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Rapport au savoir chez les enfants Ba-Bongo du village Matagamatsegue. Enquête sociologique en milieu rural au Gabon.


par Guy Laroche Mombo
Université Omar Bongo - Master II en sociologie 2019
  

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1.3. La relation aux études

Dans cette partie, il s'agit pour nous de ressortir les types de relations qui existe entre nos enquêtés et l'institution scolaire. En d'autre terme il est question de mettre en exergues les tensions qui existe entre les élèves Babongo et le fait pour eux d'aller à l'école. Pour réussir à les mettre en évidence nous avons posé les questions suivantes :

57 Dubet François, (1994), Dimension et figures de l'expérience étudiante dans l'université de masse. In ; Revue française de sociologie. 35-4. Monde étudiant et monde scolaire. p 511-532

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- Allez-vous tous les jours à l'école ? Pourquoi ?

- Qu'est-ce qui vous intéresse à l'école ?

- Quelle langue parlez-vous à l'école ? Et laquelle parlez-vous couramment à la

maison ?

- Avez-vous des difficultés pour vous exprimer couramment en français en classe ? Si

oui comment faite vous lorsque vous avez une idée à exprimer ?

- Combien de frère et de soeur avez-vous et combien sont-ils scolaire ?

Les réponses de la première interrogation ont fait l'objet d'une réorganisation sous forme de tableau. Ce qui nous a permis de ressortir deux types de catégories d'élèves : celle des réguliers et les irréguliers.

Tableau N°14 : Typologies des fréquentations

Types de fréquentation

effectif

régulier

4

irrégulier

10

Total

14

Source : Données de terrain, MOMBO Guy Laroche, 2019

Pour ce qui est de la catégorie des élèves réguliers, ils estiment que le fait de manquer aux cours ou encore s'absenté pour toute une journée pourrait avoir une conséquence sur leur devoirs, sur leur examens de fin d'année pour le cas de certains élèves de cinquième (5ème) année. Ce qui serait selon eux synonyme d'échec.

« Pour apprendre et pour lire, je vais tous les jours à l'école pour ne pas manquer les cours. Si je manque les cours je pourrais échouer aux examens de fin d'année » (EnquêtéE14).

« Mais si je manque les cours je ne peux pas avoir la moyenne au devoir et je vais échouer » (EnquêtéE12).

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Le deuxième type d'élèves est celui des irréguliers. L'irrégularité de ces derniers est liée à quatre facteurs : l'absence des enseignants, les moqueries des camarades et les blâmes des enseignants, Les absences scolaires liées aux travaux champêtres et le capital économique. Ce type d'élève est cependant celui qui regroupe le plus grand nombre d'élève.

L'absence des enseignants : Nous relevons qu'ici la majeure partie d'élèves est composée des élèves de 1ère en 3ème année. Lors de notre travail de terrain nous avons pu constater l'absence de l'enseignant de la classe de 2ème et 3ème année. Cet enseignant est du moins après son affectation arrivé pour laisser ses effet mais n'est plus jamais revenu jusqu'à notre départ. « Et pour celui qui doit remplacer il a apporté ses affaires, mais jusque-là aucune idée sur la raison de son non-retour » (enseignante de 1ère année). Néanmoins, la majeure partie d'élèves de cette classe sont présent chaque jour dans leur salle.

« Parfois je pars tous les jours parfois pas aussi. On passe toute la journée en classe sans rien faire, le maitre n'est pas encore venu donc je pars quand il n'y a personne à la maison, Oui, pour apprendre à lire et à écrire.» (EnquêtéE3).

« Quand je pars le matin et que le maître de la 5ème année me puni à cause du bruit, ma mère me dit de ne plus repartir le soir ou même demain, parfois on part en brousse parce que les leçons on ne fait pas » (EnquêtéE2).

Les moqueries des camarades et les blâmes des enseignants : Cet aspect est souvent en grande partie observable chez les filles. Pour certaines, lorsqu'elles répondent à une question ou interviennent en classe et qu'elles commettent une erreur qui suscite des moqueries de leurs camarades, elles murissent une honte qui parfois les conduit à se renfermé et peuvent même ne plus intervenir le reste de la journée. Et pour d'autres, les réprimandes ou les blâmes des enseignants entrainent de la peur chez elles pouvant conduire à des absences de courte ou de longue durée.

« Les élèves Babongo que nous avons sont très sensibles surtout les filles, lorsque vous les blâmée ou que les camarades de classe se moquent d'eux, ils se renferment au point de ne plus s'exprimer tout une journée. Il y a des temps ou par honte ou par peur ils peuvent faire un bon moment sans venir aux cours (...) » (enseignant de 4ème et 5ème année).

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« Je n'aime pas quand on me gronde à l'école ou que les autres se moquent de moi quand je fais les fautes ou que je ne parle pas bien. Même quand on joue parfois les autres nous traite de pygmée, c'est à cause de ça que je ne suis pas partie à l'école hier et aujourd'hui » (EnquêtéE6).

Le problème de sociabilité au monde extérieur manifesté par les élèves n'est en réalité que le reflet de la société Babongo en générale et en particulier celui des femmes de ce milieu du fait que la famille constitue la première instance de socialisation des enfants (individus) dans l'optique de les préparer à vivre en société. Nous avons pu le constater par la réticence de certains parents d'élèves à toutes nos tentatives d'approches pour des éventuels entretiens, parfois lorsque nous nous rapprochons d'eux ils rentraient dans les maisons et ne ressortaient qu'après notre départ. A cela s'ajoute le fait qu'une femme Babongo n'a pas le droit de s'exprimée en milieu publique lorsqu'il y a un homme proche. Ainsi, au regard des observations faites et des points de vus de nos différents enquêtés, nous pouvons dire que les élèves Babongo présente ici un double problème : la sociabilité avec le monde extérieur au leur et celui de la construction de l'identité d'élève. Ce qui explique en partie la fréquentation irrégulière de l'école.

« Je ne pars pas tous les jours, je tombe bêtement malade quand je suis à l'école et je suis bien à la maison au village » (EnquêtéE7).

Les absences scolaires liées aux travaux champêtres : Lorsqu'arrive les périodes ou les parents doivent se rendre au campement pour les activités champêtres ou de pêches de longue durée, les enfants en bas âges ne peuvent rester au village juste à cause de l'école car, selon eux, la sécurité de ces derniers passerait avant tout.

«(...) Non, il y a des fois quand les parents partent en brousse pour durer, ils m'amènent avec eux, parce qu'ils ne veulent pas qu'on reste avec nos grands-frères, peut-être on peut tomber malade derrière eux » (EnquêtéE1).

« Oooh !!! Je vais laisser mes petits enfants avec qui !!! Ils vont à l'école quand je suis là moi-même58» (EnquêtéP11).

58 « Oooh, banes bèm bapésse nane mè qui niaga !!! bôba yende gu l'école va meliva mè muene » (parent d'élève).

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Le capital économique : Celui-ci vient par contre expliquer la situation d'abonda épisodique de certain et les inscriptions tardives. Ce facteur touche principalement les collégiens. Pour ces derniers leur situation actuelle d'abandon ou d'inscription tardive est liée selon eux aux capitaux économiques. L'absence du capital économique suffisant pour eux entraine des inscriptions tardives et c'est ce qui expliquera le fait pour eux de se rendre à l'école en milieu d'année ou l'année suivante.

« Je vais tous les jours mais faute de moyen je suis ici, donc je débute au second trimestre » (EnquêtéE10).

« Oui, mais je suis là parce qu'il n'y a pas de moyen. Je cherche à me réorienté à l'école de santé de Bongolo » (EnquêtéE7).

En outre, l'augmentation des frais de scolarité vient davantage cristalliser les abandons, tel est le cas des élèves du primaire en ce que le nombre d'enfant par famille constitue une limite importante.

« Mon fils, j'ai 10 enfants, la scolarité a augmenté cette année à cinq Milles franc (5000fr). Je trouve tout cet argent où ? Ce que je trouves j'inscris certains et les autres attendent d'abord59 ». (Président de l'association des parents d'élèves de l'école de Nzingui).

« (...) Pour mettre tous les enfants à l'école c'est l'argent avec le manioc que je fais tu crois que je peux tous les inscrire 60» (EnquêtéP6).

1.3.1. L'intérêt pour l'école :

L'intérêt pour l'école chez les élèves Babongo repose sur trois facteurs fondamentaux : l'apprentissage du français, le désir de lire et écrire et la mobilité sociale. Ces trois éléments constituent donc une source de motivation. L'école apparait comme un salut, c'est-à-dire comme une garantie de mobilité sociale.

Pour la grande partie de nos enquêtés, devenir « un grand monsieur » ou « comme les autre (avoir un emploi) » est en effet le fondement du « désir d'apprendre ».

59 « Ah muana mè, mè bane lukumi, le funu la lecol bama comsa bô ka tochiniadol chi ilèm mè babotchi gu mè baga, mua ba mè baga mè ka come dji i mè toge bana baka pa tale »

60 « Mu come ma ndoge ma bane botchi bombe dole ? Na bapite ba mè sa wè tasse-ti mè tor bôbotchi come ma ndoge »

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« J'aime apprendre pour devenir un grand monsieur. Pour apprendre à lire et écrire, c'est cela qui m'attire à l'école » (EnquêtéE5).

«Pour apprendre afin d'être quelqu'un comme les autres» (EnquêtéE8).

Cependant, pour atteindre cet objectif qui n'est pas facile d'ailleurs ces derniers doivent fournir un véritable effort, c'est-à-dire se donné à apprendre à parler français. Ainsi, d'autres affirment sans ambages que :

«(...) Suivre les cours et suivre ce que dit le professeur. Ce qui m'intéresse à l'école c'est parler français et chercher une bonne branche pour obtenir mon diplôme ou mon avenir » (EnquêtéE10).

« Ce qui m'attire à l'école, c'est surtout apprendre à lire et écrire pour être comme les autres. Parce que j'aime lire et écrire» (EnquêtéE9).

« Ce qui m'intéresse à l'école c'est apprendre à lire et écrire pour gagner » (EnquêtéE13).

Par ailleurs, les conditions précaires dans lesquelles ils évoluent et leur handicap lié à la langue les poussent à « s'investir » dans le but de pouvoir sortir de là et aspirer à un meilleur avenir.

Contrairement à ce qui précède, une autre catégorie d'enquêtés présente le désir d'apprendre pour avoir un emploi, mais faire l'école en utilisant une langue qui n'est pas propre à leur milieu rend l'apprentissage difficile et conduit à des abandons pour d'autre.

«Parce que je vois les autres et pour l'avenir. J'apprenais pour avoir un bon travail demain comme les autres, mais l'école qu'on fait seulement en français là vraiment m'embêtait trop. Tout ce fait en français entre temps moi ce que je parle bien c'est le nzébi. J'ai arrêté cette année. C'était déjà difficile » (EnquêtéE4).

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci