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Quelle adoption de l’écriture inclusive dans la langue française et les discours politiques contemporains ?


par Manel Khalifa née Ben Salah
Université Sorbonne Paris 4 - Master sciences du langage parcours linguistique française et générale 2020
  

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1.1.2. Le féminin conjugal s'impose à partir du XVIIe siècle

Tandis qu'au XVIIe siècle, l'usage de la règle de proximité n'imposait pas au féminin de « s'incliner » devant le masculin lors de l'accord des genres, l'accord de proximité disparaît peu à peu entre le XVIIe et le XIXe siècle au profit du genre masculin qualifié de genre noble (Nameche, 2018). Le masculin considéré comme neutre l'emporte au pluriel, et beaucoup de mots utilisés au féminin, comme par exemple peinteresse, sont condamnés (Viennot, 2014). Ajoutons au nom peinteresse les noms autrice et écrivaine qui ont été remis en question dès leur apparition. Le premier a été accusé de laideur, bien qu'il fasse partie d'une série de noms qui se terminent par « trice » comme actrice, traductrice ; le second a donné lieu à la blague suivante de la part de Bertrand Poirot-Delpech, un journaliste qui devint académicien : « dans le mot écrivaine, on entend vaine ». Mais, comme le souligne Viennot (2018, p. 75) « à ce compte-là, dans écrivain, on entend non seulement vain, mais écrit vain- ce qui est bien pire ».

Cette époque est marquée par l'implémentation de « normes classiques » qui marquent un recul de la langue (Paveau, 2002), recul lié à une volonté de minorer le rôle social de la femme (Wolf-Mandroux, 2019). Ainsi, dans l'ouvrage Grammaire générale ou exposition raisonnée des éléments nécessaires du langage (1767), nous pouvons lire « le masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle ». La linguistique évolue donc pour refléter le rôle que la société se fait de la femme. Elle est alors considérée comme un être faible et inapte à participer activement au développement de la société. Elle est dépendante de ses parents jusqu'à ce que cette dépendance soit transférée à son mari. Il était effectivement admis que « les femmes restent largement dominées par les hommes, l'article 213 du Code Civil imposait l'obéissance de la femme envers son mari » (Wailly, 2004, p. 1). Intellectuellement parlant, la femme était considérée comme un être

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ignorant, dépourvue de droits les plus élémentaires tels que l'éducation. Ce faisant, elle se trouvait généralement privée du droit de travailler, bien que quelques exceptions liées à son appartenance à une classe sociale supérieure soient à noter.

La place des femmes dans la société se réduisant comme peau de chagrin - elles éduquent les enfants et sont en charge de la bonne tenue du foyer - la langue du XVIIIe siècle pose un regard ironique et condescendant sur la féminisation des noms de métiers (Paveau, 2002). « Ainsi l'épouse se voyait décerner le titre féminisé de son mari à une époque où ces professions étaient fermées à la gent féminine, ce que le linguiste Bernard Cerquiglini appelle le féminin conjugal (...) » (De Féo, 2018).

Ce tournant linguistique majeur s'opère officiellement en 1718 avec la publication de la deuxième édition du Dictionnaire de l'Académie, institution créée en 1634 (et uniquement masculine jusqu'en 1981) dont la mission est de « conserver et perfectionner la langue française » et de rédiger le dictionnaire. La féminisation des noms de métiers est maintenue pour désigner la femme de l'homme exerçant le métier. Ainsi, dans la 1ère édition, une ambassadrice désignait une « femme chargée d'une ambassade » tandis que dans la 2e édition, une ambassadrice désigne l'épouse d'un ambassadeur (Wolf-Mandroux, 2019). Ce revirement est lourd de sens. La femme est de nouveau démunie de tout statut, avec un droit à la reconnaissance qui n'existe que par le biais d'un homme.

Certains noms de métiers, considérés comme « non nobles », demeurent pour leur part féminisés. C'est par exemple le cas de coiffeuse ou de boulangère qui désigne bien les femmes chargées de coiffer ou de faire le pain et non pas les épouses de coiffeurs ou de boulangers. Il en est tout autre pour professeuse ou procureuse qui, métiers plus nobles, sont féminisés certes, mais pour désigner la femme d'un professeur ou d'un procureur (De Féo, 2018).

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