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Journalisme et fabrique sociolinguistiquepar Gradi WILINA NSIMITi Université Catholique du Congo - Master en Journalisme, Information et Communication 2023 |
3.1. La construction du discours journalistiqueLes paroles ou les écrits des journalistes (qu'ils soient des journalistiques politiques ou pas) sont donc des gages à l'acceptation d'une idéologie qui est construite dans l'information. Le travail de récupération des faits et mise en énonciation permet aux journalistes de vulgariser le sens produit par les politiques à travers le discours rapporté7(*). L'événement rapporté par les journalistes s'inscrit alors dans une finalité générale de raconter les faits tels quels.8(*) Ils reprennent donc des éléments crédibles ; comme les EDLs, des déclarations, des slogans, des expressions, pour construire un discours journalistique. Suivant une catégorie des journalistes, les journalistes politiques et ceux d'autres desks usent de deux langages journalistiques pour construire l'information politique, la rhétorique de l'expertise critique opposée à la rhétorique journalistique préférentielle. Cette dernière suppose que les journalistes politiques récupèrent, traitent et publient les informations qui cadrent avec leur propre jugement et une forme de préférence dans la hiérarchisation de l'information. Quant à la rhétorique de l'expertise critique, celle-ci confère aux journalistes de tout type, un outil didactique critique de faits rapportés, le langage journalistique n'est pas émotionnel, plutôt critique en ce sens où la construction du récit médiatique s'effectue dans une dimension d'analyse critique, le langage journalistique est à cet instant un outil didactique qui décrypte les stratégies politiques au moyen d'un vocabulaire concret qui conserve cette doctrine d' « effet de réels »9(*). Ceci dit, cette manifestation de la pratique journalistique à travers son langage, nous amène à avancer dans un premier temps que les journalistes congolais participent à consolider les nouveaux lexies qui à leur tour reconstruisent la langue parlée à Kinshasa. S'il faut se référer aux concepts clés dans les paragraphes précédents, les journalistes récupèrent ses nouveaux sens dans les événements qu'ils couvrent, qu'ils commentent, qu'ils analysent et les traitent tels quels et publient ces informations tout en conservant ses innovations en suivant une simple ligne de conduite de construction d'un récit médiatique réaliste, basé sur des faits réels. Dans un second temps, cette construction de récits médiatiques réels transfère des convictions qui jouent sur l'imaginaire linguistique du récepteur kinois. Et ce, observable à travers le comportement linguistique du public kinois10(*). * 7 P., CHARAUDEAU., Les médias et l'information. L'impossible transparence du discours, Bruxelles, De Boeck, 2005, p 207. * 8 CHARAUDEAU, P., op.cit. * 9 Concept développé par Roland BARTHES qui traduit une construction des récits qui respecte le déroulement strict et formel d'un événement raconté. * 10 E., SAITTA, « Les journalistes politiques et leurs sources. D'une rhétorique de l'expertise critique à une rhétorique du ` cynisme' », in Mots, les langages du politique, n°87 Juillet 2008, pp 113-127. |
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