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La place de l'internet dans les pratiques professionnelles des enseignants de l'université de Ndjamena (Tchad).


par Joseph Ndjig-nan Dinza
Université de Yaoundé - Master 2 en Enseignements Fondamentaux en Education 2020
  

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2.2 Les établissements privés d'enseignement supérieurs

Depuis 1989, de nombreux établissements privés d'enseignement supérieurs sont venus renforcer l'offre publique. Au Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (MESRI), ces institutions sont placées sous la supervision de la Direction de l'Enseignement Supérieur, et d'un organe de contrôle, la Commission Nationale de l'Enseignement Supérieur Privé (CNESP). Les données disponibles répertorient 130 structures de formation (même si plus de la moitié n'est pas fonctionnelle) offrant des formations de niveau BTS et Licence. Cette catégorie d'enseignement supérieur absorbe une population d'environ 10.000 étudiants.

2.3 Les institutions publiques d'enseignement supérieur sous la double tutelle ou hors tutelle du Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et l'Innovation

Il existe au Tchad, des institutions publiques accueillant des formations post-baccalauréat, créées par certains départements ministériels pour répondre à leurs besoins particuliers de formation professionnelle. Ces établissements sont placés soit sous la double tutelle académique du MESRI et technique des départements ministériels spécialisés, ou hors tutelle du Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et l'Innovation. Il s'agit de : Ecole Nationale des Travaux Publics (ENSTP), cet établissement créé en 1965 est placé sous la double tutelle du Ministère de l'Enseignement Supérieur et du Ministère des Infrastructures et des Equipements ; Ecole Nationale Supérieure des Technologies de l'Information et de la Communication (ENASTIC), établissement spécialisé dans les domaines des Communications électroniques, créé en 2015 par l'ordonnance N° 005/PR/2015 du 02 mars. L'Ecole est placée sous la double tutelle du Ministère des Postes et des Nouvelles Technologies de l'Information et du Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation qui en assure l'organisation académique et pédagogique ; l'Ecole Nationale d'Administration (ENA), créée en 1963 par le Décret-loi N°99/PR/SGG du 20 mai ; École Nationale des Agents Sanitaires et Sociaux (ENASS), créées par le Décret N°137 du 12 août 1964. Réformes : Décret N°104/PR/MSP/84 du 19 mars 1984 et Décret N°001/PR/9 du 10 janvier et l'Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS)

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2.4 La Demande en enseignement

Les attentes sociales, notamment au niveau individuel, sont globalement identiques dans l'ensemble du secteur. Il s'agit principalement d'une demande d'employabilité et de développement personnel, même si la mission initiale de l'Université comme principale pourvoyeuse de main d'oeuvre pour l'administration, et la perception de la fonction publique comme source d'emploi demeurent. C'est probablement dans ces schèmes qu'il convient de rechercher les raisons qui attirent une partie des bacheliers vers l'Université, alors même que les formations qui y sont dispensées ne leur conviennent pas nécessairement.

Pour quantifier la demande, on peut se fonder sur l'effectif annuel des bacheliers. En dépit de quelques améliorations notables, le taux de réussite au Baccalauréat reste faible, de 9% en 2012, il est passé à 18% en 2014, il a légèrement remonté en 2019 à 23%. Même si les statistiques disponibles ne permettent pas de faire ressortir l e n o m b r e d e s nouveaux inscrits à l'Université, l'augmentation constante des inscriptions tend à prouver que les Universités d'Etat absorbent l'essentiel du nombre des bacheliers. Les statistiques du Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation indiquent que le taux de transition du secondaire au supérieur était de 33% en 2014. En effet, environ 60% postulant à une inscription à l'Université ou candidats à divers concours ne sont pas admis. Il s'ensuit une déperdition qui précipite l'entrée des jeunes diplômés dans le monde du travail et au maintien de la faible qualité du capital humain tchadien. Du point de vue qualitatif, l'insuffisance du niveau d'acquisition des élèves s'observe au sortir du secondaire à travers le faible taux de réussite aux examens au niveau du supérieur.

