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Journalisme et fabrique sociolinguistique


par Gradi WILINA NSIMITi
Université Catholique du Congo  - Master en Journalisme, Information et Communication  2023
  

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PREMIER CHAPITRE : DU CONCEPT AUX ANCRAGES THEORIQUES ET METHODOLOGIQUES

Ce premier chapitre pose les bases de la recherche au travers d'une clarification des concepts clés qui construisent notre étude..

I.1. Clarification conceptuelle

Comme l'intitulé l'indique, les concepts donnent lieu aux ancrages théoriques qui expliquent notre problématique et la méthodologie qui sert à l'analyse. Il s'agit d'explorer les différents entendements de termes suivants ; fabrique (socio)linguistique, la sociolinguistique en elle-même et prise dans notre champ théorique, le discours politique, le discours journalistique, les éléments de langage, la praxématique, et bien d'autres concepts balisés dans le développement

I.1.1. De pratiques langagières à la fabrique (sociolinguistique)

Il s'agit de présenter l'économie de ce que nous entendons par fabrique sociolinguistique. Pour ce faire, nous la mettons au sein d'une logique qui questionne son origine, pour aboutir à cette conceptualisation. Il faut, de prime abord, rappeler le sens que ce concept donne à notre travail. La condition se présente de décortiquer même les mots qui la composent pour mieux l'appréhender dans le développement.

I.1.1.1. Les pratiques langagières

Notre étude postule un lien entre les pratiques langagières et cette fabrique qui en serait le résultat. Il faut donc commencer par expliciter le terme qui entre dans celui qui sont principalement la langue, le langage et la parole. Les trois concepts semblent introduire une confusion au niveau de leur compréhension. Ceci remonte à la publication des travaux du linguiste genevois Ferdinand de Saussure (1857-1913) dont le postulat était de proposer une discipline qui étudierait la structure de la langue : la sémiologie16(*). Dans cet élan Saussure établit la différence entre langue, langage et parole.

Il appelle langue, un système des signes qui entrent en relation entre eux pour constituer un tout linguistique qui signifie quelque chose pour un groupe.

Le point de vue de la sémiologie, permet de comprendre d'abord la langue comme un ensemble linguistique avec une visée de signifier quelque chose. L'activité que nous pouvons attribuer à la langue est de partager ou communiquer quelque chose.

Dans cet ordre d'idées, le langage diffère de la langue en ce sens que c'est le langage qui sert à communiquer cette signification. C'est donc une faculté universel qui a une fonction sociale ; celle de renforcer le lien social au sein du groupe humain. Et une fonction cognitive ; celle de représenter les informations. Finalement le langage permet à l'homme de construire des codes pour communiquer : la langue (exemple le Français).

Si ce dernier est universel, la parole est un acte individuel ou personnel. C'est le produit de la langue, elle permet de faire évoluer la langue grâce à cet acte personnel17(*).

Saussure ouvre les pistes vers de nouveaux angles d'études avec cette distinction. Elle nous aide à comprendre que les réalités sociales sont construites à l'aide de ces trois éléments. « L'histoire de la linguistique moderne, lors de son premier siècle, a montré la nécessité de distinguer son objet de ses manifestations. Ferdinand de Saussure a opposé la langue à la parole et a préconisé une approche interne et synchronique de l'étude de la langue. Noam Chomsky a mis au premier plan l'étude de la faculté de langage, via la description de la compétence des sujets parlants, la langue interne, opposée aux performances langagières, ou langue externe18(*)e ».

Le langage est donc la fonction qui permet au produit langue de se manifester à travers son usage, dont la parole pour traduire enfin les réalités sociales d'un groupe. D'où la pratique d'une langue ou la pratique langagière est la manifestation de l'activité de la langue en interaction. Elle prend en compte les facteurs internes à la langue et les facteurs qui l'entourent (la culture, l'éducation, les médias, etc.).

La notion de pratiques langagières est à assimiler au métier du journalisme pour maintenir le fil de notre étude. Cela dit, cette notion se trouve ancrée dans les sciences du langage, notamment en linguistique. Mais il convient de l'étayer en la contextualisant.

Les pratiques langagières comme Bautier-Castaing les définit sont « les manifestations résultantes dans les activités de langage de l'interaction des différents facteurs linguistiques, psychologiques, sociologiques, culturels, éducatifs, affectifs...qui sont constitutifs des caractéristiques individuelles ou d'un groupe ». 19(*) Sortant de lexique propre aux spécialistes du langage, les pratiques langagières désignent un usage type de la langue.

Rappelons que langage, langue sont deux mots qui s'emploient pour désigner l'un comme l'autre dans certaines circonstances comme la nôtre. Elles traduisent un phénomène qui découle de l'activité discursive au sein d'une société, qui dans une autre dimension de l'activité interactionnelle, fait montre d'un comportement linguistique spécifique à une communauté ou un groupe.

Dans notre travail, ces pratiques langagières sont observables sur une structure précise (notons qu'elles sont constatables sur toutes les structures sociétales), le journalisme ou encore pour être large, la structure médiatique. L'objectif est de comprendre comment cette structure fait usage de la langue en l'occurrence la langue française pour construire la réalité congolaise. Évidemment, faudrait se référer à la conception de Bautier-Castaing pour comprendre que le langage journalistique, dans toute sa visée, joue un rôle décisif sur la construction de la chose sociale. Cette chose est caractérisée par un code issu de lien sociopolitique consolidé à travers les pratiques langagières journalistiques (nous explorerons le discours journalistique dans la seconde partie pour appuyer cette parenthèse).

Les résultats de ces pratiques se manifestent dans l'attitude linguistique du groupe. Qui use d'une langue issue de l'expérience de la réception du contenu qui lui est servi à titre d'information, et dont la réception balaie le construit dans son entièreté. Celui-ci se fonde sur la relation transmission et appropriation entre locuteur (journaliste) et interlocuteur pour réaliser cet acte.

* 16 Les travaux de Saussure publiés en 1916 introduisent une nouvelle discipline dans les sciences sociales et humaines. La sémiologie est la discipline qui étudie le signe au sein de la vie sociale. Elle aura pour objet fondamental le signe linguistique.

* 17 R., KAMANDA, Cours de linguistique générale, Kinshasa, Faculté de communications sociales, UCC, 2020, pp10.

* 18 R., KAMANDA, Op.cit. p 13.

* 19 E., BAUTIER-CASTAING, « la notion de pratiques langagières : un outil heuristique pour une linguistique des dialectes sociaux » in : Langage et société, n°15, 1981, pp 3.

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