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Le marché de la sécurité privée à  Cotonou


par G. Jonas DJIDENOU
Université d'Abomey Calavi - Maîtrise 2014
  

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Tableau I : Centre de documentation et bibliothèque

Centre de documentation et bibliographique

Nature des documents

Types d'informations

Centre de documentation de la FLASH

Mémoire de maîtrise

Informations d'ordre général et spécifique

Bibliothèque centrale de l'UAC

Ouvrages sociologiques et anthropologiques

Informations relatives au crime, à la déviance

Institut Français du Bénin

Ouvrages généraux de Sociologie et d'Anthropologie

Informations relatives au crime

Internet

Rapports, articles, revues, colloques, séminaires

Information d'ordre général et spécifique

Source : données de terrain, 2011-2012

Le tableau que nous venons de présenter nous renseigne sur les sources des informations recueillies lors de la recherche documentaire. Ces données nous ont éclairé par rapport au comportement des acteurs sociaux autour de la sécurité privée et nous ont guidé pour la recherche.

2.5Enquête préliminaire

Elle a lieu dans le but de vérifier les hypothèses formulées et de tester les outils de recherche élaborés (guide d'entretien et questionnaires). Elle nous a aussi permis d'avoir des informations sur la sécurité privée et les actions des entrepreneurs de la sécurité dans les prestations de service de sécurité rapprochée dans la ville de Cotonou. Pour ce faire, nous nous sommes

entretenus avec des responsables de la DSP, des agences de sécurité privée ainsi que des personnes ressources sur l'histoire de la sécurité privée, sa pratique actuelle et les raisons qui sous-tendent les motivations des promoteurs d'organismes de sécurité privée. A cette étape, nous avons fait un stagede deux (02) mois dans la société CITYPOOL SECURITY, une agence de sécurité privée de la ville de Cotonou. Cela a fait suite à la décision des responsables du Département de la Sociologie-Anthropologie pour une immersion professionnelle des étudiants. Nous nous sommes exercés lors de notre stage à réaliser le diagnostic organisationnel de la structure qui a servi de cadre à notre immersion professionnelle. En nous appuyant sur des connaissances théoriques, nous avons appliqué l'outil de diagnostic organisationnel qu'est le Modèle Intégré d'Organisation (MIO) à l'entreprise « CITYPOOL SECURITY ». Cet exercice nous a permis d'appréhender le phénomène de la sécurité privée et de cerner les contours du marché de la sécurité privée dans la ville de Cotonou. Il a été d'un grand intérêt pour comprendre l'évolution de l'offre et de la demande en matière de sécurité rapprochée. Il nous a révélé les systèmes de prix pratiquée d'une société à une autre, les turbulences sur le marché de la sécurité privée dans la ville de Cotonou et l'attitude des clients qui vont d'agence en agence à la recherche de service de qualité et ce, à moindre coût. Nous présentons ci-dessous le tableau des orientations stratégiques issu des facteurs internes et externes de ladite société et quelques stratégies énumérées.

Tableau II :Facteurs internes et externes deCitypool Security

Forces

Faiblesses

1

1-Conseil d'Administration fonctionnel

1- Insuffisances dans la structuration de CITYPOOL (absence de comptable et de personnes compétentes au sein du CA)

2

2-Existence des agents de prospection très dynamiques

2- Insuffisante des Vigiles pour répondre aux demandes de sécurité rapprochée

3

3-Existence de contrôleurs et d'assistants contrôleurs opérant des contrôles réguliers et inopinés sur les sites

3- Rigidité des relations contrôleurs /Vigiles occasionnant des défections dans le rang des vigiles

4

4- Fonctionnalité du système de motivation, de formation et de recyclage des vigiles, des assistants contrôleurs et des contrôleurs

4-Le système de motivation pour juguler le manque d'effectif par les reconductions n'est pas opérationnel

5

5- Le Well-being physique des vigiles, toujours frais et disponible

5-Les Vigiles indélicats qui sapent par leur inconstance et leur moralité la crédibilité de CITYPOOL

6

6- CITYPOOL dispose d'un système d'information et de communication efficace

6-Insuffisance et vétusté des matériels roulant pour effectuer les patrouilles et les déploiements de gardes

 

Opportunités

Menaces

1

1-La croissance vertigineuse de la demande en sécurité rapprochée

1-Les modalités de tarification des autres entreprises de sécurité privée

 

3-Naissance de nouvelles structures compétentes offrant des services de sécurité de qualité, à moindre coût et des conditions sociales plus adéquates aux vigiles

4-L'augmentation constante de l'armée des chômeurs, des délinquants et des déviants sociaux.

2

2- Disponibilité des clients bon payeurs exigeant le Well-being, l'embonpoint et la rigueur au poste des vigiles

2-Les clients débiteurs qui vont d'agence en agence

3

3-L'inefficacité, le défaut d'écoute et la lenteur des autres agences de sécurité à l'égard des plaintes et doléances du client

3-Naissance de nouvelles structures compétentes offrant des services de sécurité de qualité, à moindre coût et des conditions sociales plus adéquates aux vigiles

4

4-Existence de zone potentielle d'extension pour les activités de CITYPOOL (les zones péri-urbaines et les autres villes du Bénin)

4-L'augmentation constante de l'armée des chômeurs, des délinquants et des déviants sociaux

Source: Enquête de terrain, 2011

Quelques orientations stratégiques

OS1 : Saisir l'O1 et utiliser la F4 pour éliminer les f3 et f4

OS1 : Saisir la croissance vertigineuse de la demande en sécurité rapprochée et utiliser la fonctionnalité du système de motivation, de formation et de recyclage des vigiles, des assistants contrôleurs et des contrôleurs pour réduire la rigidité des relations contrôleurs / vigiles occasionnant des défections dans le rang des vigiles et la non opérationnalité du système de motivation pour juguler le manque d'effectif par les reconductions.

Stratégie 1 : Assainir les moeurs de CITYPOOL SECURITY notamment en matière de gestion des ressources humaines (revitaliser les rapports interpersonnels en donnant une place centrale à la communication et au style démocratique) et financière (allouer un budget pour les reconductions et payer automatiquement les vigiles).

OS2 : Saisir l'O2, utiliser les F2 et F3 pour éliminer les f2, f4 et f5

OS2 : Saisir la disponibilité des clients bon payeurs exigeant le well-being, l'embonpoint et la rigueur au poste des vigiles et utiliser l'existence des agents de prospection très dynamiques, ainsi que l'existence de contrôleurs et d'assistants contrôleurs opérant des contrôles réguliers et inopinés sur les sites pour éliminer l'insuffisance des vigiles pour répondre aux demandes de sécurité rapprochés, et déceler les vigiles indélicats qui sapent par leur inconstance et leur moralité la crédibilité de CITYPOOL SECURITY.

Stratégie 2 : Redynamiser les procédures de prospection de vigiles (proposé à travers des spots publicitaires des conditions sociales adéquates de travail aux vigiles) et améliorer la qualité des matériels roulants (acquisition nouvelle et durabilité de la maintenance) et celle des ressources humaines (recrutement et renforcement des capacités).

2.6 L'enquête de terrain proprement dite

Cette étape nous a permis d'investiguer dans les arrondissements de Cotonou afin de recueillir des données empiriques. Elle a durée dix (10) mois, de mai à juillet, de septembre à décembre 2012. Puis de Février à Juillet 2013. Cette période a pris en compte la disponibilité de nos enquêtés à nous fournir les informations nécessaires.

2.7 Technique, outils de collecte et analyse de données

A la suite de la pré-enquête, trois techniques ont été utilisées. Il s'agit de l'observation, de l'entretien et du questionnaire qui ont pour outils respectifs la grille d'observation, le guide d'entretien et le questionnaire.

L'observation a été essentielle dans le cadre de cette étude car c'est grâce à elle que nous avons pu constater les indicateurs d'une marchandisation de la sécurité : des vigiles en uniforme à travers la ville, des guérites de sécurité devant les maisons des particuliers et des patrouilles motorisés dans la ville de Cotonou. Le questionnaire a permis d'adresser des questions très précises auxquelles nous espérons des réponses concises. L'entretien semi-structuré quant à lui, a favorisé une ouverture de nos enquêtes qui ont donné leur point de vue puisant ainsi de leurs expériences. Ce qui nous a aidé à découvrir les aspects du sujet que nous n'aurions pas prévu. Le choix de ces techniques s'explique par le fait qu'il s'agit d'une enquête aussi bienqualitative que quantitative.

2.8 Groupes cibles et échantillonnage

Pour constituer l'échantillon, deux techniques ont été adoptées. Il s'agit de l'échantillonnage à choix raisonné et l'échantillonnage aléatoire (par groupe). Au niveau des entreprises prestataires de service de sécurité, ainsi que de leurs vigiles, l'échantillonnage aléatoire a été utilisé. Des 75 entreprises de sécurité privée, 17 ont été choisi de façon aléatoire.Il s'agitde CITYPOOL SECURITY, MSA, INTER-CON, SUNTREV SECURITY, DA-SECURITE, IBSB SECURITE, RANGERS, BODYUARD, SECURITE ASSOUKA, LEADERS SECURITY, SOFT SECURITY, TYGER SECURITY, MEN'S PROTECTION, TIGER SECURITY, ANFANI SECURITY, CREDO SECURITY, PROTECTION SECURITY.De façon aléatoire 65 vigiles appartenant aux 17 entreprises ont été choisi. Nous avons procédé à un choix raisonné au niveau des responsables étatiques chargés de la régulation du secteur. Pour ce qui concerneles clients, nous avons fait un choix aléatoire de 52 clients pour qui les 17 entreprises donnent des services rapprochés de sécurité. Des 13 arrondissements que compte la commune de Cotonou, 05 ont été choisis de façon raisonnée. Il s'agit du 1er, du 2ème, du 4ème, du 5ème et du 12ème arrondissement de Cotonou. Au niveau des enquêtés, nous avons tenu compte du rôle ou de la place de chaque acteur dans le secteur. Pour ce qui est du côté de l'Etat, les chargés politiques de la régulation de la sécurité dans la ville de Cotonou ont été pris en compte.Du côté des entreprises, les producteurs des services rapprochés à savoir : les entrepreneurs, les commerciaux, les vigiles prestataires de service de sécurité, ainsi que les demandeurs de sécurité rapprochée ont été ciblés. Nos investigations ont été réalisées en premier lieu et successivement dans le 1er, 2ème et le 4èmearrondissement de Cotonou. Ces arrondissements regroupent certains quartiers d'Akpakpa où l'onretrouve le siège social de plusieurs entreprises de sécurité privée de notre échantillonnage. Nos enquêtes ont lieu par la suite dans le 6ème arrondissement où nous avons rencontré nombre de clients des entreprises de notre échantillonnage. Le 5ème arrondissement a été en amont et en aval de notre recherche en ce qui concerne les enquêtes menées compte tenu de la présence de la DGPN, de la DCSP et de la DSP ; les structures étatiques de la régulation de la sécurité publique, qui sont aussi chargées de la régulation des activités des entreprises de sécurité privée.

Nos investigations ont portés en dernier lieu sur le 12ème arrondissement de Cotonou dans lequel l'on retrouve quelque siège social d'entreprise de sécurité privée et beaucoup de clients particuliers. Au total, 148 acteurs ont été enquêtés dans les 5 arrondissements

2.9 Taille de l'échantillon

Tableau III : Présentation de l'échantillon par arrondissement

Groupe cible

Arrondissements

Nombre

Etat (responsables de la DGPN, DCSP et DSP)

5ème Arrondissement

06

Entrepreneurs de la sécurité privée

1er Arrondissement

07

2ème Arrondissement

02

4ème Arrondissement

05

12ème Arrondissement

03

Les Commerciaux

1er Arrondissement

02

2ème Arrondissement

01

4ème Arrondissement

02

12èmeArrondissement

01

Clients

1er Arrondissement

15

2ème Arrondissement

15

4ème Arrondissement

12

12ème Arrondissement

12

Vigiles

1er Arrondissement

25

2ème Arrondissement

18

4ème Arrondissement

12

12ème Arrondissement

10

Total

5 Arrondissements

148

Source : terrain 2012

2.10 Traitement et analyse des données

Quatre étapes principales concourent au traitement des données sont. Il s'agit de la transcription des données, du dépouillement, de l'analyse et de la vérification.

2.11 Transcription des données

Elle a été faite par fiche individuelle pour toutes les enquêtes. L'usage des signes et codes particuliers dans la prise de notes a été abondant au cours des entretiens. La mise au propre quotidienne fut alors nécessaire pour rendre les textes conventionnels.

2.12 Dépouillement

Il a été fait manuellement. Les informations ont été synthétisées selon trois axes : les points communs, les points divergents et les points spécifiques.

2.13 Type d'analyse

L'utilisation des modèles structuraliste et stratégique que nous avons déjà présentés dans la partie « cadre méthodologique et théorie du travail » a été nécessaire à ce niveau pour l'analyse.

2.14Chronogramme de tâches

Le calendrier du déroulement de la recherche se présente dans le tableau IV ci-dessous:

Tableau IV : Calendrier de la recherche

Période

Activités

Lieu

Personnes impliquées

Juin 2011 à Octobre 2011

Cadre théorique, stage, entretiens exploratoires

Centre de documentation de la FLASH(UAC)

Bibliothèque centrale de l'UAC, Bibliothèque de l'ENAM, siège social de CITYPOOL, Cyber café, DGPN

Personnes ressources, responsables de l'agences de sécurité, autorités administratives de la DGPN, de la DCSP, de la DSP et autres acteurs

Mai 2012

Travaux préliminaires avec le maitre

F1 ENAM (UAC)

Directeur de mémoire et Etudiantsmémorants

Juillet 2012

Révisions des outils de collecte des données

F1 ENAM (UAC)

Moniteurs et Etudiants mémorants

Novembre 2012

Enquêtes proprement dites

Ville de Cotonou

Entrepreneurs de la sécurité privée, les clients, les vigiles, les commerciaux, les administrations

Janvier 2013

Dépouillement, analyse des données, rédaction et dépôt de la première version du mémoire

Abomey-Calavi

Personnes ressources

Février 2013

Prise en compte et intégration des observations des lecteurs, dépôt de la deuxième version

Abomey-Calavi

Directeur de mémoire, personnes ressources

Source : Terrain 2011-2013

2.15 Difficultés rencontrées

Les difficultés rencontrées sur le terrain résident essentiellement dans l'absence d'un cadre conceptuel accessible autour de la sécurité privée en tant que phénomène émergent de ces dernières années.Par ailleurs, la période de notre recherche a coïncidée avec un temps de turbulence dans le secteur. En effet, la prise d'un nouveau arrêté, le 183/MISPC/DC/SGM/DGPN/DCPN/SA du 22 novembre 2011 par le ministre Benoit C. Assouan DEGLA a suscité la vive réaction des promoteurs du secteur à cause des dispositions que ces derniers qualifiaient de délétères pour les entreprises. Cette situation a eu une influence considérable sur les rendez-vous d'entretiens avec les responsables de la DSP en charge de la régulation de la sécurité privée. Ce qui a retardé notre accès aux informations officielles.L'idée de faire part de nos difficultés d'accès aux informations officielles au Directeur de la DCSP, a porté ses fruits. La demande d'audience laissée avec notre numéro téléphonique au secrétariat de la DCSP, a suscité la volonté manifeste du Directeur de la DCSP, organe de tutelle de la DSP, qui nous a appelés pour s'enquérir de nos difficultés le lendemain même de la demande. Il nous a aussitôt confié au nouveau commissaire responsable de la DSP pour nous fournir les informations nécessaires. Par ailleurs, la réticence de nos enquêtés à se prêter à nos questions, a montré le caractère sensible de l'étude entreprise. Certains ont pensé qu'il s'agit d'une enquête au profit de la CNSS ou de la Chambre de Commerce, et sur ce, ne dévoilent que quelques informations parcellaires. Pourtant ces difficultés, loin de nous entraîner aux biais, ont constitué pour la phase d'analyse, une donnée essentielle.

DEUXIEME PARTIE : Présentation des résultats de la

recherche

CHAPITRE III: L'émergence de formes privées de

Surveillance et de protection

3.1 Le contexte d'apparition

Le renouveau démocratique intervenu à partir de 1990 à nos jours s'est donné pour objectif la relance de l'économie à travers la promotion du secteur privé. Il fait valoir une ère nouvelle où l'individu occupe une place prépondérante dans le système économique qu'est le libéralisme économique.L'Etat alors se constitue sur une nouvelle base idéologique. Ainsi, face au défi de la mondialisation, le Bénin s'intègre dans le concert des Nations par la réorganisation politique et la gestion des ressources humaines. Désormais, le libéralisme concède la gestion des entreprises aux privés surtout avec les exigences de l'ajustement structurel. Le champ de la gestion libérale des entreprises fait désormais figure de favori dans les politiques économiques parce-que perçu comme le mieux adapté pour une réussite économique et sociale.Le secteur de la sécurité fortement rattaché dans les esprits aux prérogatives exclusives de l'Etat n'est pas resté en marge de cette réalité.

Les nombreux problèmes de moyens techniques que connais la police sur le plan d'équipement combiné avec le faible ratio populations / policier à l'échelle nationale avec le cas de Cotonou où l'on dénombre un policier pour 500 habitants est frappant. Par ailleurs l'avènement récent de la police municipale ne résout pas de façon significative l'épineux problème d'effectif

des forces de l'ordre dans la ville de Cotonou. Ces derniers sans armes de dissuasions se concentrent essentiellement sur le maintien d'ordre dans le marché Dantokpaet son quelque fois positionnés au côté de la police nationale pour la régulation de la circulation au niveau des grands carrefours de la ville. La nécessité de libéraliser certaines taches de la police publique afin de permettre à des entrepreneurs d'exercer des taches de

sécurité rapprochée pour répondre aux besoins accrus de sécurité exprimer par la population s'est imposée depuis le renouveau démocratique. Ainsi selon l'article 1er, des dispositions générales sur la sécurité privée, les activités de surveillance de gardiennage et de protection des personnes et des biens peuvent êtreexercées par des entreprises privées. L'externalisation de ces services a permit un très fort essor de la « sécurité contractuelle » c'est-à-dire des services offerts par des individus et des groupes qui s'organisent désormais sous la forme d'entreprises indépendantes. Ces corps spécialisés dans la production de sécurité deviendront les éléments d'une véritable industrie de la sécurité, qui entretient désormais des rapports marchands avec des consommateurs ainsi devenus leurs clients.

3.2 L'essor de la sécurité contractuelle

Pour saisir la trajectoire de l'industrie de la sécurité, on a utilisé la base de données sur les entreprises de sécurité privée au niveau de la DSP.Cette source nous fournit la date de fondation des 75 entreprises privéesde sécurité agrééesdont l'activité principale est la surveillance humaine. Cette liste prend en compte les sociétés ayant reçu leur agrément délivré par le Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité Publique et des Cultes. Les sociétés informelles n'étant pas prises en compte, l'évolution du secteur peut êtrereprésenté à l'aide du graphe ci-dessous.

Graphe 1 :Nombre d'entreprises de sécurité privée crées par an au Bénin (1990-2012)

Source : Enquête de terrain, 2013

Ce graphique montre que la plupart des entreprises qui offrent aujourd'hui des services de sécurité privée ont été créées dans les dix dernières années, mais aussi qu'il y a un noyau qui est restés depuis le début de la libéralisation. Ce mouvement de création d'entreprises exprime immédiatement l'action d'individus qui envisagent une activité commerciale dans le domaine de la surveillance et de la protection, devenant ainsi des entrepreneurs de la sécurité qui vendent leurs services sur le marché, entant qu'artisans de la protection des personnes et des biens.

Le rythme de création d'entreprises varie faiblement entre 1992 et 2002. Une montée en flèche se produit en 2009 et la courbe devient alors décroissante jusqu'en 2012.

Entre 1991 et1993 les entreprises opérant dans le secteur étaient au nombre de quatre à savoir : SUNTREV,PAO SECURIY, MSA, IBSB SECURITE. La société SUNTREV est la première société de sécurité privée créée par un civil :Monsieur Privat FELIHO. Elle a bénéficié de l'apport technique des agents partis volontaires de la Police et de l'armée. Ils ont fortement contribué à la formation des agents de sécurité privée. Par le biais de son oncle Monsieur Florentin FELIHO, ex-ministre de l'intérieur du président Nicéphore Dieudonné SOGLO, le responsable de SUNTREV a gagné plusieurs contrats publics de sécurité(Port Autonome de Cotonou, la Poste des Télécommunications et biens d'autres) au profit de sa société offrant ainsi des services de sécurité selon les exigences du terrain. La visibilité des agents de SUNTREV et leurs actions sur le terrain au début de la libéralisation fait qu'aujourd'hui les agents de sécurité dans leur ensemble sont désignés par SUNTREV dans le langage populaire. A la suite de SUNTREV, les trois autres entreprises ont été créées par des civils rendant aussi par le biais de leurs agents des services rapprochés de sécurité aux populations.

Le 15 avril 1993, le ministre de l'intérieur, Florentin FELIHO a pris un arrêté, en l'occurrence l'arrêté n° 69/MISAT/DC/CTS/SA portant règlementation des activités de surveillance de gardiennage et de protection des personnes et des biens par des entreprises privées en République du Bénin. Il comporte les dispositions générales, les conditions pour l'obtention de l'agrément, les règles sur ports d'uniforme des agents sur les armes d'auto- défense et sur la formation professionnelle des agents de sécurité. A cemoment là, les entreprises privées de sécurité étaient au nombre de quatre. Quatre ans après, le nombre d'entreprise est passé de 04 à 20 entreprises. Au cours de cette année, le 05 Août 1997, le ministre de l'intérieur Théophile N'DA prend un nouvel arrêté actualise qui actualise le précédent. Ce nouvel le n°101/MISAT/DC/DGPN/DSP/SA porte toujours règlementation des activités de surveillance,de gardiennage et de protection des personnes et des biens par des entreprises privées.C'est au cours de cette même année que l'Union Professionnelle des Entreprises et société de Gardiennage, de Surveillance et de protection (UPEGS) a vu le jour précisément le 06 Novembre 1997. Entre 1997 et 2009 le mouvement de création évoluant progressivement et atteint son maximum en 2009 avec 32 entreprises privées de sécurité créées au cours de cette année. On note ainsi une floraison des entreprises sous le ministre de l'intérieur Armand ZINZINDOHOUE, qui regroupa les entreprises privées de sécurité dans le dernier trimestre de 2009 pour mobiliser les entrepreneurs du secteur à se constituer dans un ensemble afin d'élaborer un code de déontologie pour assainir le secteur. Cet appel a permis la relance des activités et la sortie de léthargie de l'UPEGS qui a tenu un congrès de refondation le 15 Avril 2010 dont les grandes décisions sont :

· Le changement de dénomination (l'UPEGS est devenue l'USSP)

· L'adoption de nouveaux statuts et règlements intérieurs de même qu'un code de déontologie.

Le mouvement de création d'entreprise qui a atteint son maximum en 2009 a commencé par chuter progressivement jusqu'en 2011, année de la prise d'un nouvel arrêté.

Le 22 novembre 2011, le ministre de l'intérieur Benoit C. Assouan DEGLA a pris un nouvel arrêté qui selon les entrepreneurs du secteur comporte des dispositions délétères pour les entreprises. Cet arrêté n'a duré que quelques mois et fut abrogé par le ministre à cause de la vive réaction des promoteurs du secteur. Le ministre sort un nouvel arrêté, le n° 183 le 16 août 2012 qui s'impose aux entreprises.Toutefois, les griefs des entrepreneurs demeurent surtout au sujet de l'article n°17 du nouvel arrêté.

Le mouvement de création qui a considérablement chuté en 2012 s'est presque annulé en 2012 ; car désormais pour être entrepreneur du secteur, il faut payer 1.000.000 de francs CFA non remboursable pour les frais d'agrément au lieu de 150.000 francs CFA. Il faut également payer 250.000 francs CFA pour les frais d'étude de dossiers au lieu de 50.000 francs CFA. De plus il faut prévoir un montant de 5.000.000 de francs CFA pour un dépôt à terme irrévocable pour trois ans.

Par ailleurs, malgré que le nombre d'entreprises reste stable et le rythme de création de nouvelles entreprises diminue, le nombre de salariés s'élargit de façon considérable (démarrée avec 04 gardes CITYPOOL security compte plus de 500 gardes aujourd'hui). Selon une estimation de l'USPP, les 75 entreprises utilisent quelques 15.000 personnes. Cela témoigne d'une augmentation générale du volume des services produits par les entreprises privées de sécurité et consommées par la population. De fait, l'évolution du nombre de salariés dans le secteur de la sécurité privée est d'autant plus extraordinaire qu'elle a lieu dans un contexte de stagnation voire de décroissance qui touche presque tous les autres secteurs.

Ces éléments peuvent servir de point de départ à une interrogation portant sur les conditions particulières qui régissent ce domaine restreint de la vie sociale et politique (qui revêt certes une forme économique). Il y a en effet eu des entreprises qui ont réussi à vendre leurs services dans un contexte où d'autres faisaient systématiquement faillite. On note également qu'un ensemble d'individus au chômage a trouvé dans cette industrie un emploi rémunéré par des travailleurs intermittents ou systématiquement rejetés par les autres branches de l'économie. Il s'agit d'un secteur économique qui dispose de conditions sociopolitiques très favorables à son développement : d'abord parce qu'il offre une réponse spécifique (et apparaissant comme de plus en plus légitime) à des problèmes inhérents aux conditions d'existence de la société contemporaine, ensuite parce qu'il se développe sous l'aile protectrice de l'Etat, enfin parce qu'il se développe sous l'impulsion des catégories sociales dominantes.  

3.3 Rapport de la police publique à la sécurité privée

Les demandeurs des services de sécurité rapprochée ont mentionné que la police publique est devenue de plus en plus sourde aux multiples demandes de sécurité rapprochée qu'ils formulent à son endroit. Elle s'est ainsi progressivement désengagée du champ de la petite et moyenne délinquance et « ne réagit que de façon ponctuelle » selon les propos d'un chef de sécurité de la SUNTREV. Un commissaire de la DSP nous a révélé que certaines fonctions de sécurité ne pouvaient plus être accomplies par la police, notamment celle de la protection de la propriété privée particulière. Ce dernier nous fait comprendre que le manque cruel d'effectif que connait la police n'autorise pas qu'on accorde les services rapprochés de la police à la population. Ce sont uniquement les autorités étatiques qui bénéficient d'un tel service. Par conséquent, les tâches de sécurité rapprochée sont ouvertes aux entrepreneurs qui veulent bien exercer dans ce secteur pourvu qu'ils remplissent les conditions d'admissions.

Au Bénin, l'industrie de la sécurité privée est aujourd'hui constituée par 75 entreprises qui emploient environ 15000 salariés avec une visibilité très frappante dans la ville de Cotonou. Ces sociétés offrent leurs produits à des clients divers, dont les administrations, des firmes et des groupes domestiques. Nettement remarquables, les services de « sécurité privée » venaient ainsi remplir les trous laissés par la « police publique », qui ne pouvait pas (ou ne pouvait plus) accomplir certaines fonctions.

Pour mieux appréhender la relation qui existe entre la police et la sécurité privée nous avons observé leur rapport dans une institution bancaire qui emploie simultanément un policier et un vigile pour des tâches de sécurité, les fonctions remplies par chacun de ces acteurs, sont bien différenciées.

Ici, nous sommes dansd'une institution financière où l'on remarque la présence d'un agent de sécurité et d'un policier armé. Notre observation portant sur le rôle de chacun de ces acteurs a permis de notifier que l'agent de sécurité cumule un ensemble de tâches : ouvrir la porte aux clients de la banque, surveiller les engins garés devant la banque, ouvrir le portail aux véhicules de convoyages de fonds, aider les clients non lettrés à remplir les fiches de retrait ou de versement, empêcher les clients d'effectuer des appels à l'intérieur de la banque, surveiller parfois les agents de la maintenance logistique pour empêcher le vol de matériels etc. Tandis que le policier joue un rôle de dissuasion avec l'ensemble d'équipements paramilitaires qu'il porte surtout l'arme à feu. Ce dernier n'agit éventuellement que lors de l'intrusion d'un fraudeur ou lors d'éventuels braquages.On note clairement une division du travail entre le travail du policier et celui de l'agent de sécurité privée.Par la force des choses, il s'est développé une division du travail de facto entre la répression publique et la sécurité privée. La première se réserve les délits commis sur la voie publique, la criminalité de violence, les vols graves, le crime organisé et les affaires de drogues ; la seconde prend en charge les incivilités et la délinquance mineure ou modérément grave commise sur les sites ou à l'encontre des entreprises et autres organisations.

Troisième partie : La constitution des rapports marchandsautour des services de protection des personnes et des biens dans la ville de Cotonou.

CHAPITRE IV : Les acteurs et leurs logiques sur la scène marchande

4.1 Les acteurs en présence

4.1.1L'Etat

Acteur principal de la sécurité, il détient le monopole de la violence physique légitime. Ce rôle régalien au fil des années a subit des mutations profondes. Les transformations générales de la société ont fait apparaître de nouveaux besoin de sécurité qui ne peuvent être satisfaits par ce dernier, il a dû libéraliser certaines tâches de sécurité qui sont pris en compte par des organismes de sécurité privée.A travers des arrêtés ministériels, l'Etat assure la régulation des activités des entreprises de sécurité privée.

De l'arrêté ministériel N° 69/MISAT/DC/CTS/SA du 15 Avril 1993 en passant par l'arrêté N° 101 du 05 Août 1997 à l'arrêté N° 183 qui n'a duré que trois (03) mois à cause des réactions énergiques des producteurs du secteur contre les conditions très rigides qu'il exige avant l'accès au marché, l'Etat semble réguler le secteur avec le prix comme critère fondamental d'octroi du marché.

A l'article N° 13 de l'arrêté N° 101 du 05 Août 1997, l'Etat fixe les conditions financières pour l'obtention de l'agrément du Ministre de l'Intérieur, de Sécurité Publique et des Cultes. Les frais d'étude de dossier sont fixés à 50.000 FCFA et les frais d'agrément à 150.000 FCFA. L'arrêté N° 183 qui a suscité la vive réaction des promoteurs du secteur en a fixé les frais d'agrément à 15.000.000 FCFA, soit 100 fois le montant fixé dans l'arrêté précédent. L'Union des Sociétés de Sécurité Privée, le seul et unique regroupement des entreprises de sécurité privée (USSP) a saisi la haute cours de justice et bien d'autres instances suprêmes de régulation pour l'annulation de ces conditions qu'elle qualifie de délétères pour les entreprises de sécurité. Dans l'intervalle de trois mois, le ministre abroge les dispositions de cet arrêté et sort un nouvel arrêté, le N° 145 dont l'article N° 17 fixe désormais les frais d'étude de dossier à 250.000 FCFA et les frais d'agrément à 1.000.000 FCFA avec un dépôt à terme irrévocable pour trois ans fixé à 5.000.000 de francs CFA.

4.1.2 Les entrepreneurs

La libéralisation du secteur de la sécurité a entraîné la formalisation d'un nouveau patronat composé d'opérateurs économiques, d'anciens policiers et d'anciens militaires. Les premiers producteurs du marché sont des civils qui ont bénéficié de l'apport soutenu des hommes venus des milieux militaires (les départs volontaires, les militaires et policiers retraités) qui ont su donné une formation rigoureuse aux agents de sécurité. La rentabilité des activités du secteur a suscité l'adhésion de quelque commissaire retraité de la police et d'ancien militaire à la tête des entreprises prestataires de service de sécurité privée.

Les entrepreneurs investissent soit un capital social ancré dans la parenté et le voisinage, soit un capital social bâti dans la fonction publique, soit enfin un capital social dont l'origine se situe dans l'activité commerciale elle-même. Nous avons observé que les sociétés brandissent par ailleurs des propriétés qu'elles font fonctionner comme capital symbolique pour se légitimer auprès des clients : trajectoire, notoriété, leadership, clientèle, attestation officielle de qualité. Ces entrepreneurs de la sécurité et leurs porte-parole dans l'espace public ont affiché la nécessité de lutter contre l'insécurité en soulignant les bons résultats qu'ils avaient atteints et la demande croissante exprimé par les clients. Ce faisant, ils ont mis en scène, des valeurs qui dépassent la pure et simple justification de l'échange marchand.

4.1.3Les commerciaux

Véritable machine de prospection de marché et de vigiles, les agents de prospection constituent un maillon important au sein des entreprises de sécurité privée. La capture des contrats de sécurité qui représente un enjeu important nécessite de la part des agents de prospection, un dynamisme accru et une capacité très élevée dans l'art de convaincre. Présenter le produit, convaincre de la qualité du produit, rassuré de ce que le produit sera à la hauteur des attentes par l'utilisation des formules stéréotypées comme chez CITYPOOL Security « une personne de toute confiance pour votre sécurité » par exemple, est un exercice des gens qui s'y connaissent en la matière. Ils présentent aux clients leur société, ses moyens techniques (les équipements paramilitaires utilisés: tonfa, aérosol de défense, menottes, sifflet, gilet), les vigiles jouissant d'un embonpoint, les rondiers qui effectuent des patrouilles motorisées, tout ceci avec un prospectus bien confectionné.

Par des stratégies d'incitation des responsables d'entreprises industrielles et commerciales au lancement d'un appel d'offre pour la capture d'un contrat de sécurité, les agents de prospection offrent de vastes possibilités de choix aux clients qui expriment des besoins de sécurité. La croissance vertigineuse de la demande en sécurité rapprochée du fait de la recrudescence de la criminalité pose aux entreprises, le problème d'insuffisance des vigiles pour répondre aux demandes de sécurité. Les agents de prospection s'élancent dans la quête de la main d'oeuvre aussi bien à l'intérieur du pays dans les centres reculés qu'au-delà des frontières béninoises. « Nous étions ici désoeuvrés quand les gens sont venus de Cotonou avec des bus pour nous dire qu'il y a du travail à Cotonou. Arrivés à Cotonou, on nous a habillé et on nous a déployé sur des sites », a rapporté un ressortissant togolais, agent de sécurité d'une agence privée de sécurité. Par ailleurs, la volonté manifeste de satisfaire la demande lorsqu'elle est en pic, amène les entreprises à accepter des repris de justice dissimulés et des gardes d'autres agences renvoyés pour des cas d'immoralité. Faute d'une formation adéquate, ils deviennent par la suite source d'insécurité potentielle pour les clients pour qui ils prestent.

4.1.4Les clients

Très diversifiés, les clients des entreprises de sécurité privée sont essentiellement des acteurs qui expriment des besoins spécifiques de sécurité. Les demandeurs des prestations des entreprises de sécurité privée sont les firmes commerciales ou industrielles, les organisations internationales ou des groupes domestiques. Aussi, retrouve-t-on des petits commerçants, les propriétaires de vente d'objets de valeurs, les propriétaires de pharmacies ou de bars restaurants. Ces acteurs dont les actions et les représentations s'inscrivent dans le paradigme de « l'insécurité » sont orientéspar la logique de la prévention et la peur du crime.Ils confient leurs biens à des organismes de sécurité qui veillent aussi bien sur eux que sur leurs biens. Le choix d'engager un service de protection, s'organise selon différents critères : la confiance dans la fiabilité du service, ses avantages économiques et les différentes possibilités offertes par le marché et d'autres institutions sociales.

Par ailleurs, les institutions étatiques, sont aussi consommateursde produit des entreprises de sécurité privée. Ainsi, dans le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, celui de l'Intérieur et de la Sécurité Publique, à la mairie de Cotonou et beaucoup d'autres institutions et sociétés d'Etat, l'on retrouve des vigiles qui remplissent des tâches de sécurité.Certains clients responsables des sociétés d'import-export qui ont juste besoin d'un gardien pour ouvrir et fermer le portail à l'arrivée des gros porteurs chargés de marchandises, se soucient peu de la qualité de la prestation. Sur-ce, ils fondent leurs critères de choix sur le prix, cherchant ainsi les agences dont la tarification est basse. Les firmes commerciales ou industrielles qui ont besoin d'un agent de sécurité bien formé, capable de détecter un intrus, étudier ses mouvements, prendre des dispositions pour l'empêcher de commettre son forfait, se calquent sur la qualité du service pour opérer leur choix au niveau des agences prestataires de sécurité rapprochée.

5.1.5Les vigiles

Venus de plusieurs horizons, hommes et femmes à la quête d'un emploi rémunéré, les agents de sécurité représentent un ensemble hétéroclite au service de la communauté pour la satisfaction des besoins de sécurité approchée. De l'ensemble des vigiles enquêtés, plusieurs nationalités sont présentent :

Tableau V : Les nationalités en présence

Nationalités

Effectifs

Pourcentages

Béninois

42

64,61 %

Togolais

15

23,09%

Centrafricains

08

12,30 %

Total

65

100 %

Source : Enquête de terrain, 2012

Il ressort que 64,61 % des vigiles interrogés sont des béninois dont la moitié sont des jeunes ruraux de niveaux d''étude compris entre le CE1 et la classe de 4ème à la quête d'un emploi rémunéré. La seconde moitié est un mélange de jeunes ayant reçu une formation professionnelle (mécanique générale, conduite de véhicule, etc...) et faute de moyen pour ouvrir leur atelier ou pour passer leurs permis de conduirese sont réfugiés dans le métier de gardiennage, quelques vieillards acceptés par certaines entreprises à cause de leur situation très démunies et enfin quelques étudiants sans allocation universitaire qui s'adonnent à ce métier pour faire face à leurs études universitaires. Les 23,09% des vigiles interrogés sont des togolais (hommes et femmes) réfugiés ou non, de niveau d'étude primaire ou secondaire. Les 12,30% des vigiles interrogés sont des centrafricains qui sont en majorité des étudiants dans les universités privées de Cotonou qui s'adonnent aussi à ce métier d'agent de sécurité pour compléter leur budget.

4.2 Les stratégies de maximisation du profit utilisées par les entrepreneurs de la sécurité privée

4.2.1 Aspects sociaux

Tableau VI : Les agents déclarés ou non à la CNSS

Sont déclarés

05

07,70%

Sont non déclarés

60

92,30%

Total

65

100%

Source : Enquête de terrain, 2012

Des soixante-cinq (65) agents de sécurité choisis au hasard appartenant aux dix-sept (17) entreprises de sécurité privée de notre échantillon,soixante(60) ne sont pas déclarés à la CNSS soit un pourcentage de 92,30% parmi lesquels nous avons certains qui déclarent avoir fait 4 ans de service et d'autres jusqu'à 14 ans de service dans une même entreprise. Cette situation dénote d'une part, d'un manque d'information des agents de sécurité en matière des lois et règlements sur l'embauche et la sécurité sociale au niveau de la CNSS ; d'autre part, de la non connaissance de l'existence de la DSP pouvant lutter pour leur cause.

Tableau VII : Durée de travail et salaire des agents

Durée de travail

12H (7H-19H ou 19H à 7H)

Salaire : approximatif au SMIC (30.000 à 32.000 F.CFA)

Soit 1.000F CFA/jour

53

81,53%

Légèrement au-dessus du SMIC (32.000 à 40.000 F.CFA)

Soit 1161,29F CFA/jour

12

18,47%

Total

65

100%

Source : Enquête de terrain, 2012

Les 81,53 % des vigiles perçoivent un salaire moyen de 31000 FCFA. Seulement 18,47% des vigiles perçoivent un salaire moyen de 36000 FCFA. Il apparaît que le salaire de ces derniers qui abattent douze (12) heures de travail d'affilé (7H à 19H ou 19H à 7H) ne reflète aucunement le métier à risque qu'ils exercent. On note clairement que l'accumulation qui est faite ne profite qu'à une minorité. Les responsables des entreprises de sécurité privée prélèvent ainsi « la plus-value » des contrats de sécurité et n'accordent à l'agent qu'un salaire dérisoire qui ne lui permet pas de subvenir à ses besoins et de prendre en charge sa petite famille. Le secteur de la sécurité privée fait ainsi image de parent pauvre ce qui explique quelque peu son rang de délaissé et l'étiquetage de misérable qui est fait aux agents de sécurité privée.

4.2.2 Aspect technique

Tableau VIII : La formation des agents

Formation en bonne et due forme (formé à la maison de la police nationale)

02

3,08%

Formation basique (formé dans les lieux non agréés par le Ministère de l'intérieur en quelques 10H)

63

96,92%

Total

65

100%

Source : Enquête de terrain, 2012

Des 65 agents de sécurité interrogés, 02 seulement ont eu une formation de qualité, soit un pourcentage de3,08%. Ils déclarent avoir reçu une formation d'environ soixante (30) jours à l'école nationale de la police. Ces derniers jouent le rôle de formateur au sein desentreprises.Les quarante-six (63) restants sont un mélange d'agents ayant reçuune formation basique de quelques dix(10) heures de cours théoriques et pratiques et d'agents n'ayant reçu aucune formation selon que la demande est en pic sur le marché. Or, la négligence de ce facteur important qu'est la formation des agents finie toujours par jouer contre les entrepreneurs de la sécurité qui recrutent parfoisdes repris dissimulés de la justice.

5.2.3 Aspects économiques

Tableau IX : Les raisons de la création des entreprises

Motivé pour la chose sécuritaire

12

70,58%

Motivé par la rentabilité du secteur

5

29,42%

Total

17

100%

Source : Enquête de terrain, 2012

70,58% des entrepreneurs déclarent être motivés pour la chose sécuritaire.

29,42% avouent qu'il s'agit d'un secteur porteur, d'où leur motivation pour cette activité.

Tableau X : Le coût des prestations à l'endroit des clients

Tarification 60.000 à 100.000f cfa

15

88,23%

Tarification 80.000 à 150.000f cfa

2

11,77%

Total

17

100%

Source : Enquête de terrain, 2012

Les 88,23% des entreprises de sécurité privée enquêté donnent des prestations pour un coût moyen de 80.000 F.CFA  par vigile et par mois ; 11,77% des entreprises de sécurité privée enquêtées donnent des prestations pour un coût moyen de 115.000FCFA par vigile et par mois.

CHAPITRE V: Les usages sociaux de la sécurité privée dans la ville de Cotonou

5.1 La dimension de l'insécurité et les pratiques concrètes de protection

5.1.1 Expression statistique de l'insécurité dans la ville de Cotonou

Les investigations faites au Commissariat central de Cotonou sur la manifestation de la violence urbaine sous toutes ses formes, a permis d'avoir les histogrammes et courbes symboliques de l'insécurité suivants :

Source: Enquête de terrain, DJIDENOU, 2013

Histogramme montrant la proportion des infractions

L'histogramme ci-dessus traduit la proportion des variables statistiques de l'insécurité dans la ville de Cotonou au cours des années 2008, 2011 et 2012. Il renseigne sur les actes qui font parlés d'une exacerbation de l'insécurité dans la ville de Cotonou.

Ainsi, au nombre des infractions faisant mention de l'insécurité sur la fiche statistique des infractions (à l'annexe) les plus significatives entres autres sont : coups et blessures volontaires, violences et voie de fait, menaces, agressions, vols simples, vols qualifiés, cambriolages, escroquerie, abus de confiance, destructions de biens, recel de choses, tentatives de vols, viols et disparition d'enfants. Les plus marquantes restent encore : coups et blessures volontaires, violences et voies de faits, menaces, vols simples, escroquerie, abus de confiance; et les plus répétitifs sont les coups et blessures volontaires, le vol simple et les abus de confiance.

Il ressort pour une simple analyseque les coups et blessures volontaires et le vol simple méritent d'être criés en 2008 et plus encore en 2011 avant de laisser place aux abus de confiance en 2012. Par ailleurs, la présence très remarquable des vigiles dans les centres commerciaux, dans les boutiques d'objets de valeurs et autres institutions commerciales, reste des indicateurs révélateurs d'une disposition de prévention contre les abus de confiance que prennent certains commerçants dans la ville de Cotonou.

Graphe 2 : Variation des infractions (moyennes) en fonction de l'année

Source: Enquête de terrain, 2013

Variation des infractions (moyennes) en fonction de l'année

Cette courbe est obtenue à partir des données statistiques d'actes d'incivisme et de menaces à la sécurité dans la ville de Cotonou. Elle est construite avec les moyennes des variables statistiques respectives des trois années 2008, 2011 et 2012. Les moyennes étant sensiblement égales à 933.667, 1447.714 et 1310.143 ; on note une variation absolue en hausse d'environ 514.047 entre 2008 et 2011 et une variation absolue en baisse de 137.571 entre 2011 et 2012 et enfin une variation absolue en hausse d'environ 376.476 entre 2008 et 2012 ; ce qui traduit une augmentation de l'insécurité par rapport à 2008 et une diminution par rapport à 2011. Ceci renseigne plus ou moins sur les stratégies mises en place par les forces de l'ordre pour réduire l'insécurité dans la ville. Par ailleurs, on note également, entre 2008 et 2009 (voir graphe 1), une nette augmentation du nombre des entreprises de sécurité privée.Ceci, correspond à une volonté du ministre de l'intérieur d'alors, Monsieur Armand ZINZINDOHOUE de lutter contre l'insécurité dans ses formes primaires. Les nombreuses infractions notifiées dans la ville de Cotonou, suscitent des sentiments d'insécurité au sein de la population.

5.1.1 Les contenus de l'insécurité subjective

Les investigations faites à l'endroit des demandeurs de la sécurité privée révèlent que le sentiment d'insécurité est aux fondements des besoins exprimés. Chez nos interviewés, « l'insécurité » est de façon unanime un problème et elle ne cesse d'augmenter depuis quelques années. Le fait d'avoir été victime d'un vol, constitue un thème de conversations avec les proches, les amis, les relations ou les simples inconnus avec lesquels on interagit. Au-delà du cercle des amis et des proches, les interactions avec les partenaires commerciaux font circuler le même type d'expérience et de représentations. Une des caractéristiques fortes de la représentation sociale de « l'insécurité » chez les profanes que dans les discours journalistiques et politiques ; c'est qu'elle n'épargne personne. Lorsque la victime est un proche, ce sentiment devient plus fort. Un salarié d'un cabinet de marketing, lors de nos entretiens, nous a confié qu'on a volé quelque chose à son beau-frère qui est pourtant un homme grand, quand on le voit. Alors, s'ils ont été victime de vol à la lumière du jour, et sans aucun problème, à vrai dire, il n'y a rien qu'on puisse faire pour l'éviter. Si des personnes à priori peu vulnérables sont victimes d'agression, un fatalisme s'impose à ceux qui se sentent une cible plus facile pour les délinquants. Le discours sur la victimisation de personnes de l'entourage estégalement fréquent chez les petits commerçants et permet d'élaborer des pronostics sur la probabilité d'être victime dans l'avenir. Un habitant de Sènadé, un de nos enquêtés du 1er arrondissement nous rapporte ceci: « je me sens beaucoup moins en sécurité, cette zone est terrible. Tous les jours, tu entends qu'on a volé en face ou dans le coin. Et le véhicule de patrouille de la police ne cesse de passer, en faisant hurler la sirène. Ce n'est pas simplement pour surveiller qu'ils sont sortis mais pour attraper quelqu'un pour répondre à un appel, à une dénonciation. Tu te dis donc « ça sera quand mon tour ? ». Au final, les gens s'habituent, se préparent presque pour ce qui pourrait arriver.

5.1.2 Les services de sécurité privée et leur utilisation ciblée

5.1.2.1 Les services achetés

Le secteurde la sécurité privée est un vaste domaine qui regroupe plusieurs activités dont quelques-unes sont notifiées pour le cas de notre cadre d'étude.

Cliché DJIDENOU 2012

Tableau XI : Types de services des entreprises et les catégories de clients (en pourcentage)

Types de services

Gardiennage

Protection rapprochée

Convoyage de fonds

Escorte de camion

La sureté

Sécurité événementielle

Entreprises prestataires

92

72

08

40

12

48

Effectif des clients ayant recours

35,21

23,94

08,45

14,08

1,4

16,9

Source : Enquête de terrain 2012

Les 92% des entreprises de sécurité de notre échantillon donnent des services de gardiennage. La protection rapprochée se fait ressentir dans le secteur du commerce. On note 72% des entreprises qui prestent pour une protection rapprochée. Aussi, arrive-t-il de remarquer que certains expatriés font expressément recours à ce service des agences de sécurité. Par ailleurs 08% des entreprises donnent des services de convoyage de fonds avec des véhicules appropriés à ce type de service. Les 40% des entreprises de sécurité privée font l'escorte de camion de l'intérieur du Port Autonome de Cotonou vers des zones reculées ou vers des magasins installés à l'intérieur de la ville de Cotonou. Le service de sureté est rendu à l'intérieur de l'aéroport, on note 12% de prestataires dans ce domaine

5.1.2.2 L'utilisation ciblée des prestations

De l'analyse du tableau XI, il ressort que 35,21% des clients achètent

des services de gardiennage de bâtiments résidentiels, de bureaux, d'usines, de chantiers etc... pour dissuader les voleurs, empêcher les cambriolages organisés par des jeunes déviants du quartier. De plus, les clients ont recours à ce service pour régulariser l'accès aussi bien des personnes que des véhicules. Les 23,94% des clients qui ont recours à la protection rapprochée, sont essentiellement des commerçants, des propriétaires de boutiques d'objets de valeurs, des institutions financières. Ces clients achètent ce service pour leur propre protection et celle de leurs biens. On note 08,45% des clients qui bénéficient du service de convoyage de fonds, ce sont essentiellement des institutions bancaires. Les clients qui formulent des besoins de sécurité d'escorte de camion, représentent les 14,08% de notre échantillon. Ils utilisent ce service pour empêcher le vol des marchandises par les camionneurs et de s'assurer du transfert intégral du contenu des conteneurs. Le service de sûreté est consommé par 1,4% des clients enquêtés. Ce service est rendu par les entreprises de sécurité sur demande des responsables de l'aéroport pour savoir si les voyageurs ne portent pas des armes à feu avant leur entrée dans l'avion. Les 16,09% des clients qui ont recours à la sécurité événementielle, le font pour assurer la sécurité des lieux lors d'un spectacle d'envergure, d'un mariage, au cours d'une cérémonie mortuaire ou d'une cérémonie de délivrance d'attestation de fin d'apprentissage.

5.2 Les effets pervers des besoins exprimés

5.2.1 Les stratégies d'arrondissements de fin du mois

La récurrence des retards dans les paiements de salaire aux agents de sécurité, est un fait connu de plusieurs. Le traitement fait par certains entrepreneurs à l'égard de leurs employés qui remplissent des tâches de sécurité auprès de la population a plusieurs fois fait l'objet de grognes sur certaines radios de la ville de Cotonou. Des investigations faites sur le terrain, il ressort que cette situation dénote d'une part du non-respect des engagements au niveau de certains clients qui accusent d'énormes retards dans le paiement des factures à eux leurs adressées par les entreprises de sécurité privée. D'autre part, la mauvaise volonté affichée de certains promoteurs qui privilégient certaines réalisations personnelles dans le but d'une ascension sociale au détriment du panier de la ménagère très maigre de leurs gardes. Face à une situation où l'on doit manger et donner à manger à d'autres bouches, les gardes cherchent des portes de sortie dans toutes de sortes de directions. Certains gardes qui ont su développer à travers les interactions quotidiennes avec les clients des sentiments de familiarité usent de ceci pour demander une assistance urgente. Par ailleurs, d'autres gardes cèdent à la tentation, s'adonnant ainsi à de petits vols au sein des espaces dont ils ont la garde.

5.2.2 Les contrastes des besoins rapprochés de sécurité

Les jeunes chercheurs d'emplois rémunérés, trouvent du travail dans les entreprises de sécurité privée pouvant leurs permettre de gagner mensuellement de l'argent pour subvenir à leurs besoins vitaux. Ces derniers, employés par des entrepreneurs de la sécurité privée pour des services rapprochés auprès de leurs clients qui ont formulé des besoins de sécurité, deviennent des membres à part entière de l'univers privé de ces clients. Les interactions quotidiennes entre l'agent de sécurité et le client pour qui il preste, renforcent leur lien social. Ainsi, se formalise un climat de confiance dont en abusent parfois certains vigiles perpétrant ainsi à l'encontre du client des actes d'immoralité graves.

Clichés DJIDENOU 2012

Lors de nos enquêtes, nous nous sommes rendus dans les locaux d'une entreprise de sécurité privée. Sur le tableau d'affichage contigu au mur de la salle de formation se trouvant du côté droit à l'entrée de l'enceinte, nous apercevons la photo d'un jeune homme avec l'inscription en dessous : `'Rechercher pour fuite avec une forte somme d'argent''. Nos entretiens avec les futurs gardes en formation et avec d'autres vigiles de cette société nous révèlent d'immenses choses. Le garde dont la photo est affichée, est employé dans une institution financièrepour des besoins de sécurité. Ses rapports avec un client de la banque qui venait régulièrement faire des versements sont passés d'un simple rapport à une relation de confiance mutuelle. Plusieurs fois, le client en question lui a confié d'énormes sommes d'argent à verser sous son patronyme, ce qu'il fit en lui remettant chaque fois le reçu du versement. Mais il est advenu que le dernier dépôt laissé auprès de lui par le client de la banque a suscité son envie de grandir rapidement. Il s'est simplement volatilisé dans la nature avec l'argent.

Les dix - sept (17) entreprises de sécurité privée ayant constitué notre unité de recherche ont toutes reçues un agrément délivré par le ministre chargé de la sécurité. Il ressort que toutes les entreprises se sont conformées à l'article 13 de l'arrêté N°145 portant réglementation des activités des entreprises de sécurité privée. Lorsqu'on vient à l'article 24 de l'arrêté N° 145 l'on se rend compte que ce dernier n'est aucunement appliqué aux agents de sécurité faute de l'existence d'un dispositif étatique opérationnel pouvant exiger des entreprises de sécurité privée l'enquête de moralité effectuée sur le futur employé. Vu la multiplicité des nationalités des 65 agents de sécurité considérés (64,61% de béninois ; 23,09% de togolais, 12,30% de centrafricains) il y a une forte possibilité pour que certaines entreprises de sécurité privée deviennent des nids de gangsters. Cette situation trouve d'une part sa raison dans la valeur qu'accordent les responsables de ces entreprises de sécurité privée au volet commercial en période de forte demande de sécurité par les populations. D'autre part, elle est due à l'absence de régulation par l'Etat des activités de ses entreprises de sécurité privée. D'un point de vue structuraliste, les entreprises de sécurité privée font partir du dispositif global de sécurité et partant de là, le mauvais fonctionnement de l'un pourrait porter atteinte à l'ensemble du système. L'Etat est l'organe par excellence devant assurer la sécurisation des personnes et des biens et de par son monopole de la puissance publique doit fait régner l'ordre partout. L'article 35 de l'arrêté N° 145 remet entièrement à la charge des entreprises de sécurité privée la formation professionnelle des personnels de surveillance. Paradoxalement, dans certaines institutions étatiques l'on rencontre des vigiles qui accomplissent des tâches habituellement dévolues à la police. Cette situation prouve nettement le désengagement de l'Etat des services publics de sécurité dans un environnement où les besoins de sécurité vont croissant à cause de la recrudescence de la criminalité.

De notre observation assortie d'analyses sociologiques de notre cadre d'étude, il apparaît que de nos trois hypothèses susmentionnées, toutes les trois sont vérifiées, à savoir :

Le marché de la sécurité privée est favorisé par le désengagement de l'Etat des services publics de sécurité.

- Le marché de la sécurité privée est constitué d'acteurs exerçant une activité avec des logiques différentes.

- Le besoin croissant des populations en matière de sécurité rapprochée, explique l'expansion du marché de la sécurité privée.

CONCLUSION

La marchandisation de la sécurité est un processus matériel et symbolique qui transforme la protection des personnes et des biens en marchandise. La sécurité marchandise entraîne la suppression progressive du lien qui unissait la notion de sécurité à l'Etat, lien qui s'était à son tour construit en contre d'une vision de la sécurité comme responsabilité des groupes sociaux secondaires (familles, tribus, villes). Ce processus est réalisé par des acteurs qui agissent pratiquement, en organisant les actions et les choses selon une logique marchande : les entrepreneurs de la sécurité et leurs clients. En effet, le marchéde la sécurité existe dans les liens concrets entre les producteurs et les consommateurs, mais aussi dans les représentations que s'en font d'autres groupes sociaux et notamment dans la croyance en la légitimité de cette modalité de prise en charge de la sécurité.Le secteur de la sécurité privée en pleine expansion doit effectuer deux changements radicaux s'il veut assumer ses fonctions vis-à-vis de l'Etat et construire sa crédibilité vis-à-vis de la population : mettre en place un véritable code de déontologie pour éliminer les « moutons noirs » qui sapent, par leur manque de déontologie et de professionnalisme, le travail des autres entreprise du secteur ; élaborer un texte de loi afin de mettre à niveau l'ensemble de la profession et augmenter sa crédibilité au niveau national.L'Etat doit également assumer son rôle et ne plus jouer sur deux tableaux : d'une part en attribuant ses marchés avec le prix comme critère prépondérant. L'Etat demeure le premier garant de la sécurité des personnes et des biens. C'est à l'Etat d'agir par lui-même pour maîtriser les espaces dont il a la responsabilité. Le temps est venu de reconnaître la place du secteur privée dans la protection des personnes et des biens. C'est le choix de l'efficacité, c'est la condition d'une action adaptée aux besoins des populations, c'est le sens de la responsabilité qui doit être privilégié. Il revient à l'Etat d'assurer la fonction de contrôle.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite