3.2. L'étalement urbain
L'étalement des villes est un phénomène
géographique qui a intéressé de nombreux
auteurs. Selon Philippe JULIEN, (2005, p. 3), « On
désigne couramment par « étalement urbain » le
résultat de la propension des habitants à s'installer, de
préférence dans un habitat pavillonnaire, à la
périphérie des villes. Cela résulte parfois de choix
individuels comme le désir de disposer d'un jardin
(généralement petit dans le cas des lotissements) ou celui
d'éviter une certaine promiscuité inévitable dans les
logements collectifs de la ville. Cela peut résulter aussi de
contraintes : par exemple l'élévation des coûts fonciers au
centre-ville rend parfois difficile l'accès à un logement
décent pour une famille qui s'agrandit »
De même, CUNHA A. et al. (2000, p. 16) expliquent que
l'étalement urbain est un processus de dispersion du bâti et de
dilatation de l'espace urbain embrassant successivement des
«hinterlands» ruraux par annexion et incorporation. Il est
marqué par
trois évolutions généralement
corrélées: la croissance de l'emprise au sol des composantes
urbaines (bâtiments, ouvrages de génie civil, infrastructures de
transport, etc.); la dispersion des éléments urbains dans le
territoire; la multiplication, l'élargissement et l'allongement des
réseaux de transports urbains.
Cet avis est également partagé par ENAULT (2003)
qui indique que tout comme un
processus de diffusion classique, l'étalement urbain
procède donc par contagion. La transformation s'opère par simple
contact entre l'agglomération et la campagne mais également par
« échauffement ». Ainsi, le foyer urbain polarise un large
périmètre rural dont le « potentiel de croissance »
décroît à mesure que l'on s'éloigne du centre de la
ville. Tel un feu de forêt, la ville consume les surfaces les plus
proches tout en envoyant des mèches enflammées sur de longues
distances. Ces dernières sont à l'origine de nouveaux feux
secondaires agissant comme le foyer principal.
Selon GEDDES (1949), « toute ville tend à
s'accroitre : la fonction même en vue
de laquelle cette ville a été créé
prend une place croissante ; d'autres fonctions viennent s'y adjoindre. Chaque
fonction réclame un personnel de plus en plus nombreux ; l'immigration
pousse à l'inflation des fonctions et du personnel. Puis
l'élévation du niveau de vie nécessite des logements plus
nombreux, plus spacieux ». Poursuivant, il explique que cet
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accroissement est fait de diverses manières
tantôt par entassement, tantôt par projection vers
l'extérieur. Ceci dépend des époques, de la puissance
technique et financière, mais aussi des relations entre la ville et son
arrière-pays.
BEAUJEU-GARNIER (2006) affirme qu'il s'agit d'une «
projection de la ville hors d'elle-même. C'est un processus en
évolution constante ». Ainsi, « l'étalement urbain peut
se définir comme la densification de territoires situés de plus
en plus loin du coeur de la ville » (Philippe JULIEN, 2005, p. 3).
De leur côté, BEAUCIRE F. et al. (2007, p.7)
pensent que « l'étalement urbain caractérise le
phénomène de croissance de l'espace urbanisé de
façon peu maîtrisée, produisant un tissu urbain très
lâche, de plus en plus éloigné du centre de l'aire urbaine
dont il est dépendant ».
Pour DERRUAU (1998), la dynamique urbaine présente
trois aspects : un aspect spatial, un aspect fonctionnel et un aspect
démographique. L'aspect spatial s'intéresse aux étapes
d'extension de la ville. L'aspect fonctionnel concerne la succession des
fonctions d'adaptation aux circonstances historiques qui ont conduit à
la ville actuelle. L'aspect démographique est l'installation d'une
population du fait de l'aspect fonctionnel de la ville.
Dans son étude sur l'impact des unités
industrielles de transformation du bois sur le développement urbain
à Daloa, YAO K. E. (2014) explique que la dynamique spatiale de la ville
de Daloa est remarquable. La rareté des terrains oblige les demandeurs
pressés de se bâtir un toit à s'installer de façon
provisoire sur les marges de la ville dans l'espoir qu'un lotissement
éventuel ferait d'eux des propriétaires définitifs. Le
faisant, ces occupants provisoires participent à l'étalement de
la ville sur ses marges.
Allant dans le même sens, KOUAME G. et al. (2016, p. 24)
expliquent que « dans le District d'Abidjan, l'urbanisation
accélérée s'effectue au détriment de nombreux
villages. Ce phénomène provoque généralement le
déguerpissement des populations riveraines des zones concernées.
Les lotissements, qui en sont la matérialisation, donnent lieu à
une compensation financière destinée à assurer la
réinstallation des populations concernées par de telles
opérations ».
Dans notre étude, le concept de l'étalement
urbain a pour synonyme la croissance urbaine, l'extension de la ville.
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