1.1.2 Le contexte démographique
Le dernier recensement général de la population
et de l'habitation de 2006 (RGPH) a permis d'estimer la population du Burkina
Faso à 14 017 262 habitants dont 51,7% de femmes et 48,3% d'hommes. La
majorité de la population (77,3%) vit en milieu rural.
Le taux de croissance annuelle moyen de la population est de
3,1% entre 1996 et 2006 contre 2,38% entre 1985 et 1996 et 3,5%. Cette forte
croissance de la population est due à la
2 La colonne Voulet-Chanoine est une
expédition française de conquête coloniale menée par
le capitaine Paul Voulet et le lieutenant Julien Chanoine de 1896 à
1899.
3 Le Moogho Naaba est le chef suprême des «
moosse », l'ethnie majoritaire au Burkina Faso.
baisse du taux de mortalité et à une
fécondité toujours élevée (le nombre moyen
d'enfants par femme étant de 6,2).
1.1.3 Un pays multiethniques
Le dictionnaire Larousse définit l'ethnie comme
étant un : « groupement humain qui possède une structure
familiale, économique et sociale homogène, et dont l'unité
repose sur une communauté de langue, de culture et de conscience de
groupe ». cette définition qui laisse entendre que les ethnies
se déterminent par des critères familiaux, linguistiques et
socio-économiques est bien caractéristique de la situation de la
population du Burkina Faso qui est composée d'une soixantaine d'ethnies.
Les Mossis constituent l'ethnie majoritaire (environ 53 %) et vivent dans le
centre du pays. Les autres groupes importants sont : à l'est, les
Gourmantchés (7 % de la population) ; au nord, les Peuls
(7,8 %) ; au sud, les Bissas (3%) et les Gourounsis (6
%) ; au sud-ouest les Samos (2 %), les Markas (1,7 %), les
Bobos (1,6 %), les Sénoufos (2,2 %) et les Lobis
(2,5 %).
Carte n°2 : Répartition traditionnelle des
principales communautés du Burkina Faso
Cette répartition de la population n'est cependant pas
figée. On assiste à un fort brassage entre ethnies ; en outre,
toutes ces ethnies, malgré leur diversité vivent en symbiose,
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partagent un fond culturel commun et sont
généralement réparties en quatre grands groupes que sont
:
· les communautés les plus anciennement
installées composées des bobos, des bwas, des
kurumbas, des gourounsis, des pougoulis, des
sénoufos, des turkas, des gouins, des
lobis, des gans, des doroyes et des
vigués;
· les populations néo soudaniennes
composées des mossis, des gourmantchés, des
sonraïs et des yarsés ;
· les populations Mandé regroupant les
markas, les samos, les bissas ;
· les populations du Sahel qui comptent les
peulhs, les touaregs ; (Sources : Office National du Tourisme
Burkinabè : ONTB)
En rapport avec cette caractéristique de la population
burkinabè, un certain nombre d'études ont montré qu'il
existait un lien assez étroit entre origine ethnique et comportement
vis-à-vis de l'école. Ainsi, dans son étude sur la
déscolarisation des filles au Burkina Faso, les recherches de Guison
(2004) avaient révélé que les filles issues des familles
senoufo, gourounsi, bobo ou samo avaient
moins de risque d'abandonner l'école que celles issues des familles
mossi. De même, elle avait trouvé que les filles
peules et dioulas étaient beaucoup plus sujettes
à l'abandon que les fillettes Gourmantchés.
De son côté, les études de
Jean-François Kobiane et Marc Pilon (2008) sur les facteurs
socioculturels ont très clairement montré qu'au Burkina trois
ethnies étaient faiblement scolarisées par rapport aux autres ;
il s'agit des Peuls, des Lobis et des Gourmantchés. Les auteurs
expliquent cet état de fait par des paramètres historiques,
politiques, économiques et religieux. Allant dans le même sens,
Sanou (1995), pour sa part, en appelle, pour une meilleure compréhension
des déterminants ethniques, à un examen plus approfondi afin de
se rendre compte des interactions socioculturelles, car dit-il : « on
a l'impression d'avoir affaire à un « trou noir » par lequel
les populations passent pour adopter des comportements « bizarres »,
en tout cas non cartésiens » Sanou (1995), cité par
Kobiane et Pilon (2008 :1002).
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