La demande en matière d'enseignement supérieur se caractérise également par une forte concentration d'étudiants dans les filières littéraires (61%) au détriment des facultés à vocation scientifique. Le Rapport de la Commission d'enquête parlementaire sur le système éducatif tchadien, publié en juin 2018 relève que ...plus des 2/3 des diplômés proviennent des filières littéraires et la majorité est composé de licenciés qui n'ont pas d'autres choix que l'enseignement (parfois sans vocation) par le biais de la fonction publique ou des instituts privés9. Il s'agit d'un problème ancien, déjà relevé en 2002 dans le rapport Merlin, (2002, p.97)10 et décrit comme « caractéristique de l'enseignement supérieur, dont les filières à dominante scientifique, très minoritaires par rapport aux autres filières, voient leur développement limité par le nombre réduit de bacheliers scientifiques».

9 Rapport d'enquête parlementaire, sur le système éducatif tchadien et la politique nationale de la jeunesse, juin 2018, p.64.

10 Christian Merlin : Le développement des filières scientifiques dans l'enseignement secondaire et supérieur in Éducation et formation au Tchad : Recueil d'études thématiques, pp. 97-98, Publié en 2002 par l'UNESCO.

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Effectué dans un contexte d'embellie économique, notamment caractérisée par l'implantation d'entreprises étrangères et le développement de nouveaux métiers liés à la modernisation du pays, le rapport insistait également sur la nécessité pour le Tchad d'orienter l'évolution des compétences vers la maîtrise accrue des disciplines scientifiques : ...D'abord parce que se développe de manière universelle une « société de l'information » reposant sur la maîtrise de technologies de plus en plus élaborées. Ensuite parce que les entreprises établies au Tchad auront de plus en plus besoin de diplômés issus de la Faculté des sciences exactes et appliquées, des filières professionnalisées, ainsi que des diplômés des instituts universitaires à finalité scientifique et technologique... (Rapport Merlin, p.98).

Cependant, dix-sept (17) ans après la publication du Rapport Merlin, le déficit de la demande des formations à caractère scientifique est persistant et les statistiques indiquent toujours l'attraction, dès l'enseignement secondaire, des élèves pour les filières littéraires, schéma qui se reproduit par la suite à l'Université. Il paraît dès lors difficile à l'enseignement supérieur de répondre de manière satisfaisante aux besoins d'une économie en cours de transformation.

2.4.1 La Demande et l'offre en recherche et innovation

Le corps enseignant des Universités créées par l'Etat présentaient les caractéristiques ci- après au cours de l'année académique 2016-2017 : un effectif total de 2.336 enseignants, avec 3% de femmes (concentrées à N'Djamena); 2% d'enseignants de rang magistral ; 70% d'assistants; 1.346 permanents nationaux; 944 vacataires nationaux et 46 étrangers11. (L'Université de N'Djamena dispose un effectif de 1003 enseignants donc 953 hommes et 50 femmes). Ces caractéristiques vont déterminer la recherche scientifique dans le milieu universitaire, car très peu qui font la recherche.

Ainsi, il existe une autre attente sociale spécifique aux Universités : c'est la recherche universitaire. Ce volet de l'enseignement supérieur qui rassemble les activités basées sur l'approche scientifique, disciplinaire, pluridisciplinaire et transdisciplinaire, la recherche appliquée, la recherche- développement et la recherche-action, a également une dimension politique. Pour l'Etat tchadien, la recherche est d'abord porteuse d'espoir à travers la contribution que les travaux des enseignants-chercheurs peuvent apporter au développement du pays. Au-delà des frontières nationales, la recherche effectuée par des enseignants-

11 Rapport de la Commission d'enquête parlementaire sur le système éducatif tchadien, p. 63 et Annuaire statistique de l'enseignement supérieur, p.87

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chercheurs, dans le respect des normes internationalement reconnues, peut également contribuer au rayonnement du pays. L'article 44 de la loi 1612 confirme les aspirations de l'Etat en la matière, en précisant que les orientations politiques en la matière doivent répondre « aux objectifs de développement socio-économique et aux besoins prioritaires de la nation exprimés à travers les instances politiques, les partenaires socio-économiques, les collectivités territoriales et la communauté des chercheurs».

Dans la réalité, la recherche est pratiquée par une poignée de chercheurs ou d'enseignants-chercheurs, disposant, ainsi le précise le Rapport de la commission d'enquête parlementaire13, ...de faibles ressources financières et dans des conditions précaires, bien illustrées par l'insuffisance et le très faible niveau d'équipement des

laboratoires qui existent. Cette s i t u a t i o n est r e nfo r c é e par des
financements de la recherche tournée essentiellement vers les primes accordées (1,7 milliards FCFA) aux chercheurs qui, dans leur écrasante majorité, ne pratiquent aucune activité de recherche. Ce qui permet de définir la recherche au Tchad comme un système généreux, mais improductifs
. Mais les ressources nécessaires à l'accompagnement de la recherche restent insuffisantes, avec des conséquences visibles sur l'offre universitaire.

La production de la recherche s c i e n t i f i q u e peut, en théorie, êt r e quantifiée par le biais de différents indicateurs, par exemple le nombre de thèses soutenues,

l e nombre d'articles publiés dans des revues scientifiques, le nombre de colloques et de conférences organisés, ou encore le nombre de brevets déposés par les Universités. Au Tchad, la recherche est peu soutenue et l'ensemble du domaine se caractérise par une insuffisance d'infrastructures et une absence de programmes pertinents orientés vers le développement durable.

Au-delà du cadrage juridique, les activités de recherche sont animées par le Centre National de Recherche pour le Développement (CNRD)14, chargé de la publication des revues scientifiques et de la vulgarisation des résultats de la recherche. Même si plus de 1500 chercheurs sont théoriquement affiliés à ce pôle, les résultats restent peu visibles, en raison notamment de l'insuffisance des ressources financières allouées à la recherche. Le système universitaire national ne dispose que de deux revues

12 Loi N°16/PR/2006 Portant Orientation du Système Educatif Tchadien.

13 Rapport de la commission parlementaire sur l'éducation, p. 67

14 Cette structure était initialement connue sous le nom de Centre National d'Appui à la Recherche (CNAR)

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scientifiques (Centre National de Recherche pour le Développement et Cahiers Tchadiens de Sciences Humaines). Il s'ensuit, au plan organique, l'absence de groupes de recherche structurés, et les supports de diffusion et de vulgarisation des résultats demeurent insuffisants. Au plan des infrastructures, l'on constate l'absence ou l'insuffisance de laboratoires, et même un très faible accès à la documentation en ligne du fait de l'accès très limité à la connexion Internet, b i e n que le CNRD dispos e d'une bibliothèque numérique contenant plus de 25.000 ouvrages. Les insuffisances en matière de recherche se ressentent également au niveau de la structuration du corps

enseignant, de faible qualification, composé de « 2% d'enseignants de rang
magistral ; 70% d'assistants
», souvent titulaires d'un Master ou de diplômes équivalents. L'encadrement des étudiants inscrits au cycle doctoral demeure insuffisant, d'où la difficulté pour les titulaires du Master de finaliser leurs études, en dépit de la création du CONFOFOR15. Il s'agit d'un plan Triennal de formation d e formateurs mis en oeuvre à partir de 2012. Dotée de ressources financières conséquentes, soit 3 268 690 500 FCFA pour trois ans, sur les 4 043 000 000 FCFA initialement prévus par le Projet16, la Commission, actuellement en veilleuse était notamment chargée de l'attribution de bourses d'études, de l'équipement des laboratoires et de l'organisation des missions des chercheurs sur le terrain. Ce fonds a notamment permis la création de deux Ecoles doctorales e t l'octroi d'appuis financiers à de nombreux enseignants-chercheurs pour des études au Tchad, en Afrique ou en Europe.

L'insuffisance quantitative et qualitative des ressources humaines dans les Universités compromet fortement, non seulement la qualité de l'enseignement supérieur au Tchad, mais aussi la contribution de la recherche universitaire au développement du pays. Ces carences pourraient être corrigées par la mise en place d'une instance de coordination, en l'occurrence, « le Fond National d'Appui à la Recherche Sc i e n t ifi q u e et Technique (FONAREST) ».

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984