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Quelle adoption de l’écriture inclusive dans la langue française et les discours politiques contemporains ?


par Manel Khalifa née Ben Salah
Université Sorbonne Paris 4 - Master sciences du langage parcours linguistique française et générale 2020
  

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1.1.3. La révolution française : un espoir de changement de courte durée

Le rapport Talleyrand, qui stipule que les femmes n'ont pas le droit à l'éducation et que leur rôle se limite à rester à la maison au service de leur famille, est publié en 1791. Il est intéressant de noter que cette même année marque la parution de « A Vindication of the Rights of Woman », le premier ouvrage prônant l'égalité entre homme et femme écrit par l'écrivaine et philosophe britannique Mary Wollstonecraft. En réponse à la dévalorisation du sexe féminin, Mary Wollstonecraft écrit dans son ouvrage « I attribute [these problems] to a false

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system of education, gathered from the books written on this subject by men, who, considering females rather as women than human creatures, have been more anxious to make them alluring mistresses than affectionate wives and rational mothers » (Site de British Library, 1791, p. 1).

Alors même que le rapport Talleyrand vise à édicter des règles sociétales, des débats sur les droits de la femme et son émancipation de l'autorité masculine commencent à agiter l'espace public. En effet, la révolution française, sans provoquer de changement radical, a permis à la femme de prouver qu'elle pouvait être au moins égale à l'homme. Cette évolution du regard que la société posait sur elle a été rendue possible par les interventions de quelques philosophes des lumières qui ont remis en question la place de la femme dans la société. Ainsi « entre 1725 et 1760 une quantité d'ouvrages favorables aux femmes, véritables apologies des "mérites des dames" qui provoquaient le sexe masculin en l'affrontant avec l'autre sexe dans une sorte de duel où qualités et défauts servaient d'armes. Ces néo-féministes cartésiens inspirés par Poulain de la Barre attribuaient aux femmes des vertus indéniables. » (Berg Kyssing, 1985, p. 1).

Diderot, considéré comme un philosophe féministe, critiqua le statut d'être inférieur de la femme dans son essai de 1772. Au même titre que Diderot, Nicolas de Condorcet lutta pour les droits des femmes et l'égalité des sexes. En effet, « Condorcet est convaincu (il le souligne dans ses écrits), qu'une société où cette égalité n'est pas assurée est une société bancale, qui se prive à terme de progrès et se condamne à la médiocrité. » (Caritat et al., 1743, p. 20). Voltaire, quant à lui, féminisa les métiers exercés par les femmes en écrivant par exemple « filles du Styx, huissière d'Atropos » (Viennot, 2017, p. 60). Au même titre que Voltaire, « en 1763, Rousseau écrit à une amie à propos d'un de ses portrais : « je crois que la peinteresse ne vous a pas flattée » (Viennot, 2018, p. 54).

Les philosophes des lumières, femmes et hommes, luttent donc contre toutes sortes de dévalorisations et non-considérations. Pour exemple, Madame de Beaumer écrit en 1762 « il semble que les hommes aient voulu nous ravir jusqu'aux noms qui nous sont propres. Je me propose donc, pour nous en venger, de féminiser tous les mots qui nous conviennent » (Viennot, 2017, p. 55). Bien que le XVIIIe siècle ait été un siècle de la révolution, non seulement française mais aussi de la femme, il ne restera pas dans les mémoires comme le siècle qui a su faire plier les « normes linguistiques classiques » et ce, malgré le dépôt d'un

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projet de loi en 10 articles visant, entre autre, à abolir la règle selon laquelle le genre masculin équivaut au genre noble (Rouch, 2018).

Bien que certains philosophes et écrivains luttent pour la féminisation des noms de métiers dès le XVIIIe siècle, les grammairiens continuent de préconiser l'emploi du masculin, considéré comme genre le plus noble. Ainsi, « dans l'édition de 1847, Bescherelle précisera avec fierté que la langue française s'est mise en opposition avec toutes les autres langues, en laissant au masculin tous ces noms auteur, docteur, géomètre, général, graveur, professeur, philosophe, poète etc, alors même que ces noms désignent des femmes » (Viennot, 2018, p. 52).

Il aura fallu cinq siècles à l'académie française, qui refusa le recourt à l'écriture inclusive et la féminisation de noms des métiers dès 1689, pour adopter le 28 février 2019 « à une large majorité un rapport sur la féminisation des noms de métiers, soulignant qu'il n'existait aucun obstacle de principe à la féminisation des noms de métiers et de professions » (Perrin, 2019, p. 1).

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand