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Journalisme et fabrique sociolinguistiquepar Gradi WILINA NSIMITi Université Catholique du Congo - Master en Journalisme, Information et Communication 2023 |
4. Construction du cadre théoriqueNotre objet d'étude est complexe. Nous tentons de démontrer concrètement que le journalisme participerait à construire un patrimoine sociolinguistique et ainsi, consolider la perspective d'une variété du français parlée en République Démocratique, à Kinshasa. Il implique donc de converger les approches théoriques et les disciplines, car notre travail reconnaît la construction logique de ce patrimoine sociolinguistique même si la communication politique est, dans notre cas, une discipline d'occurrence. L'interdisciplinarité s'impose. Pour construire notre cadre théorique nous nous référons aux travaux linguistiques et sociolinguistiques qui reprennent la philosophie de notre étude. Notre travail se construit sur trois approches théoriques ; la praxématique, la sémiolinguistique du discours et les approches sur l'expression et la communication. Nombre de linguistiques se sont intéressés à la sociolinguistique et sur le comment cette science expliquer l'évolution linguistique au sein d'une société. Une notion qui met ensemble les acteurs et les éléments extérieurs qui influencent la langue11(*). Il est difficile de séparer les approches sociolinguistiques et les approches linguistiques, car les unes donnent lieu aux autres. Le premier thème de notre recherche qu'est le langage politique s'inscrit dans une sociolinguistique labovienne, dans le développement de la praxématique. Cette approche prend en considération le facteur externe qui fait évoluer la langue et l'étudie dans une perspective de nouvelles productions de sens. La praxématique se fonde dans une vision sémiotique s'intéresse aux signifiants du langage et atteste un rapport entre la langue et le réel12(*). Dans notre étude, l'approche praxématique nous aidera à comprendre la production de sens dans le milieu politique. Puisque la praxématique prend le mot en contexte, nous inscrivons les vingt occurrences de notre travail dans cette même perspective, soutenue par la sémiolinguistique de Patrick Charaudeau. Cependant, la construction de la sociolinguistique congolaise s'explique à travers le journalisme, il faudrait donc conjuguer les études médiatiques aux études du langage. Il n'est pas question d'expliquer notre phénomène avec les deux ancrages théoriques. Plutôt à trouver dans les deux un élément qui ressort une perspective créative d'où le langage journalistique qui, nous le répétons, est la manifestation de la pratique journalistique13(*). Le langage journalistique comme tel correspond à toute forme de langage, mais possède une fonction sociale qui impacte la langue. Pour l'expliquer nous puisons dans les approches linguistiques sur l'expression et la communication développées par l'école linguistique de Genève, principalement les travaux d'Henri Frei et Albert Sechehaye. Ces approches permettent d'inscrire le journaliste comme un sujet parlant dans les sciences de l'expression et de la communication. En tant que tel, comme l'avance Sechehaye « le sujet parlant est un être psychologique, pourvu d'intelligence et de volonté capable d'influencer le système grammatical d'une langue et de la faire avancer »14(*) , plus il est devient chez Frei « un sujet parlant conscient de la volonté de transmettre un contenu... »15(*). * 11 Calvet, J.-L., Sociolinguistique, Paris, PUF, éd. Que sais-je ?, 2010, pp 121. * 12J., BARBERIS, J., BRES, et F., GARDÈS-MADRAY, (1998), « La praxématique ». In Etudes littéraires, n°3(21), 1989, pp 29-47. * 13 ONGUENE, O., Langues et Médias en Afrique noire francophone : analyse (socio)linguistique et didactique, Paris, éd Connaissances et Savoirs, 2017, pp15. * 14MOUNGA-NDOUNKEU, B., « Anamaria curea, Entre expression et expressivité : l'école linguistique de Genève de 1900 à 1940. Charles Bally, Albert sechehaye, Henri Frei », Lectures, les comptes rendus, 2015, mis en ligne le 21 Décembre 2015, consulté le 04 Février 2023 à 22 :33 * 15 MOUNGA-NDOUNKEU, B., op.cit. |
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