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La coopération franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements des forces de défense du Gabon 1960-2017.


par Davy Ndouve Nguema
Université Omar Bongo de Libreville (Gabon) - Master  2018
  

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Chapitre II : L'organisation institutionnelle et la politique d'armement et d'équipements au Gabon

Lorsque le Gabon accède à l'indépendance en 1960, sa préoccupation majeure était de mettre en place des institutions qui permettraient de faire fonctionner le pays. Parmi, ces constitutions, l'armée constituait un organe important. Or l'inexpérience des dirigeants gabonais dans ce domaine, malgré des lacunes d'histoire militaire coloniale, avait besoin d'être remédiée. La France s'engageait à prêter main forte au nouvel Etat pour la constitution de ses forces de défense, jusqu'à ce qu'il devient capable de les gérer seul. C'est en cela que se propose ce chapitre sur l'organisation institutionnelle militaire de la défense du Gabon et les questions de financement.

I- Les acteurs de la politique d'armement et d'équipements militaires et les questions de financement

Premier instrument étatique de souveraineté, garant de l'intégrité du territoire national et de stabilité intérieure. L'armée doit par une combinaison élaborée de leurs moyens et une complémentarité de leurs actions, être en mesure de faire face aux défis majeurs du contexte sécuritaire actuel. La vision de modernisation de l'armée gabonaise s'inscrit dans cette dynamique. Il convient de décrire la position géostratégique du Gabon.

A- Les organes décisionnels de la défense

Les autorités gabonaises avaient mis en place des institutions qui devaient gérer et décider des rapports militaires établis avec l'ancienne puissance coloniale au lendemain de son indépendance. A ce propos, certaines sont directement impliquées et prennent véritablement des décisions et d'autres n'ont qu'un rôle théorique. A la question de savoir, quels sont les institutions compétentes et juridiques qui organisent les forces de défense du Gabon ?

En vue de doter son appareil de défense et de structure organique pour combler un vide juridique et permettre un fonctionnement harmonieux, et conforme au statut particulier des militaires, divers textes viennent d'être adoptés. Dans ce cadre les forces de défenses sont désormais configurées.

Le premier point qui nous préoccupe est celui relatif aux prérogatives du pouvoir exécutif en matière d'armement et d'équipements militaires.

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Selon la constitution gabonaise, le président de la République est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des accords19. A ce titre, il préside les conseils et les comités supérieurs de la défense nationale. La constitution gabonaise dispose aussi que le chef de l'Etat détermine en concertation avec le gouvernement (sous le contrôle du parlement) la politique en matière de défense et de sécurité. Il en assure la direction d'ensemble et le cas échéant, la conduite de la guerre20. Il peut quand les circonstances l'exigent, après consultation du conseil des ministres et consultation du bureau de l'assemblée nationale, proclamer par décret « l'état d'urgence » ou « l'état d'alerte » qui lui confèrent des pouvoirs spéciaux. A ce propos, il peut prendre toutes les mesures qu'il estime nécessaires pour garantir la sécurité de l'Etat et mené une politique d'armement et d'équipements militaires avec n'importe quel Etat. Il peut toutefois acheter des armes et le matériel militaire sans forcément passer par le parlement car les prérogatives de chef suprême des forces de défense et de sécurité nationale le lui confèrent. Dans ses compétences militaires, le chef de l'Etat nomme aux postes supérieurs civils et militaires de l'Etat. Il est assisté par plusieurs organes de concertation (conseil supérieur de défense, comité de défense) qu'il préside. Le chef de l'Etat-major des armées, les commandants en chefs de la Gendarmerie, le cabinet militaire de la présidence de la République et le gouvernement l'assistent dans ses missions de défense. Lorsque nous arrivons à ces analyses, nous constatons que les pouvoirs du chef de l'Etat en matière de défense sont incontournables dans ce domaine. Il est en effet, la clé du système de défense au Gabon. Il contrôle à cet effet, tous ce qui est de la coopération militaire avec la France. Ceci est encore assez intéressant par le fait qu'officieusement cette coopération est censée protéger sa sécurité et son pouvoir lorsqu'il pourrait se trouver menacer. C'est en cela que les accords de coopération que la France a justifié son intervention au Gabon en 1964. Celle-ci a contribué au rétablissement du président Léon Mba destitué par un groupe de militaire gabonais. Il faut sans doute rappeler que les armées en Afrique contribuent d'abord à la sécurisation des chefs d'Etat. L'expérience a montré qu'à chaque fois qu'un chef d'Etat est menacé dans son pouvoir, l'armée française intervient en faveur de celui-ci. Le président de la République Gabonaise s'assure du contrôle de la défense et de la sécurité. Il est secondé dans ses prérogatives militaires par le Premier ministre qui a pour mission d'appliquer la politique de défense de la nation.

19 Journal Officiel de la République Gabonaise (J.O.R.G), loi n°/91 du 23 mars 1991, article 8, modifiée par la loi n°01/94 du 18 mars 1994 portant constitution de la république gabonaise

20 J.O.R.G, décret n°419/PR du 31 mars 1980 relatif à l'organisation de la défense nationale et loi n°01/94 du 18 mars 1994, article 2

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Selon la loi fondamentale gabonaise, le gouvernement, sous la responsabilité du Premier ministre, conduit la politique de la nation en matière de défense. De ce fait, il est aidé par l'administration et par les forces de défense. Le Premier ministre est responsable de la défense nationale et de la mise en oeuvre par le gouvernement des décisions prises en conseils des ministres et en comité de défense. Il est évident que lorsqu'une crise menace la sécurité de l'Etat, il dispose des pouvoirs exceptionnels21. Quand les circonstances l'imposent, il a le droit après délibération du conseil des ministres et information des présidents des chambres du parlement (Assemblée Nationale, Senat) à déclarer par arrêté l'état d'alerte ou l'état de mise en garde dans les conditions fixées par la loi22. C'est différents états proclamés peuvent être assimilés à une mobilisation partielle pour ne pas recourir à une mesure radicale quand les circonstances ne l'exigent pas. La mise en garde et l'état d'alerte sont déclarés aux termes des dispositions constitutionnelles23 et contresignés par le ministre de l'intérieur en cas de situation grave qui peuvent constituer une menace pour l'ordre public en cas d'évènements qui présentent leur nature et leur gravité.

Dès lors, les autorités des régions concernées prennent des décisions exécutoires, la garde à vue des individus dangereux pour l'ordre publique. La suspension à l'exercice de certains droits, notamment la liberté des réunions, la liberté de circulation des personnes et des biens, la fermeture des salles de spectacles, l'établissement du couvre-feu. Bien que tous ces pouvoirs soient attribués au Premier ministre gabonais dans l'exercice de la conduite de la politique de défense de l'Etat gabonais, il n'en demeure pas moins que lorsqu'on observe la structure du pouvoir gabonais, son rôle en matière de défense est purement théorique. En réalité, le président de la République s'accapare de tous les droits surtout dans ce domaine qui est très important. Ainsi, pour ce qui est de la coopération militaire, le Premier ministre ne peut pas prendre de décision ; tout se passe à la présidence de la République. Il en est de même pour le ministre de la défense nationale avec la différence que ceux qui sont souvent à la tête de ce ministère sont les proches du chef de l'Etat donc ils ont un rôle plus important à jouer dans la coopération militaire avec la France.

Le deuxième point à éclairer porte sur l'armement de la centralité du Ministère de la défense nationale et la place des autres ministères.

21 J.O.R.G, n°45/59 du 12 novembre 1959.

22 J.O.R.G, loi n°3/91 du 26 mars 1991, article 29.

23 J.O.R.G, n°45/59 du 12 novembre 1959.

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En effet, sous l'autorité du chef de l'Etat et du Premier ministre, le ministre de la défense est responsable de l'exécution de la politique militaire, plus précisément de l'organisation, de la gestion et de la mobilisation des forces militaires24. Il coordonne les stratégies relevant de chaque département ministériel, fixe les concepts d'emploi des forces armées et arrête leur composition. Dans la réalité, le ministre de la défense met en pratique les décisions prise au niveau de la présidence de la République. En ce qui concerne la coopération militaire avec la France, tout est décidé au sommet de l'Etat. Etant donné que c'est le président de la République qui nomme aux hautes fonctions de la défense, il s'assure de ce fait de la fidélité de ceux qui vont occuper les postes de haut commandement militaire pour que sa politique de défense soit efficace pour sa sécurité et la pérennisation de son pouvoir.

Dès lors, le ministre de la défense développe les relations militaires avec la France selon les recommandations du chef de l'exécutif. A partir de ce moment, les autorités gabonaises, pour s'assurer de la mainmise sur les instruments de la défense, avaient délibérément fait en sorte que jusqu'en 1980, l'Etat gabonais ne dispose pas d'une administration centrale pouvant gérer les questions de défense. Il existait un secrétariat d'Etat puis une délégation ministérielle rattachée à la présidence de la République qui assurait la coordination de la politique de défense et la gestion des rapports militaires avec la France. Le délégué ministériel, sous la responsabilité du président, s'occupait de tout ce qui concernait la défense civile pendant que le domaine de la défense militaire était sous la direction du chef de l'Etat et du ministre de la défense nationale.

Le délégué ministériel assumait sa tâche en fonction des recommandations du chef suprême des armées. A ce propos, il ordonnait la préparation de la mise en oeuvre des mesures de défense incombant aux divers départements ministériels. C'est seulement à partir de 1980 que le président de la République met en place un ministère délégué à la présidence de la République chargé de la défense nationale et des anciens combattants. Il devait donc se charger de la préparation des forces armées et de leur liaison avec les armées étrangères ou alliées. C'est dans ce dernier volet que son rôle fut défini et que le pouvoir de ce ministère par rapport aux relations avec l'armée française, dans le cadre de la coopération, fut élargi. Pour

24 J.O.R.G, décret n°4/PM du 6 décembre 1960 portant organisation et recrutement des armées gabonaises.

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apporter de l'éclaircissement à tout cela, une administration centrale fut mise à sa disposition et comprenait, le commandant en chef des forces armées, le commandant en chef de la gendarmerie, l'inspecteur général, le cabinet civil, le conseiller militaire. Nous remarquons ainsi que les attributions de ce ministère furent étendues et contrôlait la défense intérieure et extérieure, et que son rôle grandissait dans la coopération avec l'ancienne puissance coloniale, bien évidemment dans le strict contrôle du chef de l'Etat gabonais. Pour s'assurer de tout cela, le ministre Mpouoho Epigha, représentant du chef de l'Etat pour les questions de défense, ministre chargé de la défense nationale et des anciens combattants. Par un décret du 7 avril 1982, il devint aussi ministre de la sécurité publique par la suite. Ce dernier s'occupe de la défense civile dans le cadre de la coopération militaire avec la France. C'est dans ce sens que l'assistance militaire technique apporte sa contribution au ministère de l'intérieur gabonais dans ses missions. Il s'agit des missions police, secours. C'est ainsi qu'on peut observer dans toutes les directions de la sécurité intérieure des assistants militaires français. On les retrouve en effet, par exemple à la direction de la documentation et des frontières (D.D.F), la direction des services pénitentiaire (D.S.P), la direction de la protection civile (D.P.C) et la direction de la sécurité mobile (D.S.M). La coopération militaire travaille aussi de concert avec le ministère des mines et des hydrocarbures pour la gestion des produits stratégiques.

Au ministère des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie il y'a une direction militaire qui ne se limite qu'à l'information et à la négociation afin de mettre en lumière les vues gabonaises pour éviter tous les malentendus et désamorcer les crises actuelles. Une fois que l'essentiel a été mise en place pour mettre en pratique l'organisation militaire du Gabon, il ne serait plus pour les autorités de présenter l'organisation des forces de défense du Gabon.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo