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Analyse sur le financement des banque au Sénégal. Modélisation des dépôts à  vue.


par Souleymane NDIAYE
Université de Thiès - Master en sciences économiques et de gestion 2015
  

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A. ENVIRONNEMENT BANCAIRE DE L'UEMOA

Le système bancaire du Sénégal évolue à l'intérieur de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) constituée d'un espace économique relativement homogène, caractérisé notamment par une unité monétaire commune, le Franc de la Communauté Financière Africaine (FCFA), dont l'émission est confiée à la Banque Centrale des Etats de

l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), une centralisation des réserves de change, ainsi que par une réglementation bancaire et financière uniforme.

1. PRESENTATION DU SYSTEME FINANCIER DE L'UEMOA

Le système financier de l'UEMOA est constitué, pour l'essentiel, d'un réseau de banques et d'établissements financiers, de compagnies d'assurance, de caisses d'épargne et de centres de chèques postaux, d'institutions de microfinance, d'institutions de prévoyance et d'une Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM).

Figure 1 : Bilan 2000 Banque UEMOA

Figure 2 : Bilan 2009, Banque UEMOA

Source : BCEAO

L'effectif des établissements de crédit agréés dans l'Union a régulièrement progressé ces dernières années, pour atteindre 112 unités à fin 2009 (95 banques et 17 établissements financiers), contre 116 en 2008 (96 banques et 20 établissements financiers). Le réseau bancaire (agences et bureaux) s'est élargi dans l'ensemble des pays, atteignant 1 385 unités contre 1 258 en 2008, soit une progression de 10,1%. La plus forte augmentation a été enregistrée au Mali avec 32 nouveaux guichets. Le nombre de comptes de la clientèle s'établit à 4 480 548 en 2009, en progression de 8,1% par rapport à 2008. Les comptes de particuliers ont progressé de 8,3% en 2009, contre 39,3% en 2008 et ceux détenus par les personnes morales de 5,2%, contre 17,7% un an plus tôt. Le taux de bancarisation de l'Union ressort à 4,18% en 2009.

Le montant cumulé du capital social des établissements de crédit s'est établi à 684,8 Mds à fin décembre 2009, en progression de 24,5% sur un an, du fait essentiellement de l'implantation de nouveaux établissements et de la recapitalisation de certaines unités. Ce capital est détenu à hauteur de 59,5% (407,4 Mds) par des nationaux et de 40,5% (277,4 Mds) par des non nationaux. La répartition des établissements par spécialité montre que, sur les 95 banques en activité, 76 sont généralistes ou à vocation universelle et 19 sont spécialisées, notamment dans le financement de l'agriculture (3), de l'habitat (6) et de la microfinance (10). En dépit du renforcement de la concurrence ces dernières années, lié à l'implantation de nouveaux établissements, l'activité bancaire reste marquée par la présence de sept (7) grands groupes et par leurs importantes parts de marché : ECOBANK (ETI), Société Générale, BOA GROUP, ATTIJARIWAFA BANK, BNP Paribas, Atlantic Financial Group (AFG) et IUB Holding (Groupe Crédit Agricole).

Ces groupes représentent 39 établissements de crédit, concentrant 65,3% du total des bilans et contrôlant 62,8% des guichets. Ils emploient 61,6% du personnel et détiennent 66,7% des comptes de la clientèle.

Il convient également de souligner la récente diversification du secteur bancaire, suite à l'apparition sur le marché d'institutions bancaires créées par des groupes de la sous-région d'origine anglophone (United Bank for Africa - UBA et Diamond Bank) ou du Maghreb (Attijari Wafa Bank-AWB).

S'agissant d'AWB, elle a d'abord acquis la Banque Sénégalo-Tunisienne puis a racheté la Compagnie Bancaire de l'Afrique Occidentale (CBAO) ainsi que d'importants établissements de l'UMOA précédemment sous le contrôle du Crédit Lyonnais, dont la filiale sénégalaise.

2. DISPOSITIF PRUDENTIEL

Les règles prudentielles adoptées dans l'UMOA tiennent compte des exigences internationales en matière de supervision bancaire et sont conformes aux normes édictées par le Comité de Bâle. Elles prennent également en compte le stade de développement des pays caractérisé notamment par la faible diversification de la base économique ainsi que par la faiblesse des modes alternatifs de financement malgré les initiatives prises au cours des dernières années en matière de promotion des titres de créances négociables (TCN) et de création d'un marché financier régional.

Les normes actuellement en vigueur sont celles issues du dispositif de « Bâle1 » défini dans l'accord de capital de 1988. Le Comité de Bâle a proposé en 2004 un nouvel ensemble de recommandations, au terme duquel sera définie une mesure plus pertinente du risque de crédit, avec en particulier la prise en compte de la qualité de l'emprunteur, y compris par l'intermédiaire d'un système de notation financière interne propre à chaque établissement (dénommé « IRB » pour Internal Rating Based). Ainsi, La réforme Bâle III fait partie des initiatives prises pour renforcer le système financier à la suite de la crise financière de 2007 (« Crise des subprimes »), sous l'impulsion du FSB (Financial Stability Board) et du G20, pour garantir un niveau minimum de capitaux propres, afin d'assurer la solidité financière des banques.

En définitive, dans l'espace monétaire de l'UEMOA, les normes prudentielles portent sur les domaines suivants :

Conditions d'exercice de la profession

· le montant du capital social minimum, précédemment fixé à un (1) Md pour les banques et à 300 millions pour les établissements financiers, a été relevé à 5,0 Mds et 1,0 Md respectivement. Il est prévu de le porter prochainement à 10,0 Mds pour les banques et à 3,0 Mds pour les établissements financiers ;

· le capital social d'une banque ou d'un établissement financier agréé dans un Etat donné doit être employé dans l'Union. Toutefois, les dotations des implantations doivent être employées, au moins à concurrence du seuil minimum fixé par la loi portant réglementation bancaire, dans le pays d'accueil ;

·

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les banques et les établissements financiers doivent justifier, à tout moment, de Fonds propres effectifs (FPE) au moins égaux au capital minimum fixé dans la décision d'agrément ;

· les banques et les établissements financiers sont tenus de constituer une réserve spéciale, dont le taux est fixé à 15%, incluant toutes réserves éventuellement exigées par les lois et les règlements en vigueur. La réserve spéciale est alimentée par un prélèvement annuel sur les bénéfices réalisés, après imputation, le cas échéant, du report à nouveau déficitaire. Sa dotation est obligatoire, quel que soit le niveau atteint par son montant cumulé ;

· la comptabilité des banques et des établissements financiers doit être organisée selon les dispositions prévues par le plan comptable bancaire de l'Union ;

· les banques et les établissements financiers doivent se doter d'un système de contrôle interne permettant notamment de vérifier le respect des dispositions et usages en vigueur dans la profession et de garantir la qualité de l'information financière et comptable.

3. Réglementation des opérations effectuées par les banques.

· Il est interdit aux banques et aux établissements financiers de détenir, directement ou indirectement, dans une même entreprise, autre qu'une banque, un établissement financier ou une société immobilière, une participation supérieure à 25% du capital de l'entreprise ou à 15% de leurs Fonds Propres de Base (FPB) ;

· le montant global des concours (y compris les engagements par signature) pouvant être consentis par les banques et les établissements financiers aux personnes participant à leur direction, administration, gérance, contrôle ou fonctionnement, ne doit pas dépasser 20% de leurs Fonds Propres Effectifs (FPE) ;

· le montant global des immobilisations hors exploitation et des participations dans des sociétés immobilières, dont les banques et les établissements financiers peuvent être propriétaires, est limité à un maximum de 15% de leurs FPB ;

· l'ensemble des actifs immobilisés des banques et des établissements financiers, hormis ceux spécialisés dans les opérations de capital risque ou d'investissement en fonds propres, doit être financé sur des ressources propres.

Normes de gestion

·

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La règle de couverture des risques est définie par un rapport minimum à respecter dit "rapport fonds propres sur risques" ou "ratio COOKE". Ce ratio comporte au numérateur le montant des FPE de la banque ou de l'établissement financier et au dénominateur les risques nets, pondérés selon la qualité ou la catégorie des contreparties. Le pourcentage minimum à respecter est fixé à 8% ;

· les banques et les établissements financiers doivent financer au moins 75% de leurs actifs immobilisés et de leurs autres emplois à moyen et long terme par des ressources stables ;

· le montant total des risques pouvant être pris sur une seule et même signature est limité à 75% des FPE d'une banque ou d'un établissement financier. Par ailleurs, le volume global des risques, atteignant individuellement 25% des FPE d'une banque ou d'un établissement financier, est limité à huit (8) fois le montant des FPE de l'établissement concerné ;

· la règle de liquidité fait obligation aux banques et aux établissements financiers de disposer d'actifs disponibles, réalisables ou mobilisables à court terme (trois mois maximum) couvrant au moins à hauteur de 75% le passif exigible à court terme et les engagements par signature susceptibles d'être exécutés à court terme (trois mois maximum) ;

· le ratio de structure du portefeuille, rapport entre l'encours des crédits bénéficiant d'un label de qualité délivré par l'Institut d'émission (accord de classement) à la banque déclarante et le total des crédits bruts portés par l'établissement concerné, doit être, à tout moment, égal ou supérieur à 60%.

Actes Uniformes de l'OHADA

Les banques et les établissements financiers doivent être constitués sous forme de société (articles 20 et 21 de la loi bancaire). A ce titre, les formalités relatives à leur création, à l'évolution de leur forme juridique ou à la réalisation d'opérations spécifiques, telles que les fusions, les cessions partielles d'actifs, etc., relèvent de l'Acte Uniforme de l'OHADA (Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires) relatif au droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d'Intérêt Economique. Les établissements sont en

outre assujettis aux quatre (4) autres textes uniformes suivants de l'OHADA pour certains de leurs actes ou opérations :

V' Acte Uniforme portant sur le droit commercial général ;

V' Acte Uniforme portant organisation des sûretés ;

V' Acte Uniforme portant organisation des procédures collectives d'apurement du 24

passif ;

V' Acte Uniforme portant organisation des voies d'exécution.

Il convient de préciser que les dispositions prévues par ces différents textes ne s'appliquent aux établissements de crédit que dans la mesure où elles régissent des questions n'ayant pas fait l'objet d'une réglementation expresse des autorités de supervision du secteur bancaire. A ce titre, l'article 916 de l'Acte Uniforme relatif au droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d'Intérêt Economique précise que le texte n'abroge pas les dispositions législatives auxquelles sont assujetties les sociétés soumises à régime particulier.

B. LE SYSTEME BANCAIRE SENEGALAIS

1. COMPOSITION

Historiquement structuré autour de 3 établissements, à savoir la Société Générale de Banques au Sénégal (SGBS), la Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Sénégal (BICIS) et la BIAO, devenue la Compagnie Bancaire de l'Afrique Occidentale (CBAO) rachetée en 2008 par le Groupe Attijariwafa Bank, le paysage bancaire sénégalais a connu une forte évolution depuis 2004, suite à l'installation de 6 nouvelles banques :

V' la Banque Régionale de Solidarité (BRS - Sénégal) ;

V' la Banque des Institutions Mutualistes d'Afrique de l'Ouest (BIMAO),

créée par la Confédération des Caisses Mutualistes d'Afrique de l'Ouest ; V' Attijariwafa Bank Sénégal, filiale d'Attijariwafa Bank Maroc, créée suite

au rachat de la Banque Sénégalo Tunisienne (BST) ;

V' la Banque Atlantique Sénégal, une filiale d'Atlantic Financial Group ; V' l'International Commercial Bank Sénégal (ICB) ;

V' la United Bank for Africa UBA.

A fin 2009, le nombre d'établissements de crédit agréés se chiffrait à 21 unités, soit 18 banques et 3 établissements financiers, contre 14 établissements de crédit en 2000, en augmentation de 50%.

Il s'agit notamment de :

y' Trois banques affiliées à de grands groupes internationaux : SGBS (Société Générale), BICIS (BNP-Paribas) et Citibank (Citigroup) ;

y' Trois banques adossées à des groupes de moindre envergure, présents sur l'international

:

CDS (précédemment Crédit Agricole France, dorénavant Attijariwafa Bank), Attijari Bank Sénégal (Attijariwafa Bank Maroc), International Commercial Bank (Groupe ICB);

y' Cinqs banques affiliées à des groupes africains : ECOBANK, UBA Nigeria, Banque Atlantique, Bank of Africa (BOA) et Banque Sahélo-Saharienne pour l'Investissement et le Commerce (BSIC) ;

y' Quatres banques spécialisées : la Banque de l'Habitat du Sénégal (BHS), la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS) et deux banques intervenant dans la microfinance (BRS et BIMAO) ;

y' La Banque Islamique du Sénégal (BIS), dont les 3 principaux actionnaires sont DMI, la BID et l'Etat du Sénégal, peut également être considérée comme un établissement spécialisé dans le financement islamique ;

y' Deux autres banques, à savoir la Banque Régionale de Marchés (BRM) et le Crédit

International (CI).
Nonobstant les efforts accomplis, le nombre d'agences et de bureaux du système bancaire ne s'établit en décembre 2009 qu'à 278 unités pour 11.840.000 habitants. Ainsi, le réseau bancaire reste relativement étroit et caractérisé par une position oligopolistique de quelques grands groupes. En effet, quatre groupes détiennent 65.8% du marché, 67.2% du réseau bancaire, 62.8% des effectifs et 66.2% des comptes de la clientèle.

Cette situation traduit une faible atomicité du système bancaire et est habituellement considérée comme constituant un frein à la concurrence optimale recherchée par les autorités monétaires, à travers la libéralisation des conditions de banque.

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C. Présentation et évolution du secteur bancaire au Sénégal 1. Généralité du secteur bancaire

Traditionnellement, les systèmes bancaires étaient organisés selon un système comprenant un Institut d'émission (la banque centrale) faisant figure d'autorité suprême, et un ensemble d'établissements constitués par les banques dites de second rang.

Les banques centrales ont pour rôle l'émission de monnaie et jouissent d'une autonomie particulière vis-à-vis des pouvoirs publics. Elles participent aussi à la stabilisation des relations monétaires entre un pays et ses partenaires commerciaux étrangers en assurant la gestion des réserves de change. Elles interviennent à cet effet sur le marché des changes à travers l'achat de devises étrangères lorsque la monnaie nationale s'apprécie ; et à travers la vente de devises lorsque lorsque la monnaie se déprécie. Aussi est-il que la banque centrale participe à la définition de la politique monétaire, et par la même occasion à la politique économique générale d'un pays car elle a une action non négligeable sur la croissance de la masse monétaire et sur le niveau des prix.

Par ailleurs, il est important de noter que les banques centrales imposent des règles de fonctionnement plus ou moins restrictives visant à couvrir des risques d'insolvabilité avec la politique des réserves obligatoires, et des règles d'encadrement du crédit visant à contrôler le volume des concours financiers. Les banques de second rang regroupaient les banques de dépôt et les banques d'affaires. Le rôle des premières consistait à collecter des fonds auprès du public et accorder des prêts aux entreprises et aux ménages afin de financer leurs activités (acquisitions de biens ou opérations d'investissement). Les secondes se caractérisaient de banques spécialisées dont l'activité principale était, outre l'octroi de crédit, la prise et la gestion de participations des affaires existantes ou en formation.

Au Sénégal et presque partout ailleurs aujourd'hui, cette vision du système bancaire n'est plus tout à fait valable du fait de la concurrence accrue entre les banques qui dans leurs quêtes de rentabilité, tendent vers une plus grande diversification. Ainsi le système bancaire sénégalais est constitué par un ensemble de banques et autres établissements financiers en interaction avec la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), qui entretiennent des relations de créance et d'engagement les uns vis-à-vis d'autres agents non financiers.

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1. le secteur Bancaire.

La taille et la profondeur du système bancaire et financier au Sénégal se sont considérablement améliorées au cours de la dernière décennie. Toutefois, le secteur est toujours caractérisé par un manque de sophistication, une asymétrie d'information sur les demandeurs de crédits, et par des taux élevés de défauts de remboursement (prêts non productifs par rapport au total des prêts bruts). Par ailleurs, le cadre réglementaire jugé peu attractif est associé à un accès limité et des coûts élevés du crédit au secteur privé, particulièrement aux petites et moyennes entreprises.

Le système bancaire et financier d'un pays est un important levier de productivité qui met à la disposition des entreprises les ressources financières dont elles ont besoin pour innover et améliorer leur production. Il fournit également aux PME le capital dont elles ont besoin pour démarrer ou s'agrandir. L'accès au financement a été identifié par les dirigeants d'entreprises au Sénégal comme la contrainte majeure de l'environnement des affaires. Le secteur bancaire du Sénégal occupe la deuxième place au sein de l'UEMOA, après celui de la Côte d'Ivoire, avec 20 banques en 2009 et plus de 25% des actifs du système financier de l'Union.

Le système financier du Sénégal s'est beaucoup amélioré durant la dernière décennie avec une masse monétaire (M2) qui est passée de 22,5% du PIB en 2000 à 33,4% du PIB en 2008. De plus, à fin décembre 2009, l'offre de monnaie a augmenté de 10,9% par rapport à l'année précédente. Cela est principalement dû à une augmentation de 13,6% des dépôts bancaires et à une augmentation de 4,3% dans la circulation de la monnaie.

Néanmoins, la monétisation de l'économie demeure relativement faible comparée à celle de la Tunisie, de la Corée du Sud, de l'Afrique du Sud, de la Malaisie et de la plupart des pays de l'OCDE à revenu élevé. En revanche, l'économie du Sénégal est plus monétisée que celle de la Côte d'Ivoire, du Costa Rica, de la plupart des pays de la CEDEAO et de la majorité des pays d'Afrique subsaharienne à revenu moyen inférieur.

2. Evolution des banques

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Le paysage bancaire sénégalais a connu une forte évolution entre 2004 et 2006 avec l'ouverture de cinq (05) nouvelles banques notamment la Banque Régionale de Solidarité (BRS - Sénégal), la Banque des Institutions Mutualistes d'Afrique de l'Ouest (BIMAO), créée par la Confédération des Caisses Mutualistes d'Afrique de l'Ouest, Attijariwafa Bank Sénégal, une filiale de Attijariwafa Bank Maroc, de la Banque Atlantique Sénégal, une filiale de Atlantic Financial Group et de International Commercial Bank Sénégal. Ces cinq (05) nouvelles banques portent le nombre total de banques en activité à 19 Banques et établissements financiers et 2 Institutions de Crédit-bail, le taux de bancarisation reste faible, soit environ 6%.

Très schématiquement, on distingue deux groupes de banques au Sénégal. Celles qu'on peut appeler les «traditionnelles», soit les filiales actuelles ou anciennes des banques françaises (SGBS/SG, BICIS/BNP, CBAO, anciennement Banque du Sénégal, créée en 1853). Elles se caractérisent par des points forts comme : leur ancienneté sur le marché qui leur garantit une base de clientèle solide et une certaine expertise ; un réseau d'agences étendu ; une disponibilité des ressources (dépôt des clients) quasi-gratuite leur permettant d'octroyer des crédits à des taux défiant toute concurrence ; l'avantage du parrainage par leur maison-mère pour conquérir la clientèle Corporate Banking, en particulier les multinationales.

Mais elles ont aussi des points faibles comme : une qualité de service déficiente, la taille du portefeuille de leurs gestionnaires est souvent trop importante. Ce qui ne permet pas à ces derniers d'assurer à leurs clients une prestation de qualité et une bonne gestion de la relation-client. Ensuite, le niveau des salaires est bas, comparé à leurs homologues de la concurrence et des possibilités d'avancement assez limitées. La conséquence logique étant un faible niveau d'engagement et de motivation chez le personnel.

Quant aux «nouvelles banques» (BAS, BIS, BOA, UBA, Diamond Bank, etc.), elles cumulent des avantages comparatifs assez élevés, ce qui les place de facto dans le pool des banques performantes. On les remarque par la flexibilité de leur processus qui leur permet plus de souplesse avec la clientèle du fait de leur petite taille. De même, la possibilité de syndiquer, en interne, certains gros tickets de financement en mettant à contribution plusieurs filiales de leur groupe. Ce qui leur permet de gagner un temps considérable dans le traitement des dossiers de

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financement. Généralement, elles offrent à leurs clients un service de qualité supérieure. Enfin, le délai de traitement des dossiers est souvent plus rapide.

Mais, elles sont désavantagées par le fait que ce sont des banques de petite taille, qui n'ont pas vraiment un large accès aux dépôts des clients. Leur principale ressource étant les Dépôts à Terme (DAT), il leur est de plus en plus difficile d'accéder à ces dépôts pour la raison suivante que les intérêts perçus sur ces DAT sont désormais taxés. De ce fait, le gouvernement devient un concurrent indirect pour ces banques dans la mesure où les taux proposés pour ses emprunts obligataires sont devenus plus intéressants. Aussi, une partie importante des déposants des DAT provient du secteur public, à savoir les agences et directions qui ont tendances à choisir les émissions d'obligations étatiques parfois même, de manière obligée.

En termes de perspectives, il faut savoir que malgré une apparence de saturation, le secteur bancaire peut encore accueillir de nouveaux entrants, en raison des besoins manifestes d'une plus large bancarisation des populations sans compter que la multiplicité des banques est un avantage certain pour le client. Il faut compter avec le repositionnent en perspectives de la Banque Régionale de Solidarité (BRS), suite à l'acquisition de 51% de ses actions par Oragroup, un groupe bancaire africain contrôlé par Emerging Capital Partners, présent dans 12 pays. À la fin, de 2013, suite à la crise financière, les banques ont réussi à poursuivre leur politique de densification du réseau, à maintenir le dynamisme de leur activité, à améliorer leur résultat net et à renforcer leur participation au financement de l'économie.

Le paysage bancaire sénégalais s'est enrichi en 2013 d'une nouvelle banque avec l'obtention de l'agrément de la Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDE) qui constitue un important instrument financier pour la cible des PME mis en place par l'Etat en partenariat avec des privés nationaux et des institutionnels. La BNDE porte le nombre d'établissements de crédit à vingt-deux (22) dont vingt (20) banques et deux (2) établissements financiers à caractère bancaire contre 21 établissements de crédit en 2012.

Celle-ci n'ayant toutefois déployé ses activités de manière effective qu'au premier trimestre 2014. La poursuite de la politique d'extension du réseau bancaire est caractérisée par la hausse du nombre de guichets (agences et bureaux) qui, selon les chiffres provisoires, est passé de cinq cent trente-huit (538) en 2012 à cinq cent cinquante-sept (557) en 2013, soit 4% en valeur relative.

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Figure3. Répartition des guichets de banque par région

Source : Rapport annuel 2013 du MEF

L'analyse du graphique révèle que la région de Dakar concentre 64% des guichets bancaires contre 36% pour les autres. Kolda, Fatick et Tamba dispose chacune de 2%.

En termes de bancarisation, notre pays dispose de 2,5 guichets pour 100 000 habitants.

IV. Description de la situation financière des banques 1. Politique monétaire

Le Sénégal est membre de l'UEMOA, composée de huit pays, partageant une monnaie commune, le franc CFA. La politique monétaire, dont l'objectif principal est d'assurer la stabilité des prix pour sauvegarder le pouvoir de la monnaie, s'inscrit dans ce contexte communautaire.

Poursuivant sa politique monétaire accommodante, la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a baissé ses taux directeurs en septembre 2013 de 25 points de base. Ainsi, le taux minimum de soumission aux opérations d'appels d'offres d'injection de liquidités a été réduit de 2.75 % à 2.50 %.

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La diminution des taux directeurs a entraîné une tendance à la baisse des taux d'intérêt à toutes les maturités. L'évolution de la situation monétaire au Sénégal est caractérisée en 2013 par un accroissement de la masse monétaire, mesuré par l'agrégat M3, de 3.197.6 milliards XOF en 2013 contre 2.894.7 milliards XOF en 2012. Cette évolution s'est traduite par une augmentation du crédit intérieur de près de 5 % et des avoirs extérieurs nets d'environ 4 %. La masse monétaire a augmenté de 40 % du P11B en 2012 à 43 % en 2013 et le crédit à l'économie est resté autour de 30% du P11B en 2012 et 2013. La liquidité globale de l'économie a été projetée à environ 44 % du P11B en 2014. Les taux d'intérêt débiteurs se situent à fin octobre 2013 en moyenne entre 5.98 % et 11.04 % selon les emprunteurs :

· avec un taux moyen de 6.45 %. Quant à l'inflation, mesurée par l'indice harmonisé des prix à la consommation, elle devrait tourner autour de 0.7 % en 2013, un niveau inférieur au seuil communautaire de 3%.

2. Etablissements financiers à caractère bancaire

Globalement, les établissements financiers à caractère bancaire (EFCB) affichent une santé financière au cours des dernières années. En effet, leurs résultats d'exploitation se sont établis respectivement à 48,9 milliards en 2007, 44,2 milliards en 2008 et 50,8 milliards en 2009. Les coefficients de rentabilité des fonds propres sont de l'ordre de 13% en moyenne. Le ratio de transformation communément appelé coefficient de couverture des emplois à moyen et long terme par des ressources stables est fixé à un minimum de 75%, autorisant ainsi ces établissements à utiliser 25% de leurs ressources courtes pour financer des emplois longs.

Tableau 3 : dépôts au niveau des établissements financiers à caractère bancaire suivant le terme

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Des marges de progression importantes persistent dans ce secteur, en raison du faible nombre de comptes de la clientèle estimé à 750 678 en 2009 dont 676 744 (90,2%) sont des comptes de personnes physiques. A cet égard, la culture de bancarisation doit être développée.

Les dépôts effectués auprès des EFCB ont été dynamiques au cours des dernières années et ils tournent autour de 30% du PIB, malgré un taux d'épargne nationale plus faible. Cette situation s'explique essentiellement par l'importance des dépôts à vue qui représentent en moyenne 49% du total des dépôts, induisant des difficultés de transformation en crédits.

Les crédits accordés par les établissements financiers à caractère bancaire ont ralenti en 2009, en raison essentiellement des crédits à court terme qui représentent l'essentiel du crédit accordé. Les crédits à long terme valent en moyenne 5% du total du crédit ; ce qui constitue une contrainte pour le financement de l'activité économique. Au total, les crédits accordés représentent 83% des dépôts bancaires.

Toutefois, ces établissements font face à des crédits en souffrance en progression (environ 10% du total des crédits en 2009 contre 7,4% dans l'UEMOA), qui méritent une attention particulière.

Tableau 4 : Crédit accordé par les établissements financiers à caractère bancaire suivant le terme

En pourcentage du PIB, le financement de l'économie (hors Etat) par ces établissements de crédit tourne autour de 25% en 2008-2009, soit à un niveau bas. Cette situation s'explique, en partie, par le montant limité des dépôts à terme.

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Figure 4: Evolution de la part des crédits bancaire sur l'économie

Source : calcul de l'auteur, d'après donnée BCEAO

Le graphique ci-dessus suscite des interrogations sur l'éventualité d'éviction financière du crédit à l'économie par les crédits à l'Etat, particulièrement depuis 2008 avec des émissions de titres publics qui ont atteint 225 milliards en 2010.

3. Réglementation du secteur bancaire

La loi portant réglementation bancaire en vigueur dans l'Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) :

Selon les définitions données par la loi sénégalaise de 1990, reprenant la loi portant réglementation bancaire au sein de l'UMOA, sont considérées comme banque « les entreprises qui font profession habituelle de recevoir des fonds dont il peut être disposés par chèque ou virement et qu'elles emploient, pour leur propre compte ou le compte d'autrui en opérations de crédit ou de placement ». Selon les mêmes instruments, les établissements financiers sont « les personnes physiques ou morales, autres que les banques, qui font profession habituelle pour leur propre compte des opérations de crédit, de vente à crédit ou de change, ou qui reçoivent habituellement des fonds qu'elles emploient en opérations de placement, ou qui servent d'intermédiaires en tant que commissionnaires, courtiers ou autrement dans ces opérations ».

En fin de compte, il est possible de constater que les banques et établissements financiers effectuent quasiment les mêmes types d'opérations exception faite de celle de vente à crédit que la loi semble réserver aux établissements de crédit. Par ailleurs, ces opérations sont effectuées pour le compte de ces institutions elles- mêmes ou au contraire pour le compte de leurs clients. Aussi, les fonds servant au financement de ces activités peuvent provenir aussi bien de la clientèle que de ressources propres. Pourtant, la définition de

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l'institution bancaire fait ressortir un élément que l'on ne trouve pas du tout dans celle des établissements financiers. Les banques sont seules à pouvoir mettre à la disposition de leur clientèle des chéquiers et à procéder à des virements concernant les fonds déposés par leurs clients.

A l'exclusion des établissements financiers, les banques sont donc seules à pouvoir mettre à la disposition de leur clientèle des moyens de paiements. Par ailleurs ne sont pas considérés comme banques ou établissements financiers, les entreprises d'assurance, les organismes de retraite, les agents de change ainsi que les notaires.

L'agrément en qualité de banque ou d'établissement financier est prononcé par arrêté du Ministre des Finances, après avis conforme de la Commission Bancaire.

Au plan réglementaire, il n'existe aucune distinction entre les banques en fonction de la nature de leurs activités. En effet, c'est le concept de banque universelle qui fonde le cadre réglementaire dans l'UEMOA. Toutefois dans la pratique, certaines institutions bancaires se sont spécialisées notamment dans le financement de l'habitat, de l'agriculture ou du commerce extérieur.

Par contre, la loi portant réglementation bancaire pose le principe de la spécialisation des établissements financiers, et un décret réglemente les opérations des diverses catégories d'établissements financiers.

Dix-neuf (19) établissements, soit 68% de l'effectif des établissements financiers, sont spécialisés dans le financement de la vente à crédit et/ou le Crédit-bail. Six sont spécialisés dans la promotion de l'épargne et des investissements, deux dans la vente à crédit et un dans l'affacturage.

La loi bancaire prévoit des dérogations relatives à la forme juridique concernant les banques et établissements financiers publics à statut spécial dont la liste est arrêtée par le Conseil des Ministres de l'UEMOA. Des dispositions dérogatoires sont également prévues en faveur des institutions islamiques ne recourant pas au taux d'intérêt dans leurs relations avec la clientèle.

S'agissant des opérations effectuées, il n'est pas prévu pour les banques de restriction à l'exercice des activités de crédit et de collecte de l'épargne.

Par contre, il est expressément interdit aux banques et établissements financiers de se livrer à des activités commerciales, industrielles, agricoles ou de service, sauf lorsque ces opérations sont connexes à l'activité bancaire ou nécessaires au recouvrement de leurs créances.

S'agissant des établissements financiers, la loi bancaire énumère les activités pouvant être exercées (opérations de crédit, de placement, de change, d'intermédiation). Ils sont répartis en trois (3) groupes comportant chacun plusieurs catégories d'activités. Chaque établissement financier exerce les activités relevant de la catégorie pour laquelle il a obtenu un agrément.

Ø Dans le premier groupe, figurent ceux d'entre eux qui font profession habituelle d'effectuer pour leur propre compte des opérations de prêts (prêts à l'acquisition de meubles corporels, prêts à l'acquisition d'un immeubles ou de parts de société donnant droit à l'attribution ou à la jouissance d'un immeuble, prêts à la construction ou pour tous autres travaux immobiliers, crédits différés, crédit-bail mobilier, crédit- bail immobilier) , d'escompte, de prise en pension, d'acquisition de créances, de garantie (par cautionnement, aval ou autrement), de financement de vente à crédit ou de crédit -bail ;

Ø Dans le second groupe, on trouve les établissements qui reçoivent habituellement des fonds qu'ils emploient pour leur propre compte en prises de participation dans des entreprises existantes ou en formation ou en acquisition de valeurs mobilières (autres que les actions) émises par des personnes publiques ou privées ;

Ø Enfin, dans le troisième groupe, figurent les établissements qui font profession habituelle d'effectuer, pour leur propre compte , des opérations de vente à crédit ou de change ou qui servent habituellement d'intermédiaires en tant que commissionnaires, courtiers, ou autrement dans des opérations de crédit, de placement, de vente à crédit ou de change.

En définitive, nous aborderons le chapitre qui suit, en discutant les résultats, dans le but de l'élucider.

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CHAPITRE 5. LA DISCUSSION DES RÉSULTATS

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe