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Journalisme et fabrique sociolinguistiquepar Gradi WILINA NSIMITi Université Catholique du Congo - Master en Journalisme, Information et Communication 2023 |
LISTE DES SIGLESUDPS : Union pour la démocratie et le progrès social CNRS : Centre national de la recherche scientifique PUF : Presse universitaire de France EPST : Enseignement primaire secondaire et technique MD : Marqueurs discursifs EDL : éléments de langage LISTE DES TABLEAUX ET DE FIGURES? Tableaux Tableau n°1 : Actualité.cd en chiffres.................................................60 Tableau n°2 : politico.cd en chiffres...................................................67 Tableau n°3 : Articles de presse Actualité.cd.........................................72 Tableau n°4 : Article de presse Politico.cd...........................................80 Tableau n°5 : Niveau de la culture Actualité.cd......................................94 Tableau n°6 : Niveau de rapport de communication Actualité.cd................100 Tableau n°7 : Niveau de la culture Politico.cd......................................107 Tableau n°8 : Niveau de rapport de communication Politico.cd..................111 ? Figure Figure n°1 : l'énonciation...............................................................35 Figure n°2 : l'événement médiatique..................................................38 INTRODUCTION GENERALEDans ce travail nous allons étudier la manière dont le journalisme participe à la fabrique du patrimoine sociolinguistique. C'est-à-dire comment le discours journalistique dynamise les innovations sociolinguistiques en langue française que le journaliste rencontre dans la pratique de son métier et qu'il en donne du sens. Pour étudier ce processus qui légitime ses innovations sociolinguistiques, nous analysons les articles de presse en ligne de deux médias ; Actualité.cd et Politico, contenant dix innovations produites en politique congolaise, appelées éléments de langage (EDL). Notre sujet fait l'objet de nombreux travaux en sociolinguistique. Cependant ils ne l'abordent pas directement du point de vue des médias. La problématique de l'appropriation du français est au coeur de certains travaux en sociolinguistique camerounais Louis-Martin Onguéné Ossono, qui s'investit à étudier les différents usages du français dans les pays francophones. Orienté vers l'évolution du français au Cameroun, le sociolinguiste a étudié les hybridités véhiculées dans la presse. En effet, ces études ont pour objectifs d'observer la manière dont les journalistes camerounais dynamisent le Camfranglais et construisent de nouvelles règles lexicales et grammaticales. Dans son ouvrage, langues et médias en Afrique noire francophone, il part principalement de la situation sociolinguistique du Cameroun, en passant par la RDC, pour démontrer comment les médias ont participé les innovations sociolinguistiques qu'il appelle de créations littéraires. 1(*) C'est donc sur cette même approche que nous formulons notre problématique, qui, n'entreprend pas les médias comme acteur dans la dynamique du français congolais, mais le journaliste lui-même dans son travail d'énonciation. Les lignes précédentes n'ont eu pour but qu'une simple exploration du sujet qui féconde l'objet d'étude. Le point présent nous permet de fixer le noeud de la question traitée dans ce travail. Souligner en réalité, la question du patrimoine sociolinguistique cache un aspect important. En République Démocratique du Congo, comme le décor précédent l'a avancé, la langue légitime est rattachée à une période idéalisée par les pouvoirs coloniaux belges. Le français belge reste du moins une trace de l'histoire congolaise sur laquelle cette nation a construit son indépendance. Cependant, ce caractère officiel obscurcit une connotation de pleine existence de cette indépendance tant que l'empreinte coloniale et une certaine symbolique occidentale demeureront. Dans la société congolaise d'hier et d'aujourd'hui, la langue française ; langue officielle, subit une forme de transformation et/ou évolution dans un cadre géographique tracé qu'est le nôtre. Les mots de cette langue gauloise ne gardent plus la même signification et ne respectent plus une lexicologie formelle. Ceci est une évidence, s'il faut l'expliquer scientifiquement, mais la valeur identitaire se construit à travers elle, tenterait de s'étouffer par cet effet de normalisation. Nous tentons de démontrer une absence de prise en compte de cette identité linguistique produite dans les parlures de locuteurs congolais. Ces parlures tirent leur essence de divers milieux, qu'ils soient musicaux, religieux, dans les périphéries du monde de la santé, de la politique, dans lesquels la langue est un outil de pouvoir. Dans l'histoire, l'époque zaïroise était marquée par une particularité linguistique impressionnante du Maréchal Mobutu. Ce, faisant, reconnaître la culture zaïroise passait par des éléments de la langue, comme le concept Abacost, Dinosaure ou encore Hiboux dérivé du Français, autant de pratiques langagières propres aux zaïrois2(*), autant de lexies qui ont caractérisées cette société. Dans ce cadre social, de nombreuses expressions se sont produites de manière à assouvir un besoin de liberté, d'expression et d'affirmation auprès des autres communautés en vendant l'idée d'adhésion à cette idéologie. Ce qui implique une initiation. Ceci passe par un mécanisme de véhicule naturel ; de bouche à l'oreille, medium qui peut entraîner une altération dangereuse du sens véhiculé et caricaturer l'image de la société3(*). Cependant vers les années 2012, le médium s'adapte à une nouvelle sociologie avec la venue du web. Nous observons la création de nouveaux médias, pure players et un nombre important d'adhésion des journalistes à de nouvelles plateformes, dites médias et réseaux sociaux (Facebook le plus en vogue, suivi de twitter) et celles de blogging et de microblogging. Et une certaine aisance apparaît dans la distribution de l'objet informationnel. Le langage est plus libéré et les normes d'écritures se bousculent en raison des enjeux et exigences de l'espace cybernétique. La profession a muté. Les journalistes sont de plus en plus stratégiques, bavards et séducteurs. L'enjeu est de taille, car le web est caractérisé par une immense pluralité d'usagers.il y a ipso facto, un besoin de construire une communauté et de préserver à l'utile agrandir son audience pour de raisons économiques et sociopolitiques4(*). Mais cette même vient un élan d'influence de la langue (la leur et celle des usagers). Il ne s'agit pas de traiter du nouveau média, notre problématique articule des évidences et tente de démontrer le fait que les journalistes ont une grande incidence sur la langue française parlée précisément à Kinshasa. À en voir les contenus, le récit médiatique est chargé des effets de réel : des commentaires, des mots polémiques, de reprises de propos propagandistes, de qualificatifs des politiques péjoratifs et laudatifs, des lexies qui façonnent l'imaginaire linguistique congolais et créent l'adoption. Les journalistes deviennent les nouveaux médiums, des véhicules dans la société, et ceux-ci sont incontestables en raison de leur impact sur l'opinion publique (justement les récepteurs par un travail de ciblage du public suivant la ligne éditoriale). Cela dit, nous constatons également que dans certains pays francophones une appropriation et considération de la langue, comme au Nouveau Brunswick où « le chiac est une forme de résumé du contexte social et historique des francophones du grand Moncton, reconstitué à l'aide de plus de 1000 textes de deux journaux, des forums de discussion, et des personnages de dessin animé et de bande dessiné acadieman »5(*). C'est aussi le cas du Camfranglais au Cameroun (développé par Sol), une variante du français dont la forme la forme syntaxique suit celle du français, mais le lexique est créatif. 6(*) Prenons exemple du Nouchi et du Camfranglais, la langue sert à renforcer un sentiment d'identité parmi les locuteurs et donner une marque locale à la langue française ; langue du colonisateur. Cette construction de l'identité s'opère également aujourd'hui et la politique congolaise demeure cette mine d'or. La reconnaissance de la société est attachée à son tour par de grandes périodes loquaces en politique congolaise. Et les médias savent l'illustrer. En 2019, le terme glissement a pris de l'ampleur tant en République Démocratique du Congo par un travail de journalistes internationaux. Les journalistes comme nouveaux véhicules de formes lexicales influencent la langue au moyen de récits médias internationaux, mais cette vision ne trouve pas l'affirmation de la diversité de la variante du français au Congo. C'est pourquoi notre recherche veut élucider ce phénomène en posant les bases journalistiques comme preuves évidentes d'une marque culturelle qui construit une sociolinguistique propre aux congolais. Notre travail tentera de répondre à la question suivante : comment le journaliste, à travers le discours journalistique, légitime les EDLS et participe ainsi à consolider la fabrique sociolinguistique ? 3. Hypothèse de rechercheLa question de la construction de l'identité culturelle au biais d'un dynamisme journalistique se fonde sur une hypothèse basée sur plusieurs réalités qui s'inscrivent dans de domaines différents, mais dont la mise en relation reste l'élément de la langue. Pour ce faire, les problèmes d'une construction du patrimoine sociolinguistique dans le milieu francophone reposent sur de nouvelles démarches. La notion de cette construction identitaire en République Démocratique peut s'expliquer au niveau de la pratique du journalisme, par la récupération des EDLS et leur construction en discours journalistique qui véhicule ces nouvelles formes lexicales. * 1 Onguéné Ossono., Langues et Médias en Afrique noire francophone : analyse (socio)linguistique et didactique, Paris, éd Connaissances et Savoirs, 2017, p27. * 2J.,GRIGNON,LeZaïre,Paris,INA,1975 https://www.in.fr/ina-eclaire-actu/video/caa08014113/le-zaire-ndeg1 consultés le 25 JANVIER à 19 :44. * 3 SHOMBA KINYAMBA, Comprendre Kinshasa à travers ses locutions populaires. Sens, contexte et usages. Leuven, Acco, 2009, p. 8. * 4 La culture du web a chamboulé la pratique journalistique, le modèle économique repose sur de grandes performances qui se traduisent un nombre vertigineux d'abonnées sur la plateforme qui alloue les médias. Les journalistes s'adaptent alors à ce nouvel univers, soit par une rupture innovatrice ; exploitation de formats peu exploités, soit un rapprochement de la ligne éditoriale à une idéologie en place, soit à travers une presse qui choque. Pour aller plus loin lire GABSZEWICZ, J., SONNAC, N., L'industrie de médias à l'ère numérique, Paris, La Découverte, 2010. * 5 K., MULLAN, « Henri Boyer (éd), Hybrides linguistiques. » cahiers de praxématique en ligne, 54-55, 2010, document 22, mis en ligne le 01 janvier 2013, consulté le 04 Janvier 2023 à 9 :03 URL. https://journal.openedition.org/praxemantique/1195 * 6 MULLAN, KELLY, op.cit. |
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