INTRODUCTION GENERALE
La pollution des eaux et des sols, accidentellement ou
volontairement par certains produits chimiques d'origine industrielle
(hydrocarbures, phénols, colorants, acides organiques) ou agricole
(pesticides, engrais,) est devenue actuellement un problème crucial et
de grande inquiétude, puisque elle constitue une source de
dégradation de l'environnement et suscite à l'heure actuelle un
intérêt particulier à l'échelle international. Cette
contamination quasi-chronique des eaux naturelles en occurrence par les
pesticides ne présente pas un caractère de nouveauté, mais
reste un problème d'actualité, que ce soit pour les pouvoirs
publics, pour les traiteurs d'eau ou pour les consommateurs (Camard &
Magdelaine, 2010).
Parmi les industries susceptibles de charger les polluants dans
l'environnement au Cameroun, on trouve celle de textiles et celle
opérant dans le secteur agricole. En effet depuis la révolution
industrielle, l'exploitation des terres à des fins agricoles
s'intensifie au rythme de la croissance de la population mondiale. En plus des
progrès technologiques, l'agriculture se dote aujourd'hui de produits
chimiques performants (pesticides) pour contrer l'infestation des
espèces qui nuisent à l'évolution des plantes (Tcheumi,
2011).
Les pesticides, plus particulièrement les herbicides
dipyridiles tels que le paraquat et le diquat sont quelques-unes parmi les
matières actives utilisées par les collectivités agricoles
camerounaises pour la protection des cultures maraichères,
fruitières et cacaoyères. Leur présence dans les eaux de
surfaces et les cultures maraichères a d'ailleurs été mise
en évidence par (Sonchier et al., 2006). Bien que
consommés en faible dose dans les eaux, les légumes et dans les
fruits, les pesticides du fait de leur vitesse de dégradation
plutôt faible s'accumulent dans l'organisme ou dans l'environnement et
deviennent à long terme dangereux par le phénomène de
bioaccumulation (Lagaly, 2001). Etant donné leur toxicité
potentielle et celle de leurs sous-produits (métabolites), leur
élimination des eaux naturelles s'avère nécessaire. Leurs
principaux effets toxiques consistent en une tendance à l'anorexie,
à l'anémie, aux effets cancérigènes,
mutagènes et surtout aux perturbations potentielles du système
endocrinien (Silva et al., 2004).
L'acuité de tous ces maux amène les chercheurs
et régulateurs environnementaux à s'atteler sur le
développement de processus simples et peu onéreux de
détection et d'élimination de ces polluants de l'environnement.
Plusieurs techniques ont été utilisées pour l'analyse des
pesticides ; il s'agit entre autre de la fluorimétrie, la
spectrophotométrie, l'électrophorèse capillaire, la
spectroscopie de masse et les techniques chromatographiques (Van der Hoff
et al.,
Thèse de" Master of Science " de TAGNE TIEGAM RUFIS 15
1999). Ces techniques fournissent de bons résultats,
mais présentent un certain nombre d'inconvénients : les
procédés de séparation dans le prétraitement
d'échantillons sont souvent complexes, elles nécessitent souvent
des temps d'analyse très longs et des équipements très
couteux, les seuils de détection restent assez élevés
(Vial, 2005 ; Tonlé & Ngameni, 2011). Il est nécessaire de
réfléchir à des techniques d'efficacité
sévère et à moindre coût.
Les techniques électrochimiques ont été
couronnées de succès dans la détection et
l'électroanalyse des espèces organiques. Ainsi, les techniques
électroanalytiques qui permettent l'accumulation de l'analyte à
la surface d'une électrode modifiée conduisent au
développement des techniques sélectives et sensibles.
L'élimination des polluants organiques par le charbon actif a fait
l'objet de plusieurs publications.
L'application du charbon actif en poudre ou en grains dans le
domaine de traitement des eaux a commencé à se développer
après la seconde guerre mondiale. Utilisé initialement durant la
première moitié du siècle pour assurer la
décoloration des eaux, le charbon actif de par leurs larges surfaces
spécifiques très réactives, leurs propriétés
d'adsorption et de porosité très élevées, semblent
être de bons candidats pour la détection des molécules
neutres, même à l'état de traces. Cette étude
présente un intérêt double. Tout d'abord, il s'agit de
préparer des charbons actifs (valoriser les résidus de
l'agriculture en les utilisant comme précurseur) et d'élaborer un
capteur très sensible à l'aide d'une électrode à
pate de carbone modifiée avec ce charbon actif. Cette électrode
sera ensuite utilisée pour la détection électrochimique du
paraquat. Pour y parvenir une connaissance sur les
généralités des pesticides et des matériaux
lignocellulosiques est nécessaire. Ainsi nous présenterons dans
le chapitre I une synthèse bibliographique qui indique la structure, la
texture, la préparation et l'application du charbon actif. Les
différents clases de pesticides, leurs modes de dispersion dans le
milieu naturel, ainsi que leurs toxicité serons également
préciser. Le second chapitre expose l'ensemble des techniques et
méthodes expérimentales utilisées au cours de ce travail.
Il mentionne également les réactifs chimiques et décrit la
préparation du matériau utilisé. Quant au troisième
chapitre, il est entièrement consacré à
l'interprétation des résultats expérimentaux et comprend
dans l'ordre les résultats de la caractérisation du
matériau, l'élaboration du capteur et l'optimisation de ce
dernier à travers l'étude de divers paramètres qui
gouvernent les étapes de préconcentration du polluant, puis sa
détection électrochimique. Le travail comporte enfin une
conclusion qui résume l'essentiel des résultats obtenus dans le
cadre de ce travail.
Thèse de" Master of Science " de TAGNE TIEGAM RUFIS 16
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