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Economie experimentale et théorie des jeux.


par Adil FERTAH
Université Cadi Ayad - Diplôme des études supérieures approfondies en sciences économiques 2003
  

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Dans les jeux de contribution volontaire à un bien public, les membres d'un groupe font face à un dilemme social. Chaque individu doit investir tout ou une partie de ses ressources ( sa dotation) soit dans un bien privé, soit dans un bien public. Le bien privé rapporte à l'individu un gain qui est uniquement fonction de son investissement personnel dans ce bien, tandis que le bien public rapporte à chaque individu du groupe un gain qui est fonction de l'investissement collectif des membres du groupe pour le bien public. Le dilemme réside dans le fait que le gain marginal du bien privé est supérieur au gain marginal du bien public. La fonction de gain totale, telle que la définissent ISAAC, WALKER et THOMAS (1984)3(*)5, connaît deux issues opposées. L'équilibre de NASH du jeu est atteint lorsque aucun des membres du groupe ne contribue au financement du bien public (c'est la stratégie dominante de sous jeu ou stratégie de passage clandestin « Free Riding ». L'optimum de Pareto est obtenu lorsque tous les membres du groupe avancent l'intégralité de leur dotation pour le bien public.

Les résultats des expérimentations précédentes portant sur les contributions volontaires (LEDYARD3(*)6) montrent que les individus ne souhaitent ni contribuer par l'intégralité de leur dotation, ni jouer la stratégie de passage clandestin mais choisissent un niveau de contribution intermédiaire. Ces contributions diminuent avec les répétitions du jeu et approchent la contribution d'équilibre. Parmi les différentes hypothèses formulées pour expliquer ce comportement complexe, NEVEU avance  : les erreurs de compréhension des règles de l'expérience et la définition du niveau de financement efficient du bien public.

La première hypothèse tient au fait que les individus peuvent ne pas avoir saisi les règles de l'expérience. ANDREONI3(*)7 explique ceci par le fait que les individus cotisent avec une partie de leur dotation sans véritablement savoir pourquoi. Toujours selon ANDREONI, les individus, suite à un apprentissage au cours des répétitions du jeu, assimilent les règles de l'expérience et les conséquences de leurs choix. Ils versent ainsi des sommes qui tendent vers la stratégie de passage clandestin et qui convergent vers l'équilibre de NASH du jeu. Pour rendre compte des comportements volontaires de contribution et de les distinguer des éventuelles erreurs de compréhension, beaucoup d'expérimentalistes3(*)8 ont eu recours à la définition d'un jeu dont l'équilibre de Nash est obtenu par une contribution partielle des joueurs. Dans un tel jeu, des contributions supérieures et inférieures à la contribution d'équilibre doivent apparaître si des erreurs de compréhension sont à la source du choix des individus. En revanche, si les joueurs assimilent les règles mais tentent de développer un comportement coopératif, alors seules des contributions au-dessus de l'équilibre émergeront. Ces études montrent que les joueurs, en toute connaissance de cause, contribuent au bien public par des montants supérieurs à la contribution d'équilibre. Le phénomène de « sur-contribution » par rapport à la stratégie d'équilibre n'est donc plus lié à des erreurs de choix. Reste la question des choix de contributions sous optimales. Si les individus choisissent volontairement des contributions supérieures à la contribution d'équilibre, pourquoi ne choisissent-ils pas la pleine coopération, qui serait collectivement plus profitable ? Cette question suppose que le problème du passage clandestin n'est plus l'unique facteur explicatif du comportement non coopératif des individus. Il semble donc qu'il soit intéressant de comprendre pourquoi le bien public n'est que partiellement financé dans les jeux de contribution volontaire.

L'auteur propose dans un premier point une explication dans laquelle il modifie la définition de l'optimum de Pareto. Si les individus choisissent de conserver leur richesse au détriment du financement du bien public, la sous optimalité des contributions s'explique par l'aversion des joueurs à contribuer par l'intégralité de leur dotation. Un individu peut avoir saisi l'intérêt de la coopération mais ne souhaite pas investir l'intégralité de sa dotation, de peur d'être le seul à agir ainsi. La diminution dans le temps du taux de contribution serait alors due à la généralisation de ce type de comportements en réponse aux différents niveaux de contributions réalisés sur les périodes précédentes. Partant de cette hypothèse, on suppose donc qu'un bien public peut être financé sans qu'une contribution égale à la totalité de la dotation individuelle soit demandée aux membres du groupe. NEUVEU qualifie cette structure de financement volontaire de bien public un « optimum intérieur ». L'équilibre de NASH est toujours défini par une contribution nulle (c'est la stratégie dominante de sous jeu) ; en revanche, l'optimum de Pareto ne sera atteint que si les individus choisissent de contribuer par une partie de leur dotation.

Intégrer un optimum intérieur ouvre un problème de coordination des décisions individuelles. Une règle logique de décision de contribution, permettant d'atteindre le financement efficient, est que chaque joueur contribue par une part équivalente du montant requis. Dans ce cas, l'optimum de Pareto dit « symétrique » est atteint. Toutefois, si un joueur cotise moins que cette somme et qu'un autre individu cotise proportionnellement plus que cette somme, le bien public est également efficacement financé, et le résultat constitue également un optimum de Pareto mais « non symétrique ». Là, réside le problème de coordination des décisions individuelles pour atteindre le point optimal symétrique. Comprendre pourquoi les individus rencontrent ce problème de coordination et quelles motivations les conduisent à contribuer plus que la part équivalente qui leur assure un paiement Pareto optimal symétrique est rendu possible.

NEUVEU a fait recours à une comparaison expérimentale de deux jeux qui diffèrent selon leur niveau d'optimum. Dans le premier cas, le financement efficient du bien public est obtenu lorsque 30% de la dotation agrégée du groupe est cotisée ; dans le deuxième cas, le financement efficient est atteint avec 70% de la dotation agrégée. L'analyse des résultats de l'expérience met en évidence les conclusions suivantes. Concernant le problème des choix sous optimaux des individus, l'auteur conclut qu'une éventuelle mauvaise compréhension des règles de l'expérience est exclue. Les joueurs contribuent volontairement avec des montants positifs inférieurs à la contribution optimale (des sur-contributions sous optimales). De plus, selon la définition des optima testés (30% ou 70%), les individus n'ont pas un comportement de contribution identique. Le taux de financement du bien public se trouve amélioré dès que le point optimal se rapproche de la contribution d'équilibre. Enfin, les résultats obtenus permettent de comprendre comment les joueurs établissent leur choix de contribution. Voyons maintenant comment l'expérience conçue par NEUVEU a pu générer ces résultats.

2-2-1- Comparaison entre deux optima intérieurs

Afin de savoir d'une part, si une modification de la définition de l'optimum de Pareto influence le comportement de contribution des joueurs et, d'autre part, si les erreurs de contributions sont intentionnelles ou résultent d'un choix individuel délibéré, deux traitements ont été réalisés au cours de cette expérimentation.

Le financement efficient du bien public a été défini à 30% et 70% de la dotation agrégée du groupe3(*)9. Ainsi la distance du premier optimum par rapport à l'équilibre se trouve égale à 30% de la dotation et la distance par rapport à la pleine contribution assure le complément de la dotation de 70%. Le deuxième optimum se définit alors logiquement comme le symétrique par rapport à 50% ; c'est à dire à 70% de la dotation par rapport à la contribution d'équilibre et à une distance de 30% de la dotation par rapport à la pleine contribution.(voir figure 10 ci-dessous).

Equilibre (0 % ) 50 %

70 % 100 %

Dotation

Equilibre (0 %)

30 % 50 % 100 %

Dotation

Fig 10

3-2-2-2- Détermination des solutions de jeu

* 35 - ISAAC R.M., WALKER J., THOMAS S, (1984), « Divergent evidence on free riding : an experimental examination of some possible explanations », Public Choice, 43, 113-149.

* 36 - LEDYARD J. (1995), « Public Goods : a survey of experimental research », 111-194, dans AE ROTH et J KAGEL (eds.), The Handbook of Experimental Economics, Princeton University Press.

* 37 - Andréoni J. (1995), « Coopération in Public Goods Experiments : Kindness or Confusion », American Economic Review, 85 (4), 891-

904.

* 38 - on peut citer à titre d'exemple :

- KESER C. (1996), « Voluntary Contribution to a Public Good When Partial Contribution is a Dominant Strategy », Economic Letters,

50, 359-366.

- SEFTON M., STEINBERG R. (1996), « Reward Structures in Public Good Experiments », Journal of Public Economics, 61, 263-287.

- ISAAC R.M., WALKER J. (1998), « Nash as an Organizing principle in the Voluntary Provision of Public Goods : Experimental

Evidence », Experimental Economics, 1 (3), 191-206.

- WILLINGER M., ZIEGELMEYER A. (1999), « Non-Cooperative Behavior in Public Goods Experiment with Interior Solution »,

mimeo, Beta, Université de Strasbourg.

* 39 - Nous présentons ci-après les raisons, avancées par NEUVEU, du recours à ce choix :

- Les optima ne pouvaient être que des multiples de 10% de la dotation agrégée car la dotation individuelle par période était égale à 10 jetons et les contributions devaient être des nombres entiers.

- Les résultats expérimentaux précédents ont montré que les joueurs contribuent en première période entre 40 et 60% de leur dotation, les optima à 40, 50 et 60% de la dotation agrégée ont donc été éliminés.

- Les deux optima ont dû être caractérisés par une distance équivalente entre les solutions de coin (i.e. 0% ou 100%) pour pouvoir mesurer la distance entre le choix et la contribution optimale.

- L'optimum symétrique à 10% (1 jeton contribué par individu) n'a pas été retenu car l'espace des erreurs par rapport à l'équilibre (0 jeton contribué) aurait été quasi-inexistant. L'optimum à 20% (2 jetons contribués par individu) aurait également défini une zone d'erreur trop faible.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo