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La dialectique " INDIVIDU - SOCIETE " et sa rationalisation dans l'universel concret chez Eric Weil


par Emmanuel Lenge
Université Saint Pierre Canisius - Grade de bachelier en Philosophie 2005
  

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LA DIALECTIQUE « INDIVIDU - SOCIETE »

ET SA RATIONALISATION DANS L'UNIVERSEL CONCRET

CHEZ ERIC WEIL.

Mémoire présenté pour l'obtention

du grade de Bachelier en Philosophie.

Par

LENGE WA- KU- MIKISHI, SJ

Directeur : Simon DECLOUX, SJ

Avant propos

Nous voulons ici exprimer notre reconnaissance à tous ceux qui d'une manière ou d'une autre, nous ont apporté leur soutien et leur compétence pour la réalisation de ce travail. Nous ne saurons les citer tous mais leur mémoire restera à jamais marquée dans notre coeur.

Notre reconnaissance est grande vis-à-vis de toutes les autorités académiques et le corps professoral qui nous ont transmis dans la rigueur et la qualité les rudiments nécessaires à notre croissance intellectuelle et humaine.

Toutefois, nous ne saurons ne pas citer particulièrement le R.P. Simon DECLOUX, sj qui a bien voulu, en dépit de ses multiples occupations, accepter de nous accompagner aussi bien dans la compréhension de l'ouvrage d'Eric Weil que dans la rédaction de ce mémoire. Son dévouement et sa disponibilité ont été une grande édification pour nous.

Introduction Générale.

Le Bonheur est le plus grand bien de l'homme1(*).

La recherche du bonheur, quel que soit le contenu que les différentes sociétés humaines ont donné à ce mot, a toujours et partout constitué sinon le pôle principal des toutes les activités humaines, du moins une motivation déterminante de l'agir de l'homme.

Le bonheur recouvre plusieurs aspects. Il peut s'agir du sens généralement admis, de bien être matériel ou tout simplement, de la paix intérieure dont la quête a également mobilisé l'homme à travers les temps. Si cette dernière forme de bonheur revêt un caractère plutôt personnel, qu'il n'est pas facile de conceptualiser, les groupes humains restreints et les peuples, en proportions plus grandes et mieux organisés, ont fait du bonheur humain, la recherche la plus fondamentale de la vie. Ce bonheur est compris comme résultant des avantages matériels tirés de la nature et d'une organisation sociale basée essentiellement sur la mise en commun des forces capables d'assurer la lutte avec la nature extérieure (Eric Weil).

La lutte avec la nature extérieure a pour but d'en retirer le plus de bien d'une part, et d'autre part, de garantir des rapports capables d'assurer la paix, la stabilité et la sécurité.

Une question déterminante peut dès lors se poser, celle de savoir à quelle composante revient le premier rôle dans la réalisation du bonheur : est-ce d'abord à la détermination de l'homme à rechercher son bonheur en se basant sur ses activités physiques ou spirituelles, ou plutôt à l'organisation sociale de la communauté sur laquelle il s'appuie ? Ces problèmes sont abordés dans un cadre plus vaste de réflexion : La philosophie politique.

la philosophie politique s'attache de façon substantielle à étudier les différentes formes d'organisations politiques et sociales que l'homme a imaginées ou façonnées pour une vie en communauté plus harmonieuse et efficiente. Elle a pour objet « la considération de la vie en commun des hommes, selon les structures essentielles de cette vie ». Mais, avant d'entrer dans le vif de notre sujet, nous allons reprendre, dans les grandes lignes, les principales articulations de notre argumentation. Ce travail comportera trois chapitres.

Le premier chapitre sera consacré à la description de l'avènement de la société moderne. Il retracera, entre autres, le cheminement historique, qui part de la société traditionnelle pour aboutir à la société moderne en passant par le renversement du sacré traditionnel (les traditions et croyances ancestrales.) comme exigence de la lutte avec la nature extérieure avec pour conséquence, entre autres, le déchirement intérieur dans l'individu qui se vit en tension dialectique avec la société à laquelle il appartient.

Le deuxième chapitre abordera la dialectique de l'individu et de la société « mécaniste » et « calculatrice », conséquence de la divergence fondamentale des intérêts entre l'individu et la société. Nous aborderons aussi les problèmes de la société moderne, éminemment « matérialiste » et « anonyme ».

La tension et le déchirement de l'individu dans la société qui exige de lui une donation totale sans vie privée, vont conduire à l'émergence de l'Etat moderne comme universel concret et possibilité de réconciliation entre les aspirations « opposées » de l'individu et de la société.

Le troisième chapitre sera consacré à l'Etat ou universel concret tel qu'Eric Weil l'appréhende : l'Etat rend rationnel et raisonnable les aspirations opposées de l'individu et de la société. Les étapes de cette rationalisation  vont du système autocratique au système constitutionnel (avec possibilité de retourner à l'autocratie).

Dans la constitution de l'Etat moderne, le rôle de l'administration est central, pour résoudre les contradictions qui surgissent de ses problèmes : problème de liberté, problème d'efficacité, problème d'indépendance,...Nous verrons le rôle et la place qui doivent revenir à l'administration dans l'Etat moderne, ce qui ne va pas sans risques.

Dans l'ouvrage de base de notre travail, Philosophie Politique, Eric WEIL2(*), définit le terme politique en son acception antique, aristotélicienne que nous venons de reprendre, de considération de la vie en commun des hommes selon les structures essentielles de cette vie. La philosophie étant étymologiquement la démarche conduisant à cette connaissance, il s'agira pour nous non pas de remonter dans le temps jusqu'à l'origine de la constitution des sociétés mais plutôt, en suivant l'argumentation d'Eric Weil, de présenter de façon dynamique l'évolution à la fois historique et politique de la tension interne et externe qui a accompagné l'émergence et la constitution des sociétés modernes actuelles ; une tension qui n'est pas achevée mais qui se poursuit en se développant et s'organisant pour s'accomplir dans ce qu'Eric Weil appelle l'Organisation mondiale.

Certes, dans son ouvrage Weil aborde également d'autres thèmes concernant, entre autres, la question de l'Etat, du rôle du philosophe..., mais la dialectique entre la société et l'individu semble traverser toute sa pensée. Cette dialectique persiste et se manifeste dans toutes les sociétés quel que soit leur niveau de progrès technique. Une analyse de cette question nous permettra d'en déceller les causes et de reconnaître les solutions que cette tension a elle-même, d'une façon ou d'une autre, engendrées.

Le but du mémoire étant de témoigner avant tout de l'assimilation correcte de la pensée de l'auteur, nous avons opté pour la méthode analytique. Il s'agira donc dans ce présent travail d'une analyse de la pensée d'Eric Weil contenue dans la Philosophie politique. Nous tenterons ensuite une application de cette pensée à notre continent ,l'Afrique.

Le 20èsiècle, essentiellement dans sa seconde moitié et le 21ème siècle naissant seront longtemps perçus comme les siècles des innovations technologiques et scientifiques les plus grandes et cela dans tous les domaines de la vie. Mais aussi, et de façon particulière le 20ème siècle, seront perçus comme les siècles des conflits les plus meurtriers, où des millions d'individus ont perdu la vie, dans diverses guerres. Les antagonismes qui ont précédé ou suivi ces conflits ont entraîné l'humanité dans une course effrénée aux armements.

Cependant les progrès scientifiques se sont accompagnés, dans bien des lieux, d'une amélioration substantielle des conditions de vie, pour beaucoup d'habitants de la terre ; incontestablement, la maîtrise de l'homme sur la nature s'est affermie et les avantages en sont considérables.

Toutefois, on serait en droit d'attendre qu'une telle maîtrise des forces de la nature s'accompagne d'un règne de paix, de bonheur et que ce « plus avoir » résultant de la croissance de la productivité et de la production des biens et des services s'accompagne d'un « mieux être » de l'humanité tout entière.3(*) Pourtant le tableau que présente le monde aujourd'hui semble plutôt dénoter une augmentation de la pauvreté chez ceux qui la connaissaient déjà et un déséquilibre toujours croissant entre le nord qui s'enrichit de plus en plus et le sud qui s'appauvrit davantage. De même, au sein de ces deux grands ensembles, les inégalités entretenues et voulues ou résultant des systèmes de partage, discutables quant à leur justesse, enfoncent et maintiennent toujours les uns dans un état de grande précarité et les autres dans une opulence accompagnée souvent d'un sentiment de mépris sans culpabilité aucune, pour ceux qui n'arrivent pas à tirer profit du progrès.

Ces inégalités sociales, et la pauvreté qui en résulte, provoquent chez ceux qui en subissent les effets et se considèrent comme victimes, une radicalisation de la conscience identitaire qui aboutit à ce que Samuel Huntington appelle « le choc des civilisations » (The clash of Civilisations)4(*).

Le choc des civilisations a une connotation négative dans le sens où on entend souvent par cette expression, l'inévitable opposition et confrontation violente entre les civilisations, en particulier les civilisations non occidentales et la civilisation occidentale (Europe et Amérique du Nord), celles-là refusant de se soumettre davantage au diktat politique, économique et culturel de l'Occident. Cependant, pour Samuel Phillips Huntington, ce paradigme peut être une base pour comprendre le monde actuel et de là, penser et élaborer un mode de coopération qui empêche une confrontation violente, meurtrière et inutile.

Le choc des civilisations illustre à l'échelle planétaire la dialectique qu'Eric Weil fait ressortir dans la constitution de la société moderne, entre l'individu et la société : la société veut posséder l'individu dans sa totalité, sans partage, alors que l'individu qui prend conscience de la nécessité de s'unir au reste de sa communauté pour assurer sa survie, ressent aussi la pression de celle -ci comme un reniement de son individualité ; il aspire dès lors à une vie privée et est déchirée en permanence entre ces deux impératifs contradictoires mais non irréconciliables.

Notre travail essayera, dans le sillage de la philosophie politique d'Eric Weil, de montrer :

1. Comment l'Etat moderne, l'Universel Concret, est le lieu où cette dialectique est dépassée, formalisée et structurée pour à la fois permettre à l'homme de jouir de ce que lui-même reconnaît comme étant sa nature de créature irrémédiablement libre, à savoir jouissant du droit de disposer de lui même en disposant d'une vie privée, organisée selon ses convictions et dans les limites du droit, et d'autre part, de permettre à la société d'organiser le travail et la lutte avec la nature extérieure pour en tirer le plus de profit et assurer ainsi à chacun selon ses mérites, le substrat nécessaire à toute vie dans l'efficacité, l'ordre, la justice et la dignité.

2. Comment Eric Weil pense résoudre cette dialectique au niveau « international », dans une coalition ultime des sociétés particulières, à l'intérieur de ce qu'il appelle l'Organisation mondiale. Cette « superstructure » ferait disparaître, toutes choses restant égales par ailleurs, la menace extérieure, que les sociétés particulières constituent les unes pour les autres.

* 1 Depuis l'antiquité jusqu'aux temps modernes bien des philosophes considèrent le bonheur comme le plus grand des biens. Pour Aristote, le bonheur est le bien le plus fondamental pour lequel l'homme doit travailler et sacrifier les autres biens moins universels. Les différentes formes de gouvernement qu'il propose dans La Politique ont comme but suprême la réalisation du bonheur de l'homme dans la cité. D'autres philosophes vont également dans le même sens : Hobbes, Rawls, Machiavel, Hegel, ...

* 2 Eric WEIL, Philosophie Politique, Paris, J. Vrin, 1984.

* 3Florence JANY- CATRICE,  « Du plus avoir  au  mieux être, vers de nouveaux indicateurs de richesse », in Congo Afrique, n 401, Janvier 2006 pp.

* 4 Publié à l'été 1993 par la revue Foreign Affairs

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore