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Analyse sur le financement des banque au Sénégal. Modélisation des dépôts à  vue.


par Souleymane NDIAYE
Université de Thiès - Master en sciences économiques et de gestion 2015
  

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Section 2. Revue Empirique

Il convient donc de revisiter un certain nombre des relations-clés qui fondent l'approche de Mc Kinnon et de Shaw.

En premier lieu, l'ensemble de la théorie de la libéralisation financière suppose une relation croissante entre taux d'intérêt réel et épargne.

Ceci ne prend en compte que l'effet de substitution qui implique un accroissement de l'épargne lorsque sa rémunération s'accroît. Pourtant, il faut y ajouter un effet revenu qui, au contraire du précédent, implique une relation décroissante entre épargne et taux d'intérêt réel.

Au total, l'effet est donc ambiguë, sauf à supposer, comme le fait Mc Kinnon, que l'épargne est initialement faible dans les pays en voie de développement que l'augmentation de sa rémunération ne peut avoir qu'un effet positif sur celle-ci.

En second lieu, l'approche de Mc Kinnon et de Shaw est fondée sur l'hypothèse implicite que le marché financier est un marché parfait.

Alors que, Stiglitz et Weiss (1981) ont montré qu'il pouvait exister un rationnement du crédit, même sur des marchés compétitifs du crédit. Cela implique que la libéralisation financière pourrait s'avérer, par essence, inefficace compte tenu des imperfections du marché du crédit. Structurellement, les marchés du crédit ne sont pas des marchés ordinaires, dans la mesure où ne s'y échangent pas des biens contemporains, mais des fonds auxquels sont attachés des promesses de rendement dans le futur. Il existe donc un risque de défaut, variable d'un prêt à l'autre. Cette variabilité des risques de défaut pose le problème de l'information et de sa collecte par le prêteur. Si celui-ci ne peut déterminer avec précision le risque attaché à chaque emprunteur ou s'il ne peut parfaitement agir en fonction de la connaissance de ces risques, alors les imperfections informationnelles peuvent conduire à des processus d'anti-sélection. La banque, par exemple, peut être conduite à augmenter ses taux créditeurs si l'information est imparfaite. Autrement dit, elle va sanctionner tous ses débiteurs en les considérant comme imparfaitement sûrs parce qu'elle n'aura pas été à même de déterminer avec précision le risque attaché à chacun d'entre eux. Ce

comportement a deux conséquences majeures : les entreprises vont alors privilégier des projets plus risqués compte tenu du niveau élevé des taux d'intérêt et la banque va plutôt attirer de mauvais emprunteurs qui, compte tenu du niveau élevé des taux d'intérêt, seront relativement peu sensibles à ne pas honorer leurs charges de crédit.

Cho (1986}, lui aussi, souligne l'importance des problèmes informationnels sur les marchés de crédit : « les régimes seuls d'intérêt libres ne sont pas suffisants pour assurer une allocation optimale complète du capital lorsqu'il existe des imperfections d'information.

Les banques vont éviter de financer de nouveaux groupes d'emprunteurs productifs parce qu'ils seront perçus comme trop risqués, et cela même si les banques sont

neutres au risque ou qu'il n'existe pas d'administration des taux d'intérêt »0. En d'autres termes, l'allocation du crédit ou l'existence de banques d'Etat d'investissement, loin d'avoir une influence perturbante sur le marché, pourraient être une réponse aux imperfections de marché.

En troisième lieu, une série de problèmes se pose en ce qui concerne la hausse des taux d'intérêt induite par la libéralisation financière. Il peut se poser un problème transitoire pour le secteur bancaire et le gouvernement, le temps que ceux-ci s'adaptent au nouveau niveau des taux d'intérêt. En ce qui concerne les banques, elles peuvent subir des pertes sans transformation des échéances.

En effet, les banques accordent de façon structurelle des prêts d'une échéance moyenne à longueur supérieure à celle des dépôts qu'elles collectent. Si ces prêts sont accordés à taux fixe, et si les taux servis sur les dépôts s'accroissent consécutivement à la libéralisation financière, alors il s'en suivra une diminution provisoire de la marge bancaire liée à l'impossibilité pour les banques de répercuter immédiatement l'augmentation du coût de leurs ressources. Cette situation place le secteur bancaire dans une situation de fragilité transitoire.

De même, la hausse des taux d'intérêt n'est pas sans incidence sur le déficit budgétaire : le poids du service de la dette publique augmentant et le déficit public peut se creuser davantage. Le phénomène peut être encore amplifié si la libéralisation financière réduit

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les revenus fiscaux prélevés sur le secteur bancaire ou réduit la part des bons du trésor à l'actif des banques.

Dans un modèle récent, V.R. Bencivenga et B.D. Smith (1990} montrent que, compte tenu de l'absence de marchés financiers directs qui oblige le gouvernement à monétiser son déficit budgétaire, il peut y avoir un degré optimal de répression financière. Les deux auteurs en concluent que les économies connaissant un déficit budgétaire public important n'ont pas intérêt à mettre en place un processus de libéralisation financière.

Le taux d'intérêt nominal peut s'élever au-dessus du taux d'inflation, ce qui peut conduire, selon Beckerman (1988) à une «répression financière supplémentaire». Pour lui, en effet, le taux d'intérêt réel d'équilibre peut être négatif'. Dès lors, chercher à rendre les taux d'intérêt réels positifs, c'est introduire des distorsions importantes dans l'économie et handicaper le développement économique.

En dernier lieu, l'approche de Mc Kinnon et de Shaw (1973) néglige un des aspects structurels les plus caractéristiques des économies en voie de développement: l'existence d'un secteur financier informel. Pour les tenants de la libéralisation financière, ce dualisme financier n'est qu'un avatar de la répression financière et de la fragmentation de l'économie.

Pourtant, comme le souligne Jensen (1989), « l'existence d'un marché financier non financier non officiel n'est pas forcément

la preuve nécessaire de la répression financière, mais plutôt la manifestation d'une

organisation particulière de la production et du marketing »0 . La remise en cause du lien entre répression financière et existence d'un secteur financier non officiel fonde les critiques apportées par les Néo-Structuralistes aux thèses de McKinnon et de shaw.

Selon Fry (1988), les mécanismes d'ajustement des modèles néo-structuralistes sont keynésiens : le taux d'intérêt de marché du secteur informel s'ajuste de telle manière que l'offre et la demande de crédits et de monnaie s'égalisent.

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Sur le marché des biens, l'ajustement entre l'offre et la demande se fait par les quantités et non par les prix. Par ailleurs, l'inflation y est déterminée par les coûts. Ainsi, appliquer la logique des modèles « mac-kinnoniens » ne pourrait que détériorer la situation économique du pays. En effet, augmenter les taux d'intérêt nominaux ne peut qu'accroître l'inflation. De même, pratiquer une dévaluation (comme le prône Mathieson (1979) ne ferait que renchérir le coût des importations et donc ralentir la croissance. Pour les NéoStructuralistes, la libéralisation financière ne conduirait donc qu'à la stagflation. Les marchés financiers informels sont au centre de l'analyse néo-structuraliste. Les prêts sur les marchés informels apparaissent donc comme une alternative aux dépôts bancaires, d'autant plus que les capitaux sont supposés circuler librement entre les deux secteurs. Le problème consiste donc à déterminer qui, du secteur bancaire officiel ou du secteur informel, est le plus à même de stimuler la croissance de l'économie P.

Pour les néo-structuralistes, le secteur non officiel est, par nature, plus efficace que le secteur bancaire. Les réserves obligatoires constituées par les banques sont, dans les modèles néo-structuralistes, un obstacle à l'intermédiation financière. En effet, elles réduisent l'offre réelle totale de crédit pour les entreprises. Si on suppose, à la suite de Mc Kinnon (1973), que la libéralisation financière doit s'exercer au travers d'une augmentation du taux d'intérêt réel sur les dépôts, alors celle-ci ne peut avoir, dans les modèles néo-structuralistes, qu'un effet négatif sur la croissance.

Une augmentation de ce taux a deux conséquences majeures. D'une part, elle accroît le coût du capital productif, ce qui conduit à une augmentation du niveau général des prix et à une baisse de l'investissement qui réduit le taux de croissance de l'économie. Et d'autre part, l'augmentation du taux d'intérêt peut réduire la demande d'encaisses monétaires, ce qui affecterait alors, à la baisse l'offre de prêts sur les marchés financiers informels, provoquant ainsi une augmentation du taux d'intérêt nominal sur le marché informel.

Van Wijnbergen (1983) et de Taylor (1983), trouvent que la libéralisation financière qui vise à accroître la rémunération réelle servie sur les dépôts bancaires ne provoquerait que des effets néfastes.

L'approche néo-structuraliste pose, elle aussi, un certain nombre de problèmes. Les conclusions des modèles reposent sur deux hypothèses fondamentales qui semblent peu satisfaisantes : l'efficacité du secteur informel dans l'allocation des ressources et la constitution systématique de réserves obligatoires par le système bancaire. En ce qui concerne la capacité du secteur financier non officiel à allouer les ressources de manière optimale dans l'économie, force est de constater qu'il s'agit essentiellement d'une hypothèse ad hoc. Même si la contribution du secteur informel à la croissance du revenu national paraît indéniable dans certains pays (près de 40% du PIB au Burkina-Faso, par exemple), il n'y a pas de secteur financier informel homogène. Il s'agit plutôt d'une multitude de micromarchés géographiques n'ayant que peu de rapports entre eux et prenant des formes très différentes (tontines, prêteurs individuels...). Dans ces conditions, il paraît difficile de parler de taux d'intérêt unique d'équilibre du secteur non officiel.

Par ailleurs, G. Christensen (1993) a tenté de montrer que le secteur financier informel n'exerce pas réellement une activité d'intermédiation financière. En effet, l'intermédiation bancaire s'exerce au travers de deux fonctions principales : la mobilisation de l'épargne et le financement de l'activité (prêts et investissements) grâce à la transformation de ressources courtes en emplois longs.

La plupart des intervenants du marché financier informel ne remplissent pas ces trois conditions en même temps : les prêts ont une maturité très courte et sont de faibles montants, ce qui implique des coûts de transactions élevés. Par ailleurs, on constate souvent une relative spécialisation de l'activité de collecte d'épargne ou l'activité de prêts.

S'agissant des ressources intérieures publiques, Tanzi et Zee (2000) ont confirmé que le ratio de l'impôt au PIB dans un pays donné est déterminé par un ensemble de facteurs structurels, principalement le revenu par habitant, le degré d'urbanisation, le taux d'alphabétisation, la part de l'industrie, de l'agriculture et des industries extractives dans le PIB et le niveau des échanges commerciaux. Ces études ont été corroborées par Bird et autres (2004).

Cependant, DIAGNE et THIAW (2008) ont affirmé que le secteur informel au Sénégal ne constitue pas un grand gisement fiscal dans la mesure où l'impôt théoriquement dû par les entreprises du secteur informel ne représente environ que 3% de leur chiffre d'affaires.

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Toutefois, il convient de signaler que si ces entreprises se formalisaient, elles seraient soumises au régime normal qui leur appliquera des taxes plus importantes.

Madai et autres, (2008) ont relevé, en sus de ces variables, le degré de monétarisation de l'économie et la préférence pour la liquidité parmi les déterminants de la fiscalité au Niger. Le degré de monétarisation de l'économie est appréhendé par le ratio de la masse monétaire au PIB nominal (coefficient de liquidité). Il favorise la traçabilité des transactions économiques et donc leur imposition. S'agissant de la préférence pour la liquidité, elle est estimée par la part des billets et pièces dans la masse monétaire. Elle apprécie le poids des transactions effectuées sur billets et pièces ou en cash au détriment de transactions avec des moyens de paiement beaucoup plus modernes (chèques, cartes et virements bancaires, etc.). Elle est préjudiciable au recouvrement de recettes budgétaires.

Selon Piancastelli (2001), les comparaisons de performances en matière de recouvrement de recettes fiscales doivent être fondées sur la capacité contributive du pays qui est le rapport entre la pression fiscale effective et l'estimation du potentiel de recouvrement fiscal de l'économie.

L'application de cette méthode dans le rapport de la Banque Africaine de Développement et de l'OCDE sur les perspectives économiques en Afrique de 2010 montre que sur 42 pays africains, ce ratio varie entre 0,5 et 3 en 2007 et que le niveau élevé de l'effort fiscal de la plupart des pays s'explique essentiellement par les ressources minières (pétrole, pierres précieuses).

Pour le cas du Sénégal, ce ratio est évalué à environ 1 ; ce qui signifie que le niveau de recouvrement est conforme aux caractéristiques structurelles de l'économie. Cette étude est reprise par l'AMAO (2001) pour les pays de la CEDEAO.

Cabrillace et autres (2008) ont précisé l'importance du marché des titres publics,

qui constitue la 1ère étape pour développer le marché des titres privés par la mise en place d'infrastructures de marché appropriées, par les effets d'apprentissage des acteurs de marché et par la constitution d'un portefeuille de titres de référence. Ce marché des titres publics permet, par ailleurs de stimuler l'épargne des ménages, de réduire le risque de change global et de faciliter le financement par l'Etat de son programme d'investissement (emprunts obligataires) et de couvrir ses besoins temporaires de trésorerie (Bons de Trésor).

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S'agissant de l'épargne privée, Serres et Pelgrin (2001) estiment qu'elle est influencée par les taux d'épargne du secteur public, la structure démographique de la population (mesurée par le ratio de dépendance des personnes âgées), le taux de croissance de la productivité de la main-d'oeuvre, les variations des termes de l'échange, le taux d'intérêt réel et le taux d'inflation.

Toutes ces remarques remettent quelque peu en cause, le postulat néo-structuraliste attribuant au secteur informel une grande efficacité quant à l'allocation des ressources.

Quant à la constitution de réserves obligatoires par le secteur officiel, Kapur (1992) revient sur les conclusions des néo-structuralistes en affirmant que les réserves détenues par le secteur bancaire officiel sont un gage de liquidité à court terme et donc qu'elles accroissent la sécurité du système. L'avantage du secteur officiel, c'est sa liquidité. Si le secteur informel veut connaître la même sécurité, il doit, lui aussi, constituer des réserves. En l'absence de celles-ci, les agents courent un risque de liquidité important qui explique le niveau élevé des taux d'intérêt sur les marchés informels. Il arrive à la conclusion que, dans une économie où le secteur financier officiel est libéré de ses contraintes, les agents vont détenir à la fois des actifs du secteur non officiel (moins liquides mais mieux rémunérés) et des dépôts bancaires.

Cette conclusion de Kapur est intéressante dans la mesure où elle admet une certaine complémentarité entre les deux secteurs.

Par ailleurs, il faut souligner les trois principaux avantages du secteur informel :

? sa bonne implantation géographique dans des zones où il est difficile au secteur bancaire officiel de s'implanter compte tenu des coûts;

? l'absence d'asymétrie d'information entre prêteurs et emprunteurs dans la mesure où les prêts ne sont accordés qu'à des individus membres de la communauté (village, quartier...) où l'information circule très vite

? et enfin, la faiblesse du risque d'aléa de moralité car les mauvais débiteurs risquent l'exclusion pure et simple de la communauté.

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En ce qui concerne les marchés financiers, Mac-Kinnon (1973) et Shaw (1973) soulignent que pour améliorer leur efficacité, il faut nécessairement une libéralisation financière. Toutefois, Mac-Kinnon (1991) indique que la discipline budgétaire et le contrôle monétaire sont les préalables à la mise en place de politiques de libéralisation financière. Pour Johnston et Pazarbasioglu (1995), les politiques macro-économiques de stabilisation constituent le préalable à toute libéralisation. Quant à Fry (1998), il insiste sur les différences institutionnelles (les modes et la qualité de la supervision prudentielle).

Serieux (2008) met en évidence la nécessité de changements structurels plus profonds. Probablement au-delà de la politique financière ; si l'on souhaite améliorer sensiblement l'analyse de la stratégie de financement des banques suivant l'impact qu'elles fassent dans l'économie nationale.

Ainsi, nous abordons le cadre méthodologique, dans le but d'étayer la méthode adoptée dans notre travail.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984