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écrire les métiers au genre grammatical masculin et féminin. Quelles influences sur les sentiments d’efficacité personnelle et les intérêts des élèves de 3ème ?


par Justine LefàƒÂ¨vre
INETOP-CNAM - Diplôme d'état de Conseiller d'Orientation-Psychologue 2017
  

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3.2.Une absence de consensus quant aux effets du genre grammatical des noms de métiers.

3.2.1. Arguments en faveur d'un masculin générique.

En français, les noms de métiers sont majoritairement mis au genre grammatical masculin, les quelques rares métiers mis principalement au féminin sont des métiers dans lesquels on trouve une part importante de femmes (infirmière, sage-femme, caissière, etc.). En 2002, l'Académie française s'oppose à l'utilisation du féminin avec pour principale raison avancée la neutralité du masculin dans la langue. En 2014, l'Académie française tend à assouplir sa position en spécifiant qu'il faut respecter le choix des personnes et ne pas imposer une forme particulière. Elle stipule :

« L'Académie française n'entend nullement rompre avec la tradition de féminisation des noms de métiers et fonctions, qui découle de l'usage même (...) Mais, conformément à sa mission, défendant l'esprit de la langue et les règles qui président à l'enrichissement du vocabulaire, elle rejette un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le voeu des intéressées, des formes telles que professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure, etc. » (Académie française, 2014).

Elle continue d'ailleurs à considérer que la langue française peut «faire appel au masculin à valeur générique, ou « non marquée » et l'on trouve encore dans la 9ème édition du dictionnaire de l'Académie française (s.d.) mis en ligne : « (...) Pour les noms de titres, de professions, de fonctions : le juge, le délégué, le docteur, le président désignent indifféremment un homme ou une femme; il n'y a pas lieu de créer des équivalents féminins à ces termes».

S'agit-il pourtant vraiment de « féminiser » des noms de métiers, c'est-à-dire de partir du genre grammatical masculin pour créer un nouveau mot au genre grammatical féminin?

En réalité, cette prédominance du genre grammatical masculin en ce qui concerne les noms de métiers n'est historiquement que très récente. En effet, jusqu'au XVIème siècle les noms de métiers étaient mis au féminin lorsqu'ils étaient exercés par des femmes, et ce quel que soit la valorisation du métier. On trouvait ainsi des « marchandes, fromagères, medicineuses, doctoresses», etc. (Lenoble-Pinson, 2006 ; Viennot, 2014). La Suisse (1988), le Québec (1991), la Belgique (1993) et la France (1998) ont réinstauré l'utilisation des formes grammaticales féminines dans les textes officiels. Cependant, Lenoble-Pinson (2006) explique qu'il existe toujours des opposantes et opposants. En effet, certaines femmes revendiqueraient l'utilisation du masculin, ce que l'autrice analyse comme la tentative de femme, qui ayant accédé les premières à des postes de haut statut, majoritairement exercés par des hommes ne voudraient pas dévaloriser leur métier en utilisant le genre grammatical féminin. Cela renvoie directement

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aux systèmes de normes hiérarchiques établis entre les sexes (le genre) et à « valence différentielle des sexes», c'est-à-dire au fait que ce qui se rapporte à l'homme a plus de valeur que ce qui se rapporte à la femme (Héritier, 2005, cité par Vouillot, 2014). L'emploi de la forme grammaticale au féminin, tout comme la représentation des métiers exercés majoritairement par des femmes serait en effet perçu par les femmes elles-mêmes, comme dévalorisante.

Les principaux autres arguments contre l'utilisation du féminin reposeraient sur la linguistique, notamment dans l'utilisation de noms de métiers qui font également référence à des objets : par exemple (« cafetière » ou « cuisinière »). La laideur de la forme grammaticale est aussi souvent invoquée (« La forme écrivaine est laide parce que l'on entend vaine»). Les opposant·e·s citent également des hésitations dans la formation des mots (par exemple, faut-il dire docteur, docteure ou doctoresse?) (Lenoble-Pinson, 2006, p.643). L'étude de van Compernolle (2008) a par exemple démontré que les français·e·s interrogé·e·s sur les formes officielles au féminin des noms de métiers ne les connaissaient pas et hésitent quant à l'emploi des noms de métiers. De même, certains noms de métiers ne sont que très rarement considérés comme corrects quand ils sont écrits au féminin. Par exemple la forme «femme policier » remporte 10 points de plus dans les choix des participant·e·s sur la forme officielle à utiliser que le mot officiel « policière». D'autres arguments sont également mis en avant tels que la connotation sexuelle qu'auraient certains mots : « coureuse » ou « sauteuse » (Dister, 2004). En plus de considérer le genre grammatical masculin comme neutre, l'Académie française (2002, cité par Gygax & Gesto, 2007) stipule que l'emploi de forme grammaticale au féminin accolée à la forme grammaticale au masculin alourdirait et gênerait la lecture.

De nombreuses études ont été menées en réponse à ces différents arguments.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote