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Rapport au savoir chez les enfants Ba-Bongo du village Matagamatsegue. Enquête sociologique en milieu rural au Gabon.


par Guy Laroche Mombo
Université Omar Bongo - Master II en sociologie 2019
  

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1.3.2. Le rapport à la langue utilisée à l'école

Le système éducatif gabonais utilise le français comme le moyen de transmission ou de socialisation de ses populations d'élèves. En d'autre terme le français est la langue légitimé à l'école.

Cependant, la langue maternelle est en milieu rural et à Matagamatsengue en particulier celle utilisée au quotidien. De ce fait, cet écart influence donc négativement les performances scolaires des élèves dans la mesure où il sort les élèves de leur milieu et les rend plus ou moins passif en milieu scolaire. C'est en effet dans cette optique que Soumaho Mesmin dira que « l'enseignement dispensé au primaire au Gabon est inadapté parce qu'il n'intègre pas une réalité culturelle fondamentale : la langue maternelle. De ce fait, dès que l'enfant arrive à l'école il perd toute spontanéité et adopte une attitude passive»61.

L'élève Mubongo est donc spontanément soumit à une double difficulté: l'apprentissage du français et la nécessité de se soumettre à une discipline dons la valeur est peut assimilée et parfois il ne parvient pas à construire un véritable sens lui permettant de se motivé.

En outre, ces élèves entretiennent un rapport conflictuel avec le français, ce qui fait que ces derniers ont plus de difficulté à l'école car l'écart est plus coriace pour eux quand ville ou le français est la langue la plus utilisé en milieu familiale et en lieu publique. Comme affirme Jean-Jacques DEMBA : « toutes les activités parascolaires, c'est-à-dire tout ce qu'ils font en dehors de l'établissement : les travaux familiaux, les activités sociales (...) explique le redoublement et donc les échecs scolaire »62.

Par conséquent nous distinguons ici trois types de figures d'élèves. Tableau n°15: Langue utilisée à la maison

Langue utilisée

effectif

Total

G

F

Français

0

2

2

Nzébi et français

3

1

4

Nzébi

8

0

8

Total

11

3

14

61Mesmin-Noel Soumaho. (1987), Objectifs de l'enseignement primaire et contenu des manuels de lecture. Contribution à une étude sociologique du curriculum au Gabon, 2tomes, thèse de Doctorat 3e cycle en sciences de l'éducation. Paris : université René Descartes-Paris V,

62 Jean-Jacque, Demba, (2014), Etude exploratoire des cause du redoublement selon le point de vu d'élèves d'un lycée gabonais, programme de maîtrise en didactique, Université Laval. Mai

60

61

Source : Données de terrain, Guy Laroche MOMBO, 2019

La première figure est celle de ceux qui ne parlent que le français à la maison. Celle-ci ne présente pas de difficulté à s'exprimer en français en classe et elle est constituée uniquement des filles.

« A la maison je parle en français et je réponds bien en français en classe )) (EnquêtéE12).

« À la maison, je parle le français ; j'étais à Libreville et donc je ne parle que le français. J'ai juste 2ans ici et je n'ai pas de problème en classe )) (EnquêtéE11).

Cette figure ne présente pas de problème d'adaptation, d'intégration dans le milieu scolaire et à construire des relations avec d'autres élèves. Ces élèves quant - à eux vivent une épreuve plus ou moins facile à surmonter dans la mesure où ils disposent d'un code culturel important légitimé à l'école (le français) qui leur permet de mieux s'adapter et ils développent aussi une conscience plus vive de l'utilité de l'école.

La seconde figure est constituée des élèves qui parlent plus ou moins les 2 langues à la maison, mais dont la langue maternelle demeure la plus pratique. De ce fait, elle présente quant à elle moins de difficulté à s'exprimer en français en classe. Cependant, l'abandon ou le retard scolaire s'explique chez ces derniers par le fait qu'ils sont moins performants, peu intéressé, passif et ils confèrent à leurs études une utilité limitée au désir d'apprendre à lire ou écrire.

«Le nzébi et le français. A la maison je parle le nzébi et le français mais je parle plus le nzébi, en classe je n'ai pas de difficulté mais parfois il peut arriver que je sois bloqué )) (EnquêtéE6)

« Je parle le français et le nzébi mais quand je suis ici au village c'est le nzébi cent pour cent. Et je n'ai pas vraiment de problème à m'exprimer en français en classe )) (EnquêtéE7).

Enfin la troisième figure est celle qui parle uniquement le nzébi. Elle regroupe la majeur partie d'élèves, elle est aussi celle qui présente le plus de difficulté à parler français en classe.

« Oui et quand je suis bloqué pour répondre quelque fois je m'exprime en nzébi, le maitre ne se fâche pas il me redit juste en français ma réponse » (EnquêtéE2).

« Oui et quand je ne peux pas les autre répondent. Quand je réponds à des questions en classe, il y a des mots qui me bloquent mais comme on ne parle pas le nzébi en classe je ne dis plus rien et quand je peux en français je donne la réponse » (EnquêtéE8)

« (...) vraiment quand je suis bloqué je fais recours aux camarades pour me donner l'expression qui correspond )) (EnquêtéE10).

Cette question du rapport à la langue est en effet un aspect en milieu rural qui est à la base des faibles performances et explique aussi la question du »retard scolaire» ce qui est observable dans notre contexte actuel pour tous les enquêtés de cette catégorie qui vivent une expérience scolaire en opposition à l'école. C'est-à-dire qu'ils vivent une expérience « contre l'école ))63

Lors de nos observations des déroulements des cours à l'école primaire de Nzingui (en classe de 1ère année et 4ème/5ème année), on s'est tout de suite rendu compte de la difficulté des élèves à s'exprimé en français.

Cas 1, classe de 1ère année : Pendant un cours portant sur l'apprentissage des expressions qui permettent de situe : une personne, un animal ou une chose. En utilisant des images, la maîtresse demande à ses élèves ou se situe les petites voiture blanche par rapport au camion ; ils répondent spontanément en langue vernaculaire : gubusu (devant) et gumbis (derrière). Cette réaction démontre que ces élèves ont des réflexes («habitus »64) qui les renvoient directement à l'utilisation de la langue locale, car elle est celle utilisée au quotidien. La classe de 1ère année est celle où l'on rencontre le plus d'élèves de toutes origines confondu qui ne s'expriment qu'en langue vernaculaire et même pour s'interpeler entre eux, ils utilisent les pseudonymes (les petits noms de maison). Ils se forcent néanmoins à utiliser le français au moment où ils rentrent en dialogue avec l'enseignant.

« Oui nous avons des problèmes lors des explications, déjà ils ne parlent tous que le nzébi, moi je suis Sango et quelquefois je fais recours à d'autres élèves pour me donner l'expression

63 François Dubet, (2007) Expérience sociologique, Paris, Ed la découverte

64 Pierre Bourdieu (1979), Critique sociale du jugement, Paris, Editions de minuit, p 190.

62

63

en leur langue qui correspond avec celle que je veux expliquer ou je demande à celui qui suit de redire à ses camarade en langue. Il peut arriver que tu poses une question et spontanément ils te répondent en nzébi. Mais on est obligé de les recadrés à chaque fois » (maîtresse de 1ère année, école de Nzingui).

Cas 2, classe de 4ème/5ème année : les élèves de ce niveau rencontrent aussi le même problème bien qu'ici il n'a plus la même teneur. Lors de la révision d'un cours d'éducation civique (sur les symboles de la république gabonaise), l'enseignant demande à chaque élève de faire un résumé oral. Le constat fait est que ces derniers ont des bons éléments de réponse, mais ne parviennent pas à formuler des phrases avec aisance, car eux aussi se retrouvent rattraper par le réflexe de la langue vernaculaire. Certain n'arrivent pas à aller jusqu'au terme de leur pensée, cependant d'autres pour y arriver rajoutent des expressions en Nzébi.

Au regarde ces observation nous pouvons déduire que plusieurs tensions se greffent au rapport au savoir de nos enquêtes, ce qui par la suite explique en générale l'échec scolaire en milieu rural notamment : le capital économique, le rapport à la langue et le sens (valeur) attribuée à l'école.

En outre pour ces derniers, la valeur de l'école se limitera à son utilité car l'école selon eux est indispensable pour s'en « sortir », c'est-à-dire pour leur avenir. En effet le goût de l'école se limite donc au simple désir d'apprendre à lire et écrire de manière générale car aucun de nos enquêtés ne se rend à l'école pour des raisons intellectuelle (ou pour un intérêt lié à la connaissance, pour certaines discipline voir même pour les enseignants). Ainsi, dans une école de masse, chaque élève doit se construire son propre rapport au savoir (aux études) ; or pour le cas de nos enquêtes, ils présentent une difficulté d'adaptation et d'intégration au monde scolaire. Ces différentes tensions vont donc constamment conduire le jugement scolaire à leur invalidation dans la mesure où l'école de masse ne cesse d'affirmer que chaque élève est responsable de son échec voir de sa réussite scolaire.

Par conséquent quelles sont les perspectives professionnelles et leur modèle de réussite ?

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite