds du budget national alloués à cet effet demeurent insignifiants, et l'absence d'une politique d'éducation bien structurées et tenant compte de ces demandes laisse les gens perplexes.

Le contexte sociopolitique

Après la chute de Jean-Claude Duvalier, le 07 février 1986, Haïti a connu une longue période de transition démocratique au cours de laquelle la Constitution de 1987 a été élaborée et votée par le peuple haïtien. Durant cette période, une crise d'instabilité politique règne dans le pays. Elle a été engendrée par les partisans du pouvoir du régime déchu et de ceux qui voulaient implanter la démocratie en Haïti. Les premières élections démocratiques ont eu lieu le 16 décembre 1990 et le père Jean-Bertrand Aristide a été démocratiquement élu président d'Haïti pour 5 ans, conformément à la Constitution de 1987. Cependant, après seulement 8 mois au pouvoir, le nouveau président a dû quitter le pouvoir, car le 29 septembre 1991, les militaires, suppôts de la dictature macoute ont organisé un coup d'État militaire et l'ont forcé à s'exiler. Après trois ans d'embargo international, de résistance populaire et de négociations internationales, le gouvernement constitutionnel a repris le pouvoir le 14 octobre 1994, grâce à l'appui de la communauté internationale et l'intervention des militaires des États-Unis. Cependant, après ce retour au pays, il y avait encore des troubles politiques entre le parti au pouvoir et les autres partis politiques. Ces perturbations politiques ont eu des conséquences négatives sur la vie socio-économique et politique de la population. Ce contexte de longue crise politique a occasionné le blocage de l'aide économique internationale et de l'investissement des entrepreneurs nationaux et internationaux. Celui-ci n'est pas sans effet sur le système éducatif haïtien, et encore plus, a fait longuement retarder le progrès et l'atteinte de l'Objectif du Millénaire pour le Développement fixé d'ici 2015.

En effet, depuis les premières constitutions, le cadre légal des politiques éducatives existe en Haïti. Dans les articles 32.1 à 32.3 de la Constitution en vigueur, celle de 1987, on pourrait lire que l'éducation est à la charge de l'État et des collectivités territoriales. Elle consacre en même temps la gratuité et l'universalité de l'enseignement primaire. L'éducation fonctionne également sous le régime du décret-loi de 1989 qui confère au Ministère la charge de l'élaboration, de la mise en oeuvre de l'évaluation et de la mise à jour de la politique générale de l'État dans les domaines de l'Éducation, de l'Alphabétisation et de la Formation professionnelle. De plus, l'État haïtien est le signataire de la Convention des droits de l'enfant ainsi que des engagements du Forum de Dakar en l'an 2000 sur l'Éducation Pour Tous. Par ailleurs, le MENFP dispose d'un Plan National d'Éducation et de Formation (PENF), principale boussole pour l'avenir de l'éducation en Haïti. Les actions du Ministère s'inspirent également de l'avant-projet de loi de 1998 déposé au parlement haïtien aux fins de ratification.

Selon le bilan commun de pays pour Haïti, une étude publiée en 2000 par les Nations Unies et le gouvernement haïtien, souligne qu'un tiers des enfants d'âge scolaire n'avait pas accès à l'école. Outre cela, seule une faible minorité d'enfants demeuraient à l'école pendant quatre années consécutives. Quant aux installations, la majorité des écoles sont improvisées dans des bâtiments qui n'ont pas été conçus à cette fin. Avant le séisme du 12 janvier 2010, à peine 21 % d'entre elles disposent de l'électricité et 42 % bénéficient de l'eau courante. Depuis le séisme, quelque 4000 établissements d'enseignement ont été détruits dans la zone de Port-au-Prince. Les classes ont repris dans des abris temporaires, généralement sous des tentes. De plus, il faut faire disparaître des montagnes de débris avant d'installer les tentes. Il faut aussi prévoir des latrines, un approvisionnement en eau potable, etc. Dans sa grande sagesse, la communauté internationale a décidé qu'il fallait construire rapidement des écoles pour renvoyer les élèves à l'école. On a donc construit ici et là des écoles avec des toits de tôle en plein soleil. Quand on sait que le changement dans un pays comme Haïti ne peut se faire que par l'éducation, on reste perplexe.

Plus de 70 % de la population est analphabète et 500 000 enfants ne vont pas à l'école, faute de moyens. L'État haïtien ne débourse que 13 % des montants associés à l'éducation, le reste étant assumé par les parents. Si l'école en Haïti est obligatoire, elle n'est pas vraiment gratuite, et de moins en moins publique. La qualité variable de l'enseignement, les problèmes de malnutrition, les piètres conditions matérielles, l'analphabétisme des parents (au moins de 70 %), l'absence de bibliothèques publiques ou scolaires, l'éloignement des écoles et l'absence d'électricité dans les foyers sont d'autant d'éléments responsables du taux de scolarisation peu élevé. Or, l'élite haïtienne a toujours considéré que l'éducation, comme les soins de santé, était un privilège réservé à une minorité, non un droit pour tous38(*). La plupart des Haïtiens voudraient bien s'instruire, mais tout simplement ils ne le peuvent pas. Bon nombre d'entre eux ont honte d'être analphabètes, mais s'instruire dans ce pays ne dépend apparemment pas uniquement de soi, avec un système assez complexe.

Comme l'État n'a aucun moyen pour prendre des dispositions permettant à tous de s'instruire, donc un grand nombre de gens sont condamnés à vivre dans l'ignorance. Sur 1000 élèves inscrits au primaire, 900 abandonneront l'école avant la fin de leurs études. Les causes sont multiples et pas toutes d'ordre pédagogique : infrastructures inexistantes ou désuètes, programmes mal adaptés, enseignants mal formés, distances à parcourir trop longues dans les zones rurales, chemins impraticables par mauvais temps, absence d'électricité dans les écoles et à la maison, manque d'équipements scolaires adéquats, pénurie de manuels, sous-alimentation de plusieurs élèves, etc. Le proverbe « Ventre affamé n'a pas d'oreilles » traduit bien ce qui se passe dans ce pays ; il correspond à la maxime créole « Sak vid pa kanpe » (Celui qui n'est pas nourri ne tient pas sur ses pieds.)

* 38 www.unicef.org/haiti

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci