WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Economie experimentale et théorie des jeux.


par Adil FERTAH
Université Cadi Ayad - Diplôme des études supérieures approfondies en sciences économiques 2003
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2-2- Les critiques adressées à l'expérimentation

N'importe quelle méthode d'investigation a des limites et les économistes réussissent toujours à trouver des objections à l'encontre de ces différentes méthodes d'investigation et le laboratoire économique ne se présente pas à cet égard, comme exceptionnel. Les économistes ont réussi à relever certaines faiblesses de la méthode expérimentale dont les principales sont énumérées par Bertrand MUNIER4(*)5 qui a essayé d'apporter à ces objections les réactions et les réponses des expérimentalistes.

2-2-1- Les situations réelles sont plus complexes que les situations du laboratoire.

Sachant ceci, il est impossible de produire à partir du laboratoire des connaissances applicables aux situations réelles. Ce qui nous amène à affirmer que, par exemple, les marchés expérimentaux ne sont pas pertinents parce que les économies construites au laboratoire ont des structures beaucoup plus simples que celles qu'on trouve dans la réalité du terrain et qui sont celles qui nous intéressent en dernier ressort.

Cette critique est formulée d'une autre manière par COLMAN4(*)6. En effet depuis la naissance de l'économie expérimentale, un groupe de commentateurs a émergé exprimant ses doutes à l'égard de ce qu'ils appelaient « la validité écologique » des jeux (du laboratoire) expérimentaux (expérimental). « La validité écologique » est un sujet sur lequel s'est déroulé un débat chaleureux entre sociologues et psychologues (surtout durant les années 70) et il exprime l'idée que les résultats expérimentaux peuvent être généralisés au monde réel naturel. A cette égard, il est à distinguer entre « validité interne » (le champ pour lequel, les conclusions de l'expérience sont vraies sous certaines conditions d'environnement et d'institution particulières) et la « validité externe » (l'état où les conclusions sont généralisées aux situations réelles). Les expériences expérimentales, à cause de leur nature abstraite et fortement artificielle, restent particulièrement vulnérables aux critiques qui portent sur leur « validité écologique ». On atteste à ce sujet les paroles de HAMBERGER : «Lorsque les gens sont mis dans une situation artificielle simple, on peut affirmer qu'ils se comporteront conformément à cette situation, de ce fait, cela ne révèle aucune information sur la manière avec laquelle ils se comporteront dans des vraies situations complexes »4(*)7.

COLMAN4(*)8 pense que c'est cette difficulté de prouver la validité écologique des expériences économiques qui explique le manque d'intérêt et la pénurie des travaux dans ce domaine durant les décennies 50, 60, 70. C'est pour cela qu'on trouve aussi, qu'il y a de rares tentatives de comparaison entre les comportements dans un environnement expérimental et ceux observés en réalité. WRIGHTSMAN, O'CONNOR et BAKER en essayant d'établir une revue séléctive des travaux expérimentaux effectués jusqu'alors exprime leur surprise à l'égard de la rareté des travaux de ce genre en disant : « ce qui nous a supris le plus, tout au long de notre recherche, c'est qu'il n'y avait aucune étude dont l'objectif était la comparaison entre le comportement au sein du laboratoire et celui dans les différentes situations du monde réel. Malgré que les manipulations au laboratoire permettent une meilleure évaluation du monde artificiel, la comparaison entre le comportement dans ces différents états s'impose. ».4(*)9

La réponse à cette critique, selon les termes de NOUSSAIR et RUFFIEUX5(*)0, est que le propos de l'expérimentation n'est pas nécessairement de reproduire la réalité que l'on trouve en dehors du laboratoire. L'intention première des expérimentalistes est d'évaluer les conditions dans lesquelles une théorie économique est pertinente. En économie, les modèles théoriques guident la structuration de la plupart des expériences. En d'autres termes, la simplicité vient plutôt de la théorie que de l'expérience et si on veut demander plus de ressemblance par rapport à la réalité c'est aux théoriciens de le faire et non plus aux expérimentalistes. Le souci de l'expérimentation n'est donc plus de copier la réalité mais créer une économie dont l'institution et l'environnement copient ceux du modèle théorique, et c'est cette possibilité de confrontation, des modèles théoriques et des expériences ayant les mêmes environnements et les mêmes institutions, qui permet de faire une comparaison directe des résultats.

Dans le même sens TEDESCHI, SCHLENKER et BONOMA5(*)1 ont estimé que le critère de « validité écologique » des expérimentations en économie est inexistant et qu'aucune généralisation n'est admise des résultats expérimentaux vers le monde réel sans enquêtes et travaux ( a priori ) théoriques approfondies. En 1978, SCHLENKER et BONOMA5(*)2 ont essayé d'expliquer ce jugement pris auparavant en mentionnant qu'il y a une réalité à ne pas oublier, c'est que ce sont les considérations théoriques qui déterminent notre jugement sur la généralisation et la validité écologique des résultats expérimentaux.

* 45 - MUNIER B. (2001), « expérimenter en économie ou en gestion », Revue d'Economie Politique, édition spéciale : Economie Expérimentale, Edition Dalloz, N°111, janvier-février.

* 46 - COLMAN M. A. (1982), Game Theory and Experimental Games, Pergamon Press, New York.

* 47 - « When people are put in a simple artificial situation, one might argue, they will behave in ways appropriate to a simple artificial

situation, thereby revealing nothing about How they will behave in a complex real situation », dans HAMBERGER H. (1979), Games as

Models of Social Phenomena, San Francisco : W. H. Freeman. Cité dans COLMAN (1982), op. cit. p. 231.

* 48 - COLMAN A. (1982), op.cit, p 232.

* 49 - « What surprises us most, in our review of research, is that apparently no studies have compaired (behavior) in a laboratory game with (behavior) in different real world tasks. While artificiality can also assessed throught laboratory manipulations, comparaison of behavior accross settings should be undertaken », dans WRIGHTSMAN. L. S., O'CONNOR. J., BAKER. N. J. (1972), Cooperation and Competition : Readings in Mixed-Motive Games, Belmont, Brookes-Cole, p. 227.

* 50 - NOUSSAIR C., RUFFIEUX B. (2002), « un enseignement majeur de l'économie expérimentale des marchés : marché non financiers et

marchés financiers s'opposent en matière d'efficacité », Revue Economique, Mai.

* 51 - TEDESCHI J. T., SCHLENKER B. R., BONOMA T. V. (1973), Conflict, Power and Games, Chicago, Aldine.

* 52 - SCHLENKER B. R., BONOMA T. V. (1978), « Fun and Games : The validity of games for the study of conflict », Jounal of Conflict

Resolution, 22, p. 7-38.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